CHAPITRE 15

Quelque part, mon message avait dû faire mouche, car Rynne m'envoya plusieurs messages le lendemain. Des messages où elle me demandait si j'allais vraiment bien, ou elle me disait que depuis le temps il faudrait peut-être que l'on se voie. J'avouai que j'étais restée froide et un peu distante aussi dans mes réponses, je le regrettai un peu, car elle était un peu fragile et que j'avais l'impression d'être jalouse d'une mauvaise manière, même si je le l'était pas. C'était compliqué, j'avais du mal à m'y retrouver.

— J'ai l'impression que tu m'en veux ! Je sais que tu m'en veux ! Je suis nulle, excuse-moi, Dylan.

— Excuse-moi aussi.

— Je n'assure pas, n'est-ce pas ? Je me suis sentie trop mal en voyant ton message et je me suis rendu compte que je t'avais mise de côté.

Je souris en sentant mon émotivité de midinette me monter aux yeux. Rynne me serrait contre elle, ses yeux bridés soulignés par un trait d'eye-liner étaient embués de larmes. Elle m'embrassa les joues et s'écarta en reniflant bruyamment. Je pressai mes doigts sous mes yeux pour effacer mes larmes. Elle sourit et nous éclatâmes de rire en même temps. Nous étions en plein centre-ville, rien de mieux pour réconcilier deux copines que d'aller faire du shopping. Je faisais que rarement du shopping, ça n'était pas une activité que j'affectionnais particulièrement, j'aimais y aller à petite dose et je me contentais d'aller au magasin quand c'était urgent, genre quand mon réfrigérateur criait plus famille que mon propre estomac. Cependant aujourd'hui je me sentais d'humeur acheteuse.

— Seigneur, on est débile.

— C'est vendu avec les chromosomes X et Y, on est des filles, on pleure, dis-je en souriant.

— Oui, mais excuse-moi quand même.

— Tu es amoureuse, voilà tout ! Tu vis ton bonheur, je ne peux tout de même pas te le reprocher.

Elle sourit pourtant, elle avait l'air vraiment touché.

— Oui, mais ça n'excuse pas tout, je... suis sur un petit nuage, j'ai du mal à croire à tout ce qui m'arrive ! Je m'excuse, je n'aurais pas dû te laisser sur le côté et t'envoyer si peu de nouvelles, alors que je te dois mon bonheur avec Zack ainsi que tes encouragements sur mes livres.

— Hein ?

— Tu m'as poussé à y croire que ça soit pour ma relation avec Zack ou pour mon livre.

— Évidemment pour l'un comme pour l'autre c'était évident dès le début.

Nous venions d'arriver dans la rue commerçante. Il y avait du monde. Aujourd'hui, c'était mon jour de congé, autant pour les cours que pour le boulot.

— Ça...

— Comment il va ? demandai-je.

— Très bien. Il a commencé à bosser et il reçoit déjà du boulot. Il adore ce qu'il fait, il est doué pour ça.

— On parle toujours de la photo ? la taquinai-je.

Elle gloussa comme une gamine et acquiesça :

— Oui, aussi.

— Et ton week-end, alors ?

Ses yeux s'illuminèrent d'une belle manière. Elle était plus qu'heureuse de ce qui lui arrivait, en même temps difficile de ne pas l'être.

— C'était incroyable. Je ne pensais pas que les gens allaient être si gentils et si impressionnants. C'était un grand bâtiment, du genre de ceux qu'on voit à la télé. Je te jure, c'était immense et il y avait du monde partout et je débarque avec ma petite histoire, sans expérience. J'ai rencontré le grand patron très rapidement et mon éditrice surtout, celle qui va s'occuper de moi.

— Elle est sympa ? demandai-je.

— Oh oui, elle m'a mis de suite à l'aise parce que j'étais super stressée. Enfin, tu imagines ?

Je souris en acquiesçant.

— Elle m'a dit qu'elle avait repéré mon texte sur les plateformes de ventes, qu'elle avait vu les nombreuses critiques et que sa secrétaire de rédaction et son attaché de marketing direct l'avaient lu et qu'elles avaient perçu de bonnes choses malgré les défauts.

