Chapitre 23
« En fait, les Humains me rappelaient un tableau.Chaque jour qui passait était une nuance différente. »
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Tyler se reposait, allongé sur le canapé d'Eden. Il semblait si paisible, à cet instant. Elle semblait si lointaine, l'image de son corps ensanglanté et immobile.
Mais même si je savais qu'il allait beaucoup mieux, je ne pouvais pas m'empêcher de me ronger les sangs.
Il était vivant, et je n'arrivais toujours pas à le croire.
Il respirait, oui, mais qu'allait-il lui advenir ? Où était le piège ? Une peur constante me malmenait depuis qu'Eytan l'avait sauvé, elle rampait dans mes veines pour mieux emprisonner mon être. Si sa vie me filait entre les doigts ? Si tout ça n'était que chimère ?
— Eh, Elora ! m'interpella Eden.
Je tournai le nez vers lui en ignorant la boule d'angoisse obstruant ma gorge pour constater qu'il me dévisageait, les sourcils froncés, ses boucles blondes retombant en quelques mèches devant ses traits soucieux.
— Il va bien, d'accord ? enchaîna-t-il. Arrête de te mettre dans de tels états.
— Je le sais bien, oui, mais pour combien de temps encore ? Il y a forcément un piège, Eden.
Bon sang, depuis quand étais-je si pessimiste ? Ce n'était pas moi. Mais comment faire autrement ? Je savais qu'il était impossible d'échapper à la Mort. Si par chance on parvenait à s'extirper de ses griffes, elle revenait à l'attaque pour mieux attaquer.
Il était impossible de la fuir.
— Cesse un peu de voir le mal partout, me réprimanda Eden. Pour le moment, tout va bien. N'est-ce pas le principal ? Moi aussi, je m'interroge, mais je préfère me dire que s'il y a vraiment un piège, on avisera le moment venu. Profite de lui, Elora. Tyler est en vie, il est là.
Je scrutai ses prunelles onyx qui brillaient avec intensité, et une douce chaleur se propagea dans mes veines lorsqu'il esquissa un tendre sourire.
— Tu nous as toujours rabâchés qu'il fallait profiter de nos proches. De l'instant présent. Alors applique cette règle que tu imposes tant.
Ses douces paroles me surprirent. Je me contentai de hocher la tête, plus détendue.
Il avait raison.
Il fallait que je cesse de voir le mal partout. Mais même si je le voulais, je ne pouvais pas oublier que c'était Eytan qui avait sauvé Tyler. L'incarnation même du chaos. Ce qu'il avait fait été prodigieux, ça relevait même du miracle.
Mais l'heure n'était pas aux questionnements. L'étendue de ses pouvoirs était phénoménale, je le savais bien, mais une voix en mon sein me murmurait que quelque chose clochait, au sujet de ce sauvetage miracle. Quoi ? Je n'en savais rien.
Son ombre enchaînée à celle de Tyler avait éveillé énormément de soupçons...
— Je le ferai, finis-je par répondre à Eden en lui faisant un clin d'œil, à condition que toi et Âlma cessiez de culpabiliser au sujet de cette attaque.
Des petites rougeurs couvrirent les joues de mon ami qui ne trahit aucune autre émotion. Je savais que mes deux amis se sentaient coupables de ne pas avoir été présents lorsque le scorpion géant avait attaqué. Mais ils n'étaient pas fautifs. Comment auraient-ils pu intervenir, de toute manière ?
Le fait était que ce monstre avait été vaincu, même si ça, j'avais encore du mal à y croire. Pour moi, ce n'était qu'un coup de chance, et non pas parce que j'avais réussi à me servir de mes dons.
C'était aussi grâce à Nathan et Aela, mais ça, j'avais également du mal à l'accepter.
En attendant, si cet inconnu n'avait pas invoqué ce fichu scorpion, rien de tout cela ne serait arrivé, et j'aurais pu rejoindre Axel.
Axel... !
Je me figeai net en écarquillant les yeux, son image tourmentant mon esprit.
— Merde ! jurai-je en me redressant, affolée. Je l'ai complètement oublié !
— Quoi ? De quoi tu parles ? me questionna-t-il.
— Je devais rejoindre quelqu'un avant d'être attaquée par cette créature ! Je ne suis pas allée au rendez-vous, et pire encore : je ne l'ai jamais recontacté ! J'ai ignoré tous ses appels, parce que j'ai pris peur !
Eden haussa les sourcils, assis de manière nonchalante sur son canapé, et un rire secoua ses épaules. Ses yeux noirs pétillèrent avant qu'il ne secoue la tête, peu perturbé par mon agitation.
