Chapitre 23 - Harry


Je fais la queue au Starbucks de la station service pendant que Louis est parti aux toilettes. Nous avons choisi de faire une pause avant de retrouver la circulation de la région parisienne. Peut-être un peu aussi pour gagner du temps avant de retrouver notre quotidien, même si nous n'y passerons que quelques jours avant de repartir chez ses parents. Je choisis deux boissons chaudes, un donut et une part de cake, règle la commande et attends quelques minutes avant de récupérer le tout sur un petit plateau. La salle n'est pas remplie et je me dirige vers une petite table ronde près d'un canapé.


Mon portable sonne dans la poche de ma veste alors que Louis me rejoint. Je jette un coup d'œil sur l'écran avant de lever mon regard vers le jeune homme.


"Tout va bien ? m'interroge-t-il.

- Oui, je réponds simplement, mais Louis insiste d'un regard. C'est... c'est Gemma qui m'appelle.

- Décroche" me conseille-t-il.


J'inspire profondément mais le temps que je me décide, l'appel est renvoyé sur ma messagerie. J'hésite un instant et puis... je sais que je ne peux plus reporter cette conversation. Je rappelle ma sœur. Elle décroche à la première sonnerie.


"Salut, je commence.

- Salut Harry, je te dérange ? demande ma sœur rapidement.

- Non pas du tout. Je suis sur la route... du retour, je précise après quelques secondes.

- Oh ! Tu conduis alors ? Je vais...

- Non, non. On fait une pause. Je t'écoute.

- OK... Justement, je voulais savoir quand tu rentrais. Il faut qu'on parle Harry.

- Je suis d'accord.

- Demain ?"


Mon cœur bat un peu trop fort dans ma poitrine mais la main de Louis sur la mienne me rassure.


"Harry ? Tu es toujours là ?

- Oui. Demain c'est bon.

- Je passe chez toi alors, ça te va ?

- Non. Je n'y serai sûrement pas.

- Mais, tu viens de dire que tu rentrais.

- Oui. Je rentre, mais pas chez moi, dis-je en levant mon regard vers celui de Louis, qui acquiesce d'un battement de paupières. Bref... On peut se retrouver au Café Plume ?

- Oh... D'accord. Disons 15h30 ?

- OK.

- A demain alors.

- A demain."


Je raccroche, range mon téléphone dans ma poche et passe mes mains sur mon visage. On y est. Les doigts de Louis s'enroulent autour de mon poignet qu'il caresse doucement. Il décale la chaise autour de la table pour s'approcher de moi. Sans un mot, alors que j'ai la tête baissée, il glisse son autre main sur ma nuque puis m'incite à tourner mon visage vers le sien. Alors que je m'attends à ce qu'il prenne la parole, ses lèvres rencontrent les miennes dans un baiser affectueux, rempli de soutien. Juste ce geste, rien de plus. Mon corps se détend, mon cœur ralentit. J'entrelace mes doigts à ceux de Louis et serre sa main dans la mienne.


Nous nous détachons l'un de l'autre et Louis prend son gobelet pour boire une gorgée de la boisson caféinée.


"On partage les pâtisseries ?" demande-t-il simplement.


Juste pour ça, je l'aime un peu plus. Louis ne m'oblige jamais à me confier. Il me laisse toujours venir et si parfois c'est difficile pour moi de m'ouvrir, j'apprécie cette manière de faire qui finit toujours par porter ses fruits.


Nous dégustons notre goûter puis nous reprenons la route.


***


Je sens Louis légèrement nerveux près de moi. Il m'a indiqué les rues à emprunter pour arriver jusqu'à sa résidence et maintenant il fouille dans son sac à dos pour trouver ses clefs. Charlotte les lui a envoyées il y a plusieurs jours puisqu'il n'était pas parti avec au centre de rééducation. Lorsque j'atteins sa rue, je cherche une place pour me stationner mais Louis m'informe que je peux rentrer dans la résidence et utiliser le parking en sous-sol.


"Mon appart est loué avec deux places, m'explique-t-il avec un petit sourire.

- C'est grand luxe..."


Il bouscule légèrement mon épaule tandis que le portail s'ouvre devant nous. Je suis impatient de découvrir l'univers de Louis et je pense que c'est ce qui le rend nerveux. Il est parti depuis longtemps et le jour de son accident, il n'avait peut-être pas rangé son logement. Je souris au fond de moi car je me moque bien de tout ça. J'ai juste hâte de déposer nos sacs et de nous retrouver dans un endroit où il se sent bien, où, forcément, je me sentirai bien.


