Chapitre 7

Vendredi 8 septembre- (troisième partie)

Mon dieu !! Le poisson est vraiment délicieux, et ces légumes... exquis.

-C'est vraiment délicieux !

-Ravi que le dîner vous plaise. Il est vrai que ce restaurant propose une cuisine raffinée et goûteuse. Me répond mon patron.

-Je ne dirai pas le contraire. Lui dis-je, charmée.

-Vous n'avez pas pris de champagne. Voulez-vous que je vous en serve une coupe ?

-Non, merci. À vrai dire, je ne bois pas. Lui dis-je avec pitié.

Le pauvre a payé une bouteille inutilement .

Ça lui apprendra à ne pas demander ton avis, à ce thon.

Il n'a rien dit mais de toute évidence il s'est senti stupide.

Je continue :

-Mais dites-moi si nous sommes là ce n'est pas simplement pour juger de la qualité des plats et de l'ambiance du lieu, alors si nous abordions le sujet Gauthier.

L'affaire Gauthier est une affaire très délicate sur laquelle avant de travailler avec Maître. Azaley, j'avais commencé à étudier avec Maître. Imbert. Maintenant parti, je voulais savoir comment j'allais devoir procéder par la suite avec le thon.

-En effet, que pouvez- vous me dire sur le cas ? Dit-il comme s'il ne connaissait pas déjà le dossier.

-N'avez-vous pas les éléments nécessaires sur l'affaire ? Lui demandais-je.

-Non, je n'ai rien reçu de votre précédent supérieur.

-Sans doute un oubli de sa part. C'est un homicide plein de mystère en réalité, c'est d'ailleurs pour cela qu'il a été confié à Avocats & Law. Six des sept membres de la famille Gauthier sont décédés d'un coup de fusil à bout portant dans la nuit du 29 au 30 juillet de cette année dans le Sud de la France.L'informais-je.

-Six des sept membres ? Dans le Sud, alors pourquoi nous l'avoir confié ?

-Seule la fille aînée de la famille, Alice, semble avoir survécu, en effet. Quand à l'affaire, elle nous a été confié par la famille de la mère Gauthier qui habite en banlieues parisiennes et qui a déjà eu recours à nos services. J'imagine qu'ils ont été satisfait la première fois.

-Très bien, alors qui défendons-nous ?

-Les six membres décédés contre Alice.

-Pardon ? Me fit-il, incrédule.

-Cela peut paraître fou, mais la famille de Mme. Gauthier est persuadée que le tueur n'est autre que la fille aînée de la défunte famille.

-Je peux comprendre qu'elle soit le principal suspect mais de là à l'accuser d'homicide volontaire sur l'ensemble de sa famille, cela semble quelque peu surréaliste.

-Sans doute mais la procédure est déjà lancée et je pense également qu'Alice est le meurtrier à vrai dire. Lui fis-je part.

-Ah oui ? Pourquoi cela ? Y a-t-il eu des interrogatoires ?

-Bien sûr comme dans chaque affaire de meurtre. Dans cela on la voit renfermée, elle paraît extrêmement affaiblie et instable psychologiquement, ses réponses sont incohérentes et à l'inverse elle connaît des détails qu'elle ne devrai pas savoir, elle ne plaide pas coupable mais ne dit pas non plus qu'elle ne l'est pas. D'après la famille maternelle, elle serait... comment dire, comme commandée par des choses.

-C'est à dire ?

-Et bien, ils pensent qu'elle est possédée et que c'est pour cela qu'elle aurait décimé sa famille sans oublier le chien.

-Foutaises. C'est ridicule, voyons Ava, vous n'y croyez pas ?!

À vrai dire, tout était possible, je me disais que certaines choses étaient inconnues de l'homme, qu'elles nous échappaient. Pourquoi tuer sa famille soudainement, surtout qu'elle ne paraissait pas les détester ni n'avoir prémédité quoi que ce soit ?

Oui bon peut être mais ne va pas lui dire ça il va te prendre pour une folle.

