01. Le premier jour à l'université
Yves découvrait pour la toute première fois les murs du Campus où il allait faire ses études supérieurs. Le jeune homme, qui mesurait 1m70, avait un teint qui aurait presque pu faire croire qu'il s'était baigné dans du café toute sa vie, des épaules légèrement larges de basketteur amateur, un visage imberbe, et des cheveux noirs très bien peignés pour l'occasion ; ça se voyait qu'il aimait bien prendre soin de son apparence. Il portait d'ailleurs une chemise mauve rentrée dans son très beau jean noir, ressemblant définitivement grâce à cela à tous ces garçons qui voulaient inspirer deux mots bien précis : « Charisme » et « Respect ». Cependant, il avait aussi ce petit air timide des étudiants de première année sans connaissance quelconque dans un milieu comme celui dans lequel il se trouvait car c'était effectivement son cas : il n'y connaissait personne.
Il entra dans une grande salle, que lui avaient indiquée des garçons comme étant celle où devaient être les première année en droit, et se choisit une place presqu'au fond en attendant que le professeur n'arrive ; c'est ce qui se produisit juste quelques secondes après. Tout le monde se mit à chercher des sièges et en les regardant, Yves remarqua une jolie métisse à la chevelure brune qui tendait presqu'au noir. Ses yeux ne la quittèrent plus du tout, elle qui se trouvait à six rangs de lui, et il eut l'impression que le temps allait au ralenti. La métisse était d'assez grande taille, avait la tête d'une petite fille espiègle, qui était en contraste avec son air sérieux du moment, et l'un de ses atouts majeures se situait juste en dessous de son dos. Il ignorait qu'elle s'appelait Corinne. Il la voyait pour la toute première fois, dans son t-shirt jaune citron et son jean bleu délavé, mais était déjà captivé par elle sans pour autant la connaitre.
Le soleil commençait à se coucher quand Yves montait vers sa chambre d'étudiant. Il y avait laissé ses bagages pendant la matinée sans voir celui qui était son colocataire. Il était tellement tendu qu'il faillit frapper avant d'entrer. Une fois qu'il ouvrit la porte, il eut la mauvaise surprise de découvrir que ce colocataire était un gay facile à reconnaitre vu qu'il est habillé d'une manière qui n'était pas littéralement masculine. Il resta dans l'embrasure quelques secondes en train de le dévisager.
- Quoi, lui demanda-t-il d'une façon peu amicale en se retournant, tu me connais ?
- Euh, commencait à répondre Yves, non ! Je... Je suis ton colocataire, Yves. Et toi tu dois sûrement être Nathan ?
- C'est Nathy !
Il le toisa des pieds à la tête avant de reprendre ce qu'il faisait quand il fut interrompu par cet arrivant : danser sur Dangerous Woman, l'une des chansons de la chanteuse americaine Ariana Grande.
Le trouble que lui provoqua le fait d'assister à ce spectacle conduisit Yves à juste déposer son sac sur le lit qui lui appartenait avant de ressortir pour fuir en quelque sorte sa nouvelle connaissance. « Mon dieu, se disait-il, sur qui suis-je tomber ? ».
Il descendit au rez-de-chaussée du bâtiment et alla s'asseoir sur l'une des tables avec parasol qui se trouvaient à l'extérieur. Une fois installé, il prit son téléphone pour appeler sa famille, après l'avoir quittée ce matin-là.
- Allô !
- Allô Yves, disait sa mère à l'autre bout du fil, tu es bien arrivé ?
- Oui, je suis bien arrivé maman.
- Et ils ne t'ont pas réprimandé parce que tu es venu aujourd'hui au lieu d'hier ?
- Non, même pas !
- Ah, je suis très contente ; fit-elle. Et cette première journée, elle s'est bien passée ?
- Bien-sûr maman, affirma-t-il. Les cours sont nouveaux pour moi, c'est vrai, mais je vais finir par m'y habituer ! Et papa et Mariam ?
- Ça va. Mariam est juste à coté de moi. Elle te salue.
- Dis-lui que je la salue également et qu'elle ne fasse pas trop de dégâts dans ma chambre !
- Ah-ah ! D'accord, promit sa mère en riant.
- Bon, je te laisse.
