Chapitre trois.

Lundi.


 Je m'attendais à recevoir une correction de la part de Liam, au vue de ce que je lui avais dit par message Samedi dernier, dès la première minute de cours mais il n'avait même pas pris la peine de venir. Cette absence prouve, encore une fois, son manque évident de courage. Et bizarrement, ne pas l'avoir vu de toute la matinée me rend mal. Pas parce que je culpabilise, s'il pleure en ce moment c'est qu'il l'a bien cherché, mais parce que ses insultes commencent à me manquer. Harry me parle depuis le début du cours mais je ne l'écoute pas, je mime le contraire en hochant la tête parfois et en prononçant des faibles oui, qui d'ailleurs ressemblent plus à des grognements. Je ne prête pas attention, non plus, à ce que raconte le professeur. Ses allers retours me donnent mal à la tête. L'heure passe beaucoup trop lentement à mon goût et je n'ai aucune distraction, parce que la seule que j'avais n'est pas là. « Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé. » Pour une fois que je suis en accord avec une citation. Elle décrit parfaitement mon état d'esprit du moment.

  J'ai l'esprit totalement évasif. Les seules pensées qui me traversent sont toutes en rapport avec Liam. Et je le déteste de me faire subir ça. C'est parfaitement inhumain. Il n'a pas le droit de rester chez lui alors que moi j'attendais ce jour pour lui parler, enfin. Mais... L'espoir fait vivre parait-il. J'aime pas tellement employer ce mot parce que, selon moi, on ne devrait pas s'accrocher au fait d'espérer obtenir quelque chose. Il ne faut pas passer la moitié de sa vie à attendre qu'un évènement survienne, il faut avancer sans y penser se laisser suspendre. C'est ça que j'appelle l'aventure, et elle construite sur des imprévus sinon elle ne vaut pas la peine d'être vécue. Je suis sorti de mes songes par mon meilleur ami qui me tape l'épaule pour qu'on se dépêche d'aller à la cafétéria. Le même rituel constamment. Je peux sentir le cercle vicieux se resserrer autour de moi. J'en deviens fou. Je ne bronche pas. On remplit nos plateaux, on prend place à notre table habituelle.

 

«  Alors, j'ai pensé organiser une fête pour l'anniversaire de Lou, mais seulement entre amis, proches et familles tu vois. Je ne veux pas de ces soirées superficielles qui finiront dans l'alcool. Mais je veux quelque chose d'inoubliable. Je veux qu'il se souvienne de son dix-huit ème anniversaire à jamais. Je dois marquer le coup. »

«  Ouais, ça lui plaira. Tu ferais ça le vingt-quatre au soir ? »

«  Voilà oui, je ne lui dis rien. C'est une surprise. Il va croire qu'on va passer une soirée en amoureux, je vais faire le tour des magasins avec lui, histoire qu'il s'achète des cadeaux, puis on rentrera chez lui et vous serez tous là. J'ai déjà la décoration en tête, sa mère veut absolument tout payer. Ça me gêne. Je veux que Louis sache que tout vient de moi. »

«  Tu as qu'à lui dire qu'elle achète juste la nourriture. Et toi tu t'occupes de la décoration, des cadeaux, et de l'organisation. »

«  J'avais pensé faire un petit feu d'artifice. »

«  C'est excessivement chère tu sais. »

«  J'en ai conscience, oui.Il se mordit la lèvre en jetant des regards autour de lui.Mais comme on dit, en amour on ne compte pas. »

«  Ou alors, tu demandes à sa mère de financer le feu d'artifice... »

«  T'es dingue ! Je vais déjà squatter sa maison le temps d'une soirée alors je ne vais pas non plus demander à cette pauvre femme de dépenser toutes ses économies. »

«  Bah quoi ? C'est ta future belle-mère, elle peut bien faire ça pour le petit ami de son fils. »

«  Je ne suis pas un profiteur. Et arrête un peu de raconter des conneries.Sourit-il en me lançant une miette de pain.J'y pensais depuis longtemps à cette idée, j'ai déjà pas mal d'argent pour. Même s'il ne dure que quelques secondes, je veux voir des étoiles s'illuminer dans ses yeux. »