— Tu as des choses à changer ?

— Oui, elle l'a lu, elle aussi et il y a quelques petites choses qu'elle m'a énuméré qu'il faudrait peut-être changer. Des choses maladroites, répétitives, et des trucs en trop qui alourdissent le texte.

— Ça t'a semblé correct ?

— Oui, répondit-elle rêveuse. Oui, elle m'a dit qu'elle ne touchait pas à l'histoire, que nous allions juste modifier le texte pour le rendre moins lourd. Elle m'a donné un contrat à compte d'éditeur que je dois lui renvoyer quand je veux et elle m'a aussi demandé de commencer la suite.

Elle avait les joues rouges quand je me tournais vers elle.

— Une suite ? Vraiment ?

— Ouiiii ! s'écria-t-elle. Une suite. Je suis si contente, Dylan.

Je gloussai comme une hyène ultra fière d'elle.

— C'est trop cool, mais je te préviens, si tu te prends la grosse tête, d'une je viendrais te piquer avec une aiguille pour dégonfler tout ça et de deux je veux lire ton livre, tu me mets à l'écart et je te boude.

Rynne éclata de rire.

— L'un comme l'autre, il n'y a pas de risques, crois-moi, lança-t-elle en m'attrapant le bras. Puis la deuxième histoire, ça sera toi l'héroïne.

— Bah, ma pauvre, tu vas t'emmerder !

Je poussai un petit cri. Elle avait attrapé le mauvais bras et elle serrait ma plaie. Rynne me lâcha de suite.

— Je... merde, qu'est-ce qui se passe ? bredouilla-t-elle.

Je remontais la manche de mon chemisier, elle plissa les yeux et se mordit la lèvre.

— Oh bah merde, alors ! Je suis désolée.

— Pas de mal, ça va !

Elle fit la moue et me contourna pour attraper mon autre bras et nous faire avancer dans la rue.

— Raconte-moi tout ce qui t'arrive, en commençant par ce que tu as à ton bras ?

— Ça ? Oh, ce n'est rien, juste une brûlure.

Je sentais pourtant que mon bras était encore fragile, quand j'essayais de trop solliciter ma main ou mon épaule pour n'importe quoi, je ressentais au bout d'un moment que ça me lançait fortement, du coup, j'évitais d'en faire trop pour guérir au plus vite. Comme ça, j'allais pouvoir reprendre le sport au plus vite.

— Juste une brûlure ? Ça m'a l'air plus grave que ça. Tu t'es fait ça comment ?

— En gardant Kyle, il est tombé devant le gaz et en se cognant la plaque et la casserole d'huile sont tombées. C'était soit lui, soit...

— Soit ton bras ? Quel héroïsme ! Mais merde, tu dois douiller...

— Oui, c'est ça ! acquiesçai-je. Ça va, quand je ne le sollicite pas.

— Kyle, c'est... attends, Kyle, ce n'est pas le gamin de Nate, le...

— Le ?

— Le papa tatoué très sexy, ronronna-t-elle.

Mmh, le surnom lui allait divinement bien et lui collait à la peau.

— Effectivement, c'est son fils.

— Oh, là, là... il est quand même super canon ce mec et son gamin, c'est exactement le même en miniature, ils sont adorables.

Je sentis que je m'étais lâchement trahi quand un sourire très con s'étira sur mes lèvres. Rynne ouvrit les yeux en grand, souriant comme une succube. Elle ne savait rien de rien sur ce qui s'était passé avec Nate. Depuis que nous avions mangé chez eux, elle ignorait tout ; de l'alchimie, du chaos et du trouble délicieux qui nous coupaient du reste du monde quand le désir se faisait plus primordial encore que le fait de respirer.

— Comment ça se fait que tu gardais le fils du papa tatoué sexy ? demanda-t-elle.

— Il n'avait personne, devait se rendre à un rendez-vous et m'a demandé si ça ne m'ennuyait pas alors j'ai gardé Kyle.

— Et ?

— Et ? répétai-je.

