Je jetai un regard à la tablette murale, 3h00. Je n'allais décidément jamais le trouver ce putain de sommeil. Nonchalamment, je sortis de mon lit pour aller ouvrir le store. Jour ou nuit, la luminosité ne faisait aucunes différences mais le bruit changeait tout. Autour de moi tout était silencieux. Aucuns bruits de moteur, de vaisseaux qui passent, aucuns bruit sur la voie de déplacement, pas de bruit de pas dans les couloirs, de sas qui s'ouvrent ou encore de grincements d'écoutilles, rien. Je pris une grande inspiration, profitant de ce rare moment de silence avant de saisir le manuel sur mon bureau et de le balancer à l'autre bout de la pièce avec rage. Saloperie de Quartier Général, saloperie de D5, saloperie de gouvernement. N'ayant rien de mieux à faire, je tirai un fauteuil devant la baie vitrée et je m'y assis livre en main.

C'est uniquement après deux heures de lecture que je finis par être emportée par Morphée, la tête sur les genoux.

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-Debout princesse, debout !

Lorsque j'ouvris les yeux, j'étais allongée au sol, gelée. Mon père me secouait par épaules en me criant de me lever.

-Quoi encore ? Murmurais-je

-Il est 7h00, on nous attends au Quartier pour 8h00! Remue-toi !

Mon corps répondit tout à coup, comme électrifié. Je me levai, poussai mon père et courus à la salle de bain.

Je bâtis mon record en me lavant en deux minutes, oubliant mes cheveux. Ma tenue se voulait pratique, j'avais choisis un leggings noir et un débardeur recouvert d'un pull-over. Je mis le tout et enfilai mes Rangers qui m'attendaient sous le lavabo.

7h10. J'avais une chance d'arriver à l'heure. Je filai à la cuisine où m'attendaient mes parents pour un dernier petit déjeuner en famille.

Je me stoppai net en pénétrant dans la pièce : des ballons étaient accrochés de partout dans la petite cabine et la table de métal disparaissait sous la multitude de nourriture qu'ils avaient préparé. Je fit le compte. Viennoiseries, gâteaux, biscuits, crêpes, confitures et salade de fruits. Un ruban en papier était accroché au mur, dessus il était écrit ''On t'aime L6'' en lettres de feutrine. Une œuvre de maman pour sûr. Je me tournai vers eux et les enlaçai tendrement.

-Merci beaucoup, ça me touche énormément.

-Il fallait bien fêter ça, répondit ma mère. Et la prochaine fête qu'on célébrera sera celle de la remise de ton diplôme.

-Dans deux mois, finis-je d'une moue déprimée.

-Ils seront géniaux ces deux mois, tu verra. Je suis persuadée que la Terre n'est pas dangereuse.

Son sourire trahissait une inquiétude dissimulée et mon père ne semblait pas moins serein. Il promettait ce voyage.

-Je l'espère, lançai-je comme toute réponse. On mange ? J'ai faim!

-Moi aussi ! Grogna mon père en caressant son ventre un air comique plaqué sur le visage.

Nous nous installâmes à table pour un copieux petit déjeuner. La présence de fruits exotiques m'étonna au plus haut point ; ils était quasiment impossible à trouver et coûtaient une fortune. La bouche encore pleine, je désignai la coupelle devant moi.

-Vous les avez trouvé où?

-Tu ne me croira jamais, répondit mon père, en allant faire des courses rapides tôt ce matin, j'ai retrouvé un vieil ami à moi qui vendait ses fruits sur un petit stand et ils me les a vendu vraiment pas cher. Ils sont bons hein! Là si je ne suis pas le meilleur ...

J'ouvris la bouche pour répliquer,

-Délicieux, me coupa ma mère en souriant.

Je me mis à rire devant mon père fier de ses fruits et ma mère qui essayait de prendre part à la conversation. Mes parents me dévisagèrent avant d'exploser à leurs tour.

-Merci pour cet instant de bonheur, leurs lançai-je.

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Aux alentours de 7h40, nous nous dirigeâmes vers la navette et, en retard nous décidâmes de payer la voie expresse pour arriver en un temps record au Quartier. C'est ainsi que nous nous retrouvâmes dans la salle d'attente avec cinq larges minutes d'avances. j'entortillai mes doigts nerveusement, mon père posa sa main sur mon épaule pour me rassurer. Autour de nous, pas tous les choisis étaient accompagnés de leurs parents. Certains étaient seuls, d'autres se rassemblaient en groupe. Du coin de l'œil j'aperçu misse dingo la rousse qui me fit un signe. Je lui répondit avant de détourner le regard, elle était sympa mais vraiment bizarre.

