Livre quatrième, Chapitre dix-neuvième
La salle d'arcade est une grande salle aux multiples bornes de jeux vidéo. Le plafond représentant un espace spatial est pour le moins réussi.
Les gens sont nombreux, parfois seuls, souvent accompagnés.
Les bruits de conversations et les roulements de boules de bowling emplissent l'espace sonore.
Une fille danse, sur un jeu vidéo.
Elle monopolise ce jeu presque 6 heures par jour.
Elle attire l'attention, de son mètre quatre-vingts, avec ses quelques kilos « en trop », pour reprendre leurs mots, sa doudoune rose pastel, ses couettes brunes de loli malgré son âge approchant, a vu d'œil, celui d'une jeune adulte, sa jupe à plis creux bleue foncée et, surtout, ses yeux émeraudes.
Elle attire l'attention en mangeant un paquet de gâteaux et en faisant tomber masse d'autres sucreries autour d'elle, dans un endroit où il est clairement inscrit de toutes parts, en gros, en gras, en majuscules soulignées :
INTERDICTION FORMELLE D'INTRODUIRE DE LA NOURRITURE
Elle cherche quelqu'un.
Elle ne sait pas qui.
Il viendra.
Maintenant.
La personne sur le point d'entrer, c'est elle qu'elle cherche !
La personne sur le point d'entrer, c'est elle qui la cherche !
C'est un adolescent, capuche relevée, des mèches fines brun-blond en dépassant.
Une immense aura de désespoir l'enveloppe.
Il ne sait probablement pas ce qu'il fout là et a dû errer dans la ville au hasard.
Le hasard ne fait rien. Si on est à un endroit, c'est pour une bonne raison.
La raison de sa venue est un simple sort, attirant les gens en détresse vers la salle d'arcade.
« Enfin un peu de flouze à se faire ! »
Pense-elle.
???: Hey, mon p'tit !
Fait-elle quand il passe près d'elle.
Il lève la tête vers elle, surpris.
Sans s'arrêter de danser, elle continue :
???: T'as pas l'air en forme. Ça va pas ?
Elle l'entend penser :
« Au point où j'en suis... »
Pour le convaincre de parler jusqu'au bout, elle poursuit :
???: Je peux régler tes problèmes. Je peux régler les problèmes de tout le monde. Je suis de ceux dont tout est à portée de main.
L'adolescent, ou, maintenant qu'elle l'a bien regardée, « l'adolescente », la regarde, soudain dubitative.
???: Tu veux une preuve ?
La grande se retourne subitement, et, pendant une seconde, ses cheveux passent par tous les coloris du cercle chromatique.
???: Si je peux faire ça, je peux bien t'aider. Dis moi tous tes problèmes, tout problème à sa solution.
Et cette solution, ce sera comme toujours une potion.
Elle écoute patiemment l'adolescente.
Ses difficultés scolaires et la déception dans les yeux de ses parents.
Ses sœurs, qui brillent là où elle échoue.
Sa vie sociale, se résumant par des trahisons, des déceptions.
Son anorexie, qui lui a fait perdre son poids d'antan suite aux moqueries.
Sa vie amoureuses, suite d'histoires à sens unique car elle n'était « pas assez bien ».
Tout ça, la fille aux couettes l'écoute sans arrêter de danser, sans l'interrompre, sans réagir, à se demander si elle l'écoute.
L'adolescente clôture son discours par :
Girl : Enfin... j'aimerais être... comme tout le monde, quoi.
L'étrange danseuse se retourne, ses cheveux flottants dans un vent sorti de nulle part, posant sa question finale :
???: Si tu devais choisir pour arranger un de ces problèmes, lequel choisirais-tu ?
Girl : Ma vie amoureuse. Avoir quelqu'un de fidèle sur qui se reposer.
Toujours impassible, la sorcière déclare, en tendant un morceau de papier :
???: Parfait. Passe me voir à cette adresse, demain. Pense à avoir de l'argent sur toi.
Pour de l'argent, elle aide les gens qui tombent ici.
Au début, elle cherchait de vraies solutions, c'était gentil, innocent, peu rentable pour elle mais quel est le prix d'un sourire ?
Maintenant, elle demande des sommes faramineuses et donne aux gens ce qu'ils demandes, sans chercher ce qu'ils veulent, parfois même en bâclant le travail.
Mais ça n'a jamais raté. Les gens ont précisément ce qu'ils ont demandé.
Maintenant, elle se voit plus comme une fonctionnaire qu'une sorcière de manga, celles qui aident les gens, comme elle voulait l'être.
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Le week-end passe, le lundi arrive.
Il amène une notification de rappel sur le téléphone d'Alexandre, qui dormait sereinement.