— Il se passe quoi entre vous ? Et ne me dis pas rien, ce trouble qu'il y avait entre vous quand vous vous êtes vu à la maison. Sans parler du fait que le gamin t'adore.

— Rien, il ne se passe rien. C'est mon voisin, alors bien sûr quand je le vois débarquer chez toi, tu te doutes bien mon étonnement.

— La grognasse ! Comment oses-tu me mentir aussi délibérément ?

Nous entrâmes dans un magasin de fringues.

— Dis-moi tout, aie confiance...

Je pouffai.

— Pour tout te dire dans une ville aussi grande que celle-ci, je ne comprends absolument pas comment ce mec peut se trouver à chaque fois sur mon chemin. En plus d'être mon voisin, c'est mon coach au club et en plus de ça, le seul cours que j'ai cette année, il a le même.

— Je ne peux pas te dire, les maths et les statistiques, ce n'est vraiment pas mon fort.

Elle fouina un peu sur les portiques et elle sortit une robe rouge qu'elle me tendit.

— Tient, elle est trop belle. Ensuite, il s'est passé quoi ?

— Pour me remercier d'avoir gardé Kyle, il m'a invité à manger chinois à Chinatown et après on a couché ensemble.

Le souvenir de cette soirée me rendait encore très fébrile. Le déroulement de long en large, nos taquineries jusqu'à nos ébats, ça faisait très longtemps que je ne m'étais pas sentie si... apaisée. Elle arrêta ses fouilles et son regard croisa le mien. Rynne ouvrit la bouche, comme choquée par ce qu'elle venait d'entendre.

— Merde, je le savais ! s'écria-t-elle. Je m'en doutais. Mais toutes tes belles paroles sur les hommes, sur le fait que tu faisais une croix sur tout ça ?

— À vrai dire, il sait comment rendre mes neurones muettes de bon sens, du coup je me suis dit, quitte à évacuer mon stress, comme je ne peux plus le faire en me dépensant avec le sport autant...

— Autant pratiquer un autre genre de sport avec le même coach.

Je me mordis la lèvre puis j'éclatais de rire. C'était ça en quelque sorte, Nate me faisait du bien, Kyle aussi. Tous les deux ils apaisaient mes pensées, pas tous le temps, car lorsque je les quittais et que je me retrouvais seule, je pensais trois fois plus à ces choses que je voulais oublier. D'une certaine manière, c'était à double tranchant.

— Et, alors ? demanda Rynne. Après ?

— Rien.

— Hein ?

— Rien, j'évite consciencieusement de le voir.

— Pourquoi ?

— Il a un fils et puis ce n'est pas de m'aider que coucher encore et encore.

— Ça te dérange qu'il soit papa ? demanda Rynne en me tendant d'autres fringues.

— Non, répondis-je de suite. Kyle est un gamin adorable. (Vif et amusant aussi avec une bouille mignonne et une tignasse brune, mais je gardais ça pour moi. J'ignorais s'il y avait quelque chose de mal ou de malsain à adorer un gosse comme ça, mais c'était le cas.) Je me sens égoïste, je ne veux pas lui donner de faux espoir.

— Qui parle de faux espoir ? S'ils te font du bien et que Nate accepte que tu sois auprès de lui et de son fils, je ne vois pas vraiment où est le mal. Il sait mieux que personne ce qui est bon pour eux deux.

Elle me lança un de ces regards appuyés qui me mettaient à l'épreuve de lui répondre. Je souris en acquiesçant, sans répondre, je ne savais pas quoi dire vraiment de toute manière. Le duo « Lui & MiniLui » était adorable et il était vrai que passer du temps avec eux était vraiment sympa, mais c'était tout. Enfin je me comprenais, je désirais Nate ça c'était certain, autant que son fils était une véritable douceur dans ce monde pourri pour autant, je n'avais rien à voir avec eux, je ne voulais rien avoir avec eux. Je n'avais clairement pas ma place sur le long terme ni en continu dans leur vie. J'avais vécu des trucs bien trop glauques et je n'étais clairement pas faite pour ça, mais surtout, je ne voulais pas leur infliger ça.

