Le diable porte des talons aiguille

La matinée défile et nous nous retrouvons vite dans les coulisses du journal à se faire briefer par l'équipe.

— Bien, nous allons commencer avec toi seulement May puis quand viendra le moment, nous appellerons Ezio.

Nous hochons de la tête, moi complètement stressée et Ezio en retrait les bras croisés, le regard méfiant. A son contact, l'équipe est complètement déstabilisée et ne sait pas comment agir avec lui ayant trop peur de faire un pas de travers et de se retrouver avec un flingue sur la tempe. Ce contraste d'Ezio en privé et en public me fait rire intérieurement. Je me sens fière et chanceuse de le connaître sous un autre jour et d'avoir réussi à le dompter. Bien consciente qu'il n'y a que moi et certainement Raphaël qui ne le craignons pas. Je me sens d'autant plus spéciale quand il me fait un clin d'œil en souriant. Puis il me regarde avec des yeux rempli d'amour qui me disent « ça va aller je suis avec toi » alors que l'on m'installe dans un fauteuil en face de la journaliste .

J'entends le décompte puis le jingle et la journaliste commence les présentations puis vient le tour des questions.

— Alors May, tout d'abord des félicitations s'imposent pour votre heureux événement, bravo !

— Merci Alma. remercié-je en souriant tout en essayant de maîtriser mon coeur dont les battements pulsent intensément contre la paroi de mes veines.

— Je dois dire que vous avez réussi à surprendre tout le monde par cette nouvelle, personne ne s'y attendait. Nous vous avions laissé célibataire et en train de travailler sur votre futur album et finalement c'est un bébé qui est en préparation. affirme-t-elle avec un rire hypocrite dont seuls les journalistes ont le secret.

— Hé bien c'était tout autant une surprise pour moi pour tout vous avouer.

— Oh seriez-vous en train de nous dire que ce bébé est un accident ?

— Je préfère dire surprise à accident c'est beaucoup moins péjoratif. Cet événement bien qu'inattendu reste pour nous une aventure heureuse et épanouissante. Nous attendons sa naissance avec impatience.

— Donc vous avez dû être surprise quand vous avez appris votre grossesse?

— Tout à fait, je l'ai appris alors que j'étais à deux mois.

— Vous dites "je" et pas "nous", ça signifie que vous étiez seule quand vous l'avez découvert ?

Je sens qu'elle manœuvre pour connaître tous les détails même ceux les plus sordides et intrusifs. Est-ce pour nuire à la réputation d'Ezio et/ou à la mienne ou simplement assouvir son besoin de curiosité malsaine ? Dans tous les cas pour notre bien je décide de mentir, donner cette interview est déjà bien assez, dire exactement la vérité n'est pas nécessaire surtout face à ce genre de requins.

— Rares sont les hommes qui viennent à côté de vous quand vous urinez sur le test. esquivé-je en riant pour détendre l'atmosphère.

Je distingue alors une pointe de déception dans le regard d'Alma ce qui me ravit d'autant plus ayant déjoué son plan de nous ternir.

— Vous étiez tous les deux heureux suite au résultat ?

Je sens qu'elle veut et va tenter par tous les moyens de me piéger et de trouver une faille pour s'y engouffrer. Je reste malgré tout concentrée et fais attention au choix de mes mots.

— Surpris est plus juste, malgré les symptômes, nous ne nous attendions pas à ce que ce soit positif. Une fois la surprise passée, oui nous pouvons dire que nous étions heureux.

— Parlons un peu de cet heureux élu, vous avez été très discrète sur votre relation. Avant qu'on ne vous surprenne dans cette boutique, aucuns soupçons n'existaient sur votre vie amoureuse. Comment avez-vous fait ?

— De base, vous aurez remarqué que j'aime garder ma vie privée aussi privée que possible. J'ai donc réussi à développer quelques techniques que je garderai secrètes, pour maintenir cette discrétion.

— Il semblerait qu'il y ait une faille dans vos techniques. pique t-elle avec un sourire narquois.

— Rien n'est infaillible pour votre plus grand plaisir. rétorqué-je avec un sourire hypocrite.

Alma me rend mon sourire puis en fixant la caméra, annonce d'un ton amer:

— Il est grand temps pour nous de lever le voile sur ce grand mystère et d'accueillir le futur papa comblé.

Des applaudissements se font entendre puis à la vue d'Ezio le public se partage entre hystérie colérique et joyeuse.