Il manque de s'étouffer.
« QUOI ?! »
□Rappel : Exorciste, demain à 15h□
Il doit arranger cela de toute urgence.
Il reprend son calme.
Il rédige un message au numéro de l'exorciste qu'il a enregistré.
□Me : Monsieur, madame,
Sachez que j'ai résolu le problème surnaturel pour lequel je vous avais engagé. Sachez aussi qu'une équipe compétente et professionnelle est venue vérifier que le lieu était bien sécure. Votre intervention n'est donc plus requise.
Bonne journée à vous.
Cordialement,
A.S□
Il envoie, satisfait.
Il était à deux doigts de la catastrophe.
Il entrouvre la porte et regarde dans le salon.
Reiko a repris la lecture de son livre étrange, flottant, luisant et écrit dans une langue abstraite mais si instinctive, assis dans un fauteuil pour lequel il a demandé la permission avant de s'asseoir.
Il ne le considère plus du tout comme au premier jour.
« Un problème »
« Comment ai-je pu être aussi stupide ? »
Il repense à comment il le traitait au début.
Si rien n'avait changé, l'esprit serait probablement à genoux dans un coin, à essayer de se faire oublier.
Si rien n'avait changé, il serait attaché dans une ruelle sombre, à laisser couler son liquide bleu, impuissant.
Si rien n'avait changé, il serait toujours dans ce bain rouge, sans même personne pour venir l'enterrer.
Il aime la manière dont les choses ont tourné.
« Continuons sur cette voie »
Dit-il en souriant.
Il reçoit un message.
□Noah : Når kommer du? Kanskje Oma trenger deg? □
□Me: Hvordan har hun det? Er hun ikke syk? Har hun ingen andre problemer? □
□Noah : Nei. □
□Me : Jeg kommer innom i løpet av neste ferie. □
□Noah : Skal jeg si det til mamma? □
□Me : Hvis du vil. □
Il éteint son téléphone.
Ainsi donc, il s'est condamné à supporter son horrible famille durant les prochaines vacances...
Il se demande si l'exorciste passera quand même le lendemain.
Ça l'angoisse.
Et surtout, comment réagirait-il quand il apprendrait qu'il a appelé un exorciste ?
Il jette encore un œil dans le salon.
Si l'exorciste venait à venir, il luttera contre lui.
Il sort de sa chambre pour se servir son habituel café matinal.
Le garçon circule dans l'appartement en sous-vêtements sans honte, à présent.
L'esprit n'y prête même pas attention.
Reiko : Bonjour, Monsieur Alexandre !
Alexandre : 'lut ! Bien dormi ?
Reiko : Heu... je... oui, je crois... Et vous ?
Alexandre : Il faut vraiment que je t'achète un lit... Ca te dit de prendre la pièce au fond à gauche ?
Reiko : Hein ? Heu... heum... ce n'est pas un peu... grand ?
Alexandre : Plus que la pièce où tu dors actuellement, en effet.
Reiko : Je ne pense pas en avoir besoin...
Le jeune homme soupire.
Alexandre : Si je te donne quelque chose, quel qu'il soit, tu l'utiliseras ?
Reiko : Hum... oui...
Alexandre : Mais si tu as besoin de quelque chose, tu ne me le demanderas pas, hein ?
L'esprit semble surpris de sa réponse.
Reiko (déboussolé) : Je... c'est que... je... je peux me débrouiller avec ce que j'ai déjà... Je... je ne sais pas... je... je n'ai jamais eu besoin de rien... Enfin... si mais...
Il souffle un grand coup pour se calmer.
Reiko : Monsieur Alexandre... Je suis touché par votre générosité mais je mène une existence solitaire depuis près de deux mille ans. Je n'ai pas l'habitude qu'on me propose quoi que ce soit car j'étais seul. Je... hum...
Alexandre le regarde droit dans les yeux, attentif.
Le regard bleu intense du garçon effraie l'esprit, oubliant ce qu'il voulait dire, déstabilisé.
Reiko : Désolé...
Le jeune homme n'avait pourtant rien à dire contre la parole de l'esprit. Mais involontairement, il l'a fait taire.
Il veut retourner lui parler, lui demander de poursuivre, s'excuser, mais la sonnerie de son téléphone le rappelle à l'ordre et il retourne se préparer, de mauvaise grâce.
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Bien le bonjour ! Très heureux de vous retrouver et de republier après ces vacances ;)
J'espère que vous avez aimé ce chapitre ^^
Chers lecteurs, j'adorerais, un jour ou l'autre, faire une FAQ. Alors si vous avez des questions à poser à Alexandre, à Reiko, ou à tout autre personnage, n'hésitez pas !
A la prochaine :)
W.H
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