— Je t'ai coupé la chique, hein ?

— Pas du tout, madame-depuis-que-je-suis-en-couple-je-suis-devenue-une-experte.

Elle éclata de rire, c'était un peu vrai et un truc que tous les couples faisaient, se permettre de donner des conseils aux célibataires alors que bon, Rynne et Zack avaient quand même bien galéré avant de se mettre ensemble pour de bon.

— Enfin, tu diras ce que tu veux à qui veut bien l'entendre, mais tu as un sourire de trois kilomètres de long quand tu parles d'eux autant que tu avais les joues rouges quand vous avez mangé à l'appartement. Ce qui veut dire que tu es charmée... ce qui veut aussi dire que Seigneur dieu, tu es saine d'esprit, car ne pas craquer sur eux c'est limite impossible, ce qui veux aussi dire et je finirais par ça... Nate le papa tatoué sexy est carrément plus sexy que Mister appareil génital écrasé sur le couvercle du poêlon.

— T'es barge, pouffai-je.

— Non, non, je suis parfaitement rationnelle.

Sur ce coup-ci, elle n'avait pas tort du tout. J'éclatais de rire, elle m'imita de bon cœur. Je l'avais oublié lui. La gueule de Zack ce soir-là, Rynne était morte de rire et moi, tout pareil.

On passa l'après-midi dans les magasins de fringues, de livres, de déco aussi et au soir nous mangeâmes un morceau en ville, toujours ensemble. C'était bien aussi de passer du temps avec ses copines, ça m'avait manqué... Un taxi me déposa à la maison, Rynne m'enlaça un long moment avant de filer vers chez elle ou son amoureux devait l'attendre avec impatience, il fallait dire qu'en fin de soirée, il lui avait envoyé plein de messages. Armé de mes nombreux plastiques, je rentrais à dans l'immeuble, je montais les escaliers quand...

— Salut, Ruby.

— Nate ? Un problème ? m'inquiétai-je en le trouvant assis en bas des escaliers qui menaient à son palier.

— Non, répondit-il.

— C'est Kyle ?

Je me rendis compte que mon cœur battait la chamade. Il secoua la tête vivement, l'air toujours un peu perdu, ce qui me calma, enfin un peu. Je lâchai mes plastiques et m'avançai vers lui.

— Merci d'être aussi prévenante, mais non. Tout va très bien, Kyle dort comme un bébé. Je... j'ai été accepté, Dylan !

— Hein ? fis-je sans comprendre.

— Le stage et le boulot en fin d'année si j'obtiens mon diplôme, j'ai été accepté, lança-t-il d'une voix rendue grave et profonde par le bonheur et la surprise. C'est pour moi, j'ai réussi !

Même si cette nouvelle n'avait à proprement dit rien à voir avec moi, la joie inonda mon cœur. Il esquissa un merveilleux sourire, le plus beau que je n'avais jamais vu de ma vie. Ses yeux brillaient de fierté. Je me mordis la lèvre et je me penchai vers lui pour l'embrasser sur la joue en murmurant :

— Waouh, c'est génial ! Bravo !

Il m'attira entre ses jambes et me serra contre lui. Il m'en coupa le souffle, surtout lorsqu'il lova son visage contre mon chemisier en nouant ses bras autour de ma taille.

— Merci ! Je suis heureux, tu n'imagines pas, combien.

— C'est une merveilleuse nouvelle. Kyle est au courant ?

— Non, ils m'ont appelé dans la soirée. (Il secoua la tête et son souffle chaud contre mon chemisier me fit tourner la tête. Je le ressentais comme si j'étais nue.) Il dormait déjà, il était usé de sa journée et il s'est endormi tout juste après manger avant son dernier jeu du soir. (Je souris avec tendresse.) J'ai... c'est pour mon bonhomme que je fais ça et putain, je suis vraiment fier, Dylan.

