CHAPITRE ONZE (sensible)
VOUS SAVEZ ce qui me ferait du bien, là, maintenant ? Des vacances aux Bahamas avec Rihanna à mes côtés ainsi qu'un bon verre de Tequila et un nouveau maillot de la collection Zara Men.
Mais malheureusement devinez quoi ? Je suis dans une salle de classe aux murs ravagés par l'humidité avec Kayee et Mark à mes côtés ainsi qu'un crayon mâché et un bermuda que ma grand-mère m'a ramené de Thaïlande, what a day.
Je regardais Maria du coin de l'œil, assise entre Amber et Han, ce dernier lui apprenait comment faire un origami en forme de bateau, sérieusement ?! D'une c'est la pire manière de draguer au monde après le "Hey mademoiselle..." et ensuite, tout le monde sait le faire okay ? Ce truc est le starter-pack du morveux en CE2.
Je soufflais, je n'allais pas et je ne voulais pas me réconcilier avec elle, si elle veut du réconfort, toute la Corée du Sud lui en donnera avec le sourire puis même ! La Taïwan aussi puisque même Amber semblait complètement happée par sa fulgurante personnalité, rien dans le cerveau ces chinois.
— Hey Kunpi, me chuchota Mark, ça fait longtemps que Momo n'est pas revenue.
— Carrément, poursuivit Kayee, Ten m'a pourtant dit qu'elle était rentrée du Japon il y a deux jours !
— Ten ? Il vient même plus en cours mais pour savoir tous les cancans du lycée, c'est le premier !
— Cancan, répéta bêtement Mark en riant.
C'est ce que je disais, rien dans le cerveau ces chinois.
Cependant ça m'intriguait également, je m'étais mis à fixer le dossier vide de sa chaise, ça faisait bizarre de ne plus la voir gigoter ou s'attacher les cheveux. OK ça pouvait paraître vachement creepy mais j'adore observer une femme lorsqu'elle s'attache les cheveux et qu'elle laisse sa nuque à découvert.
D'ailleurs j'aimais également lorsque les hommes faisaient ça mais aucun n'avait le courage dans ce foutu lycée de se laisser pousser les cheveux sous peine de se faire insulter de pédé ou de gonzesse, aucun de ces deux termes n'est une insulte en soi mais bon, les gens ont peur de ce qu'ils ne sont pas.
Comme Momo n'était plus là je m'étais mis à détailler Yixing qui, actuellement, se grattait la tête comme un demeuré. Ayant oublié de mettre mes lentilles, je m'empressais de poser mes affreuses lunettes sur mon nez avant que mon regard ne s'attarde sur chaque mèche de sa boîte crânienne.
— Seigneur, chuchotais-je en mettant ma main devant ma bouche.
— Tu m'as appelé ? Fit Mark.
— Mec... Yixing il a des poux...
— Yixing il a des poux ?! S'écria Kayee.
C'en était tellement aberrant que toute la classe s'était retournée vers moi y comprit le principal concerné, je regardais à ma droite, Kayee faisait semblant de prendre des notes et à ma gauche, Mark jouait avec son hand-spinner en regardant ailleurs, c'est donc ça mes amis.
— Jure ?! Yixing il a des poux ! S'esclaffa Amber en riant.
— Y a que les poux qui viennent le sucer, dommage pour toi ! Ajouta Minghao.
Donc lui c'était typique l'élève qui ne parlait que pour exister, quand il fallait donner les réponses, il n'y avait plus personne.
Le chinois me dévisagea, un air d'incompréhension ancré sur le visage, je ne sais pas s'il voulait me dire "Pourquoi tu m'as jamais dit que j'avais des poux ?" ou alors "Mec, pourquoi t'as fait ça ?" dans les deux cas j'étais pas mal dans la merde. J'avouais que c'était pas cool de l'avoir humilié de la sortes alors que c'est quand même un de mes plus proches amis mais là c'était de trop, il fallait vraiment dormir dehors pour attraper ces trucs.
Une fois dehors pour le fameux moment de la cantine, Amber nous racontait comment elle s'était vengée sur Jongin en lui fourrant la tête dans la cuvette des chiottes... ou alors elle avait déjà fini de parler de ça... enfin bref ! Je ne l'écoutais absolument pas puisque la seule chose sur laquelle mon cerveau était concentré dès à présent était, comme vous l'aurez deviné, Taehyung et Maria !
