Chapitre 11
"Il y a des moments dans la vie où il faut choisir entre vivre ses rêves ou vivre ses peurs." - The Pursuit of Happyness
Le soleil perçait à travers les grandes fenêtres de l'université de Phoenix, baignant les couloirs de lumière dorée. Aella marchait d’un pas rapide, son esprit encore prisonnier des paroles d’Amiel. Elle avait réussi à échapper physiquement à cette histoire en partant de la villa samedi, mais depuis, elle n'avait de cesse d'y penser.
Tout autour d’elle, la vie universitaire continuait, insouciante, mais elle avait l'impression d'être dans un rêve. Son cœur martelait tellement fort dans sa poitrine, depuis ce week-end, que même la compagnie de Savannah n'avait pu totalement la distraire.
— Aella ! s’écria une voix familière.
Tiens, quand on parle du loup.
Savannah, avec son sourire éclatant et son énergie débordante, s’approchait en courant, les cheveux blonds virevoltant derrière elle.
— Où étais-tu ? On t'a attendue au café pour la pause ! Tu vas bien ? lança Savannah, visiblement soucieuse.
Aella essaya de reprendre contenance, affichant un sourire forcé.
— Oui, je suis désolée. J’ai été un peu... retardée. Rien de grave.
Mais à peine les mots étaient-ils sortis de sa bouche qu'elle sentit la tension dans son corps la trahir. Savannah, toujours aussi perceptive, arqua un sourcil.
— Aella, tu es vraiment sûre que ça va ? Depuis la fête dans la villa de mon père, tu es étrange. Tu t'es absentée tout d'un coup, et boum, tu réapparaît samedi matin chez moi...
Aella tripota nerveusement ses bracelets avant de répondre le plus calmement possible :
— Ne t'en fais pas, Savannah, j'ai eu un léger contretemps, mais rien de grave, je te jure.
— Humm.
En jeune journaliste qu'elle était, Savannah Sterling était comme un vrai détecteur de mensonge. Mais elle savait aussi lire la supplication dans les yeux de son amie. Aussi ne continua-t-elle pas son interrogatoire.
Les deux jeunes filles continuèrent la route vers l'amphithéâtre dans un silence gênant.
— Tu es vraiment sûre que tout va bien ? murmura Savannah, toujours inquiète, alors qu'elles s’asseyaient dans l’amphithéâtre.
Aella tenta un sourire rassurant.
— Oui, ne t’inquiète pas. J’ai juste… beaucoup de choses en tête.
Mais même en prononçant ces mots, elle se demanda combien de temps elle pourrait encore cacher la vérité à Savannah et à ses amis. Mais bon, peut-être ce jeu ne durerait pas et elle pourrait reprendre sa vie en tant qu'Aella Marie Bailey. Celle qu'elle avait toujours été.
Ce n'était vraiment pas ce qu'elle voulait pour sa potentielle dernière année d'université. Elle voulait profiter pleinement des gens qu'elle aimait, mais au lieu de ça, elle se retrouvait mêlée à un jeune homme qui, à présent, lui paraissait plus dangereux qu'autre chose. Un type qui veut sa mort pour donner un avertissement à son neveu...
Elle était tellement perdue dans ces pensées qu'elle remarqua à peine une silhouette familière qui s'approchait. Mathéo Ovono, vêtu de son éternelle tenue décontractée — un t-shirt ajusté et un jean usé bleu — marchait d'un pas assuré. Son visage affichait l’air détendu de quelqu’un qui semble toujours avoir le contrôle, mais ses yeux sombres trahissaient une vigilance constante. Ses cheveux crépus étaient parfaitement coiffés, et ses épaules athlétiques rappelaient son statut de jeune prodige du football à l’université de Phoenix. À sa vue, Aella esquissa un sourire timide.
Mathéo s'approcha d'elles, lançant un regard amusé à Savannah avant de poser un regard un peu plus intense sur Aella.
— Eh, ça fait longtemps, dit-il, sa voix grave et apaisante. Qu’est-ce qui se passe ? On dirait que tu es ailleurs.
Aella haussa les épaules, essayant de cacher son trouble derrière un rire nerveux.
— Oh, rien de bien spécial. Juste... des trucs de rentrée. En plus, c'est surtout toi qui es presque introuvable depuis la rentrée.
— Si tu le dis, répondit-il en s’asseyant à côté d’elle. En tout cas, ça va être intéressant cette année. On a une sacrée équipe sur le terrain, et avec la nouvelle saison qui approche, il va falloir que je m’y mette sérieusement. Du coup, c'est normal que je sois pas dispo.
Le sourire d'Aella s'élargit un peu plus à la mention du football. Elle savait à quel point la carrière de Mathéo comptait pour lui. C'était son échappatoire, sa manière d’évacuer la frustration qu'il ressentait souvent, surtout depuis qu’il avait appris pour elle.
Son attachement pour elle restait discret, enfoui sous des couches d'humour et de camaraderie, mais elle avait toujours l'impression que son cœur battait plus fort chaque fois qu’elle croisait son regard. *Bon après, c'est un sportif, et il court tout le temps.*
— J’ai entendu que l’entraîneur Maxime est prêt à tout pour remporter la ligue cette année, ajouta Savannah en jetant un clin d’œil à Aella, en référence à son père.
