Chapitre 2 : L'homme est une pluie de merde


— AUKAI — 


Je pousse la porte du refuge en soufflant comme un bœuf. Heipoe va me tuer lorsque je la verrais, je le sens. Elle me marmonnera la chanson habituelle avant de répliquer que je suis complètement inconscient. Et elle aura raison. Parce qu'accueillir un parfait inconnu dans son appart sous prétexte qu'il est terrorisé par les orages, c'était franchement pas malin. J'ai l'impression d'avoir merdé une nouvelle fois, d'avoir franchi une limite qui pourtant m'avait bien protégée jusque-là. Je ne suis qu'un con. Même si ça fait presque une semaine, ça continue de me triturer la tête.

— Salut Aukai, t'es là tôt aujourd'hui, me lance Clémence depuis l'accueil.

— Tu m'as dit qu'il y avait du taff, alors me voilà.

— Ouais, bien sûr, se moque-t-elle gentiment. T'as surtout envie de voir Lana. Occupe-toi des litières avant, tu veux ?

— Je suis pas là que pour elle, me défends-je.

— Et fais pas ton ours.

Je grogne et elle rit. J'aime bien entendre ce son, il m'apaise. Même si je fais mon ours, elle sait à quel point je l'apprécie et lui suis reconnaissait.

Elle m'est tombée dessus il y a presque quatre ans, un matin où je venais avec un carton dans les mains. Je l'avais trouvé près de la déchetterie. 3 chatons à moitié morts de faim, gavés de puces, tiques et autres parasites. J'ai mis un tel dévouement dans leur rétablissement que Clémence a insisté pour que je devienne un des membres de l'assos'. Le Refuge des Anges secoure et soigne les animaux abandonnés, du pitbull maltraité au chaton jeté par la fenêtre d'une bagnole. Il y en a bien plus qu'on ne croit.

En gravissant les marches, je rejoins l'étage des chats pour m'occuper des enclos. À l'instant où le parquet signale ma présence, des miaulements m'interpellent derrière chacun des grillages. À huit heures le samedi, je dois être la première tête qu'ils voient de la journée. Dommage pour eux.

Dans une espèce de cagibi, je récupère un sac, une pelle en plastique et de la litière neuve. Commencer dans les déjections n'est pas ce que je préfère, mais après je suis tranquille. Ma sœur trouve que c'est ingrat de faire ça bénévolement. Pour moi, c'est une aubaine de me laisser secourir ceux auxquels j'aime me dévouer. Et ils sont bien les seuls.

— Newt ? appelé-je en passant la tête à travers la porte étroite de la cage.

Un gros chat gris descend de son arbre et me regarde de son seul œil. La sœur de Clémence a voulu l'appeler Newt pour ses airs avec le personnage dans un film pour ado. Je trouve que ça lui va bien, au fond.

Ses ronronnements commencent déjà, alors qu'il se frotte à mes cuisses en émettant des drôles de miaulements. À presque douze ans, Newt n'est plus tout jeune, mais il a le mérite d'aimer la vie. Il agite ses moustaches.

— Il est tôt pour manger, tu crois pas ?

Il croasse une réponse. Ce chat devait être un crapaud dans une ancienne vie. Ma sœur en est presque certaine.

— OK, me résigne-je. Après la litière par contre.

Même s'il ne comprend pas un traitre mot de ce que je raconte, il se frotte contre mon pantalon. Agenouillé, je nettoie sa litière et sent qu'il observe ce que je fais avec une moue sceptique. Il n'aime pas que j'y touche.

Quand je me relève pour passer à l'enclos suivant, je l'entends m'appeler.

— Après j'ai dit, espèce de lardon.

