Sur le chemin de son destin

Je finis de me préparer quand Paola arrive à la maison. C'est grimée derrière une perruque et une combinaison rembourrée pour cacher mon ventre et changer ma silhouette, que je retrouve Paola.

— May ! Ton déguisement fait son effet, on ne te reconnaîtrait pas derrière tout ce rembourrage. affirme Paola impressionnée.

— Tu as mis ton gilet par balle ? demande Ezio qui tente de dissimuler son inquiétude.

— Oui chef !

— Il est temps de faire un point avant de partir, nous n'avons plus beaucoup de temps. annonce Paola en se dirigeant vers le salon.

Nous la suivons puis nous nous installons.

— Lors de ma dernière visite chez Mario, j'ai pu faire un repérage des lieux plus détaillé, comme tu me l'avais demandé Ezio. Il y a toujours un garde à l'entrée de la propriété mais finalement je ne pense pas qu'il viendra lors de l'alerte donnée par le cardioscope. Lorsque nous sommes passés devant lui, il recevait au même moment une alerte. Ils communiquent par talkie walkie. Et tout de qu'il a répondu c'est qu'il ne bougeait pas de son poste comme prévu. Donc il ne bougera pas de là et vous trois vous ne pourrez pas infiltrer la propriété. Il y a également des caméras sur les pignons du portail reliées à une salle de contrôle au sein de la maison. Je l'ai aperçue une fois sans me rendre vraiment compte de ce que je regardais. Elle est située au rez-de-chaussée. Il y a des caméras partout même dans la chambre de Mario donc dès l'instant où tu tireras May, tout le monde s'empressera de te tuer. Et du monde il y en a d'autant qu'aujourd'hui il y a les fils de Mario qui viennent se réunir avec lui pour faire leur bilan mensuel comme on l'avait dit. Bien qu'ils viennent chez leur père, ils ne se déplacent jamais sans leur bras droit donc ça fera trois personnes en plus. Entre les domestiques, les gardes du corps, les bras droit ça fait une bonne quinzaine de personnes. En parlant de garde du corps, il y en a un toujours posté devant la chambre de Mario. Il a une arme sur lui mais ne l'a jamais en main. Les domestiques sont plutôt pacifiques mais je me méfierai d'Agnès la domestique en chef, derrière son air blasé, elle peut se révéler redoutable. Elle travaille pour Mario depuis toujours et en a vu passer. Je pense qu'elle ne va pas nous laisser faire sans rien dire. May il te faudra être rapide et précise dans tes mouvements. Tu devras trouver rapidement des issues de secours ou des plans B car malheureusement, je n'ai pas pu plus investiguer là-dessus sinon j'allais éveiller les soupçons. Si ça peut t'aider il y a énormément de fenêtres qui donnent sur des balcons, je sais qu'il y a un accès dérobé en cuisine, j'en ai déjà entendu parler mais je n'en sais pas davantage.

— Merci Paola pour toutes ces informations, elles nous seront d'une grande aide. Nous voyons déjà un peu plus clair dans ce quoi nous mettons les pieds. Par rapport au garde de l'entrée, il faudrait prétexter un problème de voiture. Ton chauffeur Paola devra s'avancer et s'arrêter de sorte qu'il bloque la fermeture du portail mais également que lorsqu'il ouvrira le capot, nous ne voyions pas ce qu'il se passe derrière. A ce moment-là, ton chauffeur devra mettre le garde hors d'état de nuire. Avec Salva et Andrea nous pourrons ainsi infiltrer la forteresse. Tu penses que ce serait faisable pour lui ? propose Ezio

Paola sourit.

— Attends tu crois que mon chauffeur est à son premier coup d'essai ? Évidemment qu'il sera à la hauteur.

— Parfait, une fois que nous serons sur la propriété, nous nous occuperons des bras droit et des domestiques. Je pense que les fils vont d'abord vouloir venger par eux-même leur père. Le plus urgent pour nous sera donc les bras droit, ils sont plus redoutables que les autres personnes et feront tout pour protéger leur patron. May et Paola vous devrez vous occuper du garde devant la chambre de Mario.

— Je ne pourrai pas porter d'armes sur moi, toute personne qui entre dans la chambre de Mario doit être fouillée. Je ne peux pas prendre le risque de tout faire foirer par une simple fouille. May, ton arme sera suffisamment dissimulée dans ton rembourrage pour ne pas être sentie. N'étant pas un pervers Léo ne va pas te peloter plus que nécessaire. Ensuite je prendrai l'arme dans la table de nuit de Mario.

— Attends on n'a pas le droit de rentrer armé mais tu peux t'emparer de son révolver dans sa table de nuit ? demandé-je.

— Le tiroir a un bouton d'alerte que seul Mario peut désactiver si c'est lui qui l'ouvre. Si c'est quelqu'un d'autre, tout le monde rapplique dans la chambre et on peut te dire adieu. Mais là on s'en fichera puisque tout le monde sera déjà dans la chambre.

— May, tu dois savoir quelques points sur les fils Condore. Ils seront trois, le quatrième Luca, ayant déjà été tué par moi il y a 6 ans. Que ce soit Fabio, Enrico ou Ettore ils se battent toujours par arme à feu, ils n'aiment pas les armes blanches. Tu ne dois en aucun cas leur faire confiance. Si tu as le dessus sur eux et qu'ils te promettent monts et merveilles, tu ne dois pas les croire dès l'instant où tu libèreras ton emprise ils te tueront. Ils ont toujours plus d'une arme sur eux donc même si tu arrives à les désarmer reste toujours sur tes gardes et agis vite. Ils aiment que leur adversaire soit coriace et leur donne du fil à retordre donc ne t'attend pas à ce qu'ils te tuent directement ils vont aimer prendre leur temps avec toi. Enfin ils sont rapides, sournois et font des coups bas donc reste vigilante. Ah et touche finale de ton déguisement.