Il m'embrasse le front avant d'aller s'asseoir sur le fauteuil à ma droite. Je le sens tendu et déjà agacé par le début de l'interview. Malgré son sourire de façade, il est fermé et froid. Nous échangeons un regard chaleureux et amoureux avant d'entendre de nouveau la voix irritante d'Alma.

— Hé bien et bien quelle surprise ! Le mystérieux inconnu n'est autre que l'indomptable Ezio Madini, qui l'aurait cru ?

Ezio s'agite irrité sur son fauteuil visiblement mal-à -l'aise avec cette réputation.

— Personne n'est indomptable, il suffit de trouver celle qui est faite pour nous. révèle t-il en me regardant avec un sourire franc et en me prenant la main.

— C'est que vous ne nous aviez pas habitués à tant de stabilité. Volant de nid en nid tel le prédateur que vous étiez ou que vous êtes toujours ?

Je commence à bouillir face à une Alma pompeuse et qui se révèle ouvertement dragueuse. Je garde mon sang froid ne voulant pas montrer ma déstabilisation.

— Tout ça fait partie de mon passé. Je suis un autre homme maintenant grâce à May. Je ne suis plus un cœur à prendre. Elle a fait de moi plus qu'un futur papa puisque nous nous sommes mariés il y a peu.

Sa révélation provoque surprise, enthousiasme et fureur dans l'assemblée. Alma se tend et son teint commence à virer au vert de jalousie.

— Cette soirée est riche en révélations dites-moi. Vous faites de nombreuses malheureuses May. Comme quoi avoir une belle voix peut tout changer.

Je commence à ouvrir la bouche pour répliquer mais Ezio me serre la main et prend la parole.

— Ça n'a rien à voir avec ça. Chanteuse ou non May est celle qui m'était destinée. Il y a quelques années de ça, alors qu'elle n'était pas encore connue, elle m'a sauvé un soir d'été et je n'ai jamais réussi à l'oublier. Quand nous nous sommes retrouvés il y a quelques mois, c'était évident, je ne voulais pas la perdre une deuxième fois et la garder auprès de moi pour vieillir à ses côtés. Je n'aime pas May pour sa notoriété ou sa voix ou son talent. Je l'aime pour qui elle est, pour sa générosité, son empathie, sa détermination, sa force et je vais m'arrêter là car si j'énumère toutes les raisons pour lesquelles je l'aime on en a pour la soirée. May est unique et seuls son cœur et son âme ont su comprendre qui j'étais réellement.

C'est les larmes aux yeux que je regarde Ezio, fière de lui et de ses paroles je n'ai qu'une envie lui sauter dessus pour l'embrasser mais je me retiens et lui souris tendrement à la place.

— C'est sur cette magnifique déclaration d'amour que nous terminons notre interview. J'espère que vous avez passé un bon moment en notre compagnie. Merci à vous Ezio et May pour votre intervention. Pour ma part je vous dis à très vite pour une nouvelle interview exclusive. Passez une belle soirée, pleins de bisous et prenez soin de vous, CiCiao! conclut Alma en dissimulant comme elle peut son dégoût.

Le clap de fin se fait entendre et nous nous levons de nos fauteuils soulagés que ce soit enfin terminé.

 Alma nous dit au revoir en nous faisant la bise et en tripotant les muscles d'Ezio au passage, ce qui m'agace encore plus. Une fois mon tour venu, elle me glisse à l'oreille:

— Un mariage n'est qu'une bague au doigt, qu'un froissement de papier, il peut s'écrouler en un déhanchement de fesses. Ne crois pas avoir réussi à changer Ezio, si je n'y suis pas arrivée tu n'y arriveras pas. Il est juste encore sous le coup de la passion des premiers émois mais tout ça va vite retomber. Il se sent certainement pris au piège à cause de ton bâtard mais il se réveillera vite et prendra la bonne décision. En venant ici May et dévoilant ton mariage avec Ezio tu as fait une terrible erreur, tu es devenue la cible numéro un de toutes les fanatiques de ce Dieu vivant. Et crois-moi, on est bien tarées et on est capable de tout pour arriver à nos fins.

Puis en se reculant me fait son speech hypocrite de remerciement et après nous avoir souhaité une bonne soirée, elle s'en va tout en, évidemment, déhanchant son cul rembourré.

Encore sous le choc des paroles d'Alma, je suis Ezio qui me guide par la main pour sortir de ce studio infernal. Une fois dehors, Andrea nous rejoint, protégée par Ezio et Andrea de chaque côté, je ne reçois aucun des objets lancés par les cinglées au cœur brisé mais entends très bien toutes leurs insultes et noms d'oiseaux qu'elles me crachent au visage. 

