Chapitre 15 : Le Carnet des Secrets


Le choc l'avait empêchée de répondre. Lorsque le Marquis était parti, la laissant seule dans l'étude, elle était restée un long moment silencieuse. Herald, qui à l'origine voulait lui demander ce qu'il s'était passé, la retrouva immobile sur le canapé. Quand il lui demanda si tout allait bien, elle hocha la tête avec son sourire habituel. Mais ses yeux étaient perdus.

Le cœur meurtri par cette vision, le chevalier lui avait serré la main, sans rien dire.

Macklar ne se présenta pas de la soirée. Et, assise dans son lit, seule, Liliane était incapable de fermer l'œil.

Elle réfléchissait. À toute vitesse. Mais tout se figeait, l'empêchant de mener à terme ses réflexions. Épuisée moralement, elle considéra, au cœur de la nuit, le carnet posé sur sa table de chevet. C'était celui récupéré tantôt.

Le Marquis n'étant pas encore rentré, elle s'en saisit afin de passer le temps.

Ouvrant une page au hasard, elle lut :

« Jamais je n'aurais pensé que Margareth et son frère le Marquis de Macklar étaient une seule et même personne ! ».

Hein ? Pardon ?

Confuse, Liliane referma le livre. Avant de le rouvrir, les yeux ronds comme des soucoupes.

« La Chevalière Sanglante, que nous ne pouvons voir que la nuit, et le Marquis, ne sont qu'une seule et même personne. Les deux faces d'une même pièce. J'ai été confus en découvrant cela, de prime abord. Je ne pensais pas que mon épouse, aussi étrange soit-elle, puisse se changer en homme au lever du jour et devenir une femme à la tombée de la nuit ».

Oh bon sang.

Marquant la page, Liliane réorganisa son lit, pour s'installer confortablement contre les coussins entassés en un dossier, avant d'allumer deux autres bougies pour mieux voir. Calée sous les draps, le carnet en cuir sur ses genoux repliés, elle retenait presque son souffle en lisant les différentes entrées du carnet. Il n'y avait aucune date. Néanmoins, elle pouvait nettement voir qu'entre la première page, traitant de son mariage avec la Chevalière Sanglante, et celle où il découvrait le pot au rose, deux mois au moins s'étaient écoulés.

Était-ce le père du Marquis actuel qui écrivait les lignes ? Était-ce plus ancien que cela ? Confuse, elle se demanda quel était le nom de la mère de Macklar. Si c'était bien Margareth, alors...

« Voilà deux semaines que je sais, à présent. Margareth se sent coupable de m'avoir caché cela. Mais je peux la comprendre. Femme de naissance, connue comme telle, elle a fait face à tant d'adversité qu'elle ne pouvait se confier à quiconque. Car sœur du Marquis et Marquis à la fois, elle s'était retrouvée face à une situation inextricable : elle devait avoir un héritier pour perpétuer le nom des Macklar. Mais elle ne voulait pas prendre une épouse, car elle n'était même pas certaine de pouvoir la féconder. De plus, sa préférence semblait être pour les hommes. De fait, elle avait trouvé un compromis : elle devait épouser un noble, qui ne représenterait pas une menace, même s'il découvrait la situation. Et qui serait capable de lui donner un enfant, qui deviendrait l'héritier légitime du Marquisat. Ainsi, le « Marquis » de Macklar n'aurait pas à se marier, sa descendance étant assurée par sa « sœur ». Son choix s'était donc porté sur moi. Quatrième fils d'un noble de petite naissance, sans contact dans l'empire, à la santé fragile de surcroit. Je comprends mieux, à présent. Je trouvais étrange, aussi, qu'un homme aussi puissant que le Marquis de Macklar me choisisse, moi, comme époux de la Chevalière Sanglante. »

L'hérédité de la malédiction était donc vraie, songea Liliane, en lisant ces lignes. Mais... Elle avait de la peine pour cette Margareth. Elle semblait avoir fait face à tant de problèmes... Visiblement, elle combattait sur le champ de bataille avant les premières manifestations de sa malédiction, à quinze ans. Voilà pourquoi elle était restée connue comme la Chevalière Sanglante, et non pas le Chevalier Sanglant. Tout comme Logan, elle avait utilisé l'excuse du demi-frère caché pour faire passer sa forme masculine à la tête du Marquisat, lui facilitant ainsi la tâche entre ses deux identités. Et Margareth était devenue la femme atteinte d'une maladie étrange, qui l'obligeait à ne sortir plus que la nuit.

