► Chapitre 5

[Illustration par ???]

Chapitre 5 :
La vie est un long chemin parsemé d'embûches

Tsukiko ferma les yeux et se replongea dans ses bribes de souvenirs tandis que le vent glacial heurtait son visage sans répit...

* * *

« Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'es pas censée aller à l'Académie ? »

La petite fille de six ans leva les yeux vers le garçon qui lui avait adressé la parole. Elle le contempla avec surprise car jamais personne ne venait lui parler. Étant une utilisatrice de Hyôton, les gens de son village la rejetaient parfois sans ménagement. Elle avait hérité son pouvoir de sa mère, ayant été acceptée malgré tout par son père pour ce qu'elle était. Puis un jour, en rentrant chez elle, elle les avait retrouvés tous les deux morts dans leur salon. Il n'y avait jamais eu d'enquête et rapidement, leur enfant s'était retrouvée à la rue, incapable de retourner sur les bancs de l'école et devant mendier voire voler pour pouvoir se nourrir un minimum.

Ce jour-là, la neige tombait en fins flocons sur le village de Kiri mais Tsukiko ne ressentait pas le froid et pouvait dormir à même le sol sans être indisposée par les températures faibles de la nuit. Malheureusement, elle n'avait pas réussi à trouver quoi que ce soit à manger et son estomac criait famine bien malgré elle. Si fort que ce gamin l'avait probablement entendu...

« Non, je ne vais pas à l'Académie, répondit-elle simplement.

— Mais alors pourquoi tu restes toute seule dans la rue ? Insista l'enfant.

— Parce que mes parents ne sont plus là alors je vis ici.

— Hé... Tu as l'air d'avoir faim... Tiens, prends ça ! Proposa le gamin en lui tendant une boîte à bentô bleue. Je trouverai quelque chose à manger sur le chemin de l'école !

— M... Merci... Mais pourquoi fais-tu cela pour moi ?

— Euh... Bah... Si ça te dérange, je peux reprendre mon repas, tu sais...

— Non !

— Je reviendrai te voir après mes cours pour récupérer ma boîte. Te casse pas la tête à la nettoyer, ma mère le fera ! A plus ! »

Le garçon repartit en courant après lui avoir fait signe de la main. La petite fille ne comprenait pas ce qu'il s'était passé ni pourquoi cette personne était venue lui parler alors que tout le monde, adultes comme enfants, l'évitaient comme si elle était porteuse d'une maladie contagieuse grave. Plus surprenant encore, il revint effectivement la voir le soir suivant avec un sachet de dangos qu'ils partagèrent.

Il lui donna son nom et lui indiqua qu'il avait huit ans. Puis ils discutèrent de sujets bien plus futiles durant une bonne heure au moins. Finalement, il lui demanda comment elle s'était trouvée dans cette situation et la petite fille lui raconta son histoire bien qu'elle hésita à lui parler de son Hyôton.

« Je savais que tu maîtrisais le Hyôton, lui dit-il en levant les yeux au ciel. Les adultes en parlent et j'ai vu la neige autour de toi. Ce n'est pas grave, avec le Hyôton, tu dois faire de chouettes jutsus. Moi, j'utilise le Suiton ! Si tu veux, on ira s'entraîner ensemble ! »

Ce garçon était si gentil qu'elle sentit ses joues rosir bien malgré elle. Fort heureusement, il ne s'en rendit pas compte. Ce fut dans cette ambiance enfantine que les semaines suivantes s'écoulèrent. Son nouvel ami était bien trop jeune pour lui venir réellement en aide alors il entreprenait ce qu'il pouvait pour lui apporter son soutien : en lui construisant une sorte de cabane pour dormir la nuit, en lui apportant une couverture, de la nourriture et surtout, sa présence qui lui réchauffait le cœur.

Mais un jour, alors qu'elle retournait à son abri de fortune pour y passer la nuit, elle vit des ombres se dresser face à elle dans l'obscurité. La petite fille tenta de s'enfuir, de crier, de se débattre mais en vain : elle avait été désignée pour être le prochain Gardien sur cette montagne maudite. Si le visage de son sauveur s'était effacé au fil des années de ses souvenirs, sa générosité était quant à elle gravée dans son cœur pour l'éternité.

