Quand les aiguilles de ma montre en or se rencontrèrent, je pénétrai dans ce garage vétuste pour y apercevoir Léa et son groupe de délinquants en train de s'échauffer.

Lia s'approcha de moi et me salua. Je fis de même en souriant légèrement, mais au fond, je me demandais ce qu'il m'a pris d'accepter de les aider. Mais que m'était-il passé par la tête ? Je ne les connais points, nous sommes de parfaits inconnus.

-Cache ta joie, me provoqua Léa.

-Je ne suis doué pour être hypocrite.

-Il a de la réparti, j'adore ! Bienvenue mec, nous sommes..., débuta le brun.

Je l'interrompis :

-Je n'ai nullement besoin de vous connaître. Faites ce que vous avez à faire et j'essaierai de vous composer une musique qui ira avec votre danse.

Ils se toisèrent un long moment et ce n'est qu'après que j'aie soufflé en regardant l'accessoire très coûteux qui ornait mon poignet gauche, qu'ils se décidèrent enfin de bouger.

Léa était la danseuse principale, elle se situait au milieu. Elle leva son bras au ciel, puis en comptant jusqu'à trois, ils se mirent à danser en une si parfaite synchronisation que j'en demeurai stoïque. Ils changeaient de place si rapidement qu'il fallait que je me concentre trois fois davantage pour réussir à les suivre. Le blond et tête de fraise tinrent Lia par le bras puis la firent virevolter dans les airs. A ma surprise, elle atterrit sur ses deux pieds et continua à mouvoir son corps accompagnée les autres membres. Ils arrivaient à garder le parfait tempo bien qu'il n'y ait de musique. Ils doivent s'entraîner énormément pour atteindre un tel niveau. Je me retrouvai à m'amuser, à les contempler. Ils aspiraient la joie de vivre, la rébellion ainsi que la liberté.

Après quelques pas de gauche à droite, ils s'arrêtèrent puis se prirent dans les bras. Ils avaient l'air heureux et cela me rendait affreusement envieux.

-Qu'en penses-tu, Livio ? Me questionna la danseuse principale du groupe.

-C'était...

Je commençai à perdre mes mots. Mince !

-J'ai une idée ! Pendant qu'on répète, tu n'as qu'à utiliser le clavier de Louis. Nous voir danser directement pourrait t'inspirer, proposa Lia, en tapant des mains.

-C'est vrai !

Ils soulevèrent le drap qui recouvrait l'instrument et m'invitèrent à m'y installer. Je pris place et souris béatement.

-Cela marche comment ? Dégoisai-je.

Je n'avais jamais utilisé de « clavier » avant. J'ai toujours pianoté sur des pianos authentiques.

-Qu... quoi ? Mais Léa, dis-nous, d'où l'as-tu ramené celui-là ?

-Calme-toi Léo. Il nous sera d'une aide précieuse. Je te rappelle qu'il nous reste seulement trois jours pour nous entraîner et être au point et nous avons besoin d'une musique qui nous démarquera des autres participants ! Rétorqua d'une traite la concernée.

-Je comprends mais tu l'as bien entendu, il ne sait pas jouer sur un piano électrique, nous sommes au point de départ !

-Arrêtez de vous disputer ! S'écria la rousse en se mettant entre les deux.

Je remis mes cheveux en arrière, frustré.

-Je n'aime guère qu'on parle de moi comme si je n'étais présent, mais surtout, je ne permets à personne de s'adresser à moi comme tu es en train de le faire. D'où m'a-t-elle ramené ? Des plus prestigieux spectacles, des plus seigneuriales galas, hors de mon dressing rempli de trophées en guise d'habits.

Il m'épia, sans cligner des yeux ne serait-ce qu'une fois. Mais il ne dit rien, exactement comme il aurait dû le faire depuis le début de notre rencontre.

Je me mis à me balader dans la pièce délabrée.

-J'ai dit que j'allais vous aider...

La jeune ballerine vint me tenir le bras.

-Ne fais pas attention à ce qu'il dit ! Léo a souvent tendance à parler sans réfléchir. Je t'en prie, ne reviens pas sur ta promesse !

Je riais légèrement.

-Et je vais vous composer cette mélodie en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, car je suis Livio et Livio est capable de tout.

Puis en leur faisant signe de la main, je me dirigeais d'un pas assuré vers ma piaule. La nuit allait être longue...

J'avais déjà achevé Océan noir. Sans me jeter des fleurs, elle était un véritable bijou.

Place à la musique que je devais créer pour ces danseurs. Ils avaient l'air si joyeux que je ne percevais ces êtres obscènes, ces ombres sinistres qui me poursuivaient partout où je mettais les pieds, qui me terrorisaient depuis ma plus tendre jeunesse.

Je me mis à chercher sur internet la façon dont on traitait un piano électrique. Aux alentours de trois heure du matin, je me dirigeais vers le garage et heureusement pour mon ego, les lumières étaient éteintes. Je me mis alors au travail. Suivons les instructions de cet homme aux lunettes rondes à la lettre, je commençais finalement à savoir manier cet instrument moderne.

Le lendemain, je retrouvais les L5, tel était leur nom, il me semble. Ils étaient en train de danser, comme s'ils ne savaient s'exprimer avec les mots, ils conversaient à l'aide de leur langage corporel.

-Alors ? Me demanda l'insupportable danseuse aux cheveux bleus.

Je lui tendis la clé USB qui contenait la musique que j'avais achevé.

Elle l'installa sur son ordinateur et puis la lança pour que les autres membres puissent l'écouter.

-Attends. C'est une dinguerie ! Souligna Léo.

-Je n'arrive pas à y croire ! Poursuivit Lia.

Inutile de me vanter, mais ma création leur a bouclé la bouche. Même le petit débile n'a rien pu ajouter. Je m'étais surpassé, la nuit dernière. Je suis plutôt satisfait de mon rendement.

-C'est génial mec ! Maintenant, c'est à notre tour de leur montrer qui nous sommes ! S'écria tête de fraise.

-On te doit une fière chandelle ! Tu dois venir nous encourager Samedi ! M'invita le brun.

Je hochai la tête puis quittai l'endroit sordide.

Mon téléphone se mit à vibrer. Pensant que ce message provenait d'Aéna, je fus surpris de découvrir qu'il provenait de ma mère.

« J'espère que tu n'es pas en train de te la couler douce. J'ai déjà prévenu toutes mes anciennes copines de danse et elles viendront assister au spectacle ».

Je lui répondrai plus tard. Je devais tout d'abord me rendre dans le bureau de madame Perle afin de lui remettre mon trésor intitulé Océan noir. 

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