Chapitre 99 : ''Comme si rien n'avait existé ''
L'homme mystérieux ne bouge toujours pas d'un poil et reste scotché au sol. Je ne distingue que la forme de son corps mais même d'aussi loin, j'ai cette désagréable sensation que l'aura maléfique qu'il dégage m'atteint et peut même me toucher. Cette sensation, il n'y a qu'une seule personne qui me l'a déjà fait ressentir, et j'ai bien peur que ce soit lui.
- Deimos, affirmais-je en surprenant l'autre tête de mule et le Roi.
- Qu'as-tu dit ?! Me répond ce dernier, visiblement inquiet et perturbé par ce prénom.
- C'est le prénom de ce type, au loin. Je l'ai combattu juste avant de venir. On battait à armes égale, juste avant qu'il ne déploie sa vraie puissance. Je n'ai rien pu faire ensuite et j'ai perdu connaissance un long moment.
- Pff. T'es vraiment faible, l'ami. Et dire que tu m'as cassé le nez ... Rétorque Viktor, agacé.
De quoi je me mêle ?
- Ça te fait mal d'avouer que je t'ai fait mordre la poussière, hein ? Taquinais-je, le sourire aux lèvres.
- Répète, pour voir ?!
- Il n'est plus là ! Crie le Roi. Restez aux aguets et surveillez vos arrières ! Je ne sais comment il a fait mais il a complètement disparu !
- Je ne ressens même plus son aura, comment fait-il ?! M'exclamais-je en me mettant en position de défense, à regarder chaque mètre carré qui nous entoure.
Mais, il est introuvable. Nous avons beau chercher partout, il n'est nulle part. Nous sommes tellement aux aguets qu'une simple mouche peut nous perturber et nous déstabiliser. J'ai également cette nette impression que nous sommes des proies qui ne peuvent pas fuir de l'enclos. Nous devons à la fois protéger le sanctuaire et les habitants, mais aussi de combattre une ombre, un fantôme.
Soudain, le sol tremble et le ciel devient noir. De grosses rafales de vents apparaissent et les oiseaux quittent leur nid pour former une énorme boule sombre dans les airs. Les animaux courent dans tous les sens et les arbres menacent de se détacher de la terre. Le tonnerre gronde et les vagues deviennent de plus en plus grosses. En l'espace de seulement quelques secondes, le paradis devient l'enfer et mon petit doigt me dit que Deimos joue le rôle principal de cette histoire qui risque de mal finir si nous ne faisons rien.
- Le voilà ! Dans les airs, regardez ! Crie Viktor en pointant du doigt l'homme à l'aura maléfique, qui plane littéralement dans le ciel.
- Il peut voler ?! Demandais-je au Roi, qui n'a pas l'air surpris.
- Ne fait pas ça, Deimos ... Je t'en conjure ... Murmure ce dernier.
- Mon Roi, que se passe-t-il ?! Que s'apprête-t-il à faire de si grave ?! Gueulais-je.
Mais, je n'ai pas de réponse. Sûrement à cause de ces violentes bourrasques qui camouflent le son de ma voix.
Soudain, au niveau de Deimos, une tornade se forme et celui-ci se trouve en son centre. Le cyclone grossit à vue d'œil et emporte tout sur son passage. Le vent du tourbillon souffle avec tant de violence qu'il renverse les forêts alentours, abat les maisons, arrache les haies, et emporte une multitude d'animaux terrestres qui tentaient pourtant d'échapper à cette catastrophe naturelle sans précédent. Les murs de l'enceinte de la cité, pourtant très robustes cèdent elles aussi.
Mais le Roi n'abandonne pas pour autant. Il fit cogner son trident contre le sol et crée un bouclier transparent qui nous protège de tout, comme si nous étions au sein d'une bulle impénétrable. Mais, ce dernier saigne du nez et ses jambes tremblent comme des feuilles. Viktor, quant à lui, n'a pas l'air de savoir quoi faire, il est comme un peu perdu. Je sens qu'il veut aider mais il ne sait pas comment. Je dois admettre qu'il possède un grand pouvoir. Mais, je pense qu'il n'a pas encore conscience de ce dont il est capable.
Il est temps d'entrer en scène.
- Pyrite.
- Oui.
Mes yeux sont chauds et mes muscles se contractent d'un coup en grossissant à vue d'œil. La pierre magique apparaît une nouvelle fois sur mon front et ses mystérieux tatouages géométriques font eux aussi leur apparition sur le long de mon bras.
- Je te laisse prendre le contrôle et protéger ces deux hommes, dis-je à ma colocataire magique. La situation est grave, alors fait de ton mieux.
- Bien. Ferme les yeux.
A ma grande surprise, Pyrite crée la même prison aqueuse que celle qui a enfermé le Lycaons la dernière fois, mais cette fois-ci, elle agit comme une barrière impénétrable qui nous protège de tous dangers. Mon pouvoir solidifie la sphère de protection du roi, Mais, la déflagration extérieure est telle que mon nez saigne à son tour. Mes muscles se tétanisent et la fatigue s'empare de mon corps bien plus rapidement que prévu. Si Viktor avait pris connaissance de ses autres facultés, l'espoir aurait pu renaitre mais, c'est à cet instant que je comprends que nous ne gagnerons pas cette bataille, malgré nos forces réunis.
Mon regard, ainsi que celui du Roi se croise et ce dernier possède un sourire qui atteint les oreilles. Parfois, il n'y a pas besoin de se parler. Un regard suffit pour que je comprenne qu'il va falloir que je donne tout ce que j'ai.
- Pyrite, j'ai besoin que tu donnes tout ce que tu as ! Nous devons le faire, sinon le monde sera perdu !
- Tu mourras, Noah.
- Je suis prêt à courir le risque. Mieux vaut perdre une vie afin d'en sauver plusieurs alors si je dois mourir, ce sera en héros !
- Bien. Ta détermination est sans failles et ta volonté de sauver les autres m'impressionnerait presque. J'ai été ravi.
Mais, le Roi n'est pas de cet avis. Armé d'une solide volonté de vouloir nous sauver et nous protéger, il transfère le propre bouclier qu'il à crée pour nous le donner, à moi et à Viktor. Il se retrouve donc seul, face à ce tourbillon de vent qui l'emporte et ce dernier disparaît sans laisser de trace.
Je suis tout simplement choqué. Je ne m'attendais pas du tout à un tel retournement de situation et visiblement, Viktor à l'air d'en souffrir au vu de ses yeux mouillés. Le Roi est mort et je suis maintenant le seul à pouvoir contenir cette bulle qui nous épargne de l'apocalypse, dehors. Alors je crie un bon coup et donne tout, quitte à en mourir.
Le toit du palais cède à son tour et c'est plusieurs tonnes de béton qui s'apprête à s'écraser sur nous. Mais, je n'y prête pas attention et tente de me concentrer sur ce que je dois faire. Quand soudain, une onde de choc dévastatrice frappe d'un coup et détruit la totalité du paysage, y compris le bouclier que je n'arrive plus à contenir et qui s'évapore dans les airs. La tornade disparaît à son tour comme par magie et les nuages, eux, laissent place au ciel bleu qui m'avait manqué. Deimos, lui, est introuvable mais, ce n'est pas ce qui me perturbe. Ce qui me choque et ma chagrine énormément, c'est la cité, ainsi que la forêt qui l'entoure qui à complètement disparu de la circulation. Plus aucun vestige ni aucune ruine ne s'y trouve. C'est comme si elle n'avait jamais existé.
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