— Imbécile, ricana-t-il. Tu ressors d'un combat, et ton seul problème, c'est le fait que tu aies mis un lapin à un Humain ? Elora, tu ne cesses de m'étonner.
Je saisis mon sac en grinçant des dents, puis je sifflai :
— Tu n'as aucune pitié, Eden. Je te laisse, je dois retrouver Laurie. Surveille Tyler, toi, au lieu de te moquer !
Son rire s'éleva encore lorsque je claquai la porte.
***
Laurie mastiquait son chewing-gum en me détaillant. Je réfléchissais toujours à une solution concernant Axel. Je ne pouvais pas le recontacter comme si de rien n'était...
— Bon, tu as fini de te torturer ? me demanda-t-elle. Il n'y a pas mort d'homme ! Et puis, un râteau, dans la vie, c'est quoi ? Que dalle ! Il va survivre, ton Axel ! Et, dans le pire des cas, il t'en voudra à mort et te maudira en s'acharnant sur une poupée vaudou à ton effigie, mais ce n'est pas bien grave !
— Pas bien grave ? répétai-je dans un rire nerveux. Tu t'entends ? Une poupée vaudou ? Sérieusement ? On voit bien que t'es une humaine, toi, à ne pas croire à toutes ces choses !
Ses yeux s'arrondirent suite à mes propos et brillèrent de curiosité.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? Tout ce qui est malédiction, ça fonctionne ? s'exclama-t-elle.
J'opinai en me triturant les doigts. Elle frappa dans ses mains, la mine réjouie, avant de scruter les alentours, par peur que des passants ne nous entendent. En cette fin de journée, il y avait encore des Humains qui erraient dans le parc, mais ils ne nous prêtaient aucune attention.
— Mais c'est génial ! Il faut absolument que j'essaie ! Je commence par qui, à ton avis ? J'ai tellement de monde à maudire !
— C'est une blague, Laurie, ris-je en me détendant. Ce n'est pas vrai. Ce sont des bêtises. Il est impossible pour un simple humain de lancer des malédictions, sauf s'il a des dons de médium ou autre, mais c'est rare.
Laurie s'immobilisa, et son sourire s'effaça avec lenteur. Elle se laissa retomber contre le banc alors que mon air amusé s'intensifiait.
— C'est vraiment nul...
Elle se tourna ensuite vers moi en m'observant avec attention.
— Mais à défaut de maudire les personnes qui m'agacent, il y a d'autres moyens de les punir...
— Et le moyen ne serait pas de tuer ? souffla une voix dans notre dos.
Laurie poussa un hurlement glaçant en se redressant, ce qui attira le regard de quelques passants, alors que je m'éloignais du banc, prête à fondre sur la personne ayant pris la parole.
— Oh, je vous ai fait peur ? J'en suis désolée...
— Mais ça ne va pas, non ? s'agaça mon amie en toisant notre interlocutrice. Vous m'avez fait peur ! Et puis, vous êtes qui ?
En silence, je dévisageai l'inconnue, le corps tendu. La femme éclata d'un rire cristallin et contourna le banc pour se poster face à nous, sa haute stature nous défiant avec facilité. Mon sang s'enflamma quand j'aperçus son aura.
— Pardonnez-moi, dit-elle sans perdre son rictus. Mais en entendant votre conversation, je me suis sentie obligée de m'en mêler.
Laurie, le teint toujours livide, se détendit un peu et efforça un sourire quand la femme fit une révérence en incurvant ses lèvres en un sourire sensuel. Ses cheveux noirs, coupés au carré, s'agitèrent autour de son visage aux traits fins lorsqu'elle se redressa avec grâce. Ses yeux en amande à la couleur ébène brillèrent d'une drôle de lueur lorsqu'ils se posèrent sur moi, aussi froids que ce qu'elle dégageait, malgré son air se voulant chaleureux.
— Cesse ton charme, sifflai-je, je ne suis pas dupe.
Laurie recula, surprise par mon ton glacial, alors que la femme arqua un sourcil avant d'esquisser un sourire amusé.
— Mon charme ? répéta-t-elle.
— Laurie, éloigne-toi d'elle, grondai-je sans me détourner.
— Mais...
— Éloigne-toi ! ordonnai-je en lui lançant un regard noir.
Elle s'empressa de s'éloigner, les yeux agités. Je reportai mon attention sur l'inconnue, dévorée par une colère sourde.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Sa tête se pencha sur le côté avant que son sourire ne se fasse plus froid. Un éclat mauvais brilla dans ses iris avant que son aura violacée ne s'assombrisse autour d'elle.