«  Styles, tu me connais je ne dis pas ce genre de trucs souvent, mais rien que quand il te regarde son regard déborde de ces putains d'étoiles. Il est fou de toi ce mec, alors arrête de vouloir lui décrocher la Lune, parce que tu le lui as déjà apporté depuis votre premier baiser. »

«  Dis donc.Sourit-il, les joues légèrement roses. Je ne te savais pas romantique. »

«  C'est surement parce que je ne le suis pas. »

«  Tu me surprends tous les jours. Tu vas voir quand tu seras amoureux, mais vraiment, tu le seras forcément, t'auras toujours envie de sourire parce que t'as cette personne qui rend tes jours meilleurs à côtés de toi. Tu ne pourras rien contrôler et même si tu veux passer pour un bad boy tu ne voudras que le bonheur de ton copain. C'est pour ça qu'on dit « tomber » amoureux, parce qu'on... »

«  Ne s'y attend pas, je sais. Merci pour l'information Hazza, t'en a d'autres comme ça ? »

  Je vis un sourire amusé s'étendre sur ses lèvres, Louis fit son entrée en nous salons avec un air tellement heureux que ça pourrait presque lui déboiter la mâchoire. Sincèrement, j'avais mal pour lui. Sans attendre, les deux amants s'embrassent comme si ils ne s'étaient pas vus depuis un mois. En fait, ça fait seulement deux heures parce qu'ils ont passés leur intercours de dix minutes à se couvrir de baisers et à se câliner. Parfois, quand je les vois tellement heureux, je me dis que l'amour doit être un sentiment vraiment agréable, capable de combattre les pires démons. Mais je refoule vite cette pensée en me disant que ça ne m'arrivera probablement jamais, surement car l'homme que je désire en ce moment ne connaît pas l'amour. Ce mot lui est étranger.Pour lui, la perspective d'aimer un jour est vouée à l'échec total. Peut-être que je trouverai un autre garçon qui sera assez fort pour me faire ressentir ces papillons dans le ventre quand on s'embrase, mais pour l'instant, Liam est le seul qui ai réussi à me procurer ce retournement d'estomac jusqu'ici. Et dieu seul sait combien de baisers j'ai pu échanger avec des hommes.

 M'apercevant que les deux tourteaux sont trop absorbé dans leur monde paradisiaque, je me lève et dépose mon plateau, leur signale que je vais fumer et sort en vitesse de la cantine. Une fois en dehors du lycée, je me pose sur mon bout de muret habituel, j'ai de la chance, à cette heure-là il y a peur de monde devant les grilles. La fumée de la cigarette me broie déjà la gorge et j'adore cette sensation. Je ferme les yeux puis saisit mon portable. Aucun message. Je ne devais pas m'attendre à des explications de la part de Liam non plus. Je prends les devants et décide de lui envoyer moi-même un message.

☒  12h35. A Liam : Tu étais trop malade pour venir en cours aujourd'hui ?... Et après c'est moi la fillette dans l'histoire. Elle est belle ta bravoure. Je t'applaudis Payne.

   Je suis presque satisfait de moi. C'est tellement facile de l'atteindre derrière un écran, mais quand je l'ai face à moi tout devient beaucoup plus compliqué. J'ai ses orbes noisette, sombres, qui me fixent comme pour essayer de me faire fondre et je suis incapable de ne pas baisser le regard. Il parvient toujours à avoir le dernier mot, à me rabaisser et ça me met dans une colère noire. Au fond, c'est un peu ma faute. Je le provoque. Je cherche à lui faire mal. Mais avec lui c'est difficile de trouver la faille. C'est un peu comme s'il n'en avait pas vraiment. Comme s'il avait une pierre à la place du cœur. Et sincèrement, je commence à y croire. Rien ne le touche. Il rigole quand quelqu'un souffre, il sourit quand il a réussi à mettre plus bas que terre une personne moins forte mentalement que lui. Mais, après cette absence aujourd'hui, je suis convaincue qu'il n'est pas si insensible qu'il ne le laisse paraître. Je me demande même comment il se comporte avec sa famille ? Parce que, c'est véridique, nos parents et nos frères ou sœurs font partis de notre vie et sont, donc, un point de faiblesse caché au creux de notre poitrine. Ils connaissent exactement ce qui peut nous faire flancher. Mais ce sont les seuls à ne pas utiliser ça contre nous, pour nous nuire.

