29. La rue nous a gé-chan, on est des putains de monstres assoifés de sang


« Maria : Le mec que vous avez apporté à Don Carlos... Pour qu'il... qu'il le tue...

- Hein ? Répètes ?!

Maria : Me fais pas croire que t'étais pas au courant !

- J'en savais rien... Putain !

Maria : Tu l'as tué... T'es qu'un monstre Imran ! -en sanglots- »

J'étais choqué, j'avais pas été mis au courant qu'on lui avait ramené pour qu'il le tue ensuite. Je faisais genre que ça m'atteignait pas, mais au fond d'moi j'avais un sentiment indescriptible.

« Tu l'as tué... T'es qu'un monstre Imran ! »

« Tu l'as tué... T'es qu'un monstre Imran ! »

« Tu l'as tué... T'es qu'un monstre Imran ! »

Cette phrase résonnait dans ma tête comme une putain de mélodie. J'ai vite bougé, parce que bien que ces temps-ci, je dois l'admettre, j'avais changé, cette nouvelle a fait l'effet d'une brûlure dans mon cœur. J'voulais pas lui montrer que ça m'avait atteint. Mes sentiments ne regardent que moi...

Moi Imran j'avais enlevé la vie à quelqu'un... J'suis personne pour faire ça... J'avais facilité la tâche à un homme, afin qu'il en tue un autre. J'avais servi un homme sans défense sur un plateau d'argent à un meurtrier. En y réfléchissant bien, j'étais moi même un assassin. J'savais pas que j'étais aussi vulnérable que ça, que cette annonce allait me faire l'effet d'une bombe...

J'avais besoin de calmer ma douleur... Comme un faible, j'me suis réfugié dans l'alcool. J'voulais oublier mon crime, au moins le temps d'une nuit... J'en ai bu des litres jusqu'à en perdre la mémoire. J'tisais* comme un alcoolique, jusqu'à que le sommeil m'emporte...

[...]

« Adnane : Putain... Qu'est-ce que t'as foutu ?! Passe moi ça, c'est pas fait pour toi. »

Il m'enlève la bouteille de Jack que j'avais à la main puisque je m'étais endormi avec. J'avais une migraine atroce, première fois que j'touche à l'alcool, laissez moi vous dire qu'ça m'a fait l'effet d'un coup d'cross.

« - Cris pas ta race ! Ahhhh, ma tête !

Adnane : T'as bugué. Depuis quand tu bois ?

- C'est mon problème ça.

Adnane : Tes problèmes sont les miens, alors commence pas. »

En l'occurrence il avait raison, parce que lui aussi était impliqué. Mais j'ai préféré me taire, j'veux pas faire souffrir l'âme de mon frère.

« - C'est bon, y a rien, j'ai déconné.

Adnane : J'espère pour ta gueule que t'y toucheras plus. Tu tiens même pas l'alcool, regardes la gueule de bois que t'as.

- J'te dis rien moi quand tu bois, donc t'en mêles pas. »

Je me suis levé, je partais en direction de la douche en le laissant parler dans le vent. J'pensais qu'cette foutue douleur allait passer, mais même après les litres de pillave* que j'me suis descendu elle était toujours là. J'm'en voulais à mort d'avoir agit comme un con. Malheureusement, j'pouvais pas revenir en arrière, ce qui est fait est fait... J'peux plus rien y faire.

J'me regardais dans le miroir, j'voyais mes putains d'cernes qui noircissaient mon visage. Une seule phrase m'avait transformé en zombie. J'arrêtais pas d'me ressasser la phrase que Maria m'avait craché à la gueule. Dans la glace j'voyais plus Imran, j'voyais un monstre. La haine est montée, dans le miroir un coup j'ai donné.

J'saignais de la main, mais cette douleur c'était rien face à ce que je ressentais. Je l'ai passé sous l'eau et j'suis descendu en bas avec ma tête de déterré. J'voulais pas manger avec les autres alors j'suis allé dans la cuisine, sauf qu'il a fallut que tout le monde soit là.

Adnane, Carmen et Maria était en train de déjeuner ensemble. J'ai pris de quoi manger dans le frigo, bah ouais j'avais faim, j'ai pas manger depuis hier, j'allais pas me priver pour eux aussi. J'me pose plus loin. J'sens un regard sur moi, je lève la tête et je vois que c'est Maria qui me regarde.

J'avais l'seum contre elle, je lui ai lancé un regard noir puis elle a baissé la tête. Elle m'avait saoulé donc j'suis parti dans une des salles à manger à côté. J'pensais être enfin seul, mais c'était sans compter sur le fait qu'Adnane avait débarqué.

« Adnane : Pourquoi t'es pas resté avec nous ?