— Tu m'as vite cernée, je dois l'avouer, me souffla-t-elle. Qu'est-ce qui m'a trahie ?
— Ton aura, répondis-je dans un murmure. Qu'importe, qui t'envoie ? Qu'est-ce que tu veux ?
Elle grimaça, et son visage se fit plus dur, plus mauvais. Je soutins son regard en gardant la tête haute, avant de me concentrer davantage sur sa personne en ouvrant mes sens pour mieux la cerner. Il émanait d'elle une force froide, un charme démoniaque, propre à son espèce.
Mais aussi quelque chose de plus profond.
De plus troublant.
Ça me heurtait, frappait mon cœur sans pitié.
Cette lueur dans ses yeux noirs ne trompait pas. Je la reconnaissais. C'était celle étant propre aux âmes ayant vécu le pire. De celles qui avaient vu leur cœur pleurer tant de fois.
Je serrai la mâchoire pour ne pas ressentir de peine à son égard, me fermant à mes sens, à mon empathie trop encombrante. Il était hors de question que j'ai de la pitié pour une personne de son espèce.
— Tu crois vraiment que quelqu'un m'envoie vers toi ? m'interrogea-t-elle d'une voix hautaine. Ce n'est pas le cas. Je t'ai juste remarqué, moi aussi. Tu ne passes pas vraiment inaperçue. Tu es trop... Pure.
Une autre grimace couronna ses propos avant qu'elle ne fronce les sourcils en tapotant sa joue de ses ongles manucurés.
— On ne peut pas dire que les Anges grouillent par ici, tu ne crois pas ? ajouta-t-elle.
Puis elle s'approcha d'un pas. Je lançai un coup d'œil autour de nous avant de laisser ma lumière habituelle me submerger de manière à la contraindre de rester à l'écart. Elle s'arrêta avant que l'agacement ne peigne ses traits.
— Tu crois peut-être que je suis là pour te défier ? En présence d'Humains, qui plus est ?
— On ne sait jamais, avec vous, répliquai-je en haussant les épaules.
— Si ça peut te rassurer, Elora, je ne suis pas venue pour te menacer. Comme je te l'ai dit, je passais par hasard, et en comprenant qui tu es, je n'ai pas pu m'empêcher de venir jusqu'à toi.
Elle me toisa à nouveau de ses yeux noirs avant de tourner autour de moi, s'attardant parfois sur la lueur qui m'enveloppait. Je voyais qu'elle hésitait. Tenter de s'approcher dans l'espoir de m'intimider au risque de se faire attaquer, ou rester à quelques pas de moi ?
Même si je ressentais sa force, il était hors de question que je m'écrase, face à elle. Et à en juger par la frustration qui assombrissait son visage, elle n'en avait pas l'habitude.
Ignorant le bruit de ses talons claquant contre le pavé, je la suivis du regard en apaisant ma respiration pour ne pas perdre ma patience. Chacun de ses gestes était calculé, gracieux.
— Comment connais-tu mon nom, au juste ? lui demandai-je.
La jeune femme se reposta face à moi et hésita encore. Lorsqu'elle amorça un pas, mon halo s'intensifia alors que je serrais les poings, prête à dégainer mon arme. Agacée, elle cracha :
— Disons que tu sembles être un sujet intéressant dans le Fœrî, en plus d'en être un auprès de mes coéquipiers présents dans cette ville.
Mes lèvres frémirent en comprenant le sous-entendu. Bien sûr qu'on devait parler de moi, dans mon monde. Après tout ce que j'avais fait, c'était évident...
Je laissai mon pouvoir se dissiper lorsque j'entendis des Humains s'approcher, sans pourtant me détourner de mon interlocutrice.
— Tes coéquipiers ? Je suppose qu'il s'agit de Nathan et compagnie ? m'intéressai-je en croisant les bras.
— Tu supposes bien, oui. J'ai cru comprendre que tu persistais à t'opposer à eux malgré tout.
Malgré tout quoi ?
— Parce que je devrais faire autrement ? m'amusai-je.
Elle se contenta de sourire mystérieusement. Je m'attardai sur le début d'une cicatrice traversant son épaule révélée par son pull tombant et, en face à mon regard insistant, elle le releva avec hâte en me toisant.
— Quoi qu'il en soit, je suis contente d'avoir enfin pu mettre un visage sur ce nom. Ravie de t'avoir rencontré, Elora.
D'un pas gracieux, elle passa à côté de moi, sa longue veste suivant le mouvement, et elle ajouta :
— Je m'appelle Téèna, si tu veux tout savoir.
Téèna...