Il était dit qu'un Gardien était condamné à passer toute son existence à veiller sur l'Esprit de la Lune mais il existait un cas unique dans lequel il pouvait échapper à son triste sort. Ce rôle était censé effacer les souvenirs de son possesseur sauf dans le cas d'un amour sincère – soit un lien familial soit des sentiments amoureux – car si le Gardien n'oubliait pas alors il ne pouvait pas être librement manipulé par l'Esprit. Et si ce lien précieux venait à retrouver le Gardien en question, nul ne serait pas en mesure de l'empêcher de fuir son rôle. C'était pour cette raison qu'à chaque nomination, les proches de l'Élu étaient tous éliminés, les utilisateurs de Hyôton étant de plus en plus rares à dénicher.

Mais dans le cas de Tsukiko, nul n'avait jamais eu connaissance de son lien avec ce gamin dont elle s'était éprise si jeune et que jamais elle n'avait oublié malgré les années passées...

Et désormais, elle pouvait enfin poser un nom sur cette personne :

Hoshigaki Kisame.

* * *

Bien entendu, le fait qu'il soit sur cette montagne était plus que risqué pour lui car l'Esprit pourrait le reconnaître immédiatement et le tuer s'il venait à détecter sa présence. Ils devaient partir. Rapidement. Visiblement, il n'avait encore rien deviné alors elle devait mettre un terme à tout cela. Pourquoi ne l'avait-elle pas reconnu plus tôt ? Elle aurait pu les empêcher d'atteindre ce sommet sans les blesser...

Le lendemain matin, Kisame vint de nouveau la voir, à son plus grand désarroi. Elle avait rapidement réalisé que ses sentiments enfantins d'autrefois n'avaient pas disparu, bien au contraire et de le voir ainsi sous ses traits d'adulte, elle comprit que ce qu'elle ressentait s'était mué en quelque chose de bien plus profond qu'à cette époque et ce, dès que son regard avait croisé le sien.

Mais elle ne pouvait pas quitter cette montagne. Elle aurait techniquement pu le faire mais si elle abandonnait l'Esprit, celui-ci risquait de disparaître car elle avait récemment découvert qu'elle était désormais la dernière utilisatrice de Hyôton encore en vie.

« Tu ne dors donc jamais ? Demanda-t-il intrigué en s'asseyant sur un rocher à côté d'elle.

— Non, ce n'est pas nécessaire pour un Gardien.

— J'ai fait un rêve étrange cette nuit. Ça parlait de quelque chose que j'avais oublié depuis bien des années... »

Pourquoi Tsukiko se sentait-elle nerveuse tout à coup ?
Ah oui, il y avait cette vive tension qui s'accentuait à mesure qu'il parlait...

« Et en quoi cela me concerne-t-il ? Demanda la jeune femme d'une voix légèrement tremblante.

— J'avais lié une amitié avec une fille quand j'étais gamin et elle a disparu du jour au lendemain. Je l'ai cherchée pendant des semaines mais toute trace de sa présence avait été effacée comme si on avait voulu taire sa disparition. C'est marrant parce que maintenant que j'y pense... ça ressemble bien au mode de capture des potentiels Gardiens. Je trouve aussi que tu lui ressembles beaucoup. Tu nous as dit t'appeler Tsukiko mais ça veut littéralement dire « Enfant de la Lune » donc c'est nécessairement le nom que l'on t'a donné à ton arrivée ici...

— Je le saurais si cela avait été le cas.

— Ce ton peu assuré et ce regard fuyant en disent long sur ton mensonge. Alors, tu as le choix : soit tu joues franc jeu avec moi soit c'est moi qui te force à le faire.

— Il est temps pour vous de partir... Si l'Esprit vient à découvrir votre présence ici...

— Mais tu vas venir avec nous. Seul un lien sentimental fort peut te tirer de là alors hors de question de partir sans toi. A l'époque...

— Ça suffit ! » s'exclama Tsukiko les larmes aux yeux en se reculant.

Quelle était la solution pour se sortir de cette mauvaise passe ? Comme le protéger ? Comment survivre ? Que choisir ? Tant de questions se bousculaient dans la tête de cette femme qui n'était pourtant pas habituée à devoir prendre des décisions. Il était certain qu'elle ne pouvait pas fuir et laisser l'Esprit sans Gardien. Sa survie en dépendait et elle refusait de l'abandonner.

Mais d'un autre côté, il y avait Kisame. Elle avait tant espéré revoir son visage durant toutes ces années mais alors qu'il se trouvait juste à ses côtés, elle ne pouvait s'empêcher de le repousser. Elle n'avait jamais pu le remercier de tout ce qu'il avait fait pour elle et lui dire que jamais elle n'avait oublié ces précieux moments passés à ses côtés bien qu'ils furent courts. Elle aurait voulu hurlé son nom lorsqu'elle avait été capturée, pleurant amèrement sa cruelle absence ensuite...