Je décide d'écouter ma patate intérieure.

-Non, en effet, cependant si ce n'est pas elle qui d'autre pourrait bien avoir pu pénétrer dans la maison à 4h du matin sans aucunes effractions, sans aucunes empreintes de doigts ou de pas et sans que le chien ne s'en rende compte et ne réveille la famille entière ?

-C'est pour cela que nous sommes sur cette affaire, Mademoiselle Morelli. Rien n'est impossible. Nous allons rendre justice.

Malgré son discours enthousiaste, il ne fallait pas se faire d'illusions. Alice était très certainement la coupable. Si jeune et bientôt sa vie serai détruite. Je ne suis pas dupe si nous rassemblons assez de preuves contre elle, son avocat plaidera la démence et elle n'ira pas en prison, elle sera internée ce qui est mieux que de croupir derrière des barreaux.

***

Je vous passe le reste du dîner, nous avons discuté longuement de tout et de rien, du travail, de mes études, de ses parents. J'ai appris qu'ils étaient riche et que châtain sexy devait reprendre la multinationale de son père, cependant il avait refusé pour le moment. S'il stabilisait sa situation avant ses 30 ans, c'est-à-dire le combo classique Maison, Mariage, Petit chien de compagnie, il ne serai pas obligé de reprendre l'entreprise et elle reviendrai de droit à son frère le plus jeune, Hugo. Il avait un autre frère qui habitait à l'étranger, Sébastien, depuis près de deux ans mais qui revenais assez fréquemment pour ses affaires et pour voir sa famille. J'avais vite compris que son père était vieux jeu mais il s'inquiétait pour son fils ce qui était tout à fait compréhensible.

Nous n'avions décidément pas le même père lui et moi.

Mais il possédait déjà sa propre richesse alors pourquoi vouloir celle de son père également quand on avait réussi par ses propres moyens et il était passionné par ce qu'il faisait. Alors il ne s'inquiétait pas de devoir reprendre quoique ce soit même si à 30 ans il n'était toujours pas casé.

De toute façon qui voudrait se marier avec lui à part une croqueuse de diamant. Se moqua ma conscience.

Elle n'avait pas tord, ce marier avec lui, pour être à jamais trompé et trouver des bâtards à chaque coin de rue. C'est sûr, ce n'était pas une vie.

Maître. Azaley aimait trop les femmes pour ne se contenter que d'une seule. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure et il ne suffisait que de voir son comportement avec moi, simple étudiante, sans charme particulier et avec quelques kilos en trop, me faisant de doux compliments qui bien sûr me flattaient tout autant qu'ils ne me mettaient en garde. Non pas que je me trouvais horrible mais à côtés des mannequins qu'il fréquentait comme je l'avais vu lors de mes recherches, je ne faisais que pâle impression.

C'est un mâle dominant qui aime se savoir désiré et en profite. Et comme je l'ai dit, il n'y a cas voir les photos de lui en compagnie de très belles femmes à différents événements comme des galas, des bals ou encore des enchères. Il est beau mais en plus riche. Quel bon parti, mais il est d'une arrogance affligeante. Alors que dieu aide la femme qui se mariera avec lui, elle en aura bien besoin.

Ça c'est certain.

Il a fait sa petite fouineuse aussi. Me posant des questions sur ma vie de manière subtile mais je ne suis pas dupe et je sais comment contourner ce genre d'interrogations.

Il voulait en savoir plus sur ma famille.

Qu'est ce que j'aurais pu lui dire ? Que mes parents ont divorcé après 6 ans de procédure ? Que mon père avait envoyé ma mère à l'hôpital parce qu'il lui avait presque coupé la main en deux ? Qu'après le divorce ma mère est tombée malade de la sarcoïdose, maladie chronique sans traitement et que quelques mois plus tard elle était décédée.

