Jour 23

(Hey ! Je préviens déjà que dans cette fic, du moins au début, Nico aura encore le caractère de quand il avait 10 ans.)

"Moi c'est Nico di Angelo, et toi ?"

Je clignai plusieurs fois des yeux pour être sûr que ce soit bien réel. Il était là-bas et maintenant il se tenait juste en face de moi. Comment avait-il fait pour se déplacer si vite ? Je ne comprenais pas, qui était-il ? J'avais tellement de questions à lui poser que tout se bousculait dans ma tête et je n'arrivais pas à articuler de phrases cohérentes. Je balbutiais des mots incompréhensibles et un sourire amusé apparut sur son visage. Il était plus petit que moi, beaucoup plus jeune aussi, il avait des cheveux noirs en bataille et portait un blouson d'aviateur sur un jeans délavé avec des bottines. Il avait encore un visage innocent d'enfant malgré la lueur de malice qui brillait dans son regard profond. Une de ses mains était dans la poche de son blouson tandis que l'autre était toujours tendue vers moi. Il la désigna d'un geste et me regarda insistant avant de répéter :

- Et toi ?

Je mis quelques secondes avant de me rendre compte qu'il voulait une réponse. Je clignai de nouveau des yeux pour remettre mes idées en place.

- W-William Solace, Articulai-je en lui serrant la main, Ou tout simplement Will.

- Enchanté, Will !

Je ne voulais pas paraître rude mais je n'ai pas pu m'empêcher de poser la première question qui m'était venue à l'esprit.

- Qui-Qui es-tu ?

Il fronça les sourcils avant de répondre.

- Je suis Nico, Dit-il comme si c'était l'évidence puis ajouta, Je viens de te le dire !

Il laissa s'échapper un rire léger, aussi doux qu'une brise en pleine canicule. Il avait une façon de parler tellement innocente, comme si tout était évident et simple, comme s'il suffisait d'un sourire pour stopper les guerres dans le monde. J'étais encore plus perdu, ne sachant pas comment réagir face à lui ou quoi dire. Il m'intriguait mais j'avais aussi un sentiment de malaise, c'était la première fois que je ressentais ça, d'habitude j'avais facile avec les gens, je savais toujours quels mots utilisés, comment me comporter, j'aimais la compagnie et échanger avec d'autres personnes mais là c'était différent. Voyant mon trouble et que je réagissais peu, un malaise s'installa et il commença à se balancer d'un pied sur l'autre. Il rompit finalement le silence en disant :

- J'ai été content de te rencontrer, Will !

Il tourna ensuite les talons et disparu dans la forêt. Je restai encore quelques minutes sans bouger à fixer l'endroit où il se trouvait plus tôt comme un idiot. Je secouai la tête, cette rencontre était décidemment bien étrange... Je décidai de rentrer chez moi, il commençait à se faire tard, le soleil avait presque finit son tour.

Cette nuit fut assez agitée. J'avais eu du mal à trouver le sommeil, à chaque fois que je fermais les yeux et essayais de m'endormir, je revoyais le visage de ce garçon et des centaines de questions m'assaillaient. D'où venait-il ? Il avait un léger accent Italien ou Espagnol, je n'ai jamais vraiment su faire la différence, quand il parlait, était-il en vacances ? Mais alors où étaient ses parents ? C'est peut-être pour ça qu'il était parti aussi rapidement. Je tentais de trouver une réponse cohérente à la situation mais ça ne m'apportait que des questions en plus. Vers 2h du matin, j'abandonnai d'essayer de m'endormir et décidai de rechercher son nom sur internet. Evidemment, je ne trouvai rien, même pas sur les réseaux sociaux. Je pourrai peut-être demander à Aileas demain matin ? Elle connaissait tout le monde, elle devait certainement avoir entendu parler de lui. Elle me dirait sûrement que ce n'est qu'un enfant du village qui joue dans la forêt et que je m'inquiète pour rien. Je réussis finalement à m'endormir sur cette pensée.