Kisame voulut s'approcher d'elle mais la jeune femme recula vivement tandis qu'un flot de larmes ruisselait sur son visage. Il n'était pas habitué à ressentir la moindre émotion à l'égard d'autres personnes mais cette fois-ci, il ressentit vivement ce pincement au cœur qui le tenaillait. Il la ramènerait avec lui, peu en importaient les conséquences.

« Aoi... Tu dois venir avec nous... Je... Je ne suis pas à l'aise avec les mots mais j'y tiens. Je... Comment dire... Tu sais, après ta disparition, je t'ai recherchée pendant des semaines sans comprendre ce qu'il s'était passé. La seule marque de ton passage était ce sang sur le mur à côté de la cabane que je t'avais construite. Alors j'en ai déduit que tu étais morte... Tu te souviens ? J'avais promis de te protéger. C'est une promesse qui tient toujours. Je te promets qu'une meilleure existence t'attend en dehors de cette montagne. »

La kunoichi fut incapable de répondre car ses sanglots l'empêchaient de parler. Son corps était secoué de spasmes tant l'émotion s'emparait de son cœur. Jamais elle n'avait ressenti quelque chose de si fort et elle était totalement incapable de contrôler cela.

Kisame risquait de l'emporter contre elle mais elle ne pouvait partir d'ici.
Peu importait si elle regretterait plus tard...
Elle devait agir.

Les bras de Kisame s'étaient enroulés autour de son corps. Son geste eut pour effet de calmer ses tremblements et ses larmes cessèrent de couler. C'était le moment où jamais. Son visage se leva vers le sien et leurs lèvres se rencontrèrent dans un baiser passionné.

Pardon, Kisame !

« Kisame ! Non ! Lâche-la ! » Hurla Itachi en accourant dans leur direction, ses Sharingans activés.

Cependant, avant même qu'il ne puisse les atteindre, le shinobi vit le corps de son coéquipier se transformer peu à peu en glace. Tsukiko se recula légèrement puis le regarda tristement de ses grands yeux chargés de nouvelles larmes qui n'attendirent pas la fin du processus pour s'écouler le long de son visage. Rapidement, l'Hoshigaki s'immobilisa totalement sous une masse glacée, dans un silence total. Était-il mort ? se demanda aussitôt Itachi paniqué.

« N'essaye pas de briser cette glace, tu pourrais le tuer pour de bon, lâcha le Gardien d'une voix morose.

— Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? Il était le seul à pouvoir te sauver ! S'emporta l'Uchiha furieux.

— Je ne peux pas partir d'ici mais je sais qu'il n'aurait pas lâché l'affaire. Tant pis, il sera condamné à passer l'éternité à mes côtés sous cette forme...

— Tu ne peux pas rester indifférente à son sort ! »

Soudain, la montagne se mit à trembler et un nuage obscur envahit le sommet. Tsukiko leva un regard apeuré vers le ciel et se mit à trembler. Itachi, quant à lui, ne comprenait pas ce qu'il se passait. Le bruit attira également l'attention de Deidara et Sasori qui restèrent d'abord ébahis face à la silhouette de leur coéquipier entièrement gelée. Mais ils ne purent poser aucune question car il était clair que quelque chose de grave se profilait à l'horizon.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda aussitôt Itachi avec inquiétude.

— Je ne suis pas seule ici... murmura la jeune femme la mine décomposée. Je veille sur l'Esprit de la Lune qui se trouve au sommet de cette montagne. Maintenant qu'il est éveillé, il va tous vous tuer, lui inclus, ajouta-t-elle en montrant Kisame d'un signe de tête.

— Et tu comptes le laisser tuer la seule personne capable de te sauver de cet enfer ? T'es sérieuse ? S'écria l'Uchiha écœuré.

— Je n'ai pas le choix, je dois respecter la volonté de l'Esprit. S'il réclame votre mort, je dois lui obéir, quitte à vous exécuter moi-même.

— Si tu es liée à Kisame, tu as forcément vécu des moments forts avec lui ! Je suis sûr que tu l'aimes ! Je suis sûr que ce que tu ressens pour lui va bien au-delà de ce rôle que l'on t'a attribué de force. Est-ce que c'est vraiment ça que tu veux ? Condamnée à passer une éternité seule sur cette montagne avec la mort de l'homme que tu aimes sur la conscience ? Regarde-moi bien dans les yeux et réponds-moi : est-ce que tu en serais capable ?

— Je... Je n'ai pas le choix... Je... Je ne peux pas lui désobéir mais... Je ne sais pas. »

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