L • VII.


Sheyla



Je regarde mon visage à travers la glace, mon visage imprégné de larmes, sans coiffure, mon visage détestable. En voyant mon reflet, je n'ai qu'une envie, c'est de pleurer encore et encore.

Je ne comprends plus rien à cette situation, Klaus m'a pardonné ? Mon conte va se terminer comme je l'ai toujours voulu ? Nous allons nous enfuir puis élever notre fille ensemble comme une véritable famille ? C'est beaucoup trop beau pour être vrai.

Tout ce que je fais, c''est pour notre fille. Si ce n'était que moi, ça fait longtemps que j'aurais fui loin d'ici mais avec elle, c'est impossible. J'ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête.

Alors que je me lavais le visage, mon téléphone s'est mis à vibrer pour alerter d'un message. Mon cœur a raté un battement quand j'ai vu le nom d'Hinaki s'affichait. J'avale difficilement ma salive avant de cliquer dessus et observer la photo qu'il m'a envoyé. C'est Niklaus et moi... 

La photo a été prise il y a quelques minutes quand Niklaus m'a pris dans ses bras. Cette photo est une menace et une preuve en elle-même. La preuve que Hinaki m'espionne continuellement et maintenant qu'il connait le visage de Niklaus, il va essayer de lui faire du mal.

En réalisant le danger que mon amant représente, mes larmes se remettent à tomber. Mes mains tremblent même faisant tomber mon téléphone. Je ne veux plus voir cette photo, je ne veux plus rien avoir avec un homme, Hinaki est un monstre. Je ne sais pas ce que je peux faire contre quelqu'un comme lui, je suis complètement impuissante.

Pour l'instant, je ne peux que feinter être de son côté jusqu'à ce qu'il se lasse de moi et j'essaierais en même temps de l'empêcher de faire du mal à Niklaus et Lheïra. C'est tout ce que je peux faire.

Je ramasse mon téléphone pour joindre Hinaki mais en vain, il ne répond pas. Il le fait sûrement exprès, il savait que je réagirais comme a et pourtant il ignore mes appels de son plein gré.



- HINAKI !



Je sais qu'il est là, il est toujours là. Je veux faire un marché avec lui pour qu'il laisse Niklaus tranquille et en échange, je ne le reverrais plus jamais. Je n'essaierais plus de me rebeller contre lui et je lui serais fidèle.

Je retourne dans ma chambre et regarde instinctivement par ma fenêtre mais je ne le vois pas, où est-il ? Et Niklaus ? Il n'est plus là, je ne l'entends plus.



- Niklaus ?! dis-je avant d'essayer de sortir de la chambre mais la porte ne s'ouvre pas, elle est comme coincée. Comment ça se fait ? me dis-je à voix basse, les larmes aux yeux. C'est pourtant impossible de la fermer de l'extérieur, non ?! Ce n'est pas vrai ! Ouvre-moi, Niklaus !! je cris en pleurant, en toquant, frappant la porte mais je n'entends pas de réponse.



C'est sûrement un coup d'Hinaki, ce gars est partout, il me surveille constamment. Il a même déjà contrôlé ma voiture à distance et maintenant il s'amuse à m'enfermer dans ma chambre, il m'insupporte, je le déteste. J'en ai assez, je veux qu'il sorte de ma vie.

Lors de notre rencontre, je ne m'étais pas rendu compte d'à quel point il était effrayant et actuellement je n'ai pas peur d'être seule dans cette chambre, j'ai peur qu'Hinaki soit avec moi. 



- NIKLAUS ! je cris quand la porte s'ouvre violemment., je me jette dans ses bras en pleurant, pratiquement toutes les larmes de mon corps. J'ai eu tellement peur Klaus, je pensais que t'étais mort !

- Calme-toi, Sheyla.

- Je n'en peux plus, il faut que ça s'arrête ! Je ne le supporte plus, c'est trop dur !

- C'est fini, je suis là, il dit en caressant mon dos. Dis-moi tout, qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai besoin de ton aide, Niklaus aide-moi ! Il faut que tu saches tout, je ne pourrais pas m'en sortir toute seule !

- C'est Hinaki ?



Son nom a résonné en moi comme une mauvaise nouvelle, mes larmes se déclenchent encore une fois abondamment mais silencieusement. J'ai mal évalué la situation, si Niklaus s'en mêle il se mettra en danger et dans ce cas, qui veillera sur Lheïra ?

