Deux jours ont passé, je suis dans ma chambre, allongé sur mon lit, attendant qu'on vienne m'appeler pour manger.

Sans grande surprise la porte s'ouvre. Je me redresse et m'assis sur le rebord du lit. Un aide-soignant passe le pas de la porte, ce n'est pas celui de d'habitude, où est mon vieil aide-soignant, malgré son âge je l'aimais bien, car après toutes ses années d'expérience il avait compris que le silence pouvait rendre un patient heureux, il ne me parlait jamais, et j'aimais ça, car lui au moins, ne disait pas que j'étais fou.

- Où est celui qui s'occupait habituellement de moi ?

- Il vient de partir à la retraite, je le remplace, je m'appelle Yoongi. Dit-il d'un ton sec, mais tout de même hésitant

D'apparence il semble jeune, mais je pense qu'il est un peu plus vieux qu'il en a l'air, ses cheveux blonds qui tombent sur son front et son teint clair lui donne un air plutôt enfantin. Il a l'air gêné, n'ose pas vraiment me regarder dans les yeux, il me tend le fameux gobelet avec mes médicaments à l'intérieur. Je lui prends des mains et les avale d'une traite, enfin c'est ce qu'il croit, car depuis ce jour, j'utilise la technique que Jin m'a apprise.

C'est un nouveau il ne se doute de rien, il paraît innocent, il me salue avant de partir. Depuis quand le personnel est poli ici ? Ça se voit que c'est bel et bien un nouveau, le pauvre je ne lui donne même pas une semaine pour tenir dans cet endroit, même en tant qu'employé, je dois avouer que ce n'est pas toujours facile pour eux avec tous ces dégantés qu'ils doivent surveiller.

Une fois partie je recrache le comprimé et les deux gélules que j'avais calée entre mes molaires et ma joue, de toute façon il n'a même pas vérifié si je les avais bien avalés.

Je les mets dans ma poche et me dirige vers l'armoire qui se situe en face de mon lit, je la pousse, elle n'est pas très lourde, je n'ai pas beaucoup de vêtements dedans, et je ne peux même pas m'en acheter d'autre vu qu'il n'y a pas de magasin dans ce foutu asile psychiatrique, et tous ce qu'ils donnent pour nous habiller sont des uniformes hideux qu'ils lavent puis redistribue.

Une fois l'armoire décalée d'un mètre je m'assis face au mur, là où elle se situait, je sors les médicaments de ma poche puis les humidifie une nouvelle fois avec ma langue, une fois devenue un peu collant je les déposent sur le mur, là où d'autres étaient déjà collés de mes jours précédents. Je me lève et remets l'armoire comme elle était.

- Que faites-vous ?

Je me retourne et vois ma psy entrer dans ma chambre, j'avais complètement oublié qu'elle venait dans ces tranches d'heures là. On ne peut vraiment plus être tranquille ici, les gens rentrent comme dans un moulin dans ma chambre.

Je m'allonge sur mon lit, et elle sur une chaise à côté, comme à chaque séance je ne dis rien, tous simplement, car je n'ai rien à dire. J'ai déjà essayé de parler, mais quoique je dise ça se retourne contre moi. Et même lorsque je me décide à répondre, elle me répond par une autre question.

- Prenez-vous correctement vos médicaments ?

Même quand je ne dis rien, elle me pose des questions.

- A votre avis, pourquoi personne ne vient vous rendre visite ?

Je fronce les sourcils. Tout simplement parce que ce sont eux qui interdisent les visites, voilà pourquoi personne ne vient me voir.

- Ou est-ce vous, qui refusez de voir quiconque ?

Ses questions m'énervent, essaye-t-elle de me piéger ? Voilà pourquoi je décide de ne rien répondre.

- Depuis le temps, êtes-vous bien intégré ici ?

Elle m'agace, elle m'énerve. Un mal de tête apparaît d'un coup, je me frotte les yeux, puis les tempes pour soulager mon mal.

Je tourne la tête vers la porte en rouvrant les yeux et aperçois Jin passer dans le couloir, je lui souris, il voie qu'il y a ma psychologue, il me fait une grimace pour se moquer de celle-ci et part comme si de rien était. Je ricane et refais face à ma psy. Mon mal de tête va mieux, c'était juste passager. Je la vois me lancer un regard vers la porte ouverte puis vers moi pour ensuite déposer son regard sur son dossier et y inscrire quelque chose.

Qu'est-ce qu'elle écrit ? Je n'ai rien dit ! C'est maintenant interdit de sourire à un ami qu'on croise ?

Une fois la séance terminée je sors de ma chambre pour me rendre dans les salles communes afin de retrouver Jin. Je regarde un peu partout, mais ne le vois pas, où est qu'il est ? Je l'ai pourtant vu aller dans cette direction quand il est passé devant ma chambre tout à l'heure.

Je sens quelqu'un me prendre par l'épaule, je me retourne. C'est lui !

- T'essaye de me faire peur ? Dis-je en souriant.

- Non je n'oserais jamais voyons.

- Alors comme ça il y a un petit nouvel aide-soignant qui s'occupe de toi maintenant ?

- Comment es-tu au courant ?

- Je sais tout. Dit-il en rigolant.

On s'assit dans le hall principal, sur deux chaises, regardant les patients les plus absurdes les uns que les autres, cette salle était consacrée à nos moments de « liberté » où nous pouvons discuter avec d'autres résidents, mais comment parler avec quelqu'un qui est mentalement instable, comment avoir une discussion intéressante et qui a un semblable de bon sens ? il y a une télé dans un coin de la salle, mais qui n'a pas de télécommande pour que personne ne se dispute sur quelle chaine regarder. A côté de nous, il y a un piano, mais son clavier est toujours fermé à clé, personne n'a le droit d'y jouer, alors pourquoi ? pourquoi en mettre un ici ?