Lorsque je me réveillai ce matin, le soleil était déjà haut dans le ciel. Vu l'heure tardive à laquelle je m'étais endormi, le réveil fut plutôt difficile. Je me levai comme un zombie et me dis que ce serait mieux d'attendre début d'après-midi avant d'aller chez Aileas. Je descendis donc me préparer du thé et par chance il restait encore une tranche de pain. Je notai sur le frigo un rappel d'aller à la boulangerie et allai m'assoir sur le canapé. Il faisait incroyablement vide. Je m'en étais pas rendu compte jusque là mais je m'étais presque habitué à la sensation qu'on me regarde et là, rien, comme si j'étais tout seul pour la première fois. Je n'allais pas m'en plaindre mais ça faisait bizarre.

J'essayai de m'occuper comme je pouvais entre les réseaux sociaux, ma série et mes livres en attendant une heure correcte pour débarquer chez Aileas. Celle-ci (l'heure, pas Aileas) sonna enfin comme un soulagement et je me précipitai dehors. Je pris un pull au passage et l'enfilai en verrouillant la porte d'entrée. Lorsque je passai devant la boulangerie, je me rappelai de la pénurie de pain et me dis que j'irai en chercher en sortant de chez Aileas, pour ne pas débarquer avec mes sacs de course. Celle-ci m'ouvrit la porte avec un grand sourire après que j'ais sonné mais je pouvais lire la surprise sur ses traits de me voir ici. Elle me fit entrer et me proposa à boire, ce que je refusai poliment, disant que j'avais juste quelques questions à lui poser. Elle sembla intriguer et nous installa dans le salon. Elle me regardait droit dans les yeux, attendant que je commence.

- Je voulais simplement te demander, comme tu connais à peu près tout le monde ici, si tu avais déjà entendu parler d'un enfant, d'à peu près treize ans, les cheveux noirs, qui pourrait se trouver dans les bois près de la maison de ma grand-mère ? Lui dis-je, j'avais ajouté la précision de la couleur de cheveux car étant en Ecosse, le blond et le roux étaient beaucoup plus fréquents.

- Tu sais, il y a quelques adolescents et enfants ici et beaucoup aiment jouer dans la forêt, tu n'aurais pas plus de précisions, comme son nom ?

Evidemment, j'aurais du m'en douter, ça devait être fréquent de croiser des jeunes en forêt dans les environs, rien de quoi s'alarmer pourtant j'avais quand même une impression bizarre sur ce Nico di Angelo et je voulais savoir, savoir quoi exactement, je ne sais pas trop mais je voulais quand même savoir. C'est pourquoi je lui donnai son nom. Je vis une ombre passée sur son visage et elle fit une expression que je ne pus identifier. C'était passé tellement vite que je me demandai si je n'avais pas imaginé car déjà elle avait retrouvé son ton décontracté.

- Non, désolé, ça ne me dit rien. Tu voulais savoir pour quoi ?

- Pour rien, je demandais juste comme ça, merci en tout cas.

- Tu sais bien que c'est avec plaisir mais par simple curiosité, comment as-tu entendu ce nom ? Elle ne laissait rien paraître mais pourtant je sentais que sa voix était tendue.

- Juste comme ça, rien d'important, juste entendu par hasard.

Je savais qu'elle avait deviné qu'il y avait plus que ça par le regard lourd qu'elle avait sur moi mais elle ne posa pas plus de questions. Ayant mes réponses, je décidai de ne pas plus la déranger et de repartir chez moi sans oublier la boulangerie.

Sur le chemin du retour, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser un tas de questions et ne comprenais pas sa réaction. J'étais presque sûr qu'elle avait déjà entendu ce prénom, comment et dans quelle circonstance, je ne savais pas mais elle le connaissait d'une manière ou d'une autre. Maintenant, pourquoi me l'avoir caché, je ne savais absolument pas, elle devait avoir ses raisons et ça m'intriguait encore plus. Si ça se trouve, ce n'était rien d'important mais elle me l'aurait dit, ou n'aurait pas eu cette réaction. Il y avait anguille sous roche et je voulais de plus en plus connaître le mystère qui tournait autour de Nico di Angelo mais en même je n'étais pas sûr de vouloir, de peur de ce que j'allais découvrir.

