Chapitre 20
Je me réveillai allongée dans l'herbe. Je me trouvais au milieu d'une clairière illuminée par le clair de lune. Je sentais la fraîcheur de la terre sous moi et la douceur de l'air sur ma peau.
Je me redressai.
Peter était assis, adossé à un arbre juste à l'extérieur du cercle que formait la clairière.
Il taillait un bout de bois avec cet air blasé qui le caractérisait.
-Qu'est-ce que tu m'as fait ? Demandai-je.
Il ne broncha pas.
Je me levai et m'approchai de lui.
-Je t'ai posé une question !
Lorsque je fus à environ deux mètres de lui, il leva la tête.
-Je n'avancerais pas plus si j'étais toi...
-Pourq...aïe !!
Je m'étais pris quelque chose sur la tête.
-Je t'avais prévenue, dit-il d'un air ennuyé.
Je tendis le bras et trouvai quelque chose.
Je tâtai pour trouver la limite.
Je m'arrêtai après un mètre.
J'étais sous un dôme invisible ! Et Peter était à l'extérieur...
Je retournai en face de lui et il leva la tête.
-Pourquoi fais-tu ça ?
-Désolé, je n'entends rien de ce que tu dis. Le son ne passe que dans un sens.
Je frappai sur le dôme de rage. Mais il était plus près que je ne pensais et je m'ouvris le poing qui se mit à saigner.
-Aïe !
Je collai mon front sur le dôme :
-Fais-moi sortir d'ici, murmurai-je dans une rage noire.
Il me regarda. Une nouvelle expression peinte sur son visage.
On aurait dit de l'étonnement...
Il se leva, posa une main sur le dôme et ferma les yeux.
Une onde partie de sa main et se répercuta sur toute la surface de la demi-sphère dans un arc-en-ciel de couleur. Ce qui me permit, pendant un instant, de l'apercevoir en entier.
-Qu'est-ce que tu viens de faire ? Demandai-je
Je venais inconsciemment de faire de la télépathie. Mais au lieu qu'il ne perçoive mes pensées, ces dernières se répercutèrent dans le dôme avec une telle force que je dû me boucher les oreilles. La phrase que j'avais prononcée se répétait encore et encore. J'avais le sentiment que ma tête allait exploser.
Il se leva et s'approcha de moi. Il ne s'arrêta que lorsqu'il fut à quelques centimètres, séparé de moi par une frontière invisible.
-Pourquoi est-ce que tu fais ça ? Demandai-je dans un souffle.
-Combien de fois devrais-je te répéter que je ne peux pas t'entendre ? Soupira-t-il.
-Ne me prend pas pour une idiote, je sais que tu comprends très bien ce que je dis.
Il me regarda un instant, la tête penchée vers la droite, puis après un moment, il répondit :
-C'est vrai, mais c'est bien plus marrant de te faire croire que je ne comprends pas.
-Enfoiré.
-Désolé mais là, je n'ai vraiment pas compris, tu peux répéter s'il te plait ?
Je serrai les poings et du prendre une grande inspiration pour ne pas le frapper... Enfin...Frapper le dôme.
Je savais que ça ne servait à rien, mais peut-être que ça me permettrait de ne pas laisser ma magie exploser.
Non, il suffisait que je cesse de le voir.
Je me retournai et commençai à faire les cents pas.
-Je ne vois vraiment pas ce que j'ai fait pour mériter ta haine.
-Tu te fiches te moi ? M'insurgeai-je en me retournant
-Peut-être un peu...murmura-t-il tout sourire.
-Je vais te...
Ma phrase se perdit dans un giclement de sang.
-Oui ? demanda-t-il en s'appuyant contre un arbre.
J'ignorai les filets écarlates qui s'écoulaient de mon nez et de ma bouche et continuait :
-Je vais te...
Cette fois-ci je m'interrompis en imaginant ce que je pourrais lui faire. Je pourrais le bruler vif, ce serait assez ironique.
Je savais que je ne lui ferais jamais de mal. Le problème s'était que lui aussi.
-Tu vas me cracher ton sang à la figure ? Désolé de te l'annoncer mais tu es mourante.
-Tu as raison, je vais mourir bientôt, et à cause de toi, je vais peut-être passer mes dernières heures à me vider de mon sang et agoniser, enfermée dans un dôme magique invisible, en compagnie de la personne que je supporte le moins au monde ! Et...
-C'est faux.
-...je n'ai...Pardon ?
-Je peux te soigner.
-Com...Pourquoi est-ce que tu ferais ça ?
-Je ne me suis jamais battu en combat loyal. Je suis trop puissant pour perdre contre qui que ce soit. Tu es la première personne que je rencontre dont la puissance se rapproche de la mienne. Je ne vais pas te laisser mourir. Ce serait stupide et je risquerais de m'ennuyer jusqu'à la fin de mes jours.
Je levai un sourcil.
-Si je comprends bien, les raisons qui te poussent à me sauver la vie sont parfaitement égoïstes ?
-Tu sais, tu ferais bien d'éviter de parler aux gens de cette manière, ils pourraient se vexer. Et dans la situation actuelle, étant donné que je suis le seul capable de te sauver j'éviterais de me froisser...
-Je n'ai fait qu'énoncer des faits.
