Chapitre 27
Lorsque les cloches de réveil retentissent, Arthur est déjà parfaitement réveillé. L'impression de malaise qui s'est installée au creux de son estomac depuis les événements de la veille est plus forte que jamais. Il porte ses mains à son ventre, nauséeux. Son cerveau fonctionne à toute vitesse ; quelque chose l'a réveillé, quelque chose d'anormal – mais quoi ?
« Les Hawk de classe 7, suivez-moi ! »
Arthur se redresse pour découvrir M. Georges, qui leur fait signe de le suivre. Il échange un regard avec Enzo, sur le lit voisin, qui lève les yeux au ciel.
« Ce prof me tape déjà sur les nerfs, dit Enzo. On va vraiment être coincés avec lui toute la journée ? »
Arthur esquisse un sourire en guise de réponse. Les deux garçons se lèvent, et après s'être habillés, rejoignent le professeur. Le petit groupe descend les escaliers menant à la nef en silence. Arthur regarde autour de lui, tentant désespérément d'identifier l'origine de son malaise.
« Arthur ? appelle Enzo, les sourcils froncés. Ça va ? »
Arthur hoche la tête pensivement. Puis il se ravise :
« Non. Tu ne trouves pas qu'il y a quelque chose de bizarre ?
– À part la présence d'un détraqueur dans l'école, l'arrivée d'un visiteur dont on n'a plus du tout entendu parler et la disparition de Miss Peregrine ? Non, je ne vois pas. »
Arthur s'arrête net. Enzo l'imite, le fixant avec perplexité.
« Qu'est-ce qu'il y a ?
– Je dois aller vérifier quelque chose. Viens.
– Mais...
– C'est le petit-déjeuner. Ils ne vont pas remarquer notre absence. »
Effectivement, M. Georges et les autres élèves sont déjà entrés dans la nef sans faire attention aux deux garçons. Enzo hésite quelques secondes, avant de rejoindre Arthur. Ce dernier s'est déjà élancé dans l'escalier, le remontant au pas de course. Au lieu de se diriger vers le dortoir, il bifurque et pénètre dans un couloir peu emprunté.
« Arthur, dis-moi ce qui se passe », demande Enzo derrière lui.
Le garçon se retourne vers lui, une étrange expression sur le visage.
« Cela fait plus de mille cinq cent jours que je suis réveillé chaque matin par la même luminosité, par le même soleil couvert par les mêmes nuages et qui se découvre à la même heure.
– D'accord. Et donc... ?
– Chaque jour est le même jour. En boucle depuis quatre ans.
– Et...
– Et on finit par le connaître par cœur. Je sais, par exemple, qu'une souris traverse ce couloir à exactement sept heures vingt-six chaque jour. »
Arthur observe sa montre : sept heures vingt. Le garçon ne détache pas son regard du cadran, suivant les aiguilles des yeux. Une minute entière s'écoule dans le silence, après laquelle Enzo, n'y tenant plus, prend la parole :
« Arthur... où est-ce que tu veux en venir ?
– Attends. »
Les cinq prochaines minutes s'écoulent avec lenteur. Arthur observe sa montre se craquant les doigts, faisant passer le poids de son corps d'une jambe à l'autre. Il sent le regard perplexe d'Enzo posé sur lui. Les aiguilles atteignent sept heures vingt-six, mais rien ne se passe. Enzo retient son souffle ; après un tour complet de la trotteuse, quand rien n'a bougé, Arthur s'affaisse d'un coup.
« Ta montre est peut-être en avance, Arthur. Attendons un peu.
– Elle est à l'heure.
– Tu t'es peut-être trompé. La souris doit passer à huit heures vingt-six.
– Enzo. J'ai été réveillé par un grand soleil, aujourd'hui. Pas par un soleil couvert. La souris n'est pas passée. »
Les deux garçons échangent un regard grave.
Finalement, Arthur annonce ce qu'aucun des deux n'osait concevoir :
« On est demain. On est le 4 juillet. »
– Ce qui signifie que...
– Que quelque chose est arrivé à Miss Peregrine. »
Dès que ces mots traversent sa gorge, Arthur sent le monde commencer à tourner autour de lui. Il trébuche, manquant de perdre l'équilibre ; le nœud dans son ventre s'intensifie.
« Nous sommes arrivés à la même conclusion. »
D'un même mouvement, Arthur et Enzo font volte-face, découvrant Elizabeth et Isaac. La surprise les immobilise un instant ; Enzo fixe les deux nouveaux arrivants avec méfiance.
« Oui, encore nous, reprend Elizabeth en réponse au regard du jeune homme.
– Qu'est-ce que vous faites là ? demande celui-ci.
– La même chose que vous. La boucle est brisée. Ca veut dire qu'on n'a que quelques jours avant d'être expulsés dans le présent et de se mettre à vieillir à toute vitesse. Il faut faire quelque chose. »
Tandis qu'Elizabeth et Enzo échangent un regard indéchiffrable, Arthur détaille Isaac. Celui-ci baisse les yeux, balançant son poids d'une jambe à l'autre et clignant des yeux à répétition.
« Ça va, Isaac ? » demande-t-il.
Le garçon sursaute en se rendant compte que l'attention s'est tournée vers lui.
« Euh... oui, oui. »
Un silence gêné s'ensuit ; les quatre élèves s'observent tour à tour sans savoir quoi dire. Arthur ouvre la bouche, s'apprêtant à poser une question, mais s'interrompt en entendant un bruit dans le couloir. Le bruit de talons frappant contre le sol, se dirigeant droit vers eux. Avant qu'il ait pu réfléchir à une tentative de fuite, Miss Raven apparaît.
Elle s'arrête devant les quatre élèves et les fixe sans un mot, une expression profondément désapprobatrice dans le regard. Les fautifs restent silencieux. Arthur fixe ses pieds, faisant nerveusement craquer ses doigts.
« Suivez-moi, dit-elle finalement d'un ton froid.
– Miss Raven, dit Elizabeth. La boucle est brisée. Vous devez la réactiver !
– C'est bien ce que je compte faire, répond-elle froidement. Si j'avais besoin des conseils d'un enfant, je vous le demanderais. Pour l'heure, cent points seront retirés à chacune de vos maisons. Miss Hawk décidera de votre punition. »
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