Partie 1
Je devais avoir dans la trentaine quand l'hiver de glace de 1892 emporta ma mère. Elle m'avait légué une fortune qui me permit d'acheter un grand manoir en périphérie de Rennes.
Je pris le train et j'arrivai à la gare de Rennes vers midi. Je n'avais pas beaucoup de bagages car je n'avais apporté que le nécessaire. Je pris un taxi qui me mena au domaine que j'avais acheté.
C'était un grand manoir en briques rouges et aux volets à battants blancs. Il y avait également un grand jardin fleuri. Je passai mon après-midi à nettoyer le manoir de fond en comble pour vérifier que l'ancienne propriétaire n'avait rien oublié de personnel. Mon inspection me mena jusqu'au fond de la propriété. Il y avait là une porte verrouillée dont je ne possédai pas la clé. Je ne m'en préoccupai pas, j'appellerais un serrurier le lendemain.
Le soleil commença à disparaître derrière les arbres, alors j'allai ranger mes affaires dans une chambre du premier étage et je m'installai ensuite dans le salon pour grignoter un dîner léger préparé le matin même avant mon départ.
Il faisait nuit dehors, et le vent commençait à souffler. Je finissais de manger mon diplomate, quand j'entendis les volets de la cuisine battre contre les murs. J'allai vérifier, mais quand j'arrivai à la cuisine, je vis que les volets étaient bel et bien fermés. Un peu surpris, je montai à la salle de bain pour faire ma toilette. Mais en grimpant les escaliers, j'eus la vague impression que les personnages des tableaux me suivaient du regard. Fatigué, je décidai d'aller me coucher ; à peine ma tête se posa-t-elle sur l'oreiller que je sombrai dans un sommeil profond.
Vers deux heures du matin, je fus réveillé par des murmures dans le salon. J'allumai une bougie et je descendis dans le séjour. Seulement, à par moi, il n'y avait personne... Il se passait décidément quelque chose d'étrange dans ce manoir. Je pris ma carafe et me servais un verre d'eau, quand soudain je vis une silhouette blanche et indistincte passer dans le couloir. Je la suivis ; elle me fit traverser la salle à manger, l'antichambre, le bureau, pour me retrouver devant la porte que j'avais trouvée fermée en arrivant. Mais cette fois, elle était entrouverte ; qui avait bien pu l'ouvrir ?
Je la poussai et me retrouvai en haut d'un escalier qui descendait au sous-sol du manoir. Je dévalai les escaliers et arrivai dans une cave au sol de terre battue. L'air sentait le renfermé. Un frisson me parcourut l'échine, comme si je m'étais brusquement retrouvé au milieu d'un cimetière. Soudain, un souffle d'air glacé s'engouffra dans la pièce. Je regardai vers la porte mais je ne vis rien d'anormal. Je sentis alors une présence derrière moi. Je me retournai et c'est là que je le vis. Le spectre, la silhouette blanche que j'avais aperçue dans le couloir. Il était là, devant moi. Il avait une bouche qui semblait être un trou béant, et il me fixait avec ses deux grandes orbites noires. Il se rapprochait petit à petit de moi, j'avais de plus en plus peur. J'étais pétrifié devant cette monstrueuse apparition. Il tendait la main vers moi comme s'il tentait de m'attraper pour m'emmener aux enfers.
Je retrouvai enfin le contrôle de moi-même et je pus m'enfuir comme un lâche. Je courus, je courus plus vite que je ne m'en croyais capable. Je grimpai quatre à quatre les escaliers et regagnai à toute vitesse ma chambre. Je fermai la porte à clé et me cachai sous mes couvertures. J'entendis alors un cri sinistre, un râle de détresse venant des profondeurs de la demeure. Je mis mes mains sur mes oreilles pour ne plus l'entendre. J'eus bien du mal à me rendormir.
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