Ezio me parfume de lilas alors que je le regarde étonnée.

— Je ne sais plus lequel d'entre eux est déstabilisé par le parfum de lilas car il lui rappelle sa mère et devient moins attentif à ses gestes. En plus ça te rend encore plus irrésistible. me chuchote-t-il à l'oreille.

Je le frappe gentiment sur le torse en souriant sachant qu'il me taquine.

— Bien dernière chose, tu dois garder en tête trois axes de survie. Le premier est de suivre ton instinct, s'il te dit de fuir tu fuis, s'il te dis de foncer dans le tas tu fonces. Ensuite tu restes en alerte sur la moindre ouverture, la moindre faille dans la défense de ton adversaire qui peut te donner un avantage, c'est très précieux. Enfin, tu ne restes jamais sur place, tu tires, tu bouges et tu te couvres, ne reste pas à la portée de ton ennemi.

— Je crois qu'on a toutes les clés en main, nous pouvons y aller. avise Paola en se levant.

Nous faisons de même, Ezio se rapproche de moi et me relève le menton de sa main. Paola s'éclipse nous laissant un peu d'intimité.

— May, fais attention à toi s'il-te-plaît, encore une fois ne prend pas de risques inutiles. Cache-toi dès que tu le peux et tire à la moindre ouverture. Tu ne sais pas si tu auras une autre chance. On sera derrière vous avec Andrea et Salva et on vous couvrira dès que possible. Tu n'es pas seule, je suis avec toi. Je crois en toi tu vas y arriver mais ne fais rien de débile par fierté ou égocentrisme. Promets-moi que tu seras prudente.

Je prends Ezio dans mes bras, les larmes piquant mes yeux, et le serre comme si c'était la dernière fois puis je lui promets au creux de l'oreille. Nous nous embrassons si fort qu'il en devient impossible de se détacher.

— May, Ezio je suis désolée de vous interrompre mais on doit partir.

Je serre Ezio une dernière fois dans mes bras avant de rejoindre Paola. Nous partons à vive allure dans la voiture de Paola conduite par son chauffeur. Elle lui donne les grandes lignes du changement de plan qu'Ezio a proposé puis se tourne vers moi.

— Surtout tu me suis et ne dis pas un mot, c'est seulement une fois dans la chambre de Mario que tu pourras agir. 

J'acquiesce de la tête et reste silencieuse le reste du trajet, trop anxieuse et concentrée sur la suite.

Nous arrivons devant un portail en fer forgé avec une cabine sur le côté abritant un garde qui, à l'instant où il reconnaît la voiture et le chauffeur de Paola, nous ouvre l'accès. Comme prévu, il arrête la voiture assez en avant pour se cacher des caméras une fois le capot ouvert et juste assez en arrière pour empêcher les portes de se fermer. Le chauffeur baisse sa vitre et annonce au garde qu'il a un problème avec la voiture et qu'il ne peut plus avancer. Nous sortons tous et en me voyant, le garde demande qui je suis. Paola me présente comme une stagiaire et il ne pose pas plus de questions. Le chauffeur ouvre le capot et demande de l'aide au garde.

— Nous allons marcher jusqu'au manoir, je ne veux pas arriver en retard pour les soins de Mario. dit Paola.

Le garde et le chauffeur ne relèvent même pas la tête et nous partons en direction du manoir.

— Surtout May, marche d'un pas normal, les caméras te voient toujours et au coup de feu tu ne sursaute pas ni n'accélère le pas. De là où ils sont, les autres gardes n'entendront rien, ils n'ont que l'image grâce aux caméras, pas le son. Alors reste calme et ne te retourne pas, notre comportement ne doit pas alerter.

Je suis scrupuleusement les indications de Paola. Nous continuons de marcher quand le coup de feu retentit. Je n'ai qu'une envie de me retourner pour être sûre que c'est bien le garde qui est mort mais n'en fait rien pour ne pas éveiller les soupçons.

Si le chauffeur était mort, nous le serions tout autant.

Nous marchons pendant cinq minutes puis un grand manoir en pierre rouges et blanches aux toits pointus et menaçant se dessine devant nous. Une tour ronde sur le côté fait office d'entrée. Le reste du corps du manoir me donne des frissons dans le dos. Les balcons en pierre noircies et le lierre grimpant mort en cette saison lui donne une allure de manoir hanté. Il est imposant et loin d'être accueillant, il nous donne plus envie de fuir. Le croassement des corbeaux alentour ne fait qu'accentuer le sentiment hostile qui se dégage de la demeure.

Nous arrivons enfin devant la porte d'entrée, Paola se prépare à toquer quand la porte s'ouvre sur une domestique enrobée, aux traits tirés et au teint pâle. L'usure de toutes ces années de labeur au service de la famille Condore se lit sur chaque ride de son visage.

— Miss Paola, vous êtes pile à l'heure ce qui veut dire en retard pour Don Mario dépêchez-vous !

— Désolée Agnès mais notre chauffeur a eu un problème avec sa voiture et nous avons dû marcher jusqu'ici.

— Je sais, c'est regrettable.

J'emboite le pas de Paola qui entre mais la domestique me barre le passage.

— T'es qui toi ? me lance-t-elle froidement, contrastant avec son ton chaleureux employé avec Paola.

— C'est ma stagiaire, Mina, elle doit faire les soins avec moi aujourd'hui.

Sceptique, elle me laisse quand même passer sans me lâcher des yeux.

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