-Ma chérie ton ami est là, me dit ma mère.

Je tournai mon regard vers l'entrée pour voir un Z4 souriant mais anxieux. En fait mise à part nous quatre, tout le monde semblait pressé d'appareiller. Je soufflai avant de me tourner vers mon ami qui était maintenant à côté de moi.

-Salut.

Ma voix était plate, sans émotion.

-C'est le grand jour hein. Répondit-il sur le même ton.

-Et bien c'est la joie ici, nous dit mon père, aller je veux voir des sourires là .

Moi et Z4 levâmes les yeux aux ciel en même temps. Ma mère, sérieuse, tira mon père par la manche en désignant la porte intérieure. Je regardai dans la direction indiquée pour apercevoir le ministre de la jeunesse, D5. Il implora le silence avant de prendre la parole.

-Bonjour jeunes gens, tout le monde est là?

Il observa l'assemblée en détails avant de continuer,

-Comme vous le savez nous allons ce matin visiter le vaisseau. Vous aurez le temps de faire vos au-revoir à vos familles cet après-midi. Je vous prie de bien vouloir me suivre.

Les jeunes de la salle se rassemblèrent en un rang serré derrière le ministre. J'embrassai mes parents avant de les rejoindre suivie de près par Z4.

Il s'adressa ensuite à nos familles,

-Vos enfants seront de retour dans cette même salle à 12h00. Le décollage est prévu pour 17h00.

Nous avançâmes en tirant nos valises et la porte se referma derrière nous.

Nous traversâmes de longs corridors avant de descendre dans un sous-sol froid et gris. Ici, il nous fit monter dans un ascenseur en tube et nous atterrîmes dans une petite pièce ronde et vide au bout d'une bonne minute.

-Vous êtes ici dans la première pièce du vaisseau.

Nous nous regardâmes tous interloqués. Un garçon prit la parole.

-Déjà? Mais... Nous n'avons pas vu l'appareil de l'extérieur, enfin je veux dire, l'entrée était trop simple pour être celle d'un aussi grand vaisseau.

-Et alors? Vous savez nous ne sommes plus à l'âge de Terre, nous avons fait des progrès. l'embarquement ne se fait pas forcément de l'extérieur. Nous répondit le ministre d'une voie forte. Suivez moi.

Il nous entraîna dans un couloir métallique qui déboucha sur une grande salle ronde. Une belle pièce, joliment décorée. Elle était remplie de plusieurs fauteuils, d'un grand écran plat et de trois postes d'ordinateurs. De grands tableaux représentants étoiles, soleils et galaxies parsemaient le mur.

-Vous êtes ici dans la première salle de détente. D5 stoppa la marche une minutes pour nous laisser le temps de bien voir la pièce avant de continuer vers un grand sas. Celui-ci nous mena dans la grande cuisine. Comme chez moi, elle était vraiment toute grise de métal mais elle était bien équipée. Nous poursuivîmes vers la salle à manger qui était reliée à la pièce précédente par un grand bar. Il y avait plusieurs tables rondes, un peu comme dans une cafétéria et au fond de la pièce se dressait une petite jardinière fleurie. Ils avaient ici fait l'effort de peindre les murs en marron, ce qui réchauffait la pièce.

La visite fila, le vaisseau était beau et moderne. La bibliothèque fut la pièce qui m'impressionna le plus. Elle était vraiment grande et très bien remplie, elle était faites de grands meubles en bois noir qui lui donnait un air vieillot et les raillons étaient très variés. Nous arrivâmes à l'aile droite qui contenait les chambres, nos noms étaient déjà écris sur les portes. D5 nous laissa aller visiter. Ma chambre était à cinq porte de celle de Z4. Lorsque je posai la main sur la poignée, celle-ci clignota bleu et la porte s'ouvrir sans problèmes. Ils avaient déjà programmé la sécurité.