Aella se força à suivre la conversation, bien que son esprit fût ailleurs. Mathéo, toujours aussi observateur, nota son absence mentale, mais il reporta son attention sur son sujet favori.
Alors que tout le monde prenait place et que le cours était sur le point de commencer, Aella réussit à évacuer son stress pour suivre le cours de gestion. Tout se passerait bien et puis de toute façon, elle n'allait probablement pas revoir Amiel aussi souvent. Leur servir de laisser passer, peut-être un jour par semaine, et elle n'aurait plus besoin de le voir. Surtout pas lui.
Le professeur entra dans l’amphithéâtre, sa silhouette élancée se découpant sur le tableau blanc. Un silence respectueux s’installa immédiatement dans la salle. Aella, toujours légèrement distraite, jeta un coup d’œil autour d’elle, puis se concentra sur le professeur.
— Bonjour à tous, je suis le professeur Langston. Cette année, nous allons explorer comment les dynamiques de groupe influencent le comportement dans les organisations. Le monde des affaires, comme tout autre environnement humain, repose sur des relations complexes que nous allons tenter de décortiquer ensemble.
La voix grave et posée du professeur résonnait dans la grande salle, mais les mots ne faisaient que frôler la conscience d’Aella. Elle tentait de suivre, mais son esprit revenait inévitablement à ce week-end troublant. Elle avait l'impression de ressentir encore la présence d’Amiel autour d’elle, bien qu’il ne soit nulle part en vue. Elle inspira profondément, se rappelant à elle-même qu'elle devait rester concentrée.
C’est à cet instant qu’elle le vit.
Amiel.
Elle avait même oublié que certains de ses cours étaient en commun avec la classe de gestion. Assis quelques rangées plus loin. Son visage était toujours aussi beau. Il était là, impassible, ses traits parfaitement sculptés reflétant une concentration apparente. Mais ce qui troubla le plus Aella fut le moment où leurs regards se croisèrent. Il la fixait, comme s’il savait exactement où elle se trouvait, malgré la foule d'étudiants. Un frisson la parcourut de la tête aux pieds.
À un moment, leurs regards se croisèrent. Amiel lui lança un sourire discret, presque moqueur, un geste qui la fit frissonner. Elle détourna rapidement les yeux, sentant une chaleur envahir ses joues. Pourquoi ce type avait-il ce pouvoir sur elle ?
Le professeur continuait son discours.
— Les interactions humaines dans une entreprise sont souvent fondées sur des rapports de force subtils. Certains sont leaders, d'autres suivent. La manipulation, la confiance, la domination… Ce sont des concepts que vous devrez tous comprendre et expérimenter si vous voulez réussir dans ce domaine.
Aella sentit un étrange écho dans ces paroles, et son regard se détourna un instant d’Amiel pour se concentrer sur le professeur. Le terme « manipulation » résonnait de manière presque effrayante dans sa tête. Était-elle manipulée ? Ou se rendait-elle complice d’un jeu dangereux sans même s’en rendre compte ?
Mais sa concentration ne tint que quelques secondes, car lorsqu’elle regarda de nouveau vers Amiel, il avait déjà détourné son attention. Aella se surprit à penser à la façon dont il la regardait, à l’aisance avec laquelle il s’imposait dans cette salle, comme s’il était fait pour cela. Le professeur continuait son cours, mais son esprit était un véritable tourbillon. Qu’est-ce qui l’attirait autant chez lui ? L’adrénaline du danger ? La beauté du mystère ? Ou était-ce tout simplement le frisson de l’inconnu qui l’effrayait autant qu’il l’excitait ?
Elle n'en savait absolument rien et elle n'était pas sûre de vouloir même le savoir. Le professeur continuait son discours.
— Les interactions humaines dans une entreprise sont souvent fondées sur des rapports de force subtils. Certains sont leaders, d'autres suivent. La manipulation, la confiance, la domination… Ce sont des concepts que vous devrez tous comprendre et expérimenter si vous voulez réussir dans ce domaine.
Aella sentit un étrange écho dans ces paroles, et son regard se détourna un instant d’Amiel pour se concentrer sur le professeur. Le terme « manipulation » résonnait de manière presque effrayante dans sa tête. Était-elle manipulée ? Ou se rendait-elle complice d’un jeu dangereux sans même s’en rendre compte ?
Mais sa concentration ne tint que quelques secondes, car lorsqu’elle regarda de nouveau en direction d’Amiel, elle le surprit encore en train de sourire doucement, presque moqueur. Il savait. Il savait qu’elle était perturbée par sa présence, et il en jouait.
— Vous serez également évalués tout au long de l'année sur votre capacité à travailler en équipe, reprit le professeur Langston en écrivant quelques notes au tableau. Cela inclut un projet de groupe qui comptera pour une part significative de votre note finale. Les listes des groupes vous ont été envoyées par mail ce matin.
Un murmure parcourut l'amphithéâtre alors que les étudiants consultaient leurs téléphones. Aella sortit le sien avec appréhension. Elle ouvrit le mail et, lorsque ses yeux parcoururent les noms de son groupe, son estomac se noua.
Amiel.
Elle allait devoir travailler avec lui.Elle releva la tête, et comme si le destin s’amusait à renforcer l’ironie de la situation, Amiel la regardait toujours. Ce sourire en coin ne l'avait pas quitté.
Le batard !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top