Chapitre trente-cinq

NB : Plus que trois chapitres après celui-là <3 

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Je ne savais pas où aller en premier. L’hôpital, la police ? C’était comme si j’étais incapable de bouger, et je tremblais. A quoi est-ce que je venais d’assister ? Qu’est-ce qui s’était passé ? Mon cerveau ne voulait pas comprendre ce qui se passait. Tout le monde était parti à présent, et j’étais encore là, fixant ma maison, trop effrayé pour y rentrer, car il devait y avoir un sacré bazar après la bagarre qui y avait éclaté. Mais il fallait quand même que j’aille quelque pas, je ne pouvais pas rester là à ne rien faire.

Je me dirigeais lentement en direction de la maison, qui était encore ouverte car j’avais dit aux policiers que j’habitais là. Je rentrais à l’intérieur d’un pas hésitant. Il n’y avait rien à signaler dans l’entré, mais une fois que j’arrivais dans le salon, je remarquais les dégâts. Notre table basse en verre était explosée, et il y avait des taches de sang sur les débris et sur le tapis. Les restes d’une bouteille de bière étaient éparpillés de l’autre côté de la pièce. Des photos, qui étaient accrochées au mur auparavant, étaient à présent éparpillées au sol, et il y avait un trou dans le mur. Cette scène me donnait la nausée, surtout à cause de tout le sang qui se trouvait près des restes de la table basse. Je ne pouvais pas rester ici plus longtemps, alors je courrai jusqu’à la cuisine, pour y attraper les clefs de la voiture de mon père. Sa voiture était garée dans l’allée, elle avait dû être rammenée pendant que j’étais en cours.

Mon esprit commençait à se réveiller à présent alors que je me mettais à l’action. Je courrai à l’extérieur, jusqu’à la voiture de mon père, sous les regards curieux de mes voisins. En démarrant, je sortis mon téléphone et appelai Mike. Il mit un peu de temps à répondre, mais il le fit.

« Mec, j’étais en cours. Qu’est-ce qu’il y a ? », Demanda-t-il.

« Tu dois aller au commissariat. Vic est là-bas. Je crois qu’il a de sérieux ennuis. », Lui expliquai-je. Mike resta silencieux un moment, avant de reprendre la parole.

« Qu’est-ce qu’il a fait ? », Questionna-t-il.

« Il a découvert que mon père me battait encore et… »   

« Je vois. J’y vais de suite. », Répliqua-t-il avant de raccrocher. Je jetai mon téléphone sur le siège du côté passager, et continuai de rouler. J’avais pris la direction du poste de police pour aller voir Vic. Mais qu’est-ce que j’étais supposé lui dire ? Je devais bien avouer que cela m’avait terrifié de voir les policiers l’escorter, menotté. Son T-shirt était couvert de taches de sang et il avait un regard meurtrier. Sans ces deux éléments, il aurait été impossible de deviné qu’il venait juste de se battre, il avait à peine une égratignure. Et puis il y avait mon père. Quand ils l’avaient sortis en brancard de chez moi, je pouvais à peine reconnaitre son visage parce qu’il était couvert de sang, et son bras était plié dans un angle anormal. Est-ce que Vic était vraiment capable de cela ? Je savais qu’il était capable de perdre son calme, mais je ne pouvais pas l’imaginer faire des choses pareilles.

Peu de temps après, j’étais garé devant le poste de police le plus proche, et je courrai en sa direction. Je me calmai cependant et ralentis, car je ne voulais pas causer de problème ou devenir une nuisance. J’arrivais à l’accueil, et portais mon attention sur l’officier qui se trouvait là. Il avait l’air jeune, alors il avait devait être nouveau, pour être désigné pour s’occuper de l’accueil. Je jetai un regard à son badge. Officier Barham.

« Hm, bonjour. », Le saluai-je, pour attirer son attention. Il releva la tête, m’adressant un regard interrogateur. « Mon ami vient d’être amené ici. Je dois le voir. »

« Oh, d’accord. Le gamin Fuentes ? », Me demanda-t-il, et je hochai la tête. « Désolé, je ne peux laisser personne entrer. »

« S’il-vous-plaît, j’ai vraiment besoin de le voir. Juste pour cinq minutes. S’il-vous-plaît. », Le suppliai-je. Il sembla réfléchir à la question. Je lui adressai un regard de chien battu, et cela fonctionna puisqu’il céda.