Ça se voyait, ça se sentait. Je l'étais moi aussi, j'étais heureuse pour eux. Il serrait ma taille et son front ainsi que son visage étaient lovés contre mon ventre. Sa chaleur m'inondait. Mon cœur battait à présent la chamade, le sentir si fébrile contre moi me rendait toute chose. Je levai mes bras encore ballants le long de mon corps et je les glissais dans ses cheveux. Il releva la tête et la couleur sublime de ses yeux me transcenda aussi.

— Tu dois être crevée, tu reviens à peine et je t'embête avec ça. Je suis désolé.

— Il n'y a pas de mal, demain matin, je dors. Et tu ne m'embêtes pas du tout. Je suis heureuse pour toi, pour vous deux. D'autant plus que ma culotte dino y est pour beaucoup.

Il rit et me serra plus fort encore. Il me fit mal, mais je ne dis rien. C'était en train de recommencer une nouvelle fois, cette combinaison d'alchimie et de chaos.

— La culotte dino, hein ? répéta-t-il. Tu m'étonnes ! C'est grave si je te dis que ça m'a rendu dur quand tu m'as envoyé ton message ?

Son regard, la couleur menthe de ses yeux, je me perdis dans un océan d'incompréhension. Décontenancée, je serrai ses cheveux entre mes doigts. Le repousser, c'était ce que j'aurais dû faire, oui, mais comme je ne pouvais pas me défouler en frappant, car ça me faisait un mal de chien, je ne pouvais pas. J'avais essayé une fois, mais la brûlure dans mon bras était bien trop grave pour que je puisse le solliciter de cette manière. Alors, il était la seule chose d'agréable qui repoussait mes vilaines pensées au loin.

— Nate...

— Tu me troubles, ma beauté.

Le trouble ? Je soufflai, je suffoquais presque. C'était encore là. Plus fort encore que les autres fois, plus puissant encore que ce jeu entre nous sur le parking de l'université.

Nate décrispa ses doigts de mes hanches et il effleura mon ventre à travers le tissu de ma chemise. Ma peau brûla à cet endroit, comme s'il avait laissé sa marque sur mon corps.

— Je veux te voir dans cette culotte, je veux te faire du bien dans cette culotte, je veux te l'enlever et te voir la remettre.

— Tu fais très pervers, tu sais ? Tu es à la limite du fétichiste psychopathe.

— Je m'en rends compte et crois-moi, je suis le premier étonné. C'est la première fois que ça m'arrive.

Un rire nerveux m'échappa. Il sourit et posa de nouveau sa tête contre mon ventre.

— La prochaine fois, murmura-t-il en caressant la ligne de ma mâchoire, je veux que tu portes cette fichue culotte quand je te ferais l'amour.

— Qu'est-ce qui te fais croire qu'il va y avoir une autre fois ?

— Toi. Tu ne me repousses pas, tu n'essayes même pas de le faire. Tu m'imposes juste une condition, ne pas t'embrasser. Outre cela, tu es tellement réceptive à mon contact.

— Il me semble pourtant que l'on s'est embrouillé plusieurs fois à ce sujet.

— C'est ce que je dis, plus réceptive que les autres.

Je ris, il froissa mon chemisier.

— Ça me rend fou, je voudrais savoir pourquoi je ne peux pas t'embrasser.

— Je n'aime pas ça, c'est tout.

— Je pourrais te faire aimer ça...

Je me figeai. Non, rien que d'imaginer ça, j'en avais la nausée. Je n'étais certainement pas prête pour jouer à ce petit jeu.

— Non, pas de baiser...

— Je sais.

—... mais tu peux m'embrasser ou tu veux...

Je rougis à cause de mes propos tandis que sans un mot, il ouvrit les premiers boutons de mon chemisier et découvrit mon soutien-gorge bleu pâle.

— Merde, tu es magnifique.

Je me mordis la lèvre puis je fermai les yeux tandis que son souffle contre ma poitrine me donnait la chair de poule. Il écarta mon vêtement et une fois ma poitrine à nue, alors qu'il la découvrait de visu pour la première fois, il en caressa le galbe arrondi avec une profonde douceur. Je gémis, sa bouche embrassa la vallée entre mes seins tandis que mon corps se crispa de plaisir. Mon ventre était secoué de spasmes qui s'étendaient de toute part, aussi bien dans ma poitrine que plus intimement ou un plaisir liquide me rendait moite et chaude.