Je ne dois pas lui en parler, je dois tout garder pour moi. Autrement, ce serait trop égoïste de ma part.



- Oui, je dis en séchant mes larmes.

- Il faut que t'ailles dans un endroit sûr jusqu'à ce que je règle ça.



Niklaus ne s'en sortira pas tout seul et si je lui en parle clairement, il cherchera sûrement à me protéger ce qui le pousserait peut-être à m'enfermer. Il n'est pas du genre à vouloir que l'on règle la situation ensemble et je pense qu'il se sent déjà assez coupable comme ça de m'avoir laissé seule il y a douze ans. Tout ça me mène à une et seule conclusion : Je dois m'en sortir seule avant de revenir vers lui s'il veut encore de moi à ce moment là.

Le bruit d'une notification me fait sortir de mes pensées, je n'ai pas besoin de regarder mon téléphone pour savoir que c'est Hinaki. Je sais qu'il est encore là, qu'il m'observe et que c'est une énième menace.

Je suis contrainte à chasser Niklaus de chez moi même si mes larmes continuent de couler encore et encore, même si ça me brise le cœur en mille morceaux, peu importe. Je le fais pour son bien et il ne le saura peut-être jamais mais je le fais parce que je l'aime.



- Non, va-t'en.

- Sheyla ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Je ne veux plus jamais te revoir Niklaus.

- Je... il dit après un certain temps. Je m'en vais alors, il dit avant de se diriger vers la porte de sortie.



J'entends la porte claquée après quelques secondes et m'effondre immédiatement au sol. Niklaus est parti sèchement, sans même se retourner. Est-ce qu'il a compris que j'étais obligé de l'abandonné ? Il est censé être intelligent mais j'ai comme l'impression que lui aussi, son cœur a été brisé.

Je suis comme enchaîné à ce démon nommé Hinaki, je maudis le jour où je l'ai rencontré. Qui m'a envoyé sortir ce jour-là ? J'aimerais remonter le temps pour rester à la maison et de cette manière, je ne l'aurais jamais rencontré. Si j'avais su que peu importe où je suis, il serait toujours là, que peu importe si j'hurle ou si je chuchote, il m'entendra toujours... Si j'avais su tout ça, je ne l'aurais jamais approché.



- Ne leur fait pas de mal, s'il te plaît Hinaki. Je te promets de faire tout ce que tu veux, je te promets de n'être plus qu'à toi. Je ne te désobéirais plus jamais... chuchotais-je en pleurant.



Je le déteste.  

























Layvin



Encore une fois et comme toujours quelqu'un dérangeait mon paisible repos. Je me hais d'avoir un sommeil aussi léger. Ça, c'est encore la faute de la prison qui m'a forcé à devenir méfiant envers n'importe quel bruit suspect ou pas. Et dire qu'aujourd'hui c'est un simple bruit de feuillage qui me perturbe.



- Phil ? dis-je en me réveillant.

- Moi, c'est Shiloh ! 

- Je n'en ai rien à foutre, qu'est-ce que t'es en train de faire ?

- Je lis les dossiers sur Blood Print.

- Tu sais lire ?

- Bah oui.

- Excuse-moi, on dirait c'est évident.

- J'ai sauté deux classes, c'est pour ça. Et même que...

- Shiloh, je dors là.

- Oh, pardon...

- Hier, je t'ai dit de ne pas rentrer dans cette chambre. Je t'ai laissé dormir dans ma chambre exprès alors pourquoi t'es là ?

- Pardon, je voulais te réveiller parce que je n'avais rien à faire et j'ai vu ta chambre qui ressemble à un truc de policier alors j'ai voulu tout lire !

- Si t'es un espion, je te tue.

- Non ! Il ne faut pas !

- Ouais bah, ne soit pas un espion.

- Je ne suis pas un espion.

- Qui dirait qu'il l'est ? demandais-je en soufflant. Bref, passons. Je vais prendre une douche.



Il y a toujours quelqu'un pour me réveiller, c'est affligeant.



- Pourquoi il n'y a pas plus d'informations sur le chef ?

- Je ne sais pas, demande à Klaus.

- En plus si c'est vraiment le gang le plus fort, comment vous avez fait pour avoir toutes ces informations ?

- On a une informatrice.

- Pourquoi il n'y a pas de photos ?

- Je n'en sais rien.

- Mmh... Et enfaite, pourquoi ils ont tué ta femme ?

