Chapitre 5 pdv Lucie


Lucie et Harry retournèrent dans le salon où les attendait Charlie. Lucie était d'une incroyablement bonne humeur mais s'efforçait de le cacher. Dehors, la nuit tombait depuis quelques temps déjà. Mais Lucie ne faisait que fixer la porte avec avidité, pressée de se retrouver seule dans la pièce. Elle ne pouvait guère ouvrir une porte devant eux, ils l'empêcheraient de partir.

L'occasion se présenta rapidement quand Charlie proposa de commencer à préparer le diner et que Harry l'y aida. Ils partirent tous les deux dans la cuisine. Elle se leva sans faire de bruit vers la porte qu'elle ouvrit vers Poudlard.

— Lucie tu veux manger du bleu ou du jaune aujourd'hui ? s'enquit Charlie de la cuisine. Le jaune s'est facile, le bleu un peu m...

Il ne termina pas sa phrase et Lucie se retourna ayant deviné qu'il s'était rapproché du salon pour lui parler. Charlie lui faisait face quelques mètres plus loin, les sourcils froncés ne comprenant pas ce qu'elle faisait.

— Je suis désolée, Charlie, déclara-t-elle en passant le seuil et en refermant derrière elle.

Elle eut le temps de l'entendre crier son prénom avant de briser la connexion. Puis, sans perdre une seule seconde elle reprit sa marche, s'appuyant contre le mur. Elle avait pris le soin d'ouvrir la porte la plus près de la forêt interdite mais avait tout de même éviter la cabane de Hagrid, habitée même pendant les vacances d'été.

Il y régnait une atmosphère encore bien différente, les traces de la bataille subsistait par endroit et Lucie ne pouvait pas marcher en ligne droite. Elle eut du mal à avancer quand il n'y eut plus aucuns murs sur lesquels s'appuyer mais les arbres remplacèrent vite ses précieux appuies. Elle s'enfonça plus en avant dans la forêt sans croiser personne. Très vite, elle reconnut le chemin qu'avait emprunté Harry juste avant de rejoindre le seigneur des ténèbres. Elle s'arrêta à l'endroit où il avait lâché la pierre sans rien voir au sol.

Elle était si près du but qu'elle ne pensa même pas à user de ses pouvoirs et s'accroupit directement au sol, retournant à mains nus les feuilles et les branches. Elle toucha la pierre du bout des doigts et failli éclater en sanglot tant sa joie était grande. Elle pria pour que cela fonctionne, pour que ses pouvoirs ne déraillent pas la magie de la pierre et elle la tourna trois fois dans sa main, les yeux fermés.

— Tu as les mains pleines de boue, déclara sa voix juste à côté.

Lucie soupira de bonheur, cette fois-ci elle ne put contrôler ses larmes de joie.

— Bah alors, c'est comme ça que tu m'accueilles ? Tu vas être toute bouffie, s'amusa-t-il.

Elle savoura le son de sa voix et parvenait même à sentir son parfum dans l'air, sa respiration juste à côté d'elle.

— Luce, susurra-t-il. Ouvre les yeux, mon cœur.

Elle ne put se retenir plus longtemps et eut l'impression de retrouver son âme en le voyant accroupit à ses côtés. Le même sourire, le même regard, seule la couleur de peau changeait. Il était pâle, trouble, Lucie parvenait à voir à travers lui par moment. Elle tendit sa main vers sa joue. Elle avait tant besoin de le toucher mais Fred effectua un mouvement de recul en lui offrant un sourire d'excuse.

— Tu ne réussirais pas, expliqua-t-il un sourire triste sur le visage.

Le voir lui suffisait amplement, c'est plus que tout ce dont elle avait espéré. Elle le sentait présent à ses côtés, elle le sentait vivant.

— Tu vas te décider à dire quelque chose ?

— Je t'aime.

C'étaient les derniers mots qu'elle n'avait pas pu lui dire, ceux qu'elle rêvait de pouvoir dire une dernière fois.

— Je t'aime, répéta-t-elle encore une fois le sourire aux lèvres mais les yeux pleins de larmes.

— Je t'aime, lui répondit-il en retour l'air plus vivant que jamais.

Elle aurait aimé pouvoir l'embrasser, le tenir dans ses bras. Elle avait profondément besoin de ça. Cela faisait trop longtemps qu'elle avait été privée de ça.

— Tu es là, sanglota-t-elle, tu es vraiment là.

— Il t'en aura fallu du temps pour venir me trouver.

— Je reviendrais toujours jusqu'à toi, affirma-t-elle.

— Je sais, confirma-t-il avec légèreté.

— Comment tu as su ? comment tu as fait pour deviner...

— Que ta vision parlait de moi ? termina-t-il. Il n'y avait que deux possibilités après ta réaction, moi ou George. Il est vite devenu évident que si tu te rapprochais de moi les derniers mois, c'est que nous n'avions plus beaucoup de temps...

— Je suis tellement désolée, marmonna-t-elle tout bas.