Je gare ma voiture à côté de la sienne, une petite 208 grise. Nous sortons du véhicule et récupérons nos sacs avant de nous diriger vers l'ascenseur. Louis appuie sur le bouton du quatrième étage. Mon impatience augmente à mesure que nous montons les étages.


Il mordille sa lèvre inférieure en glissant la clef dans la serrure de sa porte et comme je le prévoyais, s'arrête net, la porte à peine ouverte.


"Je n'étais pas spécialement en avance le matin où j'ai eu mon accident, dit-il. Mon lit est en désordre, ma cuisine aussi... Mais, je suis pas bordélique, enfin... un peu mais... Bref, si j'avais su..."


Je le coupe en glissant ma main sur sa hanche et mes lèvres sur sa joue.


"On s'en fout, non ?"


Il hausse les épaules mais ne bouge pas alors je le pousse doucement, l'incitant à entrer. Louis reste coi dans l'entrée, face à la cuisine ouverte... rangée. Il y a un bouquet de fleurs au centre de la table, un plaid bien plié sur le canapé gris. Visiblement, une bonne fée est passée par là pour l'accueillir.


Je pose mon sac sur le sol de l'entrée et débarrasse Louis de ses affaires. Mes deux mains sur ses hanches, je l'oblige à avancer dans la pièce à vivre de son appartement. Ca sent bon le frais. Il finit par sortir de sa léthargie et avance vers la table. Près du vase, une petite carte est pliée en deux :

Bon retour chez toi

A très vite Loulou

Charlotte, Lewis et William


"Je suis déçu de ne pas découvrir tout de suite toute ta personnalité !" je murmure près de son oreille en riant.


Louis se tourne entre mes bras et enlace mon cou. Il glisse ses lèvres contre les miennes et m'offre un câlin. Je crois en fait qu'il s'accroche à moi pour gérer l'émotion qui l'envahit quand il réalise qu'il est enfin chez lui, après tout ce temps, après toutes ces épreuves.


"Bienvenue chez toi, je glisse près de sa bouche tentante.

- Bienvenue à toi aussi, chez toi... laisse-t-il trainer, faisant s'emballer les battements de mon cœur. Je te fais visiter ?"


Je hoche simplement la tête et après un dernier baiser, trop court, Louis me fait faire le tour du propriétaire. Il m'explique qu'il est locataire depuis cinq ans de cet appartement qu'il a obtenu grâce à une convention signée avec son entreprise. Il y a deux chambres dont une qu'il a aménagé en bureau où je découvre un espace de jeux plus que de travail. Je ne connaissais pas cet aspect de la personnalité de Louis et ça me fait sourire d'en apprendre un peu plus sur lui. La deuxième chambre bénéficie d'un petit balcon donnant sur la cour intérieure arborée. C'est un bel appartement et je reconnais que je me vois bien y installer mes affaires. Le salon est lumineux et confortable, la cuisine petite mais fonctionnelle. La salle de bain est assez spacieuse et la douche à l'italienne m'appelle.


Louis laisse échapper un bâillement en glissant ses mains sur ses reins. La fatigue du trajet le gagne.


"Va t'allonger un peu sur le canapé, je lui propose.

- On a les sacs à défaire...

- On a bien le temps, Louis. Tu veux boire quelque chose ? Dis-moi juste où je peux trouver les choses.

- Je ne serais pas contre un Coca mais je suis pas sûr qu'il y en ait... On va devoir aller faire des courses, souffle-t-il en se laissant aller contre les coussins du canapé.

- On verra ça demain, dis-je en me dirigeant vers la cuisine. On commandera pour ce soir éventuellement, ou pas... j'ajoute quand j'ouvre la porte du réfrigérateur. Ta sœur a laissé un plat de gratin !"


J'entends Louis souffler de contentement alors que je le rejoins avec deux verres et une bouteille de Coca.


"Humm, merci, dit-il en m'accueillant près de lui. Je vais appeler Charlotte pour la remercier."


***

Je tourne et me retourne dans le lit. Je ne parviens pas à trouver le sommeil. Le fait d'être dans un endroit inconnu pourrait en être la cause, mais l'odeur et la chaleur rassurante du corps de Louis près de moi devrait m'apaiser. Je commence à tourner en boucle les phrases que je veux dire à Gemma demain, celles que j'imagine qu'elle va me dire et déjà, les mots restent bloqués dans mon esprit. Je pense trop et si, ces dernières semaines, j'étais parvenu à mettre plus ou moins toute cette situation de côté, cette nuit, je n'y parviens plus. C'est bien que nous nous voyons demain mais je ne sais pas si les choses pourront s'arranger si facilement. Je trimballe trop de rancœur et je ne sais pas communiquer.