Ses oreilles abimées s'agitent avec sa queue à moitié déplumée. Ce chat de gouttière n'a aucune grâce, mais il faut reconnaître qu'il est adorable. Contrairement à Miss Teigne, une Maine Coon avec un caractère de diva. Elle a été abandonnée quand elle avait deux ans, parce que les maîtres n'en voulaient plus. Une Maine Coon c'est beau, mais ce n'est pas une peluche. Ils ont mis deux ans à s'en rendre compte, ces abrutis.

— Salut, ma vieille. Madame a bien dormi ?

Miss Teigne me jette un regard dédaigneux depuis son panier. Elle a le poil blanc, les yeux verts et des oreilles prolongées par des épis poilus. Je la trouve magnifique ; et elle n'en pense pas moins. Vu qu'elle n'a pas l'air d'humeur à se faire papouiller, je change juste sa litière et passe à la cage suivante.

Tous ces chats sont des recrues récentes, qui ne vivent pas avec les autres dans le salon commun, soit parce qu'ils ont des caractères agressifs, soit parce que leur quarantaine n'est pas terminée.

Miss Teigne a refusé de se mêler aux gueux d'en bas, elle préfère sa salle. En plus de trois mois, personne ne l'a adopté. Enfin, plusieurs ont essayé, mais Clémence n'a pas laissé passer. Chaque « Oh, qu'elle est belle ! » lui fait lever les yeux au ciel. C'est bien parce qu'elle est belle que des imbéciles l'ont pris sur un coup de tête. Les sur-abandons, elle les garde en travers de la gorge.

— Jeronimo, c'est moi, préviens-je.

Clem l'a appelé comme ça parce qu'il a sauté d'un toit. Comme les frais vétérinaires étaient trop chers, la maîtresse a simplement décidé de le laisser dépérir dans un champ. Le chat était pucé, dommage pour elle.

J'entre précautionneusement dans son enclos. Il est au fond de sa cabane, les oreilles dressées et les yeux brillants de peur. Jeronimo est un trouillard. L'humain n'est pas ce qu'il aime le plus. Quand on se fait jeter par l'un deux, rien de bien surprenant. Je le comprends. Moi aussi, je suis un trouillard.

— Hé loulou, je reste pas longtemps.

Il connait ma voix, il l'entend depuis presque deux semaines. Du coin de l'œil, je l'aperçois se détendre un peu. Certains jours, il vient à ma rencontre, à d'autres, il n'a juste pas envie. Je sens que là, il préfère sa solitude. Alors, je sors aussi vite que je suis entré.

Je peux passer des heures avec eux, à les regarder, les caresser, les aider, les aimer sans crainte. Chaque samedi, je consacre ma matinée à leurs soins. Clémence se charge des adoptants. C'est mon break de la semaine, le moment où je m'éloigne l'hypocrisie des hommes et retrouve la sincérité des animaux.

— Lana, viens, appelé-je en rentrant dans l'ultime cage.

C'est moi qui ai choisi son nom. Clémence l'a raccourci parce qu'elle n'arrive pas à retenir la version entière. Mais sur son carnet de santé, elle s'appelle Lana Ka manaʻo. Je l'ai appelé « espoir » en hawaiien, parce que c'est une rescapée qui a frôlé la mort. Quelqu'un l'a trouvé ensanglantée sur le bord de la route. Une voiture l'a percutée. J'étais seul ici quand elle l'a amenée, et je l'ai veillé toute la nuit en espérant qu'elle tienne le coup. Et elle a tenu. Même si ses pattes arrière sont paralysées, qu'elles vacillent sans ses petites roulettes, elle est en vie et reconnaissante, ça se voit dans ses yeux gris.

À l'instant où j'entre dans son grillage, elle passe la tête en dehors du hublot de son arbre. Je l'ai démonté pour que l'habitacle soit au sol. Comme ça, elle peut s'abriter sans devoir grimper.

Dès qu'elle me reconnait, elle s'avance jusqu'à moi en miaulant plusieurs bonjours. Je lui caresse le sommet de la tête.

— Je savais bien que personne t'avait adopté, soupiré-je, mi-réjoui, mi-agacé.

