Chapitre 44 : Une technique au poil
La porte de l'entrée grinçait avec le bruit des bottines en cuir noir que portait mon père et Mickael. Mes yeux ne voulaient pas décoller de la télé, j'étais comme hypnotisé et pourtant, même à l'heure actuelle, je suis incapable de pouvoir dire ce qu'il y'avait comme émission. Mon père s'est ensuite dirigé vers moi et je sentais qu'il me regardait et qu'il voulait tenter d'en parler. Mais, je restais toujours figé. Tout ce qu'il me disait en sanglotant rentrait dans une oreille et ressortait par l'autre. Ce dernier à lâché l'affaire et est parti se coucher. Lana et son père sont également repartis chez eux ensuite. Mais, moi, j'étais fixé sur le canapé, les yeux encore grands ouverts.
Pendant une semaine entière, je n'avais parlé à personne. J'avais simplement grignoté et légèrement bu. J'avais maigri et mon visage était pâle. C'est également à ce moment que mon père avait commencé à se rendre assez fréquemment dans le bar d'a côté et à picoler jusqu'à pas d'heures. Mickael le ramenait chaque soirs et Lana, elle, se faisait énormément de soucis pour moi.
Plusieurs mois après, j'avais tout doucement repris contact avec le monde. Mon père, lui, essayait tant bien que mal d'arrêter de boire grâce à l'aide du père de Lana qui s'efforçait d'être là pour lui. Mais, après avoir appris un soir l'assassinat brutal de ce dernier alors qu'il était en mission dans le cadre des recherches qu'il avait repris avec Luciano, nous touchions tous le fond, y compris Lana. Alors, je me devais de lui rendre la pareille et d'être là pour elle tant bien que mal, même si le décès de ma mère était encore très présent. Mais, c'était une autre paire de manche pour mon père, qui perdit entièrement le contrôle de sa vie. La violence, la colère et la haine l'habite depuis ce jour, accompagné de l'alcool qui le détruit encore petit feu.
Je ne sais pas pourquoi je repense à tout ceci. Ça me fait un mal de chien, j'ai cette sensation désagréable que l'on me pique le cœur à coup d'aiguille. La mort et le manque de ma mère, la colère que j'ai envers mon père, tout ça est encore bien trop présent. J'aimerais tout oublier, ne serait-ce qu'un instant. Mais, je dois rester fier et fort pour elle, qui me regarde sûrement de la ou elle est. J'ai fait d'horribles choses dans ma vie, et je ne regrette absolument rien. Je regrette simplement la vie que j'avais.
Parfois, je me demande pourquoi tout ça m'est arrivé. J'étais bien, moi, dans mon petit cocon familial ou je vivais comme un garçon gâté auprès d'un père gentil et gâteux avec une mère poule. On avait de l'argent, une vie paisible, Lana était auprès de moi plusieurs fois par semaine...
D'ailleurs, en pensant à elle, son père et mes parents pensaient qu'on allait finir ensemble. Je pense que c'est ce qu'elle espérait aussi, mais moi... Arh, ça me dégoute ! Mais, je dois avouer que je suis bien à ses côtés. Lana s'était faite opérer de la mâchoire car elle suçait trop son pouce et, suite à ça, elle zozote pas mal et sort souvent sa langue. J'aime plus que tout l'embêter en lui répétant sans cesse la couleur '' Rouge '', nom de code à lui dire quand elle sort justement trop la langue. Même quand elle ne la sort pas, d'ailleurs. Je dois bien avouer que sa présence ne m'aurait pas dérangé actuellement. Espérons que ses oreilles ne sifflent pas trop de là où elle est.
- Alors comme ça, on traîne des pieds ? Tu m'avais l'air plus motivé tout à l'heure, ton égo surdimensionné m'a sûrement aveuglé, tout à l'heure, je présume... Me dit le petit chef, que je n'ai d'ailleurs pas du tout entendu débarquer.
Ah, revoila Mr propre et ses tatouages vraiment gênants !
- Qu'est-ce que tu me veux enco...
Avant de pouvoir finir ma phrase, une savoureuse odeur de viande pénètre mes narines et enflamme mes papilles. Ma mâchoire frétille et mon ventre se réveille en criant famine de toute ses forces.