  Je pousse un soupir en me rendant compte que je pense trop. Je tire une nouvelle bouffée de ma cigarette, qui me grille littéralement la gorge, et me sent instantanément mieux. Le tabac a toujours eu un effet réparateur sur moi, du moins sur mon humeur, parce que je sais que mes poumons en prennent un coup à chaque fois. Que si je meurs ce sera probablement à cause de cette substance toxique qui court dans mon corps. Mais je n'y prête pas la moindre attention. Mon problème actuel ce prénom Liam, et non la cause de la mort. Et je préfère rentrer dans le lycée pour rejoindre mes amis plutôt que d'attendre un message –qui ne viendra pas- de sa part. Je retrouve les deux amoureux dans un jardin intérieur, ils ont l'air en pleine discussion mais s'arrêtent dès qu'il me voit venir.

«  C'est bon, tu t'es bousillé les poumons ? »

«  Je t'emmerde Styles. »

«  Au moins, je ne vais pas finir par cracher les miens quand j'aurais quarante ans. »

«  Qu'est-ce que tu veux. J'ai un goût prononcé pour l'autodestruction. »

 Mon meilleur ami va prendre ma dernière phrase à la rigolade, je le sais, la preuve en est qu'il lève les yeux au ciel comme s'il était face à un môme de trois ans. Mais moi, je pense vraiment ce que je viens de lui dire. Ce ne sont pas des mots en l'air. Je prends place sur le banc en face d'eux, Harry se trouve sur les genoux de Louis, les bras autour de sa nuque, et je me demande à ce moment-là s'ils ne se sont jamais lassés d'être ensemble. C'est idiot, parce que je sais que la réponse sera négative. L'amour est un sentiment puissant, à tel point qu'il peut détruire un homme. Mais en les voyants si proches, si heureux, je me dis que cette pensée ne peut pas être véridique. Leur sourire est si brillant que j'en ai mal aux yeux, et à mon avis le champ de vision de chacun d'eux s'arrête sur le visage de l'autre. Je ne leur dirais probablement jamais, ça non plus, mais je n'arrive pas à me les imaginer séparés maintenant. Je sais pertinemment que je ne pourrais jamais avoir un jour, avec quelqu'un, une relation aussi fusionnelle que la leur. Mais je peux bien tenter d'en entretenir une quand même, non ? Je veux dire, qu'est-ce que je risque ? Ou plutôt, qu'est-ce que je peux y perdre ? Mon attirance pour Liam peut-être.

  Si j'arrive à sortir avec un autre garçon j'en oublierai forcément mon bourreau. Ça ne doit pas être bien compliqué à faire. Il faut simplement trouver la bonne personne. Celle qui sera prête à se donner corps et âme pour moi. Qui sauterait dans un bain d'acide dans le but de me sauver la peau. Selon mes idées, c'est cela la vraie preuve de l'amour. Ça ne se base pas seulement sur la fidélité, la confiance, et les sentiments. Mais aussi, et surtout, sur la dévotion et l'engagement de l'autre. Ce que je m'apprête à dire peut paraître tout à fait égoïste, et je n'en ai pas la moindre honte parce que je le suis la plupart du temps mais, je ne serais pas prêt à faire autant de sacrifices pour un homme, même un que j'apprécie. Je ne suis pas fait pour être dépendant de quelqu'un. Et je l'assume parfaitement. Je n'ai encore jamais vraiment été en couple. Je ne sais pas trop ce que c'est, ni comment on est censés se comporter avec l'autre sous ce terme. Je ne sais pas non plus si un jour je serais capable de dire ces deux mots qui font rêver à mon copain ; « je t'aime ». Mais ce dont je suis certain, c'est que s'il m'attire, je ne laisserai jamais personne s'en approcher. La jalousie est surement l'un de mes pires défauts. Et dieu seul sait combien j'en possède.


*   *   *


Mardi.

