Lisa

Mercredi : trois jours plus tôt

Je suis réveillée par la sonnerie de mon portable. Je ne prends pas la peine de regarder le nom de mon interlocuteur.

-Allo, dis-je d’une voix ensommeillée.

-Bonjour ma Lisa, me dit mon meilleur ami, joyeux. Il est l’heure de se lever marmotte, ton croissant et ton chocolat chaud t’attendent dans la cuisine.

-Ai-je de la compagnie également ?

-Évidement !

-Je m’habille et j’arrive.

Je m’habille et me prépare pour le lycée, puis je descends profiter de Camille qui m’a beaucoup manqué ces derniers temps.

Je devais aller le voir hier après les cours, mais ma mère m’a demandé de faire les courses car elle avait une grosse commande à préparer pour un client. Je devais le retrouver devant le lycée, ce matin. Je suis contente qu’il ai changé nos plans. Je suis décidée à lui parler de notre histoire avec Julien mais pas avant que ce dernier ne rentre à la maison. En attendant, je profite encore du calme qui règne.

Nous prenons notre petit déjeuner tout les deux comme il nous arrivait de le faire de temps en temps. Nous partons au lycée ensemble et bien que je craigne de croiser Lucie, j’ai l’intime conviction qu’elle n’agira pas maintenant. Ce qui m’inquiète dans l’immédiat c’est de ne pas avoir de nouvelles de Julien. Je me décide à le contacter.

« Coucou, pas de nouvelle de toi. Tout va bien ? Bisous »

La journée se passe et je retrouve mon sourire au côté de Cam. Nous déjeunons avec Maxime et Carmen. Lucie quant à elle, est avec ses amies, ce qui m’arrange bien. J’étais en panique quand je les ai vu discuter pendant un inter cours, seul à seul. Mais Carmen m’a judicieusement fait remarqué que si elle devait cracher le morceau, elle le ferait devant moi pour m’atteindre. Comme Camille n’a pas changé de comportement, j’en ai déduit qu’il n’était au courant de rien.

Le reste de la journée c’est écoulé rapidement et ce n’est que le soir que je reçois un message de mon chéri.

« Salut ma puce, j’ai peu de réseau par ici. Je rentre vendredi finalement. On se voit le soir ? »

« Je ne peux pas, je fais une surprise à mes parents pour leur vingt ans de mariage. »

« Samedi alors ? Je vais essayer de me libérer plus tôt. »

« Ok, tu me manques. »

« Toi aussi, mais puce. »

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Vendredi

Ce matin, j’ai prévenue mes parents que je leur réservai une petite surprise pour ce soir, ils furent étonnés.

Terminant de bonne heure aujourd’hui, je pourrais leur préparer un bon repas. Le but étant qu’ils se retrouvent afin de passer un bon moment ensemble et sans se disputer, pour une fois. J’ai tout prévu jusqu’à leurs tenus, robe élégante pour ma mère et costume pour mon père. J’ai gravé une playlist des musiques de leur mariage hier soir, j’insère le CD dans la chaîne hi-fi du salon et la première chanson commence. J’ai chanté, danser en mettant la table et en installant des fleurs ainsi que des bougies un peu partout dans son la pièces, créant une atmosphère tamisée et romantique. Ils sont entrés dans le salon, sublimes dans leurs tenues, le regard illuminé, découvrant ma surprise. 

-Bonsoir ma chérie.

-Maman, tu es magnifique ! Toi aussi papa !

-Tu restes dîner avec nous ? demande mon père.

-Non, j’ai déjà mangé. Je vous laisse en amoureux, profitez en ! Tout est prêt, vous n’avez plus qu’à vous servir. Je reste dans ma chambre, si besoin.

Je les laisse, espérant que la magie d’un rendez-vous galant opère et qu’ils puissent résoudre les problèmes de couples qu’ils rencontrent depuis quelques temps.
Pendant que je regarde A tout jamais, sous ma couette, mon téléphone sonne, m’indiquant l’arrivée d’un message. Je souris quand je vois le nom de Julien s’afficher.

« Je suis rentré, j’aimerai te voir ce soir...»

« Demain promis, je dois veiller à ce que tout se passe bien entre mes parents