Les murs étaient peins en blanc mais le sol restait métallique. Ma couchette blanche était dans un coin, juste devant un hublot. Je posai mes bagages dessus. À ma droite se tenait un petit bureau et une lampe de chevet. Je possédait une penderie incrustée dans le mur et une étagère en hauteur comme espaces de rangements. La pièce était totalement vide et elle sentait le produit d'entretien, l'odeur était plus persistante que dans les autres pièces et ça en devenait même désagréable. Le plafond disposait de leds blanches dont je pouvais contrôler l'intensité via une télécommande au mur. Je m'assis sur ma chaise et posai mes jambes sur le bureau pour me détendre. Nous allions risquer notre vie mais le quartier général avait quand même fait l'effort de nous mettre à l'aise dans ce vaisseau-confort.

Je restais là une minute avant de sortir dans le corridor pour rejoindre mon ami. Arrivée devant sa porte je toquai avant qu'il ne m'ouvre ; J'entrai et il referma derrière moi. Je pris place sur la couchette pendant qu'il s'adossa au mur d'en face.

-Alors miss, ta cabine?

-C'est la même que la tienne. On n'a pas à se plaindre je pense.

-Pas faux. Ils on au moins le mérite d'avoir fait construire un bel engin.

-mmmh.

Il vînt s'asseoir à mes côtés,

-Allez, détends toi, tu te rappelle des techniques de combat que je t'ai apprise ? Tu assurera en cas de danger crois moi. On rentrera chez nous, je te le jure L6.

Je mis ma tête sur son épaule sans répondre. Je ne savais pas si je me sentais bien ou pas, je ne savais pas si j'avais peur ou non, je ne voulais rien savoir. Juste ne plus penser un instant.

Une voie s'éleva dans la pièce,

Rassemblement en rangs dans le corridor dans deux minutes. Merci.

Nous nous levâmes pour rejoindre les jeunes déjà présents dans le couloir.

Autour de nous tous le monde étaient joyeux, je tournai la tête vers le ministre qui affichait une mine satisfaite. Il tourna la tête et ses yeux rencontrèrent les miens. Il me dévisagea une minute, impassible, puis détourna le regard. L'espace d'une seconde j'avais cru y déceler une once de moquerie. Deux minutes plus tard, il nous raccompagna jusqu'à la salle d'attente ou poireautaient déjà mes parents.

12h10, il n'avait pas été très ponctuel.

Je les enlaçait de nouveau et nous nous dirigeâmes vers la sortie.

-Il y a un restaurant panoramique à 10 minutes, ça vous dit ? Demanda mon père.

-Pourquoi pas, répondis-je joyeusement. Je faisais un effort surhumain pour garder un sourire plaqué sur le visage, je n'avais actuellement qu'une envie, m'avachir devant la télé aux côtés de V9 avec une bonne pizza, comme un jour banal. D'ailleurs, cela faisais un moment que je n'avais pas eu de nouvelle de ma meilleure amie. Je sortis mon téléphone et lui envoyai un message.

"Coucou comment tu va ? Ça fait un petit moment. Tu me manque tu sais."

J'appuyai sur "envoyer" et rangeai l'appareil dans mon sweat.

10 minutes plus tard, toujours aucunes réponses. Elle qui répondait si vite habituellement.

L'enseigne du restaurant de dessinait enfin devant nous. Je m'apprêtais à pénétrer à l'intérieur de la bâtisse lorsque une silhouette familière se dessina devant moi.

-Coucou, patate !

-Non mais j'y crois pas !! Qu'est-ce que tu fais la ?

V9 se tenait devant moi, un sourire béat sur le visage.

-Tu pensais vraiment que j'allais te laisser filer comme ça ? Je me suis organisée avec tes parents et me voilà !

Je sautais dans ses bras pour l'enlacer.

Elle se pencha sur le côté pour désigner Z4,

-Et lui c'est qui?

-V9 je te présente Z4, un garçon bizarre qui est apparu dans ma vie il y a seulement quelques jours. Z4, voici V9 ma meilleure amie.

Ce dernier se pencha dans une disgracieuse révérence ce qui déclencha l'hilarité générale.

Tous ensemble, c'est l'humeur joyeuse que nous pénétrâmes dans le restaurant pour notre dernier déjeuner familial.

À table, mes parents nous demandèrent de raconter notre matinée, je la conta platement avant de changer de sujet rapidement.

-sinon V9, le travail ?

-Et bien, les gens sont toujours aussi ennuyants et la bibliothèque est toujours aussi silencieuse. Comme d'habitude quoi.

Elle me lança un grand sourire en tapant dans ses mains,

-Tu imagine la chance que tu as ? La Terre L6! La Terre! J'aimerai tellement être à ta place !

Je me raidis sur ses propos mais répondis tout de même à son sourire.