Et oui, ma famille n'est pas exemplaire mais bon. Après son décès j'ai dû retourner vivre avec mon géniteur. Il n'avait aidé ma mère qu'à me concevoir, après tout un spermatozoïde pouvait être donné par n'importe qui, et elle n'était pas la vierge Marie non plus. Alors même si nous avions le même sang, pour moi ce n'était qu'un être humain parmi tant d'autres.

Je suis restée quelques temps avec lui, je n'en pouvais plus après, j'étais tellement indifférente à son existence mais il pensait avoir je ne sais quels droits sur moi, alors un jour je lui ai dis ses quatre vérités et je suis partie ou plutôt il m'a mise dehors mais tant mieux. Alors j'ai passé quelques temps à la rue. Puis j'ai été hébergé par une amie. Je n'étais pas bien après la mort de ma mère, je n'avais que ma demi sœur, Louisa. Pourquoi ne suis-je pas allée chez elle dès le début ? Parce qu'elle est mariée, c'est mon aînée de 9 ans et je sortais beaucoup avec des gens peu fréquentable, je rentrais tard la nuit et je m'en suis mordue les doigts. Donc après la mort de ma mère et ma vie avec mon père j'ai compris que j'étais seule et que l'on n'était jamais mieux servi que par soi-même. J'étais encore attachée à quelques personnes et à quelques amis mais après cette nuit... je n'ai plus jamais été la même.

***

Finalement, j'ai accepté qu'il me raccompagne. Il voulait payer la totalité de l'addition mais j'ai catégoriquement refusé. Je n'ai pas besoin que l'on paye pour moi, j'ai horreur de cela. Je m'assume totalement.

Passons, il nous conduit à l'extérieur du restaurant où une voiture nous attend déjà. Un chauffeur privé ? Être riche et l'assumer avait des avantages certains. Il m'ouvrit la porte arrière pour que je m'installe, l'a referma pour rejoindre l'autre porte ouverte par son chauffeur. Je n'ai rien eu à dire, parce que le conducteur semblait savoir où j'habitais, bizarrement.

On te suit maintenant fais attention à ta peau. Ou plutôt à NOTRE peau.

A vrai dire je n'ai pas plus réfléchi, j'étais fatiguée et je le remercie intérieurement de n'avoir rien dis durant le trajet. Je n'étais pas capable de parler. Une musique en fond et j'étais prête à rejoindre mon amour de toujours, Morphée. Heureusement que nous sommes arrivé peu de temps après.

-Attendez, je vous ouvre. Me fit-il.

-Ne vous dérangez pas merci.

Mais il est quand même descendu m'ouvrir.

Il m'a raccompagné jusque devant chez moi c'est-à-dire à trois mètres de la voiture.

-Merci pour ce dîner. Lui dis-je.

-Il n'y a pas à me remercier vous avez payé votre part. Dit-il dans sa barbe.

-Comment, vous disiez quelque chose ? Dis-je en faisant semblant de ne pas avoir entendu. Mais je voulais rire, les hommes voulaient toujours nous impressionner.

-J'ai dit que c'est moi qui vous remercie d'avoir accepté cette invitation.

Mais oui bien sûr, c'était ça.

-Bonne nuit. Fis-je en sortant mes clefs de mon sac. Puis j'ai relevé la tête.

-Bonne nuit. Me dit-il en m'embrassant sur les deux joues et en plaçant sa main dans le creux de mon dos pour réduire la distance que j'avais précédemment instauré par sécurité. La prochaine fois je mettrai un mur parce que je me suis faite avoir.

Je vais le tuer sur place.

J'ai vite mis mes clefs dans la serrure parce que je n'étais pas bien. Non mais ça va pas ? Me toucher comme ça. J'avais envie de pleurer mais je ne pleure plus depuis cette terrible nuit. Je déteste que l'on me touche sans me prévenir, sans que je ne connaisse bien la personne, sans avoir montré que je voulais être touché. Je l'ai regardé une derrière fois, sans doute froidement vu le regard d'incompréhension qu'il m'a lancé. Super, me voilà toute rigide et contracter alors que tout allait plutôt bien jusque là.