« Je viens de recevoir un sacré compliment de la part de ma femme, aujourd'hui. Elle m'a avoué que jamais elle n'aurait pensé qu'un homme aussi fragile que moi puisse devenir une telle bête entre des draps. J'en suis très fier. »

Liliane se mordit la lèvre pour ne pas rire. Tous les hommes étaient-ils dont ainsi ? Orgueilleux de leurs prouesses sexuelles ?

Secouant la tête pour elle-même, elle continua à lire, de travers pour les passages traitant du quotidien. Une chose l'intéressait réellement dans ce journal intime : Margareth Macklar.

« J'ai beau chercher, je ne trouve pas comment alléger la Malédiction de mon épouse. Elle commence à avoir peur : si elle tombe enceinte, gardera-t-elle l'enfant, en redevenant un homme ? N'est-elle donc pas vouée à une fausse couche ? Je la trouvais angoissée, ces derniers temps, elle, une guerrière hors pair. Je comprends mieux pourquoi, à présent. »

Mince. Elle n'avait pas pensé à cela... Margareth avait dû avoir si peur...

« Aujourd'hui, elle m'a dit dans un rire sanglotant qu'elle ne pouvait peut-être pas guérir de sa malédiction, car elle ne méritait l'amour de personne. Pas avec toutes les vies qu'elle avait fauchées à la guerre. Quand je lui ai répondu que ce n'était pas là la clé de sa malédiction, car mon amour n'avait pas réglé le problème, elle a fondu en larmes. J'ai alors réalisé que depuis notre mariage arrangé, il y a huit mois de cela, je ne lui avais jamais dit que je l'aimais. Quel sot je peux faire... Je suis tombé amoureux de ma femme, et pas une fois je n'ai pensé que le lui dire pouvait avoir de l'importance à ses yeux ! »

Elle se trouva presque indiscrète de lire ces lignes. Néanmoins, elle se trouvait dans l'incapacité de stopper sa lecture. C'était si... fascinant...

« Nous avons franchi le pas des tests. Enfin, surtout moi. Cela n'a servi à rien pour stopper sa malédiction, mais je... je dois avouer que jamais je n'aurais pensé qu'avoir un rapport avec Margareth, sous sa forme masculine, serait aussi plaisant. Si j'ai bien compris, elle veut recommencer. Pourquoi pas ? Comment elle l'a dit, quitte à avoir cette double possibilité, autant en profiter. Et puis, cela restera entre nous. »

Liliane referma brutalement le carnet, les yeux ronds dans la nuit, le rouge aux joues.

Ça, ça faisait partie des choses qu'elle n'aurait jamais dû lire !

Le visage brulant, elle sortit sur le balcon, afin de se rafraichir quelque peu. Il fallait qu'elle gomme certaines images de son esprit très imaginatif. Elle devait se dire que... Oui. Ainsi, elle n'aurait pas à suggérer à Logan d'avoir des rapports en tant qu'Arlette. Par les esprits, il préfèrerait mourir foudroyé que de faire un truc pareil ! Une bonne chose que cela soit inutile pour contrer la malédiction, du coup.

Enfin... il faisait froid, dehors. En chemise de nuit, elle considéra les ténèbres qui s'étendaient devant elle.

Bon... Si elle avait bien compris, il s'agissait là du journal intime du père de Logan.

Qui semblait faire beaucoup, beaucoup d'expériences avec sa mère, afin de découvrir si cela pouvait marcher pour défaire sa malédiction. Déjà, elle savait que sauter sur Arlette ne servirait à rien.

Mais aussi, elle avait constaté que Logan et elle avaient réellement un lien particulier, dû à sa magie intrinsèque. Si elle n'avait pas eu ses capacités, elle n'aurait probablement jamais pu établir un lien direct avec sa malédiction. À présent, cette dernière la reconnaissait quand elle entrait en contact avec, pour la repousser avec la plus grande violence. Comme si elle était une entité propre.

Mmh...

