Chapitre 17

« Et de trente-deux ! » clame Enzo en fixant la cage argentée au mur. 

Il échange un dernier regard avec le petit oiseau aux yeux intelligents enfermé dans la cage, avant de se tourner vers Arthur.

« Plus que cinq ! annonce-t-il à son intention. Qui sait, peut-être pourra-t-on rejoindre le dîner avant... »

Sa phrase s'éteint dans sa gorge tandis qu'il constate qu'Arthur ne lui prête aucune attention.

« Arthur ? » appelle-t-il.

Celui-ci n'a aucune réaction. Ses yeux, immobile à quelques mètres de lui, sont rivés sur le sol. Il contemple quelque chose qu'Enzo ne peut pas voir de l'angle où il se trouve. Le garçon s'approche doucement pour venir s'arrêter juste derrière Arthur.

Là, il découvre avec horreur l'objet de son attention : une fille d'une dizaine d'années est allongée par terre, le corps dans une position étrange.

« Enzo... souffle Arthur. Regarde ses... regarde ses yeux. »

Le corps entier d'Enzo se fige lorsqu'il découvre les yeux entièrement noirs de la fille.

*

« M. Hogord ! »

Le vieux concierge tourne la tête en entendant son nom. À une vingtaine de mètres de là, les deux garçons chargés de l'aider ont cessé de travailler pour se perdre dans la contemplation du sol.

« M. Hogord ! », répète le plus petit.

C'est son préféré ; il pose toujours les bonnes questions, et quand il se détourne de l'haleine du concierge, au moins, il a la délicatesse de le faire discrètement. Et puis, il est vraiment mignon, avec ses yeux bruns aux reflets dorés et son doux sourire à fossettes. M. Hogord se perd dans la contemplation de sa chevelure soyeuse.

« M. Hogord, il y a un problème ! »

Le concierge est brusquement ramené sur terre par le ton pressant du garçon. Quelque chose ne va pas, comprend-il dans un éclair de lucidité. Il s'élance vers les deux élèves. L'autre, le plus grand, a les yeux fixés sur le sol. Il a l'air passablement horrifié – M. Hogord ne l'aime pas, celui-là. Sa taille et la pâleur de sa peau lui donnent des airs d'asperge géante. Et il parle aussi peu qu'une asperge.

« M. Hogord, il faut faire quelque chose ! »

Enfin, le concierge découvre l'objet de leurs tourments : une petite fille, une Raven de classe 4, est allongée par terre. Et ses yeux sont noirs, comme ceux du garçon attaqué la veille. Mauvais signe.

« Allez chercher quelqu'un, vite ! dit-il. N'importe qui, la directrice, une Ombrune, l'infirmière... qui que ce soit ! »

Le concierge s'en veut de se montrer dans une position de faiblesse devant des élèves – mais il n'a pas la moindre idée de ce qu'il doit faire dans une telle situation.

Une attaque de détraqueur, ce n'est pas anodin, tout de même.

*

Miss Grimmalkin se fraie un chemin dans l'attroupement d'élèves qui s'est déjà formé, écartant les enfants sans ménagement. Arrivée devant la victime, elle s'arrête. Miss Emerly... une élève si prometteuse... Si seulement le détraqueur pouvait leur rendre service en éliminant les boulets – mais non, il choisissait les meilleurs élèves.

« Quelle tragédie », dit-elle d'une voix sans émotion.

Elle se baisse pour s'emparer du corps disloqué ; elle entend la jeune fille marmonner des sons sans cohérence. Le petit corps dans les bras, elle s'éloigne vers l'infirmerie, où séjourne déjà Ethan Thomston.

Une victime de plus. Qui sera la prochaine ?

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