- Dis-Nam, tu l'as déjà vu faire autre chose que de rester debout à rien faire cette femme là-bas ?

Ah oui, il y a aussi cette femme, elle fait presque partie de la décoration, elle reste debout le regard vide jusqu'à ce qu'un aide-soignant la ramène dans sa chambre.

- Non Jamais, pas une seule fois.

- Depuis quand es-tu ici ? Me demande-t-il en tournant la tête vers moi.

- Je ne sais plus vraiment, tu sais, j'ai arrêté de compter les jours, et toi ?

- Pareille, je suis surement arrivé en même temps que toi.

- On aurait dû se croiser bien avant, ça m'aurait évité de rester seule depuis tout ce temps.

- Ça te dit qu'on s'amuse un peu ? Me dit-il avec un sourire en coin.

- Je ne dirais jamais non à quelque chose qui pourrait nous distraire d'un endroit aussi ennuyeux qu'ici

- Tu vois l'infirmier là-bas, devant le distributeur ? je te parie mon dessert que tu n'arriveras pas à lui prendre son stylo dans sa poche

- Défi accepté ! de toute façon il n'y a rien à faire, alors autant s'amuser comme on peut.

Je m'approche en marchand normalement vers l'homme qui prenait tout son temps à choisir quelle boisson prendre dans le distributeur, je me retourne une dernière fois avant de passé à l'acte, je vois Jin avec un grand sourire et les pouces en l'air pour m'encourager. Je m'avance un peu plus et passe ma main délicatement dans sa poche, j'ai des palpitations qui me traversent le corps. Voler un stylo me met dans tous ces états ? Ce qui prouve bien qu'il ne met rien arrivé de drôle depuis un certain temps.

Quelqu'un vient de me prendre fortement le poignet, ce qui me fait lâcher le stylo au sol.

- Qu'est-ce que tu étais en train de faire ?

L'infirmier qui avait enfin choisi sa boisson se retourne étonné vers nous, ils comprennent alors tous deux que j'essayais de le voler, mais ce n'est rien qu'un stylo, rien de bien grave, enfin c'est ce que je pensais. Ils me prennent tous les deux par les bras, je gigote et me détache et fais demi-tour en courant, mais ils me rattrapent plus vite que je ne l'aurais cru, ils me portent et essayent de m'emmener avec eux.

- Ce n'est pas de sa faute laissez-le ! Crie-Jin qui venait d'arriver en courant.

Il essaye de les convaincre, mais rien n'y fait, ils ne l'écoutent même pas, ne font pas attention à lui.

- Laissez-moi partir ! Dis-je en criant.

Ce n'est qu'un stylo, mais eux, ils voient ça comme une arme une fois dans les mains d'une personne dérangée mentalement, sauf que je ne lui suis pas, mais ils ne le savent pas. Tout ce que je fais et perçu comme un acte de rébellion.

Je vois une infirmière arriver et sortir une seringue de sa poche, et me la plante dans la jambe, je n'ai même pas le temps de ressentir la douleur que ma vue se floute.

* * *

Il fait sombre, Je suis assis les mains liées à une chaise, je me tortille dans tous les sens, mais je n'arrive pas à me détacher. Une lumière éblouissante apparaît au-dessus de moi telle une star sur une scène, puis une autre apparaît en face de moi, qui cette fois me laisse apercevoir un tribunal.

« Suite à l'expertise psychiatrique, Kim Namjoon est reconnu malade et irresponsable de ses actes. L'accusé est atteint d'une forme aiguë de schizophrénie, qui s'est développé de façon classique suite à des évènements perturbant et important qui sont survenus dans sa vie. »

Qu'est-ce qui se passe ? Où suis-je ? Mes mains tremblent, ma respiration se fait de plus en plus irrégulière.

« Suite à cette pathologie, il ne sera pas emprisonné mais sera placé en institution psychiatrique pour un traitement d'une durée indéterminé. »

- Nam ! Hé Namjoon !

J'ouvre les yeux en grand, j'ai chaud, je transpire du dos, du front, de partout, il fait un peu sombre mais la lumière de la lune éclaire la pièce, je suis dans ma chambre.

Je regarde autour de moi et reconnais Jin, debout à côté de moi.

- Tu es enfin réveillé.

- J'ai mal à la tête, j'ai fait un mauvais rêve.

- Je sais, tu parlais dans ton sommeil, je voulais venir voir comment tu allais, j'ai réussi à passer à l'encontre du couvre feux sans me faire prendre, je suis assez fière de moi.

- Je vois que tu as eu plus de chances que moi. Dis-je avec un petit rictus.

J'ai vraiment cru que ce rêve, enfin plutôt ce cauchemar était réel, cet endroit va vraiment me faire penser que je suis fou.

J'ai mal à la tête, ma migraine de ce matin est revenue, j'essaye de bouger mais je n'y arrive pas.

- Ces enfoirés ton attaché les jambes et les bras sur ton lit... Je sais que c'est dur de garder son calme, mais il faut rester neutre face à eux, comme ça ils ne pourront pas te trouver de problème, ne réagit pas à leurs provocations.

- Comment tu fais pour rester si calme, Jin ?

- En réalité je ne le suis pas, j'en ai juste l'air...