Accoudée au balcon, elle se dit qu'elle devrait finir de lire le carnet. Car l'actuel Marquis était né, d'une façon ou d'une autre. Cela voulait-il dire que Margareth avait réussi à vaincre sa malédiction ? Mais comment ?

Oui, enfin... Elle allait attendre un peu avant de reprendre, car elle ne se sentait pas prête à lire toutes les expériences sexuelles qu'ils avaient pu faire, tous les deux ! Dans tous les cas, le père de Macklar avait tout accepté de sa femme. Tout.

Elle rougit de nouveau.

Il aimait vraiment Margareth, pour tout accepter d'elle alors qu'il était apparemment un homme hétérosexuel. Mais n'était-ce pas cela, le propre de l'amour ? Quel que soit le sexe, on aime, point final. Tout cela n'a pas la moindre importance si les sentiments partagés sont sincères.

Et le père de Logan aimait sa femme comme un fou, faisant fi de toutes les conventions sociales en vigueur dans l'empire Kashar.

Liliane sourit pour elle-même, avant de pousser un profond soupir.

Si Logan était aussi franc du collier que son père, ce serait tellement plus simple ! Mais cet homme était une anguille, qui se défilait plus vite que son ombre quand il était gêné ! Il voulait la protéger ? De quoi ? De lui ? Sans lui demander son avis ?

Car pas un instant il n'avait ouvert la discussion !

Elle serra les dents, regardant méchamment la nuit, à présent.

Elle n'aimait pas cela. Elle n'aimait pas du tout se voir ôter son droit décisionnaire. Jamais Liam n'oserait lui faire une chose pareille ! Mais Liam était son frère. Quant au Marquis...

Un mouvement dans les jardins la fit se figer. Méfiante, elle regarda en contrebas, sans plus oser bouger. Cela avait été furtif. Un animal de nuit ? Un gros chat ? Oui, c'était probablement ça. Avec un soupir, elle rentra dans sa chambre, enfin prête à dormir en dépit de l'heure tardive, lorsqu'une main jaillit de derrière les rideaux.

Poussant un petit cri, elle sentit son cœur s'emballer de façon irraisonnée. Elle se serait débattue, si le Marquis ne lui avait pas fait signe de se taire. Ses yeux verts étaient sérieux, et Herald derrière lui avait déjà l'épée tirée.

Qu'est-ce que...

-Des gens ont infiltré la demeure, murmura Macklar en se penchant à son oreille, lui arrachant involontairement un frisson. Vous restez avec Herald, quoi qu'il advienne. Ne cherchez pas à m'aider, ne cherchez pas à soigner qui que ce soit tant que je ne suis pas revenu vous chercher. D'accord ?

N'envisageant même pas de se rebeller, elle hocha la tête. Ce qui allait se passer était hors de son champ de compétence. Totalement. Elle le savait, elle n'était faite ni pour la guerre ni pour la violence. Ce n'était pas le moment de faire la maligne.

Ce n'est que lorsqu'il posa sa main sur la sienne qu'elle réalisa s'être accrochée à sa chemise. Pleine d'angoisse, elle le lâcha aussitôt, pour joindre ses paumes tremblantes. Elle devait se calmer. Elle devait se calmer. Elle devait...

Les lèvres du Marquis se posèrent sur son front. Les yeux écarquillés, elle releva la tête, le souffle court, pour le voir lui caresser la joue avec une expression douce.

-Ai confiance en moi, Liliane.

Perdue dans ses yeux verts, elle hocha la tête. Oui. Elle lui faisait totalement confiance. Et ce, depuis un moment déjà.

Alors, quand la porte se referma sur lui, elle prit une profonde inspiration. Elle devait se calmer. Et attendre. Attendre avec Herald, qui, l'épée à la main, se posta au milieu de la pièce, tandis qu'elle s'asseyait en tailleur sur le lit. L'attente.

Voilà l'une des choses qu'elle haïssait le plus.

Elle avait toujours attendu.

Attendu que son grand-père lui montre de l'amour. Attendu que son frère vienne à son secours. Attendu qu'il rentre de la guerre. Attendu la mort, sans qu'elle ne vienne. Jusqu'à ce qu'elle rencontre le Chevalier Sanglant, pour la première fois.