Je ne peux en vouloir à personne ne pas désirer un chat handicapé, mais ça me gave. Elle est gentille, avenante et surtout jeune. Tous les critères y sont. Les adoptants n'aiment pas les vieux chats, c'est mieux de bâtir une aventure avec un chaton que d'aider un ancien à vivre ses dernières années. C'est pour ça que personne ne veut de Newt.

— Je vais finir par t'amener avec moi, hein.

Je m'assieds et m'adosse contre le mur. Elle pose une patte sur ma cuisse, alors je la soulève et la pose sur mes genoux. Avec elle, je n'ai pas de litière à changer, on lui met une couche comme pour les gosses. Pas simple pour une chatte paralysée de réussir à vivre comme tous les autres, mais elle ne s'en plaint jamais.

En lui gratouillant le sommet de la tête, je réécoute ma propre phrase puis souris en songeant à ce que Food penserait d'un nouveau venu dans l'appart.

— J'ai un jardinet, lui expliqué-je. Bon, faudra descendre, mais tu pourras rester dans la réserve la journée où je fais tourner la boutique. T'auras ton chez toi, et aucune bagnole pour te faire peur. Elle est bien isolée, ma baraque.

Elle me regarde avec curiosité, comme si elle essayait de comprendre de quoi je lui parlais. Sa langue râpeuse me chatouille la main.

— Heipoe aime pas trop les bestioles, mais elle t'aimera toi. Elle aime tous les autres à la maison. Sauf Heimlich.

Je parle trop. Avec eux, c'est toujours facile. J'oublie parfois que j'ai trop de choses à dire, même si elles sont futiles.

— J'en parle avec Clémence, OK ?

Elle braille et s'installe sur mes genoux. Je prends ça pour un oui. De toute manière, on s'entend bien. Lana aime moins Clémence, sans doute parce qu'elle a moins de temps à lui consacrer. Puis passer une nuit avec moi, alors que j'étais la seule ancre à ses côtés, ça forge une drôle d'amitié. J'ose croire qu'elle m'aime autant que moi je l'aime.

J'aimerais rester avec elle le reste de la matinée, mais il me reste les gamelles à remplir, les chiens à promener, les rongeurs à m'occuper. C'est étonnant comme on peut jeter un déchet aussi facilement qu'un lapin. Les payer une blinde en animalerie pour les foutre en cage ne suffit pas. La connerie humaine n'a aucune limite, c'en est désolant.

Je soupire, me relève et sors un pincement au cœur, parce que Lana ne veut pas que je parte. Elle passe une petite patte à travers le grillage et je la vois faire des yeux de chat malheureux.

— J'aurais dû t'appeler Chatte bottée, sifflé-je.

En redescendant, je croise Clémence en train d'accueillir des adoptants. Je les salue d'un vague bonjour marmonné, ce qui me vaut un coup de carnet de la part de Clem.

— Sourire, m'ordonne-t-elle.

Ma grimace la fait rire, avant qu'elle m'assène un autre coup de carnet sur le dessus du crâne. Du haut de son mètre quatre-vingt, elle me dépasse de cinq bons centimètres. C'est facile de s'en prendre aux plus petits que soi.

— Faut que je te parle de Lana, soufflé-je alors que la famille se dirige vers le salon.

— C'est oui, Aukai.

— Hein ?

— L'animal choisit, pas le maître, me répète-t-elle pour la millième fois. Lana n'aime que toi, et t'es le seul qui saura la rendre heureuse comme il faut. On s'occupe des papiers après. Pour la stérilisation, faudra voir avec la véto cette semaine pour un rendez-vous dans un mois, elle est presque sevrée. Faut que j'y aille.

Elle m'adresse un grand sourire, puis s'éloigne. Ses cheveux roux vénitiens s'échappent de sa pince alors qu'elle court presque jusqu'aux adoptants. Cette femme est mortelle. Je sautille sur place et retiens de peu un cri de joie.