Ils étaient tous les deux assis au pied de la fontaine, de décilieux Kimbap à la main pendant que nous on allait encore se taper le riz fermenté de la cantine ! Et non je ne suis pas jaloux ! Le riz fermenté est très bon pour le cœur et la digestion !
Un hurlement strident retentit dans tout l'établissement, je relevais la tête vers la taïwanaise qui avait les yeux écarquillés en regardant vers le toit du bâtiment B.
— Oh merde... c'est quoi ça... ? Bredouilla Mark.
Je suivis son regard et atterris sur une ombre de la taille d'une fourmis perchée sur le toit, je retirais mes lunettes de mes cheveux pour les replacer sur le haut de mon nez et constatais avec effroi la silhouette de Momo (vous ne pourrez jamais louper Momo, elle a toujours des couettes qui lui faisait ressembler à une parabole, TOU-JOURS).
On imita la majorité des élèves en se regroupant au bas du bâtiment, nos nez levés et les mains devant la bouche, on criait à la japonaise de redescendre.
— Momo qu'est-ce que tu fous ?! T'as perdu la tête ?! Hurla Qian.
— J'en ai marre ! Ma mamie vient de mourir, la seule femme qui avait foi en moi vient de quitter ce monde ! Gémit-elle en criant.
— Momo c'est pas grave ! On va en parler, on va faire quelque chose, juste, redescend ! S'égosilla Namjoon en faisant de grands gestes.
La jeune fille avait refusé de lui répondre et au contraire, avait fait un pas en avant. Tous les lycéens s'étaient mis à paniquer, certains appelaient la police ou leurs parents tandis que d'autres s'étaient effondrés au sol et pleuraient, refusant de voir quelqu'un mourir devant leurs yeux.
— Je suis arrivée dernière du marathon de mathématique, j'ai la pire moyenne de la classe, je parle à peine coréen ! Tout le monde me déteste, j'en ai marre ! Cria-t-elle.
— Tout ça c'est de ma faute...
Je me tournais vers cette voix et m'aperçus avec étonnement qu'elle appartenait à madame Im, la quarantenaire pleurait, elle bredouillait de plates excuses en s'accusant elle-même, en se jugeant comme fautif de tous les malheurs qui arrivaient à Momo.
Je me mordis la lèvre inférieure et serra mes poings, c'était impossible, je ne pouvais pas laisser mon amie comme ça, ce n'était pas le moment de s'en vouloir au contraire, c'était maintenant que l'on devait commencer à prendre soin d'elle. Parce qu'elle avait besoin d'aide et que personne n'a su l'aider, comment ais-je pu penser qu'elle vivrait aussi bien la mort d'un être si cher ?
Il fallait que je l'aide. J'inhalais une dernière fois avant de me précipiter dans le bâtiment sous les hurlements de mes amis qui me suppliaient de revenir car si je montais, elle sauterait. Je courrais aussi vite que je le pouvais, parcourant les cinq étages en un temps record. J'ouvris brutalement la porte menant au toit en soufflant d'aise lorsque je me rendis compte qu'elle était encore là, qu'elle ne m'avait pas vu monter.
En sentant la porte claquer contre paroi sous la pression du vent, la brune se retourna vers moi, son maquillage avait marqué le chemin de ses larmes et ses yeux étaient rougis par la détresse.
— Si tu m'approches, elle fit un pas en arrière, je n'hésiterais pas.
— OK, assurais-je en levant les mains en l'air. Juste, je suis là, écoute-moi, je t'en prie...
— Kunpi', je sais que tu veux m'aider et je te remercie d'avoir passé cette merveilleuse année à mes côtés en me soutenant mais rien n'a plus d'importance maintenant, je ne suis qu'un déchet, déclara-t-elle en souriant tristement.
C'était pas possible, ce n'était pas réel, ce n'était pas elle, cette situation n'était qu'un cauchemar. Elle était dévastée, à part m'agenouiller en pleurant je ne savais pas quoi faire. Une larme perla au coin de mes yeux, je m'empressais de la balayer d'un revers de la manche avant de souffler lentement, il ne fallait pas que je craque devant elle, il fallait absolument que je garde mon calme.