Un guerrier pourvu d'une force de combat hors norme, à l'égal de celle du Duc de Karth. Un Chevalier qui avait rompu son attente de la mort, alors qu'elle se trouvait enfermée dans une cage. Alors qu'elle le savait, les hommes autour d'elles allaient rompre leur vœu de ne pas toucher la magicienne de Karth. Car quitte à la tuer pour couvrir leurs traces, autant en profiter un peu...

Et enfermée dans sa cage, elle avait senti l'étau se resserrer autour d'elle, sans qu'elle ne puisse rien y faire. Car elle avait fait vœu de non-violence. Elle avait rejeté toute forme d'agressivité lorsqu'elle était arrivée chez le Grand Mage de Finiance. Tous les enseignements ayant trait à la magie de combat, elle les avait refusés.

Elle qui était magicienne, elle n'était même pas capable de formuler un sortilège de mort.

Car elle ne voulait pas être comme son grand-père. Parce que son frère lui avait demandé de rester elle-même, alors que les portes de l'académie se refermaient sur elle. De rester elle-même, jusqu'à ce qu'il vienne la chercher.

Alors, elle avait attendu.

Jusqu'à ce que Liam revienne en Duc de Karth. Les mains couvertes du sang de leurs ennemis.

Elle se souviendrait toujours du regard de son frère, lorsqu'il l'avait enlacé, toutes ces années après leur séparation. Lui qui était si grand, si fort, il l'avait serré contre lui presque à l'en étouffer. Pourtant, elle ne l'avait pas repoussé. Car jamais, durant leur enfance, elle n'avait vu Liam pleurer. Jamais. Ni sous les brimades, ni sous les coups, ni sous les humiliations. Alors qu'elle-même était une fontaine.

Mais en cet instant où il revenait pour l'arracher des griffes du Grand Mage, il pleurait en silence, en la tenant contre lui.

Son regard resterait à jamais gravé dans son cœur.

Tout comme celui d'il y avait six mois.

Alors qu'il baignait dans le sang des rois de Finiance.

Ils le savaient, pourtant. Il y avait une seule chose qu'il ne fallait pas faire au fidèle Duc de Karth. Et pourtant, ils avaient touché à sa petite sœur. Se croyant plus malins que les autres. Plus puissants que les autres.

Des bruits d'affrontements se firent entendre à l'extérieur. Crispée, les yeux écarquillés dans les ténèbres de la chambre, Liliane considéra Herald. Vigilant, il se tenait prêt à agir à tout moment. Des cris retentirent de toute part, le raclement de l'acier contre l'acier résonna à ses oreilles. Puis soudain, la fenêtre explosa.

Poussant un glapissement de surprise, elle se recroquevilla dans le lit, alors que deux hommes franchissaient l'ouverture fracassée. Non... Non...

Vif comme l'éclair, Herald était déjà sur eux. Son épée au clair, il les repoussa avec violence. Mais ceux en face de lui étaient des tueurs. Et leur cible, c'était elle.

La seule et unique raison de la chute de Finiance.

Elle, et nulle autre.

*

En entendant le bris de verre à l'étage, Logan sentit la fureur exploser en lui.

Ils étaient vingt. Vingt venu pour tuer Liliane.

Il y avait dix soldats en faction dans la propriété, destinés à assurer la protection de cette dernière. Trois avaient été tués par les intrus. Ce qui en laissait sept, en plus de Logan et Herald à l'étage.

En voyant son couloir envahi par onze sbires de Finiance, le Marquis sut qu'il devait immédiatement régler le problème. Tranchant la gorge de l'un de ses adversaires les plus proches, il constata qu'il se trouvait à l'extrémité du corridor. Parfait.

-Soldats ! tonna-t-il en posant un genou à terre, son épée sur l'épaule. Dégagez !

Habitués à leur seigneur et maitre, les guerriers de Macklar sautèrent par la première porte ou fenêtre venue. Leurs adversaires, pris par surprise, n'eurent pas ce réflexe. Ils n'étaient pas de Kashar. Une fraction de seconde, le temps parut se suspendre. Tout parut ralentir aux yeux du Marquis, alors que ceux de ses ennemis s'écarquillaient lentement. Trop lentement pour appréhender les lames de sang qui se matérialisèrent du cadavre à ses pieds, pour l'encercler telle une cage acérée.