Je cours chopper l'assiette que ce dernier a dans sa main et je me mets violemment à déchirer ce gibier que j'engouffre frénétiquement dans mon gosier. Mes yeux louchent et l'extase se multiplie quand le jus se répand dans l'entièreté de ma bouche.
- Alors, comment te sens-tu ? Me demande le petit chef du village.
- Je dois bien admettre que sa fait un bien fou de pouvoir manger un bon plat juteux et délicieux à souhait. Mais, pourquoi m'aide tu, surtout après la raclée que tu m'as mise ? Répondis-je en mastiquant encore les morceaux de viandes restants dans ma bouche.
- Tu as du potentiel. Je ressens beaucoup de choses en toi, bonnes comme mauvaises. Si tu arrives à canaliser toutes les émotions qui traversent ton corps, ton cœur ainsi que ton esprit, Tu pourrais devenir un guerrier redoutable et surtout détruire cet épouvantail en milles morceaux. Mais, même si je te donne les clés, toi seul sait comment ouvrir la porte.
- Ne tourne pas autour du pot. Dis-moi comment faire, je n'ai pas de temps à perdre.
- Je viens de te le dire. Pose ton assiette et viens en face de moi.
- Pourquoi t'écouterais-je ?
- Veux tu la solution, oui ou non ?
D'où me parle-t-il sur ce ton ? A-t-il conscience de qui je suis ?!
- Je n'ai d'ordres à recevoir de personne. Hors de ma vue, je n'ai nullement besoin de ton aide.
- Alors, dans ce cas, à demain.
Et le chef repartit une nouvelle fois. Je n'ai ni besoin de lui, ni besoin de personne d'autre. Chef d'un village ou même roi, je n'écouterais que moi-même ! Qu'il aille se faire voir, lui et son air condescendant !
Mais, au-delà de tout ce traquenard, je retiens quand même quelque chose qui m'intrigue. Et s'il avait raison ? Que la clé, c'était de me concentrer afin de contrôler mes émotions ? Arh, c'est pour les faibles, ces conneries. Mais, je vais quand même essayer.
Après avoir regardé tout autour de moi afin que personne ne remarque cette action de faiblesse que je m'apprête à effectuer, je me mets face à l'épouvantail, ferme ensuite les yeux et tente de me concentrer. Mais, tout est brouillon dans ma tête, comme si j'étais devant une armoire ou la totalité des tiroirs étaient par terre, accompagné de nombreux vêtements éparpillés partout, créant un foutoir sans nom dans la pièce.
Je n'arrive à rien ranger et, pire encore, voir un tel désordre me provoque de la colère ainsi que de l'impatience. Le fait même de devoir me concentrer me fatigue et me fait perdre patience. Quel est la clé pour réussir à rétablir l'ordre dans cette tempête mentale ? Ça ne marche pas tout ça, ce n'est pas pour moi ! Je suis bien trop impulsif et colérique ! Je suis bon à rien ou quoi, ! Même me concentrer m'énerve, c'est incroyable ça, quand même !
Quand soudain, mon esprit commence à lentement s'apaiser et deviens plus léger, je ne sais par quel miracle. Est-ce la fatigue qui m'a permis une telle chose ? Peu importe, tant que ça marche, c'est le principal. Continue comme ça, Viktor. Tu y es, ne perds pas le fil.
Concentre-toi et fait le vide dans ta tête. Visualise simplement l'épouvantail et ne pense à rien d'autre qu'a sa destruction. Apaise ton cœur et ralentis ton rythme cardiaque.
Voilà, très bien.
Inspire profondément pendant quatre secondes en gonflant ton ventre ainsi que tes poumons, et relâche lentement durant huit autres secondes.
Cette technique respiratoire, c'est ma mère qui me l'avaitapprise quand j'étais petit. Il y'avais une période où je me réveillais ensursaut à cause de cauchemars en tout genre. Et, grâce à cela, la fatiguerevenait au galop et le calme reprenait possession de mon esprit. Mais, je nePensais pas que cette simple technique de respiration me permettrait égalementd'acquérir la puissance incommensurable qui m'anime en ce moment même.
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