Chapitre 1: Fuite
- présent -
Séoul 23h57:
Durant la nuit, deux atmosphères pouvaient régner. Une nuit douce enveloppée d'un calme olympien, plongeant la ville dans le silence, berçant les habitants dans une tranquillité sans nom, laissant se reposer ceux qui le souhaitaient comme ils le désiraient. Ou alors, à l'inverse, cacophonies s'entremêlaient dans les quartiers, ambiances festives par-ci, règlements de comptes par-là, certains parvenaient à dormir, à être au calme tandis que d'autres faisaient face à l'insomnie la plus totale ou restaient dehors jusqu'à pas d'heure parmi les perturbateurs.
Mais si dans Séoul la nuit était calme, ce n'était jamais bon augure.
Jamais.
Sauf pour les privilégiés, mais eux ne comptaient pas, eux étaient bien trop hypocrites pour se mêler de tout cela.
Cela voulait dire que vous pouviez faire face au danger, être en proie à la mort mais surtout, qu'ils pouvaient vous attraper à tout moment. Et il ne valait mieux ne pas traîner les rues tardivement si vous vouliez rester en un seul morceau, vivant et surtout, humain.
Une fois leur proie en main, ils ne la lâchaient plus, elle leur était bien trop précieuse, bien trop utile pour qu'ils puissent se permettre de la perdre, de la laisser filer. Et rare étaient ceux qui parvenaient à s'échapper.
En réalité, personne ne pouvait se sauver. Et personne - ou presque - n'aidait en retour. Il fallait être complètement fou, vouloir se frotter au danger et ne pas avoir froid aux yeux pour cela.
Ce qui était très rare.
Pourtant, en cette nuit glaciale où la pluie se déversait sur la ville, une silhouette se découpait au coin de la rue et avançait dans la pénombre à pas feutrés. Vêtu d'un grand manteau dont la capuche cachait la moitié de son visage, l'inconnu semblait presque mystérieux, tel un voyageur cherchant un endroit où s'abriter la nuit, or il n'avait rien d'autre que ses vêtements avec lui. Le souffle erratique, la respiration saccadée, Jeongguk avançait en boitant, se tenant au muret sur sa droite afin de ne pas tomber. À chacun de ses pas, ses plaies le tiraient et lançaient la douleur dans tout son corps, lui faisant lâcher quelques gémissements de douleur. Gémissement qu'il tentait d'étouffer afin qu'on ne l'entende pas. S'il était retrouvé, ce serait la mort assurée pour lui, il n'en doutait pas.
Sa vue était déjà bien basse et se floutait de plus en plus, malgré tout, il faisait tout pour garder les yeux ouverts bien que la fatigue l'avait déjà gagné depuis un bon bout de temps. Présente dans tout son corps, elle alourdissait chacun de ses membres à chaque déplacement que le jeune homme effectuait, ce qui ne l'aidait pas. Il ne savait pas combien de temps, il avait réussi à tenir debout ni combien il lui restait avant qu'il ne s'effondre. Il ne voulait pas trop y penser, il n'avait pas le temps, et bien qu'il ne savait pas trop où il allait, il continuait d'avancer.
Sans se retourner.
Il ne voulait plus y retourner, et rien qu'à l'idée qu'il y mette les pieds une seconde fois, un frisson de dégoût profond traversa son corps, le faisant grimacer de plus belle. S'ils l'attrapaient, il était fichu, il n'était même pas sûr d'y retourner vivant. Après tout, il avait désobéi, il s'était échappé dès lors où l'opportunité s'était offerte à lui. À l'heure qu'il l'était, ils devaient certainement le rechercher. Les chiens devaient certainement être sur sa trace et cela l'étonnait encore qu'il ne soit pas entre leurs mains. D'un côté, il était rassuré, mais de l'autre, il ne lui restait plus beau de force.
Le froid le mordait de partout, les trous dans ses vêtements laissaient la brise glaciale s'immiscer sur ses blessures et cela était loin d'être agréable, s'il avait pu, il y a longtemps qu'il aurait lâché sa plainte, sous le poids de la souffrance. Mais il ne pouvait pas, il devait se faire silencieux, déjà qu'il se concentrait corps et âme afin que ses semelles ne fassent pas trop de bruit contre le sol pour ne pas attirer l'attention sur lui. Son odeur suffisait comme appât.