— Ne pleure pas, je t'en prie, supplia-t-il vivement. Je ne supporte pas de te voir comme ça, surtout quand je sais que tu ne peux pas venir te réconforter dans mes bras.

— Je suis tellement désolée, répéta-t-elle encore plus attristée.

— Ne le sois pas. Je suis heureux que ce ne soit pas George et encore plus que ce ne soit pas notre bébé, tu es magnifique...

Il la contemplait avec admiration comme si elle était la plus belle chose qu'elle était dans sa vie, dans sa mort.

— Luce, reprit-il avec hésitation. Tu sais qu'on ne peut pas faire revenir les morts à la vie hein ?

— Je ferais tout ce que je peux pour te ramener, détrompa-t-elle.

— Les morts doivent rester morts, fit-il avec douceur, c'est toi même qui nous l'a dit.

— Je peux changer les choses, contredit-elle. Les Sol n'ont pas les mêmes règles de magie que les autres sorciers, il y a forcément quelque chose à faire. J'ai besoin de temps, juste un peu de temps pour étudier la pierre et d'autre sort. On fera ça ensemble et je te ramènerai, je te le promets, je sais que j'y arriverai !

— Luce... commença-t-il, la prochaine fois que tu utiliseras la pierre pour m'appeler... je ne répondrai pas.

Elle se figea en entendant ses mots. Loin derrière eux, l'horloge de Poudlard sonna minuit et ils l'entendirent clairement sonner les douze coups.

— Tu ne peux pas faire ça, bégaya-t-elle apeurée une fois les cloches passées, je te l'interdis !

— Tu sais à quel point j'aime enfreindre les interdits... s'amusa-t-il.

Mais la plaisanterie ne fit pas du tout rire Lucie qui s'horrifiait chaque minute un peu plus de ses mots.

— T'as pas le droit ! cria-t-elle en se mettant en colère. Tu avais promis ! Tu avais dit que tu serais toujours là ! Que tu ferais de ce jour un jour spécial, une source de bonheur !

— Je tiens toujours mes promesses, souffla-t-il d'une voix douloureuse.

Il n'aimait pas la voir aussi abattue, aussi démunie. Il aurait tant aimé pouvoir l'aider. Elle vit bien le mouvement involontaire qu'il fit vers elle, comme s'il voulait la toucher mais ne pouvant le faire.

— Je ne veux pas que tu passes ta vie à tenter l'impossible, s'expliqua-t-il durement la voix brisée.

— Je ne veux pas passer ma vie sans toi ! répliqua-t-elle aussitôt. C'est toi que j'aime, c'est de toi dont j'ai besoin !

— Je t'aime aussi et j'ai aussi besoin de toi mais tu sais bien que ce n'est plus possible...

— Tout est possible avec la magie, même les épreuves les plus insurmontable deviennent réalisable.

— Quand bien même ce serait faisable, ça s'appellerait de la magie noire et tu ne vas certainement pas te salir les mains pour moi ! Enfin pas plus sale qu'elles ne le sont déjà... commenta-t-il sarcastiquement.

Lucie regarda ses mains boueuses et ne put s'empêcher de sourire. Même dans la mort il parvenait à la rendre joyeuse.

— Comment je vais pouvoir faire sans toi ? questionna-t-elle sur un air résigné.

Son visage reprit instantanément des couleurs lorsqu'il comprit qu'il l'avait convaincu.

— Qui a dit que je ne serais pas là ? Je suis prêt à parier que tu vas rêver de moi à de nombreuses reprises, railla-t-il.

— Où tu seras à mon réveil ?

— Pas loin, affirma-t-il dans un clin d'œil. Dans ses sourires et dans ses rires.

Il désigna son ventre de la tête. Lucie prit le temps de caresser son ventre, avec douceur.

— Je suis désolé pour ton parrain et pour les autres. J'ai bêtement pensé qu'il n'y aurait que moi et que tu serais encore bien entourée. Je suis désolé.

— Tu n'as pas à l'être, c'est à cause de moi si vous êtes tous mort.

— Non, ce n'est pas de ta faute...

— J'aurai pu les aider, interrompit-elle, la blessure de Gwen n'était pas mortelle, j'aurai pu la soigner.

— Tu sais aussi bien que moi que rien n'aurait empêché sa mort. Puis, combien d'autre aurait disparu si tu avais combattu d'une manière différente ? Tu as sauvé plus de monde que tu ne le penses, Luce.

— Au détriment de mes amies, au détriment de toi.

— C'était tellement rapide que je n'ai rien senti, s'amusa-t-il.

Elle lui offrit un sourire, rassurée. S'il avait ressenti la même douleur qu'elle, elle n'aurait pas pu le supporter. Mais c'était toujours plus difficile pour elle que pour ceux qui partaient. C'est toujours plus difficile pour ceux qui restent.

— Je n'arriverai plus jamais à regarder Alicia en face, avoua-t-elle, et George ne veux plus me parler.

— Ils comprendront, assura-t-il, ils savent que ton pouvoir à ses limites. 

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