- Je ne sais pas, tu me soûles là ! Va faire des coloriages !

- C'est vrai ?! T'en as ?! il me demande, tout heureux.

- Bien sûr que non. Bouge au salon, je vais aller prendre une douche.

- D'accord noko mais fait attention.

- Pourquoi tu me demandes de faire attention ? S'il m'arrive un truc, je te tue.

- Mais ne me tue pas ! Je te demande de faire attention à Blood Print parce que je t'aime bien ! Ils ont l'air dangereux et si c'est vraiment les boss des boss, ces informations ne sont pas importantes, parce que jamais qui que ce soit aurait pu apprendre quelque chose d'important sur eux, c'est quand même les boss finales ! Ils doivent être bien plus dangereux que ça, non ?

- Merci de ta vigilance, dis-je en réalisant qu'il en a plus dans la tête qu'il en a l'air. Tu réfléchis mieux que Niklaus.



Je réussis à le virer après quelques minutes et vais enfin prendre ma douche. Hier c'était dimanche et tous les magasins étaient tous fermés donc il porte encore son vieux pyjama blanc avec lequel je l'ai trouvé samedi et pour dire la vérité, il empeste.



- On va aller à Auchan t'acheter quelques goûtés et de quoi te distraire, on ira ensuite dans des petits magasins t'acheter des vêtements.

- Avec ta copine ?

- Je n'ai pas de copines.

- D'habitude, il y a toujours des filles pour faire les magasins.

- Ne me dis pas que tu t'es déjà mis à draguer ?

- C'est quoi draguer ?

- Ah bon, contrairement à la première impression t'es toujours innocent ?

- C'est quoi être innocent ?

- C'est un plaisir de voir que je reste plus cultivé que toi malgré tout.

- Noko, tu dis des choses compliqués...

- Draguer, flirter, s'accoupler, féconder, accoucher, dis-je en chantonnant. 

- Mais noko Layvin !

- Passons, tu sais te laver seul ? 

- Euh... Oui.

- Je préfère le faire, tu n'as que cinq ans après tout.

- J'ai bientôt six ans !

- Oui et tu as aussi un Q.I. assez élevé mais ça n'empêche pas que je vais te laver. T'as beau t'être laver hier si tu ne changes pas de vêtement, t'empestes toujours autant.

- Non, non ! Je vais me laver seul !

- T'as peur que je te vois nu, encore une fois ? demandais-je en soupirant. Shiloh, je n'en ai rien à foutre. Habitue-toi parce que je vais te laver tous les jours.

- Moi aussi, je m'en fous ! 

- Tu t'en fous de quoi ? De puer ? 

- Je suis propre !

- Sale gosse. Va à la douche.

- Je suis propre !

- Shiloh, tu pues !

- C'est à cause des vêtements !

- Je n'en ai rien à foutre, sinon tu ne sors pas avec moi !

- S'il te plaît...



Je ne le laisse pas terminer sa phrase et le tire par son espèce de chemise pour l'emmener dans la salle de bain. Il essaye de se démener, commence à crier comme si j'allais le frapper en répliquant qu'il ne veut pas se laver. Bien évidemment, je ne le laisse pas le choix. Le fait qu'il ait dû mettre ces vêtements sales une énième fois me dégoûte déjà assez, heureusement que Klaus est parti tôt ce matin lui acheter une tenue, une paire de chaussure et quelques sous-vêtements.



- Shiloh ! Je vais m'énerver ! Va te laver !

- Je ne veux pas !

- Mais moi je ne marche pas avec toi si tu es sale !

- Ce n'est pas grave, on ne sort pas !

- Je vais te baffer ! Va te laver !

- Mais... il dit avant de se mettre à pleurer.



C'est une blague ? Donc monsieur est un petit génie mais il trouve le moyen de qualifier la douche d'inutile et en plus, il se met à pleurer ? Il croit peut-être que ça va m'attendrir mais tout ce qu'il a réussi à faire, là, c'est de me donner envie de le frapper.



- DÉSHABILLE-TOI !

- NON MAIS ÇA NE VA PAS DANS LE CERVEAU DE TA TÊTE ?!

- A QUI TU PARLES VAGABOND ?! PRENDS UNE DOUCHE ! MAINTENANT !



Il pleure de plus en plus fort avant de se dévêtir entièrement et ouvrir le robinet. J'espère que ce ne sera pas une bataille chaque jour pour qu'il se lave parce que je n'ai pas la patience de Neha et cet enfant me donne vraiment envie de péter les plombs.





