U comme Un café est toujours une bonne idée
« Un café est toujours une bonne idée ». Cette phrase, inscrite sur ma tasse bon marché censée imiter les éternels gobelets américains, semble vouloir me dicter ma conduite de la journée. Sans grande conviction, mon cerveau embrumé tente de déchiffrer le message sûrement profond que cette tasse veut lui faire passer. Je plisse les yeux, dubitative. Un café n'a rien d'une « bonne idée ». C'est un moyen de réveiller la capricieuse machine que je dois conduire pendant près de seize heures d'affilée et que je nomme plus communément « mon corps ». Je repense à tout ce que j'ai dû endurer pour arriver à être attablée devant cette foutue boisson chaude. J'ai dû m'extirper de mon lit, endroit le plus confortable au monde. J'ai dû me trainer dans ma cuisine. Etant dans un minuscule studio puisqu'étudiante, je n'ai que quatre mètres à parcourir, mais quatre mètres le matin reviennent à marcher le long de la Route 66. Interminable. Ensuite, j'ai attendu que l'eau que j'avais mis dans la bouilloire ait fini de bouillir. Mes paupières, comme irrésistiblement attirées vers le bas, ne cherchaient qu'à se refermer. Quand l'eau a été assez chaude, je l'ai versée dans ma tasse. J'en ai renversé un peu à côté et ça m'a fait râler. J'ai voulu essuyer les quelques gouttes qu'il y avait sur la table mais ma maladresse du matin a voulu encore plus se moquer de moi. Elle m'a fait renverser ma tasse entière alors que je passais un coup d'éponge. J'ai encore râlé et j'ai dû remettre de l'eau à bouillir. En même temps, j'ai fait griller des tartines de pain mais je me suis brûlée le bout des doigts en les récupérant. J'ai enfin pu préparer mon café, en faisant bien attention cette fois-ci à ne pas faire de bêtises. Première victoire de la journée, en fin de compte. J'ai voulu boire une gorgée, et je me suis brûlée les lèvres et la langue. Quelle idiote ! Evidemment que mon café n'allait pas être à la bonne température à peine l'eau sortie de la bouilloire.
Si l'on résume, j'ai déjà terminé de grignoter mes tartines, mes lèvres sont encore douloureuses et j'attends que mon café daigne se refroidir un peu. Sans vouloir offenser les génies qui ont pensé le design de ma tasse, je doute que ce soit la définition qu'ils s'étaient faite d'une « bonne idée ».
J'ai allumé la radio et désormais mes oreilles captent distraitement la musique qui passe. Après deux minutes à ne rien faire, je réfléchis au moment où j'arriverai à la fac. Je me vois débarquer dans le hall et dire à mes amis « Je n'aurais jamais dû me lever ce matin ». Je fais la moue. Je leur ai déjà dit ça hier. Je n'ai pas envie de laisser la mauvaise humeur me peser toute la journée, alors je prête davantage attention aux paroles de la chanson, pour voir si elle peut arriver à chasser le nuage de pluie qui reste au-dessus de ma tête. Smile, the worst is yet to come ... C'est vrai que je me suis peut-être un peu laissée emporter, ce matin. J'ai renversé mon café, mais ce n'est pas la première fois que cela m'arrive et il y en aura probablement d'autres, des matins chaotiques comme celui-ci. Et puis, j'ai du temps devant moi : je commence les cours plus tard que d'habitude. Au moins, je peux laisser la musique me réveiller tranquillement, la journée n'en sera que plus belle.
Et sans ce café, ce papier n'aurait jamais pris vie...
Alors, peut-être bien que oui.
Un café est toujours une bonne idée.
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