♦ Chapitre 16 ♦ Mémoire Défaillante
J'ai croisé une jambe sur l'autre au niveau du genou, en regardant droit devant moi.
Je sentais le regard brûlant d'Ace sur mon visage, et je n'osais plus tourner la tête. C'était étrange, la façon dont il me mettait mal à l'aise.
Je me suis interdite de penser à cela pour le moment; il me fallait rester concentrée. J'ai ainsi gardé ma mine sérieuse et impassible, tout en posant ma première question.
- Que sais-tu d'Oscarveld ?
Il m'a fixé un moment, avant de détourner la tête vers ses pieds.
- Je ne sais pas grand-chose de lui, seulement qu'il déteste les vampires...
Il a murmuré quelque-chose suite à cette phrase, et je ne réussis à capter que le mot " réciproque ". Néanmoins, ça n'attira pas plus que ça mon attention.
- Comment es-tu au courant de ça ? Je connais un minimum mon oncle, il ne dévoilerait pas ce genre de détail sur sa personne à un domestique, même si c'est assez minime.
J'étais curieuse de savoir ce qu'il allait trouver à répondre.
- Il n'y a qu'à regarder son jardin pour s'en rendre compte, a-t-il dit en désignant l'arrière du terrain, à l'endroit de la barrière.
J'ai brusquement tourné la tête vers lui, stupéfaite. J'eue d'ailleurs juste le temps de le voir grimacer en se tenant les côtes quelques instants, avant qu'il ne redevienne impassible et souriant.
- Alors tu connais l'existence... de la barrière ?
- Oui. Il se trouve que j'ai pas mal étudié ce genre de choses.
- Ce genre de choses ?
- Ouais tu sais, les vampires, les... créatures buveuses de sang... Ce genre de trucs, a t-il expliqué en haussant les épaules.
Ce geste parut le faire souffrir, et il porta de nouveau la main à ses côtes.
- Ca va ? ai-je demandé, un peu inquiète.
- Oui, oui. T'en fais pas.
- D'accord...
Néanmoins, je l'ai aperçu serrer les dents.
J'ai machinalement levé la main vers lui pour lui attraper le bras. Lorsque mes doigts sont entrés en contact avec la manche de son costume, une sensation de froid intense parcourut tous mes membres.
Sa peau était glaciale. Même à travers ses vêtements, je pouvais le sentir.
Ace a vivement retiré son bras de mon emprise, presque brusquement.
Il n'avait plus l'air d'être le même qu'il y a quelques instants : son sourire avait maintenant définitivement disparu de son beau visage charmeur.
Lorsque qu'il tourna les yeux vers moi, un second frisson me parcourut de la tête aux pieds, cette fois brûlant. Dans ses yeux, des flammes rouges dansaient par intermittence. Il s'est humecté les lèvres, sans me quitter des yeux.
C'était incroyable, la vitesse à laquelle il avait dégénéré.
- Ta peau... a l'air si douce et si fragile, a t-il dit doucement.
C'est là que j'ai commencé à comprendre. Comprendre que je n'aurais jamais dû rejoindre Ace en dehors du manoir.
Il était effrayant.
Je me suis levée, puis j'ai commencé à marcher à reculons, pour m'éloigner le plus possible de lui. Malheureusement pour moi, il s'est levé à son tour et s'est dirigé dans ma direction, en passant la main dans ses cheveux.
J'ai remarqué en baissant les yeux, qu'il marchait avec difficulté, de la même manière que la dernière fois que je l'avais vu.
Sauf que cette fois-ci, il perdait du sang.
Celui-ci avait l'air de goûter de son pantalon. J'ai porté la main à mon visage, horrifiée.
Soudain, mon dos a heurté quelque-chose. La haie. J'étais maintenant arrivée au stade où je ne pouvais plus reculer.
J'ai tourné la tête à gauche. La sortie et le chemin se rendant au manoir se situaient juste là, à quelques mètres de moi.
Mais je n'eue même pas le temps de réagir, que je me suis retrouvée plaquée contre la haie, les poignée maintenus fermement au dessus de ma tête. Le regard bestial qu'avait Ace à cet instant même me terrifia.
Ses yeux était maintenant totalement rouge, et sa peau blanche comme neige. Il saignait abondamment à mes pieds.
- J'ai besoin de ton sang pour raviver mes forces, a-t-il dit en déplaçant son regard vers mon cou.
" Un vampire... C'est un vampire, Elisa ! Enfuis toi ! "
J'ai tenté de libérer mes poignets, dans un excès de panique, mais il ne bougèrent pas d'un millimètre. La force d'Ace était incroyable.
Ce dernier a incliné la tête sur le côté, et m'a léché le cou, lentement.
J'étais tétanisée.
Il allait me mordre, me vider de mon sang, voir même me tuer !
Il a retroussé les lèvres, dévoilant de magnifiques canines pointues.
C'est à ce moment là que j'ai pris mon courage à deux mains pour hurler :
- Quelqu'un, à l'aide !
Ace me plaqua un doigt sur les lèvres.
- Tais-toi !
Je lui ai sauvagement mordu le doigt, avant de me remettre à hurler.
A mon grand soulagement, après des secondes d'acharnement qui parurent durer une éternité, des pas pressants me sont parvenus, et la voix de Méline s'est élevée d'entre les haies.
- Mademoiselle Elisabetha, où êtes-vous ?!
Ace a juré, avant de plaqué une main sur mon front et de me rejeter la tête en arrière, alors que je continuais de me débattre.
- J'aurais ton sang, sois en sûre !
Puis, il a passé la main devant mes yeux, et, presque instantanément, je me suis évanouie.
~~
J'ai repris connaissance dans le salon.
J'étais allongée sur le canapé, un linge humide sur le front. Méline et Sophie étaient penchées sur moi, ainsi qu'Oscarveld, à ma grande surprise.
- Qu'est ce que... qu'est ce qu'il s'est passé ?
Tout était flou dans ma tête, et la pièce tournait légèrement autour de moi.
- C'est plutôt à toi de nous le dire, Elisabehta. Que t'est-il arrivé ?
C'était mon oncle qui avait prononcé cette phrase. Pour la première fois, il semblait inquiet à mon sujet.
- Je...
- Étais-tu avec quelqu'un ?
- Je... ne crois pas...
Je n'avais absolument aucun souvenir des évènements récents de la journée. Même en creusant, je n'obtenais pas plus d'informations.
Pourtant, j'avais l'impression qu'il me manquait quelque-chose. Comme si, quelqu'un m'avait arraché des souvenirs.
- Je ne me rappelle de rien. Que s'est-il passé ?
- Méline t'a retrouvé évanouie à côté de la fontaine, Elisa, a expliqué Sophie.
- Evanouie ?
Je n'avais aucun idée de l'origine de mon évanouissement.
Oscarveld m'a attrapé les épaules, rapprochant son visage à quelques centimètres du mien.
- Étais-tu seule ? a t-il répété, l'air sombre.
- Oui... Je pense...
J'avais un mal fou à me souvenir.
- Monsieur, sil-vous-plaît, ne la brusquez pas trop ! Laissez la reprendre ses esprits.
Il m'a lâché, puis s'est redressé, le regard grave.
- Je reconnais ce pouvoir. Il y en a un qui a réussit à passer la barrière !
Puis, sans en dire plus, il partit rapidement, affolé.
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