L'oreille tendue, le noiraud faisait tout de même attention aux alentours, et même si cela ne se voyait pas, la peur courrait en lui comme si elle avait été ce liquide vital qu'il avait perdu un peu plus à chacune de ses plaies béantes un peu plus tôt. Il avait peur, peur d'y retourner, peur de se faire rattraper. Peur d'être à nouveau torturé et manipulé.
Peur de mourir.
Alors, restant aux aguets, il continua son chemin, s'enfonçant un peu plus dans les ruelles de la capitale. Certains passants le regardaient avec surprise, d'autres avec mépris et dégoûts, ils savaient. Pour eux se balader la nuit comme le jour ce n'était pas un problème, ils ne courraient aucun risque, ils étaient normaux et privilégiés.
Bien sûr, ils savaient que les personnes comme Jeongguk n'étaient pas bien vues, mais ils ne savaient rien de ce qu'ils subissaient, de ce qu'il se passait en réalité. Personne ne savait sauf les concernés. Le jeune homme les ignorait comme eux le faisaient pour lui et ces autres personnes dans son cas, il ne voulait pas de leur aide ni de leur pitié. Il était seul et il le resterait, du moins jusqu'à ce qu'il retrouve ces deux et uniques personnes auxquelles il tenait, mais pour le moment, c'était impossible, l'un avait disparu, l'autre était inaccessible.
Alors, le noiraud continua d'avancer, essayant de tenir encore un peu jusqu'à trouver un endroit où il serait en sécurité, où il pourrait être sûr que personne ne viendrait le torturer. Où il pourrait se soigner et élaborer un plan afin d'aller le chercher.
Jeongguk entra dans une ruelle au hasard à l'abri des regards, préférant être seul et ne pas trop attirer l'attention sur lui, si beaucoup de personne le -
Non !
- Ugh... ! un son d'agonie sortit de sa bouche, pris d'une crampe à la jambe, il rencontra le sol sans pouvoir faire quoique ce soit. La douleur fut telle que son corps ne parvenait plus à le soulever, il resta face contre terre, la mâchoire crispée et les poings serrés tellement la frustration de ne pas pouvoir faire un pas de plus le hantait. Il avait trop donné, mais il espérait pouvoir encore avancer, faire un effort. Mais en vain, il eut beau tenter de se redresser sur ses coudes, essayer de calmer la douleur dans sa jambe, rien n'y faisait. Comme-ci son corps entier avait décidé de lâcher au même moment, sa vue commença à baisser très rapidement et bien qu'il tentait de rester réveiller, la fatigue le broyait de toute part, la douleur de ses plaies ne cessait d'augmenter et bientôt, même cette dernière ne lui faisait plus rien, il se sentait seulement partir. De plus en plus étourdi, Jeongguk ne parvenait plus à distinguer les alentours, il se senti vide, tellement vide, tout tournait autour de lui-même si ses yeux étaient fermés, petit à petit la réalité lui sembla lointaine si bien qu'il avait l'impression de sombrer dans un trou sans fin.
Était-ce là la mort qui l'appelait ? Était-ce son heure ? Il ne savait pas, il ne pensait plus à rien, il espérait juste, priait juste, suppliait qu'on lui vienne en aide. N'importe qui. Juste qu'on le sorte de là.
Il avait trop donné, trop forcé, plus aucune force n'habitait son corps, il était vide, lourd et inconscient. Il culpabilisé de n'avoir pu tenir encore longtemps, mais dans son état, il était allé bien trop loin, dépassant largement ses capacités. Il n'y avait plus qu'à prier pour qu'on vienne le secourir.
1h05:
Déboulant à toute allure au coin d'une ruelle, au volant d'une jolie décapotable rouge, deux inconnus parcouraient la capitale comme tous les deux - trois jours de la semaine. Cette fois-ci, ils fuyaient. Un peu plus loin derrière eux, s'élevait dans le ciel nocturne un énorme incendie provenant d'un petit quartier en retrait. Bien évidemment, les deux hurluberlus en étaient les auteurs.
- Aaaaaaaaah mais ralentis !!!! Hurla le plus vieux, les traits déformés par la panique, en s'accrochant de tout son saoul à sa ceinture de peur de voltiger à travers le pare-brise. On va mouriiiir !!
- Mais ta gueule !! Cria l'homme au bandana, le conducteur qui semblait se foutre royalement de la vitesse à laquelle il roulait. Arrête de crier dans mes oreilles !!
- POURQUOI T'AS PRIS LE VOLANT ALORS QUE TU SAIS PAS CONDUIRE ?!
- J'ai déjà conduit avant putain !!