Ce nom. Je l'avais entendu, lorsque Nathan, Ziv et Aela nous avaient rejoins dans le marais. Ils avaient parlé d'elle.
Enfin, la Démone partit en s'enfonçant dans le cœur du parc. Ses talons claquèrent encore contre le sol avant de s'éloigner. Je regardai sa silhouette disparaître, la mâchoire toujours serrée, et j'expirai en fermant un instant les paupières.
Heureusement qu'elle avait été sincère en disant qu'elle n'était pas là pour me menacer.
Je rouvris les yeux et cherchai Laurie pour l'apercevoir sur un petit pont en bois. Elle contemplait l'eau qui passait sous la passerelle en affichant un air absent. D'un pas maladroit, je m'approchai d'elle, culpabilisant quant à mon comportement.
Mais je n'avais pas réfléchi plus en comprenant que Téèna était un Démon. J'avais eu peur qu'elle s'en prenne à elle.
Quand Laurie me remarqua, elle fronça exagérément les sourcils et tourna le nez, boudeuse, même si son aura la trahissait et me prouvait qu'elle n'était pas fâchée.
— Tu vas me faire la tête ?
— Oui, marmonna-t-elle.
Amusée, je roulai des yeux et contemplai à mon tour les canards qui pataugeaient dans le bassin en caquetant, plongeant parfois leur tête sous l'eau, accompagnés d'énormes poissons aux écailles orangées. Je poussai un soupir en profitant du doux silence, de la brise nocturne, et de la présence des étoiles qui dansaient autour de la lune paisible.
— Déride-toi, finis-je par lui dire. Je paye le resto.
Et, à nouveau, elle tourna la tête vers moi, un sourire ravi tordant sa bouche.
— Étrangement, je ne te fais plus la tête, c'est magique, non ?
Un rire m'échappa avant que l'on ne marche le long du parc en discutant. Elle ne m'interrogea pas au sujet de Téèna, et je lui en étais reconnaissante. Elle se porterait mieux si elle restait à l'écart de toutes mes histoires.
Bientôt, on fit face à un petit bistrot de pierres à l'aspect chaleureux, de par les légers ornements lumineux qui recouvraient la façade, et par le rire et les discussions qui s'élevaient à l'intérieur du bâtiment. Il y avait de nombreuses familles qui venaient ici. Les enfants s'amusaient avec leurs parents, la mine réjouie.
J'aimais beaucoup les lieux comme celui-ci. Les Hommes rayonnaient, comme si l'ambiance conviviale s'infiltrait en eux pour les animer. Ils brillaient autant que les astres dans ces moments-là. Il était si plaisant de voir leurs yeux pétiller de bonheur, et leurs lèvres sourire de tout cœur.
En fait, les Humains me rappelaient un tableau. Chaque jour qui passait était une nuance différente. Parfois, ils étaient peints d'encres sombres lors de jours moroses, et des couleurs plus chaleureuses venaient s'harmoniser à cette toile quand le bonheur leur souriait. Au final, le résultat montrait une pluie de coloris qui s'affrontaient, se mélangeaient et s'accordaient. Mais jamais cette image ne devenait entièrement noire, ou ne restait entièrement blanche.
On prit place sur une banquette qui se trouvait à l'étage, donnant vue sur les rues illuminées par quelques lampadaires, là où de nombreux passants s'arrêtaient pour se saluer. L'odeur de divers plats embaumait la salle pour accentuer mon appétit.
— Bon, étant donné que c'est toi qui payes, je ne vais pas faire la fine bouche, hein ? me charria Laurie.
— La fine bouche va éviter de me ruiner, sinon, je vais être contrainte de la maudire, et ça ne sera pas avec une poupée vaudou.
Elle ricana et engagea la conversation. Mon regard dévia sur un groupe qui s'agitait de plus en plus. Leurs rires s'élevèrent avant que mon souffle ne se coupe. Certains visages me semblaient familiers, en plus d'un que j'aurais préféré ne pas voir.
— On non, paniquai-je. La seule personne maudite ici, c'est moi.
— Pourquoi ? s'alarma mon amie.
— Axel est là, lui aussi, chuchotai-je.
Laurie, qui buvait son soda, manqua de peu de s'étouffer et éclata de rire en toussant, les joues rougies.
— Non ?! pouffa-t-elle. Je te l'avais dit, qu'il allait te maudire ! Et tu oses me dire que les Humains ne peuvent pas ? C'est cool ! Vraiment trop cool !
Cool ? Tout dépendait du point de vue...
Quand le regard noisette d'Axel heurta le mien, mon sang se glaça et mon cœur se serra avant de s'endiabler. Il serra la mâchoire alors que je toussais nerveusement, paniquée à l'idée de le confronter.