  Je ne suis même pas surprit de ne pas avoir vu Liam de toute la journée. Il est dix-sept heures lorsque je quitte les cours, mes deux amis passant leur nuit du Mardi ensemble. Étant donné que notre Mercredi n'est pas chargé au niveau de l'emploi du temps, et que Louis n'a même pas cours ce jour-là. Ils peuvent donc se permettre de se voir entre ces deux jours. Sur la route du retour, j'allume ma cigarette à cause de la brise fraiche qui me pétrifie littéralement le corps. Dès la première bouffée je me sens revivre. Mon portable me diffuse dans les oreilles un son crachant de Nirvana, comme j'aime, et je ne peux réprimer mon sourire. Pourtant, ce dernier disparaît rapidement quand j'aperçois à la rue en bas de chez moi mon pire cauchemar ; Liam. Je ne cherche même pas à savoir ce qu'il fait ici, alors qu'il habite à une heure de ce lieu, et lui passe devant sans lui accorder le moindre regard. Mais je vois qu'il ne s'attendait pas à cela sur l'expression de son visage. Il ne pensait quand même pas que j'allais lui faire la causette comme à un vieil ami ? Je ne suis même pas surprit quand, couvert par les bruits de la guitare de Kurt Cobain, je l'entends crier mon nom. Il me tire par le bras pour que je me retourne vers lui et m'arrête de marcher. Je soupire et retire mes écouteurs, en prenant tout mon temps, puis relève enfin les yeux vers lui. Ce que je vois me donne des frissons. Puis, je ne vais pas le cacher, une envie folle de me jeter sur ses lèvres. Il est en colère. Ses traits sont durs et tirés. Ses pupilles sont sombres. Ses poings serrés et j'ai du mal à savoir s'il compte me frapper ou juste me hurler dessus.

«  Qu'est-ce qui te prends de m'ignorer comme ça ?! »

   Finalement, il penche pour la deuxième option. Les veines de son coup sont tendues. Je ris intérieurement de mon coup.

«  Si tu avais tant envie de me parler fallait venir au lycée ces deux derniers jours au lieu de prétexter une quelque conque maladie. »

«  Ferme là ! Tu ne sais pas de quoi tu parles ! »

«  Oh que si, crois-moi. T'as pas assez de couilles pour affronter ce qui s'est passé. »

«  Je te conseilles de la boucler maintenant. »

«  Comment tu as su où j'habitais ? »

«  Je t'ai suivi jusqu'à chez toi une fois, pour te tabasser, mais ton père était sorti en te voyant au bout de la rue, alors je n'ai rien tenté. Je veux bien te faire souffrir mais pas finir en prison non plus.. »

«  Au fond, je commence à croire que la pédale c'est toi et pas moi. »

  Sans vraiment le sentir venir, il me plaque contre le mur derrière lui, d'une force qui en surprendrait plus d'un, et me fixe de son regard d'assassin. J'y vois de la foudre, de la haine et des envies de meurtre. Je crois avoir trouvé un sujet qui fâche. Peut-être même un point sensible. Ses mains pressent mes épaules et mon dos contre le mur, tellement que je ne sens plus la douleur, ce qui m'expose sa rage profonde.

«  Répète ça Malik ! »

«  Quand tu veux chéri.Je lui sors mon sourire hypocrite alors que je le sens se tendre. J'ai dit... M'avoir évité pendant deux jours me prouve bien que tu n'es pas capable de voir la réalité en face. Que tu redoutes ce qui peut arriver. Et que... Cet état d'esprit fait de toi, une fillette. »