A Auchan, dans le rayon des goûters, Shiloh mettait dans le cadi tout ce qu'il voyait. Il est assez à l'aise et c'est quelque chose que j'aime assez bien chez lui-même si le fait qu'il me remercie sans cesse me met un peu mal à l'aise. Je pense que si on était dans un manga, Phil aurait déjà eu des étoiles plein les yeux.



- Waouw... il dit en contemplant un livre qu'une personne avait laissé parmi les bonbons.

- Quoi ?

- Il y a beaucoup de pages, je ne comprends rien.

- Pour une fois.

- C'est écrit Phobos, ça veut dire quoi ?

- Je n'en sais rien.



C'est un livre que Neha lisait souvent. Elle avait aussi un carnet dans lequel elle écrivait ses journées ainsi que quelques passages qu'elle avait apprécié dans sa lecture. Ma femme lisait un peu de tout, que ce soit manga, bd, roman ou encore manhwa, elle pouvait passer des heures scotcher à son livre. C'est ce qui lui a donné envie de devenir écrivain lorsqu'elle était toute petite mais c'est un rêve qu'elle n'a jamais pu réaliser.

Je me souviens encore de ses habitudes lorsqu'elle était en soi-disant congé maternité. Elle lisait toute la nuit, dormait toute la journée e quand je rentrais, nous regardions des animés jusqu'à l'épuisement. Une banale routine détruite par sa mort.



- Je peux prendre des coloriages ?

- Ouais, vas-y.

- Merci !



Il court en direction des livres, je le suis doucement, errant dans mes pensées. Je repense à toutes ces soirées, à cette boîte que je n'ai toujours pas ouverte.

Ça fait plus d'un mois maintenant que je suis sorti de prison et je ne m'y résous toujours pas. L'ouvrir serait comme ressasser le passé, devoir repenser à tout ce que j'ai vécu avec elle et accepter cette dure réalité qui ne cesse de me frapper.

Dans cette boîte se trouve toutes les affaires que Niklaus avait récupéré. Plutôt que des vêtements, ce sont ses carnets, son journal intime et quelques-uns de ses écrits. Même si j'avais l'habitude de les lire derrière elle, je n'ai plus aucune envie de le faire maintenant. Je ne sais pas si affronter mes souvenirs m'apaisera ou au contraire me détruira mais il faudra bien que je le fasse un jour.



- Shiloh ! je cris quand j'arrive au rayon où il a terminé sa course.



Sans réponse de sa part, je me mets à le chercher dans tout le rayon puis ans tout le magasin. Je retourne sur mes pas mai en vain, Phil n'est plus là et ne répond pas à mes appels.

« Il faut d'abord que je me calme. » pensais-je en soupirant. Shiloh est un enfant intelligent, il ne serait jamais parti sans moi et il n'est sûrement pas loin. Ça doit être une blague.

Enfin, non, je ne pense pas que ce soit son genre de faire des blagues comme ça alors qu'il s'est retrouvé seul dehors pendant une semaine. Je me dépêche d'aller à l'accueil pour leur demander de faire une annonce, je décris Shiloh physiquement et vestimentairement mais personne ne vient, comme s'il n'était plus au magasin.

Même si je les déteste, il faut que j'appelle la police parce qu'il n'y a qu'une seule chose qui me vient en tête. Si Shiloh ne revient pas, c'est qu'il a été kidnappé.





- Votre neveu n'est pas ici monsieur, dit la police une fois qu'ils ont fait le tour du centre commercial.

- Aidez-moi à le chercher, ce n'est pas normal qu'il disparaisse comme ça, je dis en soupirant.

- Il faut attendre 48 heures.

- Pardon ? Je crois avoir mal compris.

- Toute disparition est déclarée après 48 heures.

- J'ai peut-être oublié de préciser que c'était un enfant de cinq ans, non ? 

- Ça ne change rien à la procédure.



Ils n'ont donc aucun savoir vivre ces sales chiens, ils sans honte, sans gêne. On parle d'un sale gosse de cinq ans, seule dans la nature et ils me disent d'attendre deux jours ?!

Je me demande pourquoi j'ai perdu mon temps à les appeler au lieu de le chercher directement par moi-même. Je me demande pourquoi je crois encore en ce pays après tout ce qu'il m'a fait après tout ce qu'ils ont fait à Shiloh. Je me souviens encore quand il m'a avoué que les gardiens le chassaient pour qu'il ne dorme pas dans un parc sans même se soucier que cet enfant n'avait que cinq ans !