— Nate, lâchai-je paresseusement en priant n'importe quoi pourvu qu'il continue de me toucher ainsi.

Son regard croisa le mien, il ressemblait... j'ignorai à quoi il ressemblait vraiment, je savais juste que personne ne me regardait ainsi, que personne n'avait des yeux comme les siens dans lesquels se perdre était un jeu d'enfant. Il n'y avait pas de perversité dans son regard, il me scrutait comme s'il me trouvait belle, comme s'il voyait autre chose qu'une blonde paumée.

— Papa !

Papa ? Hein ? Il se figea, moi aussi. Mon rire rendu grave par la frustration le traversa.

— Papa, t'es où ? sanglota Kyle. J'ai fait un méchant rêve...

Je souris en me mordant la lèvre. La bouche de Nate n'avait pas quitté mon corps.

— Voilà un signe qu'il faut qu'on rentre, soufflai-je

— J'arrive, bonhomme ! lança Nate en se redressant.

Il se pencha vers moi et replaça mon soutif en souriant d'un air sombre. Tandis qu'il essayait de me rhabiller, il embrassait doucement la naissance de mon cou.

— Je suis désolé, ma beauté.

— Je n'espère pas, dis-je doucement. (Son regard sombre et ses pupilles particulièrement intenses me donnèrent chaud.) Et dépêche-toi de le rejoindre, le priai-je.

— On pourrait...

Je me mordis la lèvre puis je secouai la tête. Non, l'appel de Kyle était arrivé comme il le fallait.

— Bonne nuit, Nate.

Il acquiesça en souriant.

— Bonne nuit, Ruby.

Lorsque je fermai la porte, je me laissai glisser le long de celle-ci. Mon corps brûlait encore d'envie pour lui. Domino se glissa sur mes jambes en bâillant.

— T'as de la chance, la vie est facile pour toi. Dormir, dormir, marcher du divan à mon lit pour dormir, manger, dormir tout l'après-midi, manger et dormir et rebelote le lendemain matin.

Il miaula et pressa sa patte sur ma joue pour réclamer des caresses. Je lui offris tandis que je laissais ma tête partir en arrière. Nate... nous nous étions perdus une nouvelle fois dans le chaos à cause de cette alchimie que nous n'arrivions pas à contrer. Merde, je l'avais laissé m'embrasser amoureusement dans un couloir, là où tout le monde aurait pu nous surprendre, même son fils. Je l'avais laissé faire encore une fois, je le ressentais encore sur ma poitrine.

Tu fais quoi ?

Je ricanai nerveusement en découvrant le message de Nate. Si Kyle ne s'était pas réveillé en ce moment, nous serions en train de baiser lui et moi. Ça n'était pas plus mal pour autant, son corps me manquait atrocement. J'avais une envie profonde de le rejoindre, ceci dit, je devais trouver un autre moyen de canaliser tout ça sans lui, sans avoir besoin de baiser...

Comme j'ai eu une longue journée de shopping entre filles, alors après ma douche, j'irai poursuivre ma journée girly en regardant un film gnian-gnian. Et toi ?

Je restai assise à terre, Domino sur mes genoux. Il me répondit assez vite : J'imagine que je vais mettre un film en tentant de ne pas penser à ce que mon amour de fils vient d'interrompre...

Je rougis en lisant puis souris en écrivant : La police du sexe, on a beau dire, elle est très efficace. Encore bravo en tout cas pour ton stage. Mon téléphone vibra de nouveau : Samedi soir, ça te dit de venir fêter ça avec Kyle et moi, à l'appartement ? Pour repartir sur de base saine, je devais répondre ; non. Sauf que j'écrivais l'inverse : Oui, avec plaisir. Bonne nuit, Nathaniel.

19 h, bonne nuit, ma beauté.

Je fermai les yeux, je plissai fortement les paupières pour tenter de retrouver ma ligne de conduite, pour tenter de comprendre ce qui m'arrivait.

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