Chapitre 30
« Où est Miss Peregrine ? » lance Enzo.
D'un geste parfaitement naturel, Miss Hawk se coule derrière eux et verrouille la porte de son bureau. Retournant à sa place, elle leur fait signe de s'asseoir. Comprenant qu'elle ne répondrait pas avant qu'ils se soient assis, ils prennent place de l'autre côté du grand bureau en bois.
« Dites-nous où est Miss Peregrine, reprend Enzo.
– Pourquoi n'a-t-elle pas pu renouveler la boucle ? renchérit Arthur.
– Miss Peregrine est souffrante, répond Miss Hawk d'une voix douce. Elle était trop faible pour renouveler la boucle. Miss Raven s'en est occupée. »
Miss Hawk leur adresse un nouveau sourire suffisant.
« Où est-elle ? répète Enzo. Qui est entré dans l'école ? Est-ce que ça a un lien avec la peste ? »
Les lèvres de l'Ombrune restent serrées ; son expression ne varie pas d'un millimètre. En l'absence de réponse, Enzo poursuit, de plus en plus pressant :
« Qui est le détraqueur ? Est-ce que c'est Miss Grimmalkin ? »
À ces mots, le sourire de Miss Hawk s'évanouit une fraction de seconde – avant de réapparaître aussitôt.
« Oh, mes chers enfants, dit-elle enfin. Vous en savez encore moins que je ne le pensais. »
Arthur fronce les sourcils. Le sourire de l'Ombrune a changé, devant condescendant, sans une seule once de gentillesse. Quelque chose dans son expression – il ne parvient pas à définir précisément quoi – lui donne un frisson.
« Mais vous restez un danger. »
Son sourire a entièrement disparu, remplacé par une expression de haine. Arthur se lève brusquement. Mais son geste est interrompu par des liens qui s'enroulent autour de ses membres, le forçant à se rassoir. Il regarde en-dessous de lui : les plantes qui décoraient le bureau de la directrice se sont mises à s'étendre et à se nouer autour de son corps. Il tente de se débattre, mais les liens se resserrent inexorablement ; un coup d'œil sur le côté lui permet de constater qu'Enzo subit le même traitement. Miss Hawk les observe, le regard glaçant.
Les deux garçons s'agitent pendant plusieurs minutes, avant d'abandonner, vaincus. Des flammes dans les yeux, Enzo fusille l'Ombrune du regard.
« Le détraqueur est aussi un Particulier, n'est-ce pas ? lance-t-il. Un professeur ? »
– Pas un professeur.
– Un élève ? »
Miss Hawk ne répond pas. Enzo attend quelques secondes avant d'enchaîner :
« Qui a tué les engoulevents, si ce n'était pas Miss Grimmalkin ?
– Oh, ces stupides oiseaux ? Ca, c'était moi. »
Un nouveau sourire traverse le visage de Miss Hawk, lui donnant un aspect démentiel. Arthur se tourne vers son ami ; le teint livide, celui-ci semble aussi terrifié que lui.
« Oh, d'ailleurs, reprend l'Ombrune, si jamais vos petits amis parvenaient à trouver Miss Peregrine... le détraqueur les y attendra. »
*
« Bon. Si tu avais enlevé Miss Peregrine, où la cacherais-tu ? demande Thomas.
– Dans les toilettes ? suggère Elizabeth.
– N'importe qui pourrait y entrer. Dans les souterrains ?
– On y était quand elle a disparu. »
Elizabeth et Tomas se taisent, les yeux au sol, perdus dans leurs réflexions. Isaac prend son courage à deux mains pour proposer d'une voix faible :
« Les tours ? »
Semblant se souvenir tout d'un coup de sa présence, les deux autres se tournent vers lui, les yeux ronds.
« Qu'est-ce que tu as dit ? demande Thomas.
– Les tours, les tours. Avec les cloches...
– Je sais ce que sont les tours, merci.
– Mais oui ! s'exclame Elizabeth. C'est le seul endroit où personne ne va jamais. Bien joué, Isaac. Allons-y. »
Isaac rougit au compliment de la jeune fille. Il réajuste ses lunettes sur son nez et prend une grande inspiration avant d'emboîter le pas des deux élèves. Le trio descend les escaliers et traverse la nef déserte jusqu'à l'entrée de la cathédrale. De part et d'autre de l'entrée se trouvent les deux immenses tours symétriques.
« Bon. Laquelle on essaie ?
– Celle de gauche », répond Thomas sans une hésitation.
Ils pénètrent dans la tour et lèvent la tête. Un long escalier en colimaçon s'enroule tout contre les parois, s'élevant en direction des cloches. Elizabeth pousse un profond soupir.
« Ca va nous prendre un siècle de monter toutes ces marches.
– Ca ne sert à rien de monter si elle n'est pas là, répond Thomas. Je vais jeter un coup d'œil. »
Sur ces mots, le jeune homme déploie ses grandes ailes de faucon et prend son envol. Isaac observe le mouvement majestueux de ses ailes et devine la forme de ses muscles sous ses vêtements. En quelques secondes, il a atteint le sommet – quelques secondes de plus, et il est de retour au sol.
« Personne », halète-t-il, le souffle court.
Le regard d'Elizabeth, jusque-là plein d'espoir, s'assombrit. Sans un mot, le trio rebrousse chemin et pénètre dans la tour opposée. Thomas s'envole de nouveau, tandis qu'Elizabeth le suit des yeux, du désarroi dans le regard.
« Isaac, qu'est-ce qu'on va faire si elle n'est pas là ?
– Arthur et Enzo l'ont peut-être trouvée, trouvée », tente-t-il de la rassurer.
Elle secoue la tête, les épaules basses. Après plusieurs minutes, Thomas se pose à leurs côtés dans un bruissement d'ailes.
« Alors ? demande la jeune fille.
– J'ai vu Miss Peregrine, attachée. Et une fille.
– Une fille ? répète Elizabeth en fronçant les sourcils.
– Une petite fille, dix ou douze ans. Très pâle, cheveux sombres et bouclés. Je crois qu'elle est à Raven. »
L'air grave, Elizabeth se tourne vers Isaac :
« Isaac, vas chercher Arthur et Enzo. Vite. Thomas, tu peux me porter ? »
Isaac a tout juste le temps de voir Thomas s'envoler de nouveau dans les airs, Elizabeth dans ses bras. Il se retourne et s'élance vers le bureau de la directrice.
Tandis qu'il court, la réalisation le frappe comme un poing dans son estomac. Cali Wolfe.
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J'espère que ça vous plaît ! Plus que cinq chapitres :)
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