- M'suis levé du mauvais pied ce matin.

Adnane : Hm... Et gros, j'dois te dire un bail.

- Déclare. »

Au même moment Carmen et Maria entre dans la pièce. Elles veulent du pain elles où c'est comment ? Heureusement pour leur gueule que j'avais la gueule de bois, sinon j'l'es aurais emmerdé jusqu'à ce qu'elles se cassent. J'les calcule pas et j'tape dans ma graille.

Adnane me fait signe qu'on reprendra cette discussion plus tard. J'hoche la tête et j'termine de manger. Le départ est prévu pour ce soir, j'espère que mes maux de tête partiront avant qu'on prenne le jet.

J'vois Carmen qui s'approche de moi. J'fronce les sourcils, j'sais pas elle veut quoi cette pétasse. Elle me regarde avec incompréhension puis elle fixe ma main. Je regarde ma main à mon tour, j'avais oublié que je l'avais abîmé en mettant un coup dans le miroir tout à l'heure.

« Carmen : Tu saignes.

- Qu'est-ce-que ça peut te faire ?

Carmen : C'est pas la peine d'être désagréable... »

Elle s'en va, Maria me lance un regard mais elle le détourne aussi vite quand elle voit que je l'ai vu. J'vois qu'Adnane me regarde choqué mais j'y prête pas attention. Alors que j'allais me lever pour partir, je vois que Carmen arrive avec une trousse à pharmacie. Pas aussi pétasse que je le pensais celle-là.

« Carmen : Donne moi ta main, je vais te soigner.

- J'ai pas besoin de toi.

Carmen : Arrêtes de faire le gamin, ta main risque de s'infecter.

Adnane : Laisse là faire.

- J'peux me débrouiller solo.

Adnane : Juste elle te désinfecte après fais ce que tu veux. »

Je la laisse faire, ça m'évitera de le faire moi même. J'vois qu'elle me retire un petit morceau du miroir, j'avais même pas remarqué qu'il était resté coincé. Elle se met à désinfecter mes petites plaies, et me fait un bandage. Y avait pas de quoi s'affoler mais bon, si ça peut lui faire plaisir de jouer les infirmières ça ne regarde qu'elle.

Je la remercie pas, et elle comprend rapidement que je le ferais pas. Elle soupire avant de sortir de la pièce en prenant soin de reprendre avec elle ce qu'elle a descendu. Maria sort à son tour, sans dire un mot et sans même m'adresser un regard. Tant mieux, cette petite conne j'peux plus la saquer* j'ai envie d'lui arracher la gueule. Tout ça pour quoi ? Parce qu'elle a eu le culot d'me dire la vérité en face.

Adnane vient s'asseoir à côté de moi. Je dis rien, j'attend qu'il reprenne là où il c'était arrêté tout à l'heure.

« Adnane : Tu nous as fais quoi là Imran ?

- Rien.

Adnane : Tu veux faire croire ça à qui ? Carmen elle veut t'aider et toi limite tu la remballes !

- Je lui ai rien demandé.

Adnane : Tu vas pas me faire croire que t'as changé en moins de vingt quatre heures... J'vois bien que tu vas mal, et t'sais très bien que j'suis à ton écoute... Alors quand tu seras prêt à parler, fais moi signe.

- Si tu le dis. »

J'faisais le froid, j'étais arrogant... J'devenais tout ce que j'aime pas, mais le pire dans l'histoire c'est que j'kiffais ça. J'crois que la souffrance qui me ronge, m'change...

« - Tu voulais me dire quoi tout à l'heure toi ?

Adnane : Ah ouais... Hleuf* tu dis à personne hein ?

- T'as ma parole, wAllah.

Adnane : J'veux pas passer pour un tahane* ou quoi...

- Qu'est-ce-qu'il y a ? T'as enfin réalisé que t'étais amoureux d'moi ?

Adnane : Non ça t'sais que depuis longtemps je t'aime en secret. -rires- Mais là j'sais pas pourquoi, j'ai une mra dans ma tête... H24 je pense à elle... J'crois qu'elle ressent quelque chose pour moi aussi de son côté, mais je sais pas on dirait qu'il y a un truc qui la freine...

- ADNANE ? Adnane ? J'y crois pas ! Depuis quand t'es un loveur toi ?

Adnane : Ta gueule ! Cris pas ! J'tiens pas à ce que tout le monde soit au courant tahu. »

Alors c'était ça ? J'avais raison, la Maria lui avait tapé dans l'œil. J'lui souhaite bien du courage pour la supporter là-celle. C'est loin d'être un cadeau.

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J'tisais* : j'buvais ( de l'alcool )
pillave* : alcool
saquer* : supporter
Hleuf* : jure
tahane* : pd/bouffon

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