« Okay, mais seulement cinq minutes. », Soupira-t-il en me faisant signe de le suivre. Je le suivis jusqu’à un couloir, loin des bruits des autres policiers en service. Quand on arriva à la fin du couloir, il tourna à gauche, et il était là, assis sur un banc tout seul, derrière des barreaux. C’était de ma faute ! Il était en prison à cause de moi ! L’officier Barham me fouilla pour s’assurer que je n’avais aucune arme sur moi, et il me laissa seul avec Vic.

« Vic. », L’appelai-je, attirant son attention. Ses yeux qui étaient rivés sur le sol se relevèrent pour se poser sur moi.

« Kels. », Murmura-t-il en se levant et se dirigeant vers moi. Je m’approchai également de lui, posant mes mains sur les barreaux. Ses mains vinrent recouvrir les miennes. Je les observai. Elles étaient entourées de bandages et je pouvais voir quelques taches de sang. Il devait s’être détruit les mains en frappant mon père. Je n’arrivais pas à effacer son visage recouvert de sang de mon esprit.

« Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? », Lui demandai-je d’une voix à peine audible.

« Je l’ai fait pour toi. Il devait apprendre qu’il ne pouvait pas continuer de te faire du mal. », Répondit-il. Il passa sa main à travers les barreaux et me toucha la joue du bout des doigts. Je m’écartais, lâchant les barreaux.

« Je ne veux pas que tu ailles en prison pour moi. Tu aurais juste dû lâcher l’affaire. », Répliquai-je, commençant à être agacé.

« Comment est-ce que j’aurais pu laisser passer ça ? Il t’a fait du mal ! Je ne pouvais pas juste rester là et le regarder faire ! », Me murmura-t-il férocement.

Une pensée flottait dans le fond de mon esprit. C’était une pensée qui m’était restée en tête depuis que je l’avais rencontré pour la première fois. C’était quelque chose que je ne lui avais jamais demandé car ce n’était pas mes affaires, et je n’avais envie de connaître la réponse, mais maintenant que j’avais vu ce dont il était capable, je devais savoir si cela n’était qu’une exception, ou s’il était vraiment comme ça.

« Hm, j’ai une question à te poser, et j’ai besoin que tu me donnes une réponse honnête. », Annonçai-je. Il hocha la tête rapidement, alors je repris la parole. « La première fois que je suis venu chez toi, Mike m’a dit quelque chose. Il m’a parlé d’une personne, nommée Sammy, qui a été envoyé à l’hôpital. Est-ce que tu… » Je n’arrivais même pas à terminer ma phrase, mais il avait compris où je voulais en venir. Il avait une mine grave.

« Oui. », Répondit-il. Un silence s’installa entre nous. C’était choquant, je suppose. Il était une personne tellement violente, et je détestais ça. Je détestais tellement ce genre de violence. Bien sûr, j’avais déjà donné quelques coups de poing, mais j’avais aussi été frappé par mon père tellement de fois, et je ne voulais pas être entouré de personnes capables de faire des choses pareilles.

« Je devrais partir. », Soufflai-je. 

« Non, Kellin, s’il-te-plaît, ne pars pas. », Me supplia-t-il.

« Je suis désolé. », Murmurai-je, secouant la tête, et je partis. En traversant le couloir, je croisai Mike, Tony, Jaime et l’officier Barham. J’ignorai leurs regards interrogateurs et continuais de marcher jusqu’à l’extérieur, jusqu’à la voiture de mon père. Je m’arrêtai là et m’adossai contre elle, prenant une profonde inspiration. Qu’est-ce que le destin me préparait encore ? Mon ex était un psychopathe violent ! Okay, peut-être que j’exagérais un peu, mais quand même ! Il avait envoyé deux personnes à l’hôpital ! Comment est-ce que j’étais supposé réagir à cela ?