- Vous servez à quoi, réellement ? Pourquoi vous faites votre métier si vous n'êtes même pas apte à m'aider ?

- C'est la procédure, monsieur.

- Je n'en ai rien à foutre de votre procédure ! La population est censée être votre priorité, mon neveu et moi en l'occurrence ! Vous n'êtes pas payé pour manger des donuts à ce que je sache ! Est-ce que vous vous de tout ce qu'il peut lui arriver en 48 heures ?! Sérieusement ?! Il s'est sûrement fait kidnapper et on va peut-être le découper avant de lui retirer la totalité de ses organes ! Dépêchez-vous de faire quelque chose !

- Parlez-moi autrement, on n'est pas ami tous les deux ! J'ai le pouvoir de vous emmener en prison !

- J'y suis déjà aller, ce n'est pas votre menace qui va me faire peur ! Vous croyez que je vais me poser en comptant les secondes jusqu'à ce que deux jours passent ?!

- Je me demande pourquoi ça ne m'étonne pas que vous soyez un ex-détenu, il dit avec un air hautain.

- Vous faites référence à ma couleur de peau ? je dis d'un rire nerveux. C'est culotté, sachant que ce sont les blancs qui mettent leur cadavre au réfrigérateur.  

- Qu'est-ce que t'as dit ?!



Comme si j'avais éveillé toute la rage en lui, le policier tente de me mettre un coup de poing que j'évite avec faciliter mais sans que je ne me rende compte, il y en avait déjà deux autres derrière moi. Oh... C'est donc ça les « bavures policières » dont Niklaus m'avait parlé.

Ma conscience me rappelle à l'ordre. Elle me conseille de ne rien faire. Si je le blesse, je sais que je ne pourrais jamais retrouver Shiloh. Certes, j'ai déjà tout perdu et je n'ai plus rien à perdre mais j'ai comme l'impression que si je le laisse son sort, je le regretterais toute ma vie.

Je ne peux ni me permettre d'aller au poste pour des bêtises pareilles ni faire plaisir à ces hommes de me voir derrière une cage. Cependant, me retrouver dans ce genre de situation me fait bouillonner. J'ai beaucoup trop de rage que je garde en moi depuis toujours, je vous parle d'un sentiment qui depuis ma naissance, n'est jamais sorti.

Je me redresse avant d'attraper violemment le policier par le col, son sourire narquois me donne envie de lui arracher les dents, sachant pertinemment qu'il fait le malin juste parce que ses collègues sont derrière lui.

Je le lâche violemment et tourne les talons vers la sortie après l'avoir insulté. J'ai déjà trop de péchés comme ça, mais croyez-moi que si Phil a des séquelles, il ne s'en sortira pas indemne.

























Shiloh



Ça ne fait que quelques minutes que je suis arrivé dans cette maison mais je me suis déjà fait de nouveaux copains. Même s'ils sont gentils, je ne fais que de penser à noko Layvin. Il doit être énervé, c'est sûr, je n'aurais pas dû partir comme ça.

Enfaite, c'est lui qui a disparu en premier. Quand je suis parti chercher des coloriages, il n'était plus derrière moi et des messieurs m'ont emmené chez eux en me disant que noko me retrouverait ici sauf que ça commence à faire longtemps et je suis fatigué.



- Ça fait longtemps que vous êtes là ? je demande à Ray et Francky.

- Depuis hier soir, réponds Ray.

- Moi ça fait une heure, dit Francky.

- Ils sont gentils de nous ramener chez nos parents ! dit Ray. Aujourd'hui y'a pleins d'enfants qui sont rentrés et maintenant il ne reste que nous cinq.

- Il n'y a même pas de filles, répond Francky.

- Elles sont parties, dit Ray.

- Ouaaaah !

- T'es bête, je dis en rigolant.

- Pourquoi t'es là ? me demande Francky.

- Je me suis perdu, et toi ?

- Ma tata m'a déposé, elle m'a dit qu'elle reviendrait ce soir.

- Moi je n'ai pas de maison. Je suis content d'être ici, dit Ray, même si mes parents me maquent.

- Vous vivez tous les trois à la rue ? demande Francky.

- Oui.