— Momo, on a toute la vie devant nous, je sais ce que ça fait de voir un être cher mourir, c'est terrible mais je t'assure que tout peut s'arranger. Tu es importante et pas seulement pour moi.
— J'aimerais tellement te croire... susurra-t-elle en regardant ailleurs pour ne pas encore plus pleurer.
— Il faut que tu me croies ! Momo, tu es mon amie, je ne t'ais jamais laissé tomber ! Laisse-moi t'aider, implorais-je en m'approchant lentement d'elle pendant qu'elle fixait le sol.
Je m'arrêtais doucement dès qu'elle eut relevé la tête. Elle frotta ses yeux noircis par son mascara et retira même ses faux-cils avant de les jeter dans le vide, j'espérais juste qu'elle ne les imitera pas dans quelques instants.
— Ça fait du bien que tu fasses attention à moi, j'ai toujours eu l'impression que tu m'écoutais, haleta-t-elle.
— Ecoute, ce putain de marathon n'est qu'un moyen de classer les élèves et non pas pour leur intelligence mais pour leur mémoire. Momo, t'as eu la moyenne !
— Mais je suis arrivée dernière ! Je suis la plus conne de ce lycée, tout le monde a eu entre quinze et vingt, je mérite pas d'être ici, s'écria-t-elle.
Le pire dans tout ça c'est que ce n'était pas la première à faire ce genre de crise, pleins d'élèves sont passés par la dépression voir le suicide à cause de cet atroce système de compétitivité, on en a jamais parlé mais il aurait fallu. Si j'avais su que Momo passait une phase de dévalorisation totale d'elle-même, je jure que j'aurais passé des nuits à ses côtés pour lui remonter le moral car personne ne mérite une aussi grosse pression et surtout pas quelqu'un comme elle.
— Je vis un véritable cauchemar, poursuivit-elle. Je n'arrive plus à me réveiller à moins... hésita-t-elle en observant le vide derrière elle, que je ne me réveille jamais.
— C'est du délire ! Momo tu dois être forte, la vie ne fait que te tester, si tu fais ça la Corée du Sud aura eu raison de toi ! Tu es une incroyable personne, tu es la source d'espoir de la classe de madame Im, tu émerveillais chacune de nos journées, cette semaine a été un véritable enfer sans toi, rien de bon ne s'est passé ! Expliquais-je en repensant à Maria.
Puis je me souviens tout à coup, comme une sorte de flash, que Momo s'était récemment convertie au catholicisme, j'essayais de faire un brain-storming de toutes les choses bibliques que je connaissais grâce aux films occidentaux que j'avais vu. Je confondais les religions monothéiste mais elles ont toutes la même base donc ça devrait marcher.
— Le suicide est un péché, Dieu a de grands projets pour toi, imagine si Moïse avait abandonné quand il était soumis à la pression égyptienne, jamais il n'aurait amené la Bible !
— C'est la Torah ! Kunpimook, laisse tomber, Dieu m'a amené sur ce toit, Dieu me déteste !
Elle recula, mon seul réflexe a été de me ruer vers elle avant de lui attraper le bras, son corps entier était penché en arrière, au-dessus des autres élèves, seuls ses pieds étaient restés sur le béton.
— Momo s'il te plait ne fais pas ça ! Reviens avec nous, reviens avec Amber, Junhui, moi et les autres, on va juste te tenir dans nos bras et régler ça ensemble, s'il te plait, suppliais-je à bout de souffle si bien que je sentais mes larmes salées glisser jusqu'à la commissure des lèvres.
— Je suis la plus mauvaise élève, ma mamie est morte, mes parents vont divorcer ! Kunpimook... je suis désolée.
Ma main ne tenait plus le coup, elle fit basculer tout son poids en arrière en retirant ses pieds et mes doigts glissèrent le long de son poignet, elle atterrit telle une goutte au sol si bien qu'elle s'écrasa au milieu de la marrée d'élèves.
J'ai foiré.
INTÉGRATION +11/06/2017.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top