Beaucoup plus dynamique qu'en début de journée, je récupère le carnet des chats et remplis méthodiquement chaque case. Clémence tient à son planning, même si elle va râler que mes pattes de mouche sont illisibles.

L'heure d'après, je la consacre aux chiens que je rejoins au parc. Ils me saluent tous à leur manière. Il y en a sept au refuge, dont deux qui restent parmi nous pour le reste de leur vie. Parce qu'ils sont trop vieux, ou juste parce que Clémence ne peut pas s'en séparer. Elle s'entend mieux avec les canidés. Notre duo était fait pour s'entendre. Et pour cause, ça fait quatre ans qu'elle et moi, on collabore et on fait tourner l'association. Onze bénévoles, plus de trois partenaires et plusieurs dizaines d'adoptions chaque année. C'est ma seule fierté. Elle est suffisante.

À midi passé, je m'installe sur la table d'extérieur et Clémence m'y rejoint avec son propre casse-dalle. Une brûlure vrille dans ma cage thoracique et je dois serrer les dents pour réprimer un râle de douleur. C'est pas bon signe.

— Tu manges pas avec Manu ? m'étonné-je en feignant une expression la plus naturelle possible.

— Y a pas encore pas mal d'adoptions après manger, j'ai pas le temps de rentrer.

Sur ces mots, elle dépose son tupéroire sur la table à pique-nique et picore dans sa salade de pâtes en triant soigneusement ces aliments. Elle a toujours fait ça.

— Sinon, hormis l'assos, comment ça va ? me demande-t-elle.

La question est si brutale que je hausse les sourcils et lui tire un sourire à la volée. Clem rit toujours de mes mimiques, elle les trouve « cocasses ».

— Je... ouais, finis-je par répondre en baissant le nez vers mon sandwich bon marché. Le boulot se passe et...

— Et tu mens toujours aussi mal.

Je claque ma langue contre palais. Cette fois, elle ne rit pas. Son regard se veut insistant ; elle ne supporte pas que je mente. Ça fera trois ans qu'elle ne le tolère plus. Quelque part, je la comprends, même si ça m'insupporte qu'elle me veille au moins autant que ma sœur.

— Ouais, c'est la merde, avoué-je. Les affaires sont pas bonnes, ça ira mieux cette été, quand les gens seront en vacances.

— Et pour ton père ?

— C'est bien pour ça que c'est la merde. Il me coûte trop cher, la maison de retraite me pompe mon fric, mais j'ai aucun moyen pour limiter.

Elle me pompe tellement mon fric que je me nourris à la conserve et je limite mes repas à deux par jours. Ma famille et mes animaux sont toujours passés avant mes besoins personnels. Mon père n'a que soixante-dix ans, mais son Alzheimer ne s'améliore pas.

Je déglutis, une balle de plomb dans la gorge.

— Je l'enverrai pas en Ehpad, reprends-je. Puis y a les frais vétérinaires pour Wonder qui sont pas...

— Et toi ?

— C'est une manie de couper la parole..., grommelé-je.

— Ça ne répond pas à la question.

— Eh bah quoi, moi ?

— Quand est-ce que tu t'occupes de toi ?

Je lève les yeux au ciel et Clémence soupire. Ça faisait longtemps qu'elle ne m'avait pas fait sa grande scène du deux.

— Moi je vais très bien.

— Arrête de mentir, tu serais mignon. Envoie-moi chier, je préférerais.

— Tu ne me fais pas chier.

— Alors pourquoi tu me racontes des conneries ?

J'en sais rien. Je vais bien, c'est la vérité. Mieux, en tous cas, et c'est déjà pas mal.

— Depuis ta rupture avec lui, reprend-elle en évitant son prénom, je sais que tu restes cloîtré chez toi hormis pour le travail. Et les animaux ne t'offriront jamais l'amour et l'affection d'un humain, tu vois ?

