Lentement, je suis revenue à moi. De fins rayons de soleil me chatouillaient les paupières, et sous cette douceur inespérée, je me suis décidée à ouvrir les yeux.

Je fus assez surprise de constater que des branches remplient de feuilles entouraient mon visage. J'ai tourné la tête sur ma droite. Mon mouvement fut un peu trop brusque, et j'ai porté la main à mon cou, en grimaçant. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais inconsciente, mais ma blessure n'avait pas totalement cicatrisée et c'était encore très douloureux.

Je me suis reconcentrée sur mon environnement. J'étais allongée sur quelque chose de mou, qui se balancé légèrement de droite à gauche à chacun de mes mouvements.

Avec milles et une précautions, j'ai fini par réussir à me redresser, pour venir ensuite m'asseoir. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j'ai regardé autour de moi. Un petit cri s'est échappé de mes lèvres, et je me suis agrippée à la branche la plus proche, horrifiée.

Je me trouvais dans un hamac, suspendu haut - trop haut- dans un arbre. Le sol paraissait loin en contrebas. Pour une fille atteinte de la phobie des hauteurs, la situation était assez ingérable.

J'ai essayé de me calmer en fermant les yeux pour me maîtriser et reprendre mon souffle. Je n'ai pas lâché ma branche pour autant, l'enserrant contre ma poitrine comme un gilet de sauvetage.

- Putain, mais c'est quoi ce délire... Qui m'a amené ici ? Et pourquoi je suis si haut, bordel ?! ai-je murmuré pour moi même.

Une voix masculine sortie de nul part m'a soudainement fait sursauter, faisant doucement balancer le hamac par la même occasion.

- Eh ben, t'as pas vraiment l'air à l'aise !

J'ai rouvert les yeux pour tourner la tête vers le nouvel arrivant. Un parfait inconnu se trouvait devant moi, assit en tailleur sur une branche un peu plus haute. Ses cheveux étaient bruns et légèrement bouclés sur les bords, et ses yeux avait la couleur de l'émeraude. Il portait un t-shirt vert assortit à ses yeux, et un jean noir basique. On lui donnait facilement la vingtaine, peu être moins.

Il était vraiment beau, avec son petit sourire en coin et ses yeux pétillants.

Mes pensées se sont un instant attardées sur Ace et son visage parfait, mais je me suis forcée à oublier cette image. Je n'avais plus envie de penser à ce monstre. Mais malheureusement pour moi, le sourire que me lança le garçon dévoila des canines un peu trop pointues.

Un vampire, encore un.

J'avais un instant espéré tomber sur quelqu'un de différent.

- Je suis Orion, a t-il dit en tendant la main vers moi.

Je me suis détournée, ignorant son bras tendu.

- Ne t'approche pas de moi ! Tu es comme les autres, tout ce qui t'intéresse c'est mon sang !

Un silence prit place. J'ai soudain senti le hamac s'alourdir, et un bras m'a encerclé la taille.

- Non ! Je...

- Arrête de bouger ! a-t-il ordonné froidement en déposant sa main libre sur ma trace de morsure encore fraîche.

Je me suis tû. Ses doigts caressèrent doucement ma blessure, et il prit le soin de ne pas appuyer et de faire attention à ce que ses ongles ne m'entaillent pas la peau.

Il écarta ensuite mes lèvres, à l'aide de son index et son pouce.

- Je savais bien que tu étais humaine, vu l'odeur que tu dégage. Pourtant, tu aurais dû te métamorphoser...

J'ai retint mon souffle.

- Je ne vais pas te mordre, a-t-il finit par dire en me lâchant.

Il sauta agilement pour revenir se placer sur sa branche.

- Cette morsure est celle de Sven, pas vrai ?

J'ai hoché la tête, un peu tremblante.

- Ecoute, on va d'abord mettre quelques petites choses au clair. Je ne suis pas de ceux qui court après ton sang, car il ne m'intéresse pas.

- Tu es un vampire ! Ce n'est pas ce vous voulez en général ?!

Je fus surprise par les mots qui sortirent de ma bouche. Je ne devais pas me montrer trop agressive, étant donné que j'étais sans aucun doute la plus faible de nous deux. Et je n'avais pas vraiment envie qu'il me le prouve.

- Tais-toi, et laisse moi parler ! Les questions viendront après.

Son ton était sévère, mais n'avait rien de menaçant. De plus, il était toujours assis sur sa branche et n'avait pas l'air de vouloir me sauter dessus, même si c'était presque ce qu'il avait fait quelques minutes plus tôt.

" Bon Elisa, ce n'est pas le moment de se ré-attirer des ennuis, alors reste calme. "

- Tous les vampires ne sont pas des " cannibales ", a reprit Orion en laissant pendre ses pieds dans le vide. Nous ne sommes pas comme ceux de la colonie de Sven.

- Nous ?

Cela avait traversé mes lèvres sans que je me rende compte, et je me suis un peu raidîtes devant son regard noir. J'avais besoin de réponses, quand allais-je les avoir ?

- J'y viens. Je fais parti d'une colonie, tout comme Sven est le chef d'une autre. Mais nos cultures sont différentes : dans ma colonie, nous ne nous nourrissons que de sang animal.

-  Je... Peux poser des questions ? ai-je demandé timidement lorsqu'il eut finit sa phrase.

- Vas-y, a t-il cédé.

- Combien de " colonies " y a t-il dans cette forêt ? Comment est-il possible qu'il existe des... classes différentes de vampires ? Comment connais tu Sven et sa colonie ? Et comment je me suis retrouvée ici ?

Orion a fait les gros yeux, avant d'éclater de rire, dévoilant parfaitement sa dentition - qui me mettait encore mal à l'aise, malgré moi.

- Il y a beaucoup de " comment " dans tes questions, tu ne trouves pas ?

Voyant que je n'avais pas du tout envie de rire, il s'est tût et a reprit son sérieux.

" Il s'attendait à ce que je lui tombe dans les bras ou quoi ? "

- Bon, je vais essayer de répondre au mieux. Pour commencer, il y a seulement deux grandes colonies dans cette forêt - qui sont celles que je t'ai déjà citées. Ensuite, ces "classes" comme tu dis, n'en sont pas vraiment. C'est un choix naturel que les vampires font; certains préfèrent le sang humain, d'autre le sang animal. Il n'y a pas vraiment d'explication à cela, même si c'est sans doute un peu lié à la personnalité des individus.

" C'est totalement dingue cette histoire... "

Pourtant, j'ai progressivement lâché ma branche - sur laquelle je n'avais toujours pas desserré mon emprise - pour m'asseoir plus confortable dans mon hamac, tout en l'écoutant attentivement.

Les yeux d'Orion se sont assombris.

- Pour ce qui est de Sven... Disons que j'ai un certain passé en commun avec lui, et ce fût surtout le cas de mes parents. Ce vampire est bien plus qu'un buveur de sans humain, ce qu'il a commis tout au long de sa longue vie est bien pire. Un cannibale, voilà ce qu'il est.

Ces derniers mots furent glaçants, et un frisson me parcourut le dos. Instinctivement, j'ai porté la main à la morsure dans mon cou.

Je n'ai pas osé demander des détails concernant ses parents, mais je dois avoué qu'il avait légèrement soulevé ma curiosité.

- En réponse à ta dernière question, saches que je t'ai sauvé la vie, alors estimes toi heureuse !