- Moi aussi, je n'avais pas de maison et c'est noko Layvin qui m'a sauvé. Il est trop gentil mais il cri tout le temps. Il me parle de sa vie avec pleiiiins de secrets que je ne peux pas dire mais c'est trop bien.

- Trop bien ! réplique Ray.

- Moi, mon père, il s'appelle comme moi. Il a toujours des pistolets et des autres trucs comme ça. Un jour j'ai essayé d'en porter, c'est hyper lourd.

- Moi j'ai cinq ans et je sais lire.

- Je vais bientôt apprendre, dit Francky.

- Moi, je ne sais toujours pas lire...

- Ce n'est pas grave tu vas apprendre, je dis à Ray. Il faut que j'aille dire aux messieurs comment s'appelle mon tonton, sinon ils ne vont pas savoir.

- Oui, fais vite !



Je cours dans toute la maison en cherchant les hommes qui m'ont recueilli. Il y a tellement de pièce que je manque de me perdre, cette maison est plus grande que celle de Layvin, plus grande que celle de mes parents ! C'est trop bien !

Après plusieurs minutes perdues dans la maison, je retrouve deux des messieurs en train de parler. J'attends derrière la porte qu'ils terminent pour pouvoir entrer pour éviter de les interrompre.



- 300.000, un cœur ? Ça devrait être moins cher.

- T'es malade ? C'est le prix commun. On a intérêt à refaire le stock avant d'aller au Mexique si on veut se faire plus d'argent.

- On part dans une semaine. Combien d'enfants il nous faut encore ?

- Je dirais encore une dizaine.

- C'est un peu serré... Oublie pas qu'on ne doit pas tuer celui avec le pull noir.

- Ça marche.

- Je vais les voir avant qu'ils commencent à fouiner.

- Monsieur ! je cris en entrant dans la pièce.



Il faut que je fasse comme si je n'avais rien entendu, sinon ils vont me tuer tout de suite. Il ne faut pas qu'ils sachent que je sais, il faut que je retienne mes larmes...



- Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je cherche les toilettes.

- Je vous avais dit que c'était près de la chambre, dit-il en râlant avant de m'y emmener.



Après les toilettes, il m'a ramené dans la grande pièce et j'ai pu voir qu'il y avait un enfant de plus. Un autre qu'ils vont bientôt tuer...

J'ai tout compris, j'ai compris qu'ils allaient tous nous tuer sauf Francky, j'ai compris qu'ils allaient vendre des parties de notre corps mais je ne sais pas pourquoi faire. A quoi ça sert de nous vendre si on est déjà mort ? Qu'est-ce qu'ils peuvent bien faire avec un cœur ? C'est peut-être pour le manger ? Je vais mourir pour devenir de la nourriture ? Du bétail ?



- Pourquoi tu pleures ? me demande Francky.

- Je...



Est-ce que Francky est au courant de tout ?  Pourquoi c'est le seul qui ne doit pas mourir ? C'est un complice ?

Non, impossible. Je refuse de croire qu'il nous sourit quand on lui parle de notre famille tout en sachant qu'on va tous bientôt mourir sauf lui. Dans tous les cas, je ne peux pas le dire aux autres enfants, on se mettrait tous à pleurer et ça ne ferait qu'accélérer nos morts. Ce n'est pas comme si on pouvait s'en sortir de toute façon.

Je ne veux pas mourir et je ne veux pas que les autres meurent mais qu'est-ce que je peux faire pour qu'on survive ? Je ne trouve aucune solution et même si les adultes passent leur temps à dire que je suis intelligent, là tout de suite, je me sens horriblement idiot. Je n'aurais jamais dû les suivre.

Personne ne se rend compte qu'on ne rentrera jamais chez nous. Ils me regardent tous comme si je leur faisais pitié parce que je pleure alors que nous vivons peut-être notre dernière journée.

Un des enfants a eu la mauvaise idée d'appeler un des assassins. Je ne veux pas me faire remarquer, j'ai peur qu'il me trouve chiant et décide de me tuer plus rapidement que prévu.



- Pourquoi tu pleures ? demande l'homme.

- Je veux voir mon tonton... je dis en essuyant mes larmes.

- Il viendra te chercher, ne t'inquiète pas, il dit sans me prêter attention plus que ça. Ray, viens avec moi.

- D'accord.

- Ray, attend !

- Oui, Shiloh ?

- Euh... On n'a pas fini de parler... je dis pour qu'il reste avec moi, je ne veux pas que ce soit la dernière fois que je le vois.