« Kellin ! », une voix m’appela. Je relevais le regard pour voir Jaime sortir du bâtiment en courant, me cherchant du regard. Lorsqu’il me remarqua finalement, il s’approcha de moi.

« Quoi ? », Lui demandai-je.

« Il t’a parlé de Sammy ? », M’interrogea-t-il. Je hochai la tête. « Est-ce que tu es resté assez longtemps pour qu’il ait le temps de t’expliquer pourquoi il a fait ça ? »

« Est-ce que c’est important ? Il l’a fait. Il est une personne violente. Très violente. », Répliquai-je. Jaime avait l’air agacé.

« Il l’a fait à cause de ça. », Soupira Jaime en remontant son T-shirt, dévoilant son ventre. Je le regardai, et y vit une cicatrice. Qu’est-ce que ça avait à voir avec toute cette histoire ? « Vic, Tony et moi avons fait des trucs vraiment stupide il y a deux ans. On s’est attiré des ennuis avec un dealer, Sammy, et il m’a poignardé. Quand Vic voit les personnes auxquelles il tient être blessées, il blesse la personne à l’origine de tout ça dix fois pire. Alors pense à ça, avant de le juger si rapidement ! »

Jaime ne resta pas plus longtemps, ne cherchant même pas à voir ma réaction. Il remit son T-shirt correctement et retourna en courant à l’intérieur du commissariat. J’avais envie de retourner là-bas pour aller m’excuser auprès de Vic, parce que j’avais tiré des conclusions hâtives. Je tirais toujours des conclusions hâtives sans connaître toute l’histoire. Cela me dérangeait encore qu’il soit si violent, mais cela me réchauffait le cœur de savoir qu’il se souciait autant de ses amis, et de moi. Cependant, je ne retournai pas au commissariat. Je devais partir d’ici et aller voir mon père pour arranger toute cette histoire.

J’arrivai rapidement à l’hôpital, puisqu’il était dans la même rue que le commissariat. Je rentrai, donnai une preuve de mon lien familial avec mon père à la dame de l’accueil, et elle m’indiqua le numéro de la chambre de mon géniteur. Je pris l’ascenseur pour arriver au deuxième étage, et en sortis. Je su tout de suite quelle était la chambre de mon père, puisque deux policiers se trouvaient devant la porte. Je n’étais pas sûr de savoir pourquoi est-ce qu’ils étaient là, puisque mon père n’avait rien fait de mal. Je suppose qu’ils étaient simplement là pour l’interroger sur ce qui s’était passé. Je m’approchais de la porte, et observais l’intérieur de la chambre à travers la petite fenêtre ronde. Il n’y avait personne d’autre dans la chambre. Les deux policiers n’essayèrent pas de m’empêcher de rentrer, alors je le fis, fermant la porte derrière moi. Quand il entendit la porte se refermer, mon père releva la tête. Il était couvert d’hématomes et de boursoufflures, mais il n’y avait plus de sang sur son visage. Il était quand même méconnaissable. Son bras gauche était plâtré. Je grimaçais, pensant à quel point cela devait faire mal.

« Comment est-ce que tu te sens ? », Lui demandai-je, même si je me moquais bien de la réponse. Je devais être agréable, si je voulais obtenir ce dont j’avais besoin.

« A ton avis ? A quoi est-ce que tu pensais en m’envoyant ton ami me frapper ? », Cracha-t-il. Sa voix était rauque, et il respirait bruyamment. Je devais bien avouer que le voir dans cet état était plaisant.

« Je ne l’ai pas envoyé te voir. Il a vu ce que tu m’as fait, et il a pris cette décision tout seul. », Répondis-je, tentant de garder mon calme, mais cela ne marchait pas. Ses yeux, perdus au milieu d’hématomes violacés, m’envoyèrent un regard noir.

« Je lui ferais payer ça quand je sortirais d’ici, et ensuite je m’occuperais de toi. », Me lança-t-il en grinçant des dents.

« Non, tu ne vas pas lui faire payer. », Répliquai-je sèchement.  « Tu vas retirer ta plainte contre lui. » Je prenais en confiance, maintenant que je savais qu’il ne pouvait pas me faire de mal. Je le regretterais certainement quand il rentrerait à la maison, en revanche.