-Le vaisseau est très beau. Mais tu sais je suis un peu anxieuse, on ne sais pas ce qui nous attend là bas.

-Rien de dangereux j'en suis certaine ! C'est très certainement hyper protégé. Vous êtes très bien encadrés le Quartier Général est très responsable.

-Tu as sûrement raison, dis-je sans y croire un mot.

Je replongeai la tête dans mon plat en croisant au passage le regard encourageant de Z4. Je l'ignorait tout simplement, je n'étais plus d'humeur.

Nous finîmes de manger dans un silence gênant que personne n'osait briser.

Mon père regarda sa montre.

-Il nous reste 3 heures à tuer, vous voulez faire quoi?

-Pourquoi pas un cinéma, lança au hasard ma mère.

-Je vote pour ! Répondis ma meilleure amie.

Nous nous mîmes donc d'accord. 20 minutes de marche plus tard nous étions devant ledit cinéma. Nous regardâmes un film de comédie pour se détendre.

-15h00, encore une heure. Clama mon père après la séance.

-On va au parc ? Lança ma mère.

-Ok.

Même après le film l'atmosphère était extrêmement tendue, nous marchâmes 5 minutes dans le silence avant d'apercevoir les premiers arbres. La tête ailleurs j'avançais rapidement sans regarder le sol.

-L6 attention !! Cria une voix.

J'entendis un bruit puissant qui me sembla être un Klaxon et je compris, idiote comme je l'étais j'avais traversé la voie d'un airtrain sans regarder et j'allais me faire écraser. Je me préparais à la douleur les larmes aux yeux lorsque deux mains puissantes m'arrachèrent de mes racines pour me tirer vers l'arrière.

Je restai là, tétanisée pendant qu'autour de moi plusieurs personnes s'agitaient dans un bruit sourd.

-Ça va? Eh, L6 ma puce ?

Mon père me secouait à bout de bras, je m'efforçai de lui sourire et il me sera fort contre lui.

-J'ai eu peur ne me refais plus jamais ça.

Le coup de stress passé, ma mère m'embrassa, V9 me claqua amicalement dans le dos et Z4 me sourit, soulagé.

Je devais mettre ma tête en place. Et me concentrer. Si je manquais de mourir stupidement écrasée qu'est-ce que je deviendrai sur Terre. Ma famille m'aimait et mes amis aussi, je devais me battre pour eux, et survivre .

J'affichai un grand sourire et me tournai vers eux en rigolant,

-Hop, la vie continu tant que je suis là! On y va ?

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L'heure passa très vite et nous fîmes de retour au quartier à 15h55. Il nous restait cinq minutes. Juste cinq courtes minutes. Je me tournai vers ma famille et sautai dans leurs bras pour leurs dire au revoir. Je voulais que le temps s'arrête maintenant. Mais je sus que mon souhait n'avait pas été exaucé lorsque V9 me sourit tristement en désignant la porte. Dans l'encadrement se tenaient bien droit le ministre et les deux autres personnes qu'il nous avait présenté à savoir le pilote et notre guide de voyage.

Il nous appela et je retenais mes larmes en me détachant de mes parents. J'embrassais ma meilleure amie et Z4 glissa sa main dans la mienne en la serrant fort. Ensemble nous nous avançâmes vers la file de choisis surexcités sans un regard en arrière.

-Nous allons être forts, chuchota mon ami à mon oreille lorsque le groupe s'avança lentement dans le couloir métallique.

Une pièce était spécialement prévue pour les lancements et atterrissages. Elle était verticale et nos siège étaient accrochés aux murs. Au dessus de nous une grande vitre donnait une belle vue sur le dôme de Xoria et son sas que nous allions traverser. Je pris une grande inspiration et bouclai ma ceinture. Z4 s'était installé à mes côtés. Nous attendîmes une dizaine de minutes le temps que tout le monde s'installe puis un écran apparu devant nous avec un compte à rebours. Même à l'intérieur nous pouvions entendre les clameurs de la foule. Mes parents et V9 étaient en bas. Je ne les reverraient peut-être jamais. Ma vue s'embua et Z4 posa sa main sur mon genoux. Je lui souris tristement.

10

9

8

7

6

5

Non....

4

3

Le moteur gronda, je pressai la main de mon ami.

2

1

Le vaisseau fut propulsé à une vitesse folle, nous plaquant tous contre nos dossiers.

Les cris de la foule s'atténuèrent rapidement.

Nous voilà partis.