- J'arrive !

J'essaie de me retenir mais je me remets à pleurer quand je les entends arriver en bas. J'espère que Dieu m'aidera à m'en sortir avant que mon tour n'arrive. C'est peut-être moi le prochain à mourir.





Le soleil se lève quand je réalise que je n'ai pas dormi de la nuit malgré mes efforts et mon manque de sommeil. Le moindre bruit me faisait sursauter, sans compter les aiguilles de l'horloge qui me donnait l'impression que l'heure de ma mort approchait à grands pas.

Ray n'est pas revenu, j'ai peur de demander à l'homme pourquoi. Il m'avait dit qu'il vivait à la rue alors ça m'étonnerait que ses parents soient venus le récupérer. Si je leur demande, ils me tueront certainement parce que je suis trop curieux. Il faut que je me taise, je me suis déjà trop fait remarquer hier.

Si j'avais dit la vérité à Ray, il ne serait peut-être pas mort. C'est de ma faute s'il n'est plus là.  



- Francky ? dit une voix féminine.



Francky répond à son appel par un câlin, on dirait que c'est vraiment quelqu'un de sa famille. Il m'avait dit que sa tata viendrait le chercher, c'est elle ? Est-ce que je peux lui demander de l'aide ?



- Tata Nayla ! il cri.

- Viens, on s'en va.

- Au revoir Shiloh ! 

- Au revoir, Francky... je dis les larmes aux yeux en le prenant dans mes bras ? J'espère qu'on se reverra.

- Moi aussi, il dit d'une petite voix. Est-ce qu'il est au courant ? je me demande à moi-même.

- T'as des amis, toi ? demande sa tata.

- Oui, lui c'est Shiloh.

- Bonjour, petit.

- Bonjour. Je peux venir avec vous ?

- Euh...

- Oui, s'il te plaît tata !

- Je ne peux pas Shiloh, et si ta famille venait te chercher alors ?

- Mais ils ne savent pas que je suis ici et ils ne connaissent même pas Noko Layvin.

- Noko Layvin ?

- Oui, c'est mon tonton. Il est grand, beau et en plus il n'a pas de femme. Si t'as pas de mari, tu peux te marier avec lui.

- Seigneur... elle soupire en souriant.

- Tu peux me prendre, alors ? je dis en pensant à tonton Isaac qui disait toujours que promettre le mariage à une femme était la solution à tous les problèmes amoureux.

- Est-ce que c'est lui ? elle me demande en me montrant une photo de noko Layvin.

- Oui ! je dis en souriant.

- Etant donné que je le connais assez bien, je ne vais pas te laisser ici.

- Ça ne serait pas correct.

- Effectivement, tu t'exprimes assez bien.

- Merci.

- Je vais parler aux gars, j'arrive, elle dit avant de descendre au rez-de-chaussée.



Je prie pour que je puisse partir avec elle, je dois sortir d'ici vivant et je ne pense pas qu'ils me laisseront vivre si Nayla échoue à les convaincre. Je l'entends parler avec les assassins, on dirait qu'ils se disputent. J'ai l'impression que je vais encore rester ici.



- Je dois peut-être te rappeler qui je suis pour que tu te souviennes que je peux faire sauter ton gang en moins d'une seconde ? dit Nayla.

- Qu'est-ce que ça fait que tu sois la chef de Blood Print ? Ici, tu n'as aucune autorité. On n'a pas tué ton petit alors casse-toi maintenant si tu ne veux pas qu'on remédie.

- T'es sûr de vouloir tester Francky ? elle demande calmement mais avec une voix qui fait peur.

- Je... il commence à hésiter.

- Ça n'a pas d'importance. Cet enfant ne mourra pas, elle dit avant de remonter les escaliers.



Même si je tente d'essuyer mes larmes, elles n'arrêtent pas de tomber et c'est pire quand Nayla arrive et me prends dans ses bras en me demandant pardon, en me promettant que noko Layvin viendra me sauver encore une fois. Je n'arrive plus à m'arrêter, je veux m'éloigner pour me cacher mais je n'arrive pas à bouger. J'ai peur de mourir.

Tout est de ma faute, je suis un idiot. Maman me disait pourtant toujours de ne pas suivre les inconnus mais j'ai fini par suivre noko Layvin et même cet homme qui veut me découper. J'aurais dû rester dans ce parc...



___________
@_Loyaliste

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