— Les humains sont des cons et je vis bien sans. Pourquoi faudrait forcément être en couple pour réussir sa vie, tu peux me dire ?

— Je te parle pas de couple, Aukai. Je te parle d'amis, de rencontre, d'aventures, de sociabilité. Tu t'enfermes dans ta solitude, mon pépère.

— Tu dramatises.

Quoiqu'en fait, elle a raison. Depuis ma séparation, j'ai décidé de me consacrer aux animaux et à leur santé, au détriment de la mienne. Si je sortais presque toutes les semaines aux bars de la ville avec Ibrahim, j'ai arrêté de fréquenter la ville et les gens. Ça ne me manque pas, et ça me fait peur.

— Tu t'en fais trop pour moi, lui reproché-je gentiment.

— Non. Mais sérieusement ? Ça fait combien de temps que tu n'as pas invité quelqu'un chez toi, hein ? Un an ? Peut-être deux ?

— Une semaine, en fait.

Elle manque de s'étouffer avec sa tomate et m'adresse une expression circonspecte.

— Qui ?

— Un gars.

— Oh, fait-elle en haussant les sourcils à plusieurs reprises.

— Calme-toi, il est resté à peine une heure. C'était un jeunot paumé.

— Avec toi, tous ceux qui ont moins de trente ans sont jeunots. T'as la mentalité d'un papi.

— Il a cru que j'étais un pédophile.

Cette fois, elle explose de rire, et je redoute une minute que son jus d'ananas lui sorte du nez. Je me surprends avec l'envie de rire, moi aussi.

— T'as dû lui faire peur, ricane-t-elle. Qu'est-ce qu'il faisait chez toi ?

— Il est rentré par effraction.

— On dirait une mauvaise blague.

— J'avais oublié de fermer la porte, précisé-je. Il était vingt-trois heures, il était trempé jusqu'aux os et l'orage lui faisait peur. J'ai cru que c'était un gamin chétif au début, mais en fait, il doit bien avoir vingt ans.

Peut-être un peu moins, en fin de compte. En tous cas, il était frêle. Ses cheveux lui coulaient dans le dos et sur le visage, un visage dont les traits étaient sillonnés par des douleurs trop nombreuses. Ce gars n'est pas heureux. En fait, il avait l'air malheureux comme les pierres. Il s'absentait une fois sur deux et se tassait sur lui-même comme pour se protéger d'une violence invisible. Il avait les yeux de la couleur des chênes. Je crois qu'il m'a marqué à sa manière. C'est pas tous les jours que quelqu'un rentre dans votre boutique envahi de spasmes et bouffé par les névroses.

— En tous cas, il a l'air d'avoir fait son effet sur toi, constate Clémence avec un bref sourire.

Si je n'avais pas passé l'âge, j'aurais rougi comme un ado.

— Ouais, disons qu'on n'en croise pas deux comme lui.

— Ah ouais ? T'as gardé son numéro ou un truc du genre ?

— Non, il est parti très vite dès que la pluie a arrêté. Il avait l'air... perturbé.

Elle acquiesce en même temps qu'elle termine de trier le fond de son repas.

— Essaie de penser à toi un peu, tu veux ?

— Ouais, ouais, soupiré-je. Je te promets rien, mais je vais essayer.

Son air satisfait me donne envie de l'étrangler et de rire à la fois. Clémence fait partie de ces gens qui offrent un peu de baume où il n'y a pas de cœur. Ses yeux brûlent d'une gentillesse dont les gens abusent souvent.

— Bon, et si je te donnais les formulaires pour l'adoption de Lana ? propose-t-elle soudain.

Je dois avoir l'expression d'un môme impatient, parce qu'elle se met à rire avant de poser sous mes yeux les papiers habituels. En m'emparant du stylo, je lui souffle d'un voix prise par la douleur qui électrise mon cœur au même moment :

— Merci.  

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