— Eh ! Crève pas ! s'exclama Laurie en s'agitant. Pas avant d'avoir payé l'addition !
Rapide, je me relevai en prétendant devoir aller aux toilettes, mais Axel m'interpella en s'approchant. Je déglutis avec peine, les oreilles bourdonnantes. J'avais l'impression que tous les regards étaient braqués sur nous...
Laurie se gratta la nuque avec gêne alors que j'efforçais un sourire. Axel s'arrêta devant moi et me dévisagea longuement, le regard froid. Si son aura, en général, était trouble, là, elle était presque incernable.
Jamais je ne l'avais vu afficher un air aussi fermé. Jamais.
— Tiens, quelle surprise ! Comment tu vas ? finis-je par lui demander, paniquée. Ça fait un moment que je ne t'ai pas vu !
— Ah oui ? ricana-t-il froidement. Peut-être parce que tu m'as mis un lapin, tu ne crois pas ?
Je lançai un coup d'œil à Laurie dans l'espoir qu'elle me vienne en aide en inventant l'une de ses excuses, mais elle ouvrit la carte en faisant mine de l'observer d'un œil attentif. Son rire étouffé parvint pourtant jusqu'à mes oreilles et m'arracha des sueurs froides.
— Elora, je te commande quoi ? Un lapin à la moutarde ? m'interrogea-t-elle, les joues rouges.
Puis je l'entendis ajouter dans un souffle :
— Parce que la moutarde lui monte au nez.
Sérieusement ?
Je sentis les larmes me monter aux yeux tant la situation m'échappait, et mes lèvres tremblèrent de gêne. Maladroitement, je me triturai les doigts en ignorant la moiteur de mes mains.
— J'ai eu un empêchement, je suis désolée...
— C'est quoi, ton excuse ? insista-t-il en croisant les bras.
Une excuse ? Bon sang, je m'étais creusée les méninges toute la journée pour en trouver une !
— Je... Co..., balbutiai-je avant d'opiner. J'ai eu un problème avec ma voiture. J'ai... J'ai heurté un chat...
Quel piètre mensonge...
Laurie ne résista pas plus longtemps. Un rire s'échappa de sa bouche avant qu'elle se redresse avec hâte en disant qu'elle devait aller au petit coin, les yeux larmoyants, et elle m'abandonna à mon triste sort.
Axel souffla d'agacement avant de me toiser. Je retins mon souffle tant la tension était lourde et son regard meurtrier. Les clients qui nous dévisageaient n'arrangeaient en rien la situation, ils devaient être intrigués par le raffut que nous faisions...
Je n'avais qu'une seule envie : disparaître.
— Donc tu as écrasé un chat ? me demanda-t-il. Toi ?
En l'entendant le dire, je me sentis encore plus honteuse. Mais comment aurais-je pu lui dire la vérité ?
— D'accord, enchaîna-t-il.
— D'accord ? répétai-je bêtement.
Un rire mauvais l'agita avant qu'il ne hoche la tête, les traits sombres.
— Oui, d'accord. Que veux-tu que je te dise ? J'ai compris le message, Elora. Tu ne viens pas au rendez-vous, tu ignores mes appels, et tu cherches des excuses bidons !
Il secoua la tête en me lançant un coup d'œil glacial, et ses traits se couvrirent d'un air peiné. Mon cœur se serra davantage tandis que le silence planait, bientôt joint par le bourdonnement de mes oreilles. Le visage brûlant de gêne et le front couvert de sueur, je l'observai en cherchant les bons mots.
— Écoute, Axel, commençai-je avec douceur, j'ai réellement eu un empêchement, mais je ne veux pas en parler ici.
— Et moi, je n'ai pas envie d'en parler tout court.
Puis il rejoignit son groupe d'amis, saisit sa veste, leur dit quelque chose, et passa à côté de moi en me bousculant légèrement.
Non, ce n'était pas un chat que j'avais écrasé, mais son cœur.
Holà ! Désolée pour le petit retard ! Mais j'ai publié un looong chapitre !😘
Bon c'est pas top top, y a pas d'actions, je me suis juste enflammée dans l'humour, allez savoir pourquoi. 😂
Mais j'espère tout de même que ça va vous plaire !❤️
Manifestez-vous les enfants ! Vous êtes de moins en moins nombreux, qui sont les survivants ?
Du coup, des avis sur le nouveau perso ? Sur Axel ? Laurie ?😂
Que pensez-vous qu'il se passera dans les prochains chapitres ! Dites le moi ! Je veux voir si vous êtes sur la bonne piste !
Bisous les anges ! ❤️
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