Il se mit à rire, mais son rire se mua rapidement en une quinte de toux. Il se racla la gorge, avant de reprendre la parole. « Ouais, bien sûr. Comme si j’allais faire ça. »

« Si tu ne retires pas ta plainte, alors moi aussi, j’irais porter plainte contre toi, pour maltraitance. » Voilà. Je l’avais dit. C’était mon ultimatum. Si Vic avait des problèmes à cause de cela, alors je ferais tout ce qui est en pouvoir pour m’assurer que mon père subisse le même traitement.

« Et qui voudrait bien te croire ? », Siffla-t-il.

« Mes bleus parlent d’eux-mêmes. », Répondis-je. Il marqua une pause, comme s’il venait de réaliser que c’était vrai. C’était moi, qui avais le pouvoir sur lui à présent.

« Tu enverrais ton pauvre vieux père en prison pour un simple gamin ? », Demanda-t-il. Quelle question stupide !

« Oui, et il n’est pas qu’un ‘simple gamin’. Je suis amoureux de lui. », Répliquai-je. C’était la première fois que je lui avouais que j’aimais les garçons, et la première fois que je m’avouais à moi-même, de vive voix, que j’aimais Vic, même si je m’en doutais depuis un moment. Le moniteur cardiaque de mon père s’emballa, allant de plus en plus vite. Il ne devait pas être fan de mon annonce…

« Mon fils ne peut pas être une saleté de tapette ! », Tenta-t-il de me crier.

« Et bien, si, je le suis. Et devine quoi ? Je lui ai même fait une pipe, alors fait toi à cette idée. », Ripostai-je, étant plus vulgaire qu’à mon habitude. Oh mon dieu, s’il n’était pas coincé dans son lit d’hôpital, je serais déjà mort, mais je ne pouvais pas m’empêcher de le provoquer.

« Tu peux toujours rêver pour que je lève ma plainte. », Grommela-t-il. Est-ce qu’il était idiot ? Il ne comprenait donc pas ce qui allait lui arriver s’il ne faisait pas ça ?

« Tu ne comprends donc pas ? Si Vic finit en prison, je portais plainte contre toi pour maltraitance. J’ai pris des photos après presque toutes les fois où tu m’as frappé, parce que je savais qu’un jour j’en aurais besoin contre toi. Est-ce que tu penses vraiment que tu pourras t’en sortir si je le fait ? Tu seras jeté en prison pour plus de temps que Vic n’y sera pour m’avoir défendu. Et tu sais ce que je ferais aussi ? Je leur dirais que tu m’as battu parce que je suis gay, comme ça tu aurais aussi la communauté gay aux fesses tu sais, pas littéralement, bien que si tu te retrouves en prison je suis sûr que ça deviendra une possibilité. », Affirmai-je. Je ne savais pas ce qui me prenait. J’étais prêt à dire n’importe quoi et le menacer avec tout ce que je pouvais pour qu’il retire sa plainte contre Vic. Il allait sûrement me tuer dès qu’il sortirait de là, mais je voulais seulement m’assurer que Vic n’aurait pas d’ennuis, je lui devais bien ça.

Mon père me fusillait du regard, réfléchissant à ce que je venais de lui dire. J’avais envie de lui en dire tellement plus. Je voulais lui dire à quel point celui qu’il était avant que la maltraitance ne commence me manquait. Je voulais lui dire qu’il avait ruiné ma vie, et qu’il m’avait foutu en l’air, mais je ne le vis pas. Je me concentrais simplement sur mon objectif : sortir Vic de ce pétrin.

« D’accord. Tu as gagné. Maintenant sors d’ici avant que je ne fasse quelque chose que tu ne regrettes. », Me lança-t-il. C’était tout ce dont j’avais besoin. Je quittai sa chambre et l’hôpital, me rendant chez moi car je ne savais pas où je pouvais aller, ni ce que je pouvais faire. Je ne savais pas ce qu’il restait entre Vic et moi à présent. J’avais peut-être réglé les problèmes avec mon père, mais il restait encore Jenna. Elle me faisait encore du chantage, et je ne savais pas comment me sortir de cette situation là… 

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