  Je ne mâche pas mes mots. Je n'hésite pas une seconde à lui servir toute la vérité, du moins la mienne, sur un plateau d'argent que lui jette négligemment à la figure. Dès que je finis ma phrase, je sais que je le regretter. Mais j'assume. Je n'ai aucune honte à le remettre en place pour une fois. Son regard se voile. Il serre les dents. Sa mâchoire d'une façon, si prononcé, que je ne savais pas qu'un humain en serait capable. Je m'applaudis mentalement. Ma conscience me crie victoire, mais elle se met vite à exploser quand, dans un geste tout à fait inattendu, le châtain écrase violemment sa bouche contre la mienne. Je me crispe au premier abord mais me laisse finalement entraîner. Ça n'a rien de doux, non. Il me mord plusieurs fois, avec colère, la lèvre inférieure et je suis certain que du sang en coule à présent. Mais... Je raffole entièrement de ce baiser. Il me retourne l'esprit comme jamais personne n'a su le faire. Je bénis n'importe quelle présence dans le ciel de me l'avoir offert ce soir. Et même si cet échange n'a pas duré longtemps, je me sens pousser des ailes. Pas n'importe lesquelles. Celles qui me conduiront directement au paradis. A l'apothéose. Son corps est tellement proche du mien que j'en perds la tête. Pourtant je n'en ai pas touché la moindre parcelle, parce que ses mains me maintienne, fermement, immobile contre le mur. Des milliers de questions me tournent dans le cerveau mais je n'ai pas le temps de m'y attarder, le baiser est trop fiévreux pour que mes idées soient en place.

 Même si j'apprécie ô combien cette façon si spéciale qu'il a de m'embrasser, je le déteste. Je le déteste parce qu'il a trouvé le fatidique moyen de me posséder totalement. Je le déteste parce qu'il sait comment m'atteindre maintenant. Quand, déjà, ses lèvres quittent les miennes, je vois sur son visage un sourire narquois. Je n'ai pas le temps de compter deux seconds que sa main s'abat avec violence sur la joue. Je baisse la tête en fermant les yeux. Je sais à quoi m'attendre maintenant. Une vengeance. Le deuxième coup ne tarde pas à partir, cette fois-ci dans le ventre. Je me retrouve étendu au sol en moins d'une minute. Je ne peux pas rivaliser avec sa force alors je le laisse faire de moi son martyr. Comme souvent. Je gémis de douleur plusieurs fois. Il en rit. Je ferme simplement les paupières aussi fort que possible pour ne plus penser qu'à ce baiser hors du commun qu'on vient d'échanger. Je regrette que ça soit arrivé. Il sait où attaquer la prochaine fois, et même mes meilleures armes ne pourront rien y changer. Les coups pleuvent. Il n'épargne rien, chaque partie de mon corps est sa cible. Mes côtés, mon visage, mon ventre, mes jambes, mon dos et j'en passe. Je suis en sang. Je le sens couler le long de mon crâne, de ma joue et de mains. C'est ça façon à lui de prendre plaisir. D'un certain côté, je le comprends. Mais je serais incapable de faire du mal aux plus faibles que moi. Question de morale. Lui, ne doit simplement pas en avoir. Je compte un temps interminable avant qu'il ne me saisisse par le col pour me plaquer une nouvelle fois contre le mur.

«  Quand je te dis de la fermer, tu le fais. Compris ? »

 Faible, et surement défiguré, je me contente de hocher la tête. Les sourcils froncés tandis qu'il me relâche. Toute force m'a quitté et je me laisse glisser au sol. Lentement. C'est à son tour d'être victorieux. Il s'abaisse pour prendre ma cigarette qui est tombée au sol durant notre altercation et la ramène entre ses lèvres. Je le regarde faire mais ne dit rien. Il tire une bouffée, un sourire satisfait sur les lèvres, les yeux rivés sur moi. Je ne peux y lire que du profond mépris.

«  Et si tu parles de ce qui vient de se passer à qui que ce soit, même à tes deux pédales d'amis, compte sur moi pour te faire la peau. Tu me connais, je suis un homme de parole... J'espère au moins que tu auras retenu la leçon. »

  Je ne peux qu'accepter ses paroles, qui ont l'effet d'un coup violent dans la poitrine, et me taire. Encore. Je le hais. Exécrablement. Cet homme est inhumain. Sans compassion. Sans cœur. Sans sentiments. Exception faite de tous ceux qui peuvent engendrer de la souffrance aux autres. Il part, sans aucun mot de plus à m'accorder. Je n'essaye même pas de le retenir. Cela ne servirait à rien de toute manière. Il trouverait un autre prétexte pour me rouer de coups. Je laisse ma tête reposer contre le mur en brique contre lequel, il y a à peine deux minutes de cela, on échangeait, lui et moi, un baiser frénétique. Notre deuxième baiser. Et, rien que le fait d'y repenser me confirme une chose, à mon plus grand damne, je suis totalement dépendant des ses lèvres.

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