Je me retourne une nouvelle fois, je sors ma jambe de sous la couette, cherchant un peu de fraîcheur. J'hésite à me lever boire un verre d'eau, peut-être même m'installer sur le canapé pour ne pas déranger Louis dans son sommeil. Mon cerveau est en ébullition alors que mes yeux sont braqués sur le rayon de lumière au plafond.

Louis bouge près de moi et je n'ose amorcer un mouvement, pas même respirer. Je ne veux vraiment pas le réveiller. Pourtant, il semble qu'il le soit lorsque sa jambe glisse contre les miennes et qu'il se retrouve à califourchon sur mon bassin. Mes mains s'accrochent immédiatement à ses hanches et mon regard capte le sien, ensommeillé.


"Je suis désolé, je chuchote. Je t'ai réveillé."


Ses mains glissent sur mes pectoraux à travers mon t-shirt. Il se penche et niche son visage dans mon cou, ses lèvres sur la peau fine derrière mon oreille.


"Tu es contrarié ? m'interroge-t-il, la voix éraillée.

- Ouais. Je pense à demain."


Je ne vais pas lui mentir. Louis commence à bien me connaître. Il poursuit ses petits baisers et ses caresses, glissant ses doigts dans l'encolure de mon t-shirt. Sa main descend le long de mes côtes et se faufile sous le tissu. Je frissonne au contact de ses doigts et resserre ma prise sur son corps. Louis se tortille au-dessus de moi, échauffant mes parties intimes. Il étend sa jambe gauche contre la mienne et se retient sur son bras droit. Je sais qu'il a encore du mal à garder cette position alors je bascule son corps pour qu'il retrouve le confort du matelas. Nos lèvres se rejoignent. Je sens son sexe contre ma cuisse. Je m'embrase. Quelle meilleure façon de me faire oublier pour quelques heures la confrontation qui m'attend demain.


Je glisse ma main sur l'entrejambe de mon amant, récoltant un râle de plaisir. Louis crochète sa jambe droite sous mes fesses pour m'inciter à venir plus près. Il sait exactement ce qu'il fait et je ne veux rien lui reprocher. J'accepte volontiers de me perdre sous ses baisers et ses caresses. J'en profite et lui rends baisers pour baisers, caresses pour caresses. Je me redresse légèrement et enlève mon t-shirt, croisant le regard envieux de Louis sur moi. Les battements de mon cœur accélèrent et puisque j'ai d'ores et déjà une petite idée de la finalité de ce moment, je quitte le lit et me débarrasse de mon caleçon. Je m'éloigne pour aller fouiller dans mon sac, lorsque j'entends un tiroir s'ouvrir. Je me tourne et trouve mon amant en appui sur un coude, le sourire narquois aux lèvres. Sur le lit, un petit flacon et un préservatif attendent que nous passions à l'étape suivante.


Je mordille ma lèvre inférieure avant de me pencher sur les lèvres du jeune homme. Je caresse sa joue, glisse mes doigts dans son cou, longe son flanc jusqu'au bord de son t-shirt que je soulève pour lui enlever. Le vêtement vole dans mon dos. Mes lèvres déposent une myriade de baisers sur son torse, s'aventurant dangereusement vers son intimité. Je glisse un doigt sous l'élastique de son boxer que je fais claquer, récoltant une plainte. Louis se cambre sous moi et m'invite à le débarrasser de cette dernière barrière entre nous. Je ne me fais pas prier et m'exécute. En me réinstallant près de lui, j'embrasse chaque parcelle de peau que je rencontre, dessinant ses cicatrices que je suis le seul encore à chérir.


Mon esprit est envahi de Louis : sa peau, son odeur, ses gémissements. Bientôt, tout s'accélère, tout s'intensifie. Nos corps transpirants s'accordent, nos cœurs semblent se caler sur le même rythme effréné. Je m'introduis en Louis, savourant son étroitesse. Alors que je lui laisse le temps de s'habituer à ma présence, nos regards s'accrochent. Le sien brille tellement que j'en perds le souffle. Jamais je ne pourrais regretter d'avoir tout plaqué pour prendre la route de la Normandie. Ma mélancolie m'a conduit à cet homme, une rencontre et des sentiments inespérés.


*

*  *


Nouvelle année, nouveau chapitre !

J'ai espoir de terminer cette histoire dans les prochains mois. Mon retour en Normandie pour quelques jours en février devrait m'y aider !

J'aime bien ce chapitre, leur relation de plus en plus profonde. Ils se sont si bien trouvés.

Merci, toujours, de répondre présent à la publication des chapitres de cette histoire dont je ne parle pas.


A bientôt !

Mimi


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