- D'accord mon fils. Prend bien soin de toi !
- Vous aussi prenez soin de vous. Au revoir !
Sur ce, il raccrocha.
Devant lui, quatre étudiants parlaient. Il n'y avait pas prêté attention, jusqu'à ce que l'une des deux filles présentes l'interpela. « Hé ! » Yves la regarda : l'étudiante en question, cheveux noirs légèrement volumineux, longs, et lisses, dont la peau était de couleur un tantinet pareille à celle du jeune homme, avait une taille moyenne correspondant à sa physionomie assez commune. Elle n'était pas un canon de beauté, mais elle n'était pas un laideron non plus. Entre autres, la jeune demoiselle était vêtue d'une robe épaules nues bleu ciel et comme à une certaine catégorie de filles, la mode paraissait ne pas lui échapper.
- Pardon de te déranger, poursuivit-elle, mais tu es aussi en première année de droit non ?
- Oui, répondit aimablement Yves, pourquoi ?
- Selon toi, tu trouves qu'un individu a nécessairement besoin d'un avocat pour se défendre devant un tribunal ?
Yves fut un peu déboussolé face à la question de cette fille qui minaudait pour un rien.
- Je..., commença-t-il, désorienté. Je pense que oui.
- Tu vois Célia ! cria l'un d'entre eux. Tel que nous te l'avons dit !
- Ah ! s'exclama-t-elle en se tournant vers Yves, la bouche grande ouverte, après avoir regardé celui qui avait pris la parole à l'instant. Pourquoi tu dis ça ?
Les autres le fixaient à tel point qu'il devint tout intimidé.
- Vas-y ! Ne soit pas timide, ajouta-t-elle, on veut juste avoir le point de vu de quelqu'un d'autre sur ce sujet !
- Tu l'embêtes Célia ! soupira son amie, en ayant l'air de se moquer de lui.
- Attend Solange, l'arrêta-t-elle avant de revenir à nouveau à Yves. Supposons que moi, telle que je suis, je finissais par acquérir comme prévu des connaissances en droit ; si je rencontrais un problème qui doit me conduire tout droit devant un juge, faudrait-t-il encore chercher un autre avocat alors qu'il s'agit d'un domaine qui m'est familier ?
- Je..., balbutia Yves pendant que la jeune Célia l'observait. Et bien je ne sais pas,...
- Il ne sait pas ! conclut l'autre garçon.
- Je n'ai pas fini ma phrase, le coupa Yves, attirant encore une fois l'attention des quatre autres. Je voulais dire, j'ai commencé à étudier le droit, tout comme vous, aujourd'hui ; je ne te donnerai donc peut-être pas de réponses exactes, mais dans la plupart des films policiers que j'ai vus, quand il arrive qu'un avocat se retrouve à la place du plaignant ou de l'accusé, il est parfois accompagné d'un confrère chargé de l'aider tout au long du procès. Au départ, tu as juste parlé d'un individu ; tu n'as pas précisé s'il avait pris ou non des cours de droit.
Tout le monde avait les yeux rivés sur lui, qui parlait avec cette soudaine conviction qui chassait petit à petit son semblant d'hésitation.
- C'est pourquoi ma réponse a été tout d'abord affirmative, continua-t-il. Mais maintenant que je sais à quoi tu faisais allusion, selon mon point de vue en faite, je préfère te dire que cela dépendra uniquement de toi. Si tu trouves que tu peux y arriver, vas-y ; sinon, prend un avocat !
- Whoah ! s'extasia Célia, la main droite sur la joue. Il sait ce qu'il veut dire ce garçon ! J'aime ça !
Yves baissa légèrement la tête, gêné.
- Merci beaucoup, lui dit l'un des garçons.
- Je vous en prie, lui rendit Yves.
- J'avais raison ! J'avais raison ! se mettait à chanter Célia en sautillant presque sur sa chaise.
- Ce n'est pas ce qu'il a dit, signala son amie.
- Mais je préfère le croire vu qu'il n'a pas non plus dit le contraire !
Yves la regardait encore et souriait un peu ; il était fasciné par son excentricité, qui lui donnait l'air de sortir tout droit d'un film pour adolescent, et il n'avait pas l'impression d'avoir eu le coup de foudre pour elle : il était juste fasciné.
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