-Les gens aiment rarement entendre la vérité.
-Comment comptes-tu t'y prendre pour me soigner ? Demandai-je avant d'être prise d'une nouvelle quinte de toux.
-Facile, il suffit de t'apprendre à maitriser tes pouvoirs.
-Tu vois, actuellement j'essaye d'éviter de les utiliser...
-Et tu trouves que ça fonctionne bien ?
J'essayais de rester calme, s'il pouvait me sauver la vie, il valait mieux que je ne m'énerve pas contre lui.
-De toute façon, Adrien a bloqué ma magie.
-Quoi ?
-Adrien a...
-J'ai très bien compris ta phrase. Il faut annuler son sort tout de suite !
-Pourquoi ?
-Au lieu de s'extérioriser et d'exploser, ta magie va imploser. Ça va te consumer de l'intérieur et tu vas mourir dans quelques heures.
-Non, il a annulé ma magie.
-Non. Le pouvoir de ce crétin ne consiste pas à annuler la magie de quelqu'un, il permet simplement de l'enfermer dans la personne.
J'écarquillai les yeux. Si ce que disait Peter était vrai, au lieu de retarder ma mort, on avait accéléré le processus.
-Comment l'annuler ? Demandai-je
-Approche-toi et posa une main sur le dôme.
J'obéis malgré moi.
Lorsque ce fut fait, il posa lui aussi une main contre la paroi invisible.
Il ferma les yeux,
Peu à peu, je sentis le dôme devenir chaud sous ma paume, puis cette sensation remonta dans ma main, puis mon bras et mes épaules. Bientôt, mon corps entier baignait dans une douce chaleur.
Peter enleva sa main.
Il ne se passa rien pendant quelques secondes, puis, tout-à-coup, la douce chaleur se transforma en une morsure de froid. Puis en une douleur atroce.
Qui elle-même laissa sa place au vide.
L'herbe autour de moi commença à mourir. Le périmètre s'étendait de plus en plus.
Mais lorsqu'il atteignit les limites du dôme, il se stoppa net.
Je tombai à genou. Ma respiration était précipitée et mes mains tremblaient.
Je sentais ma magie s'agiter à l'intérieur de moi comme une entité vivante.
Je la refoulai, tentai de l'enfermer. L'empêcher de sortir était la seule chose importante.
-Arrête.
Peter m'observai de l'autre côté du dôme.
-Tu ne pourras pas toujours l'empêcher de sortir, alors libère-la.
-Je ne...
Je m'interrompis.
A forcer ma magie à rester à l'intérieur de moi, je me remettais à cracher du sang.
-De quoi as-tu peur ? De blesser quelqu'un ? Je suis la seule personne à proximité alors ça devrait aller...
-Je ne...peux pas...
-C'est un ordre. Libère-la.
Je ne tenais plus et les incitations de Peter à relâcher ma magie ne m'aidaient pas à résister.
J'abandonnai.
Pendant quelques secondes il ne se passa rien. Mis à part que je me sentais enfin bien.
Puis, d'un seul coup, l'herbe, pourtant morte, s'enflamma. Mais uniquement à l'intérieur du dôme.
A l'extérieur, Peter observait calmement la scène en se nettoyant les ongles.
Je focalisai de nouveau mon attention sur la scène qui se déroulait tout autour de moi.
Ce n'est qu'à cet instant que je me rendis compte que je lévitais. Je ne pouvais rien. La terre commença à se soulever.
Je me pétrifiai. Y avait-il une chance que ma magie se faufile en-dessous du dôme et se libère entièrement ?
La terre continuait de se soulever et je lévitai bientôt parmi d'énormes mottes de terre.
Heureusement, je ne me trouvais pas dans un dôme, mais dans une sphère et quand ma magie atteignit la frontière invisible, elle se stoppa. La terre retomba sans ménagement, et moi aussi.
Puis ce fut au tour de mon ouïe hypersensible de se manifester.
Le moindre petit bruit devint comme un hurlement qui déchirait mais tympans. Ça durant moins de trente secondes mais ce fut comme une éternité. C'était une torture. Ma tête me faisait souffrir comme jamais auparavant.
Puis tout-à-coup, ça s'arrêta.
Pendant un instant, je fus persuadée que c'était terminé : le silence était revenu, je ne brulais pas, ne lévitais pas, ne faisais pas de télékinésie et n'entendais pas les battements de cœur feutrés du premier mulot qui passait.
Aussi mis-je un moment à m'apercevoir que quelque chose clochait.
Je ne m'en aperçus qu'en relevant les yeux vers Peter : il ne bougeait.
Je l'observai un instant. Si, il bougeait, mais tellement lentement que ses mouvement m'étaient imperceptibles.
Que ce passait-il ?
Tout autour ne moi, le temps était comme figé. Je réfléchis aux pouvoirs qui pouvaient faire ça et compris.
Ce n'était pas le temps qui avait ralenti ; c'était moi qui avais accéléré.
Lorsque j'avais absorbé son pouvoir, Jeanne m'avait dit que son pouvoir avait un rapport avec la vitesse.
Je m'assis et attendis que tout redevienne normal.
Apres plusieurs minutes, qui correspondait à quelques secondes en temps réels, le vent se remit à souffler et Peter à respirer.
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