- MAIS T'AS PAS LE PERMIS !!
D'un coup brusque sur le volant, le plus jeune tourna dans une ruelle à nouveau, faisant se cognait son passager contre la porte afin de le faire taire. Il n'aimait pas qu'on lui rabâche les mêmes choses et en plus, pour un débutant des débutants, il se débrouillait pas mal : il n'avait ni renversé de gens - excepté les poubelles ou les plots - et à part rouler sur la route ou les trottoirs vides, il n'avait foncé dans aucun poteau. Un miracle qui à ses yeux était une très grande preuve de son autonomie au volant et sa capacité à conduire comme tout le monde.
Se massant la tête, JHope, le plus vieux grommela et continua de se plaindre, espérant arriver en un seul morceau chez lui. De son côté, le conducteur jetait parfois quelques regards dans le rétro viseur afin de vérifier que personne ne les poursuivait. Encore une fois, ils avaient réussi leur mission, sans encombre, sans se faire remarquer. Mais une fois encore, il n'avait pas réussi à trouver le moindre indice sur ce qu'ils cherchaient. Ou du moins, pas de nouvel indices.
Après une bonne dizaine de minutes à rouler à une vitesse au-dessus de la normale, RM, soit dit en passant, le conducteur sans permis, passa enfin à une vitesse normale, conduisant plus tranquillement au plus grand bonheur du plus âgé. Même s'il semblait faire le pitre en roulant, il resta néanmoins très concentré sur la route, surveillant les alentours jusqu'à arriver chez eux. Cependant, alors qu'il tournait de nouveau dans une ruelle peu éclairée, quelque chose attira son attention et sans perdre de temps, il se gara près du trottoir.
- Reste-là, je vais voir.
- Huh ? De qu-
La porte claqua et le jeune homme s'avança prudemment vers le tas de vêtements au sol. Il tenta d'étouffer le bruit de ses Rangers avant d'arriver à la hauteur du corps inerte à ses pieds. D'une main prudente, il sortit son arme de sa ceinture avant de soulever la capuche de l'inconscient et découvrit un jeune homme dans un piteux état. Trempé de la tête aux pieds, aussi blafard qu'un cadavre, il semblait très jeune pour le coup ne devant même pas avoir la vingtaine. RM grimaça, à cette vue il eut un pincement au cœur. Il pointa son arme sur sa tête avant de plonger deux doigts dans son cou glacé par le froid et vérifia s'il était encore vivant.
- Son pouls est très faible. Murmura t-il avant de faire signe à son acolyte de le rejoindre.
Il vérifia ensuite s'il ne possédait pas d'armes sur lui et garda la sienne en main avant de passer sa main libre sur son épaule pour le retourner sur le dos. Une grimace de dégoût déforma ses traits lorsqu'il découvrit le corps du jeune balafré, saignant de partout sous ses vêtements déchirés lui collant à la peau. JHope arriva et à son tour, il tourna de l'œil à l'horreur sous ses yeux avant de passer une main dans le dos du plus jeune pour le soulever.
- Putain... me dit pas que...
- Si. Prends le volant, je m'en charge.
Sachant pertinemment que son ami n'était pas très futé niveau soin et qu'à la vue du sang, il s'évanouissait assez rapidement, RM porta la victime sur son dos avant de courir vers leur voiture. Il déposa le noiraud sur la banquette arrière avant de s'y installer après avoir pris de quoi penser ses plaies dans la boite à gant, puis il posa la tête de ce dernier sur ses genoux tandis que JHope prenait place au volant sans tarder à conduire. Sans perdre une seconde de plus, bien qu'il restât prudent, il démarra en trombe et fila sous la pénombre pour rentrer chez eux.
Après une bonne dizaine de minutes, il prit une route en sens inverse et tourna une dernière fois à droite avant de s'engouffrer dans un garage, ce dernier s'était ouvert tout seul après-avoir reconnu la voiture. Le conducteur fila au sous-sol et roula encore un temps le long d'une allée souterraine avant d'être garé face à un ascenseur.
- Appelle Jin. Ordonna RM en prenant le petit sur son dos et en se dirigeant vers l'entrée principale. Le gosse n'en n'a plus pour très longtemps si on ne fait pas vite.
Chapitre 1 - fin
CamBch
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Hello :)
Voilà pour ce premier chapitre !
J'espère sincèrement qu'il vous a plu ! Dites-moi ce que vous en avez pensé !
Je vous dis à très bientôt pour la suite ! ♡
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