Une fois chez moi j'ai regardé par la fenêtre qui menait sur la rue et il était en train de s'en aller avant de s'arrêter et de se retourner pour scruté l'immeuble, heureusement qu'il ne sait pas à quel étage j'habite même si mon loft était en réalité sur deux étages et que je n'ai pas allumé la lumière alors il ne m'a pas vu.

Ce petit c**. Qu'il ne te touche plus sans ton consentement sinon il aura à faire à moi. Je ne veux plus te ramasser à la petite cuillère comme la dernière fois. Tu mérites d'avoir la paix et d'être heureuse.

Tu ne peux rien lui faire, ce n'est pas sa faute, il ne sait pas, c'est moi la fille dérangée et bizarre dans l'histoire. Après tout qui n'aime pas être touché ou même effleuré, c'est moi. Je vais prendre mes distances c'est mieux. Et la paix ? Je ne l'aurais jamais.

***

°°°Il fait froid et je suis peu couverte.

Je viens de quitter des connaissances de boîte.

Je marche rapidement pour pouvoir rejoindre l'avenue et me trouver un taxi.

Je repense à ces derniers mois. Me faire virer par mon père alors que je venais d'être majeure. Mes jours en tant que SDF. Heureusement qu'une de mes amis avait eu la compassion et la bonté de m'héberger quelques temps chez elle. Je me souviens que quand elle m'avait reconnu dans la rue, j'avais ressenti une honte incommensurable, en plus de cela elle m'avait passé un savon sur la place public, à me crier dessus et à me demander pourquoi je ne l'avais pas appelé pour demander de l'aide.

Je ris toute seule pour finalement me rendre compte que je me suis perdue. Me voilà devant un cul de sac.

J'entends des pas. Je me retourne. Un craquement. Un visage effrayant. Mes cris.°°°

Je me réveille en sursaut. Je prends un temps pour retrouver mes esprits. Ce n'était qu'un rêve, merci mon dieu. Je sens une goutte longer les courbes de mon visage pour se mélanger à ma sueur. J'ai pleuré dans mon sommeil et je suis toute collante. Malgré le somnifère que je prenais chaque soir contre mes insomnies et mes cauchemars j'avais réussi à me réveiller et surtout à rêver. Tout cela à cause de ma fin de soirée avec Maître. Azaley. Je regarde l'heure, 5h du matin, je ne vais sans doute pas me rendormir.

Je me lève, de toute façon aujourd'hui c'est samedi et je ne vois Matthieu qu'à 15h. Je vais à la cuisine me servir un verre de jus d'orange. Ensuite je vais prendre une douche pour me purifier de ce mauvais rêve qui autrefois était bien réel. Je prends mon temps, me lave les cheveux, me détends ou du moins essaye. Je prends le gel douche, le frictionne entre mes mains et viens me masser le corps. Je ne m'attarde pas sur les zones marquées par cette nuit. Je me rince, arrête l'eau et m'enroule d'une serviette et en utilise une autre pour mes cheveux. Je m'examine dans la glace. Ça va je ne fais pas peur, je devrais pouvoir tenir aujourd'hui.

Je me dirige vers mon dressing. J'enfile une culotte et mets une nuisette parce qu'il fait trop chaud pour moi. Non pas qu'en septembre à Paris il fasse 28°C, c'est juste mon corps qui génère trop de chaleur. Ensuite, comme j'ai l'habitude de faire à chacun de mes épisodes d'insomnies, je mets de la musique, cette fois je jette mon dévolu sur un prélude de Chopin, l'opus 28 n°4. Les musiques classiques m'aident à relativiser, à réfléchir, je suis dans ma bulle, et je sais que je suis la seule à pouvoir me comprendre. Je m'assis sur ma méridienne en velours gris et je contemple la ville à travers ma baie vitrée. Cette nuit, il n'y a ni d'orage, ni de pluie. Dommage. Le ciel n'est pas à l'image de mon humeur.

***

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