En un battement de cœur, il traversa le couloir comme une tornade, lacérant tout sur son passage. Au second battement, les corps déchiquetés de ses adversaires retombaient au sol en morceaux sanguinolents.

-Soldats, empêchez quiconque de quitter la propriété ! rugit-il.

Les guerriers, conscients que le déchainement de violence était passé, s'animèrent aussitôt, revenant au pas de course dans le couloir tapissé de sang, d'entrailles et d'os. Mais le Marquis avait déjà disparu vers l'étage.

La porte de la chambre fut pulvérisée par son entrée à pleine vitesse, prenant au dépourvu aussi bien Herald que ceux qu'il affrontait. Néanmoins, ce ne furent pas eux qu'il visa. Mais les deux qui acculaient Liliane.

Terrorisée, la Magicienne était plaquée contre le mur, entre l'armoire et la table de chevet. Les larmes aux yeux.

Cela lui fut intolérable.

Fondant sur eux, Logan vit ses ennemis avoir un mouvement de panique. Ce fut la seconde d'inattention de trop.

Leur sang éclaboussa l'armoire, le lit, et le Marquis. Mais pas une goutte n'atteignit Liliane.

Herald tranchait la gorge du dernier, lorsque Logan sentit que ses hommes avaient réglé leur compte aux derniers adversaires, dans les jardins.

-C'est fini, déclara-t-il en se tournant vers la jeune femme. Liliane...

Il tendit la main vers elle, pour essuyer les larmes roulant sur ses joues. Mais ce faisant, il vit le sang couvrant ses doigts. Son corps entier. Ah... En cet instant, alors que la peur voilait le regard bleu délavé de la magicienne, il se souvint de ce qu'il était réellement.

Le Chevalier Sanglant.

-Vous...

Le Marquis s'attendait à beaucoup de choses. Mais certainement pas à ce qu'elle fonde en larmes en passant les bras autour de son cou. Il eut un instant de flou, avant de lui rendre son étreinte. Il était couvert de sang ! Confus, il caressa ses cheveux tout en lui murmurant que tout allait bien.

Du coin de l'œil, il vit Herald ouvrir la porte, puis lui faire signe de sortir. Bonne idée. Mieux valait éviter de l'exposer à tous ces cadavres.

La prenant dans ses bras, il l'emporta vers sa propre chambre, juste à côté. Cette dernière, épargnée de tout carnage, avait un feu ronflant dans la cheminée et une ambiance, il l'espérait, chaleureuse.

-Liliane, murmura-t-il en s'asseyant sur le canapé, la jeune femme sur ses genoux. Comment allez-vous ?

-Très bien, hoqueta-t-elle, une fois sa crise de larmes passée.

C'était l'essentiel. La serrant contre lui, il lui caressa le dos, tout en se calant plus confortablement contre les coussins. Elle se détendit petit à petit dans son étreinte, ses sanglots se faisant reniflements, au fur et à mesure qu'elle se calmait.

-Je suis navrée. Je gère mal ce genre de situation.

-Ce n'est pas un problème, fit-il en lui embrassant le front. Je suis là pour m'occuper de ça.

-Mmh...

-Je dois aller voir si tout va bien sur la propriété. Restez dans ma chambre, je vous la laisse pour la nuit. D'accord ?

-Non.

Comment ça, non ?

-Je ne veux pas rester seule, avoua-t-elle en s'agrippant à sa chemise. Et puis, s'il y a des blessés, je suis la mieux placée pour les soigner.

C'est donc ainsi qu'ils s'occupèrent de gérer les conséquences de l'attaque. Les soldats furent surpris de voir la fragile magicienne aux yeux rougis par les larmes au côté du Marquis. Mais plus encore de la voir se déplacer main dans la main avec lui, en dépit du sang qui le recouvrait. Et lui ne lâcha pas le côté de la damoiselle de Karth, qui soigna chacune des blessures, même mineures, avec le sourire.

Quand ils se retirèrent pour la nuit, une nouvelle rumeur se répandit parmi les gens de la maisonnée. Une rumeur qui donnait le sourire à chacun.

Mais dont aucun des deux concernés, qui s'affrontèrent dès le lendemain matin, n'avait conscience.


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