De retour chez moi, en ouvrant la porte, je me rendis compte que j'étais tellement perdu dans mes pensées que j'avais oublié la boulangerie. Et c'est reparti pour redescendre au village. Au moins ça m'occupait, c'était pas comme si j'avais grand chose à faire d'autre. Je fis donc demi tour et repris le petit sentier.

Arrivé enfin à cette fameuse boulangerie, je laissai échapper un long soupire de soulagement en refermant la porte derrière moi. J'y étais, après tout ce chemin et toutes ces aventures, tel le héro solitaire qui rentre enfin chez lui après un long voyage et de nombreuses péripéties où mille fois il avait risqué sa vie mais il rentre enfin au pays victorieux et tous les siens l'acclament ! Je lâchai un petit rire, sachant que je n'avais rien fait d'extraordinaire et que mon chemin restera inconnu des autres, ma propre allégorie était ridicule et me faisait rire. À moins que ce soit une métaphore ? J'ai jamais su, j'ai jamais été très doué en figure de style ni jamais vraiment été attentif en classe, je dois l'avouer. C'est pas pour rien que j'ai pris médecine et pas littéraire ! La boulangère, Katherine, me regardait amusée.

- Tout va bien ? Me demanda-t-elle de sa voix douce, contenant un rire.

Je me rendis compte que je devais tirer une drôle de tête, on m'a toujours dit que j'étais très expressif. Vu toutes les émotions qui étaient passées, le soulagement, rire tout seul, le doute, le questionnement, me rappeler mes choix d'études,... Tout ça en quelques secondes à peine, ça devait être très troublant de voir ça pour une personne extérieur, surtout que d'apparence, je ne viens que chercher du pain, pas de quoi s'extasier autant ! Et voilà que j'imagine la scène et de nouveau je dois retenir un rire.

- Vous avez besoin de quelque chose ? Essaya-t-elle de capter mon attention.

Je me tournai rapidement vers elle et tentai de reprendre mes esprits. Je passai une main dans mes cheveux, clignai deux fois des yeux et répondis rapidement :

- Heu... Oui ! S'il vous plait, hum, j'aurais besoin de pain, j'en ai plus du tout chez moi...

- Tout de suite, pain blanc, pain gris, pain français,... ?

Je voyais bien qu'elle faisait un effort pour ne pas rire. Je détestais quand ce genre de moment arrivait, quand j'étais tellement submergé par mes pensées que j'avais du mal à rester ancrer dans la réalité. Mais son amusement me faisait sourire, je voyais bien que ce n'était pas méchant.

- Pain gris, s'il vous plait.

Pendant qu'elle prenait le pain et l'emballait, je pensai à un truc.

- C'est original, Lâchai-je, Venir jusqu'en Angleterre pour acheter du pain français.

Elle s'arrêta dans son geste et me lança un regard prudent, je sentais une tension monter et je me rendis compte de ma bourde

- En Ecosse, pardon ! M'excusai-je, je me sentais honteux. Je commençai à bredouiller des trucs incompréhensibles alors que je sentais la tension redescendre et son sourire réapparaître. Finalement je réussi à articuler :

- Sujet sensible ?

- Sujet sensible.

Elle me tendit le pain, je la remerciai et la payai puis sortit en lui disant au revoir.

En remontant chez moi, j'avais encore la tête toute embrouillée. Je repensais à ce que je lui avais lâché. Je savais que ce n'était pas grand chose mais je m'en voulais quand même et pendant un instant j'avais eu peur de m'être fait une ennemie. Je dois sans doute avoir l'air ridicule mais bon, si vous me connaissez vous devez sans doute le savoir, j'ai toujours eu peur de blesser les gens et je ne peux pas m'empêcher de me sentir mal pour eux ou de m'en vouloir. Je respirai un coup en fermant les yeux et en levant la tête vers le ciel. C'était une belle journée, aucun nuage mais il faisait quand même frai. Ça faisait bizarre de passer du climat chaud du Texas au climat plus froid de l'Ecosse. La différence était énorme et j'avais l'impression que je ne m'y habituerai jamais. Qu'est-ce que ce sera en hiver ? Je pense que je vais mourir de froid, ou hiberner. Je sais pas encore, je verrai à ce moment-là. Je repris mon chemin en rigolant légèrement à mes pensées idiotes.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top