Nous arrivons vite dans la voiture et Salva démarre en trombe, nous permettant de fuir à toute allure cette scène de fou.

— Tu t'es fait Alma ?! m'exclamé-je énervée en le tuant des yeux

Il s'éclaircit la voix visiblement embarrassé.

— En effet c'est une de mes anciennes conquêtes mais ce n'était rien de sérieux enfin de mon côté du moins.

— Je m'en fous ce n'est pas par jalousie que je te demande ça mais parce qu'elle m'a clairement fait des menaces à l'oreille tout à l'heure ! lui révélé-je en le tuant des yeux complètement folle de rage d'être une cible à cause de ses conquêtes du passé. Je me fous de savoir qui tu t'es tapé avant moi ! Ce dont je ne me fous pas c'est qu'elles soient si cinglées qu'elles en deviennent dangereuses. Tu aurais du réfléchir à deux fois avant de les baiser, ah mais non, pardon, j'oubliais que vous ne pensiez qu'avec votre putain de bite ! crié-je furieuse.

Ezio serre les dents et se contracte, maîtrisant sa colère de son mieux.

— May je subis cette situation tout autant que toi, oui j'ai fais des erreurs et tu sais quoi ? Je suis loin d'être parfait, oui j'ai un passé sulfureux, oui on en paie encore les conséquences aujourd'hui et sûrement demain. Oui ce sera comme ça toute notre vie, tu sais pourquoi ? Parce que je fais partie de la mafia et que j'ai un tas d'ennemis qui veulent ma peau ! Comme un con j'ai dis au monde entier que je t'aimais ce qui a immédiatement mis un viseur sur ta tête. Oui on s'est fait chopé, oui on a merdé mais ça ne sert à rien de se jeter la pierre puisqu'on subit cette putain de situation tous les deux ! Alors maintenant soit on se bat ensemble soit on coule chacun de notre côté mais dès l'instant où tu prends ta décision je ne veux plus avoir ce genre de discussion ! On est une putain d'équipe et en m'épousant tu savais très bien que tu épousais mon passé, mes vices, mes défauts et mes ennemis. Alors ne me joue pas cette carte !

Les larmes aux yeux et furieuse je le dévisage.

— Tu n'as pas à m'en vouloir d'être en colère et d'avoir peur suite à ce qu'on vient de vivre ! Je ne remets pas notre mariage en question. Je sais ce que j'ai fait en t'épousant et pourquoi je l'ai fait mais ça ne veut pas dire que je dois tout accepter sans rien dire et en courbant l'échine ! Ce sont des putains de menaces qu'elle m'a fait merde ! Peut-être que toi ça fait partie de ton quotidien mais moi non ! J'ai peur et de les voir en furie à notre sortie j'ai vraiment pris conscience qu'elles pouvaient être très dangereuses. Alors oui je m'en prends à toi parce que tu en es la cause que tu le veuilles ou non! répliqué-je sans pouvoir retenir les larmes qui dévalent maintenant mes joues.

Ezio reste silencieux mais tendu et si en colère que je peux la ressentir émaner de son corps. Nous restons muets le reste du trajet campant chacun sur nos positions, trop fiers pour avouer nos torts.

En arrivant devant l'immeuble, nous voyons une horde de groupies énervées attendre devant l'entrée.

— Putain elles savent même où tu habites ? Mais c'est quoi ces psychopathes ? m'exclamé-je

— Salva emmène-nous chez Andy s'il-te-plaît. ordonne Ezio.

Il s'exécute immédiatement.

— Je ne comprends pas comment elles ont su où j'habitais, j'ai déménagé plus d'une fois à cause de ça et j'avais choisi cet appartement car on m'avait garanti une discrétion absolue. Je t'emmène chez Andy le temps que ça se calme un peu. En attendant je vais chercher une maison loin de tout regard indiscret où nous pourrons nous installer et accueillir le bébé tranquillement.

— Tu vas m'y laisser longtemps ? demandé-je sèchement.

— Non. Je préfère qu'on soit éloignés et te savoir en lieu sûr plutôt qu'on soit ensemble et que tu encoures ta vie à cause de moi. déclare t-il.

— C'est trop tard pour ça, c'est déjà le cas. sifflé-je en sortant de la voiture, arrivée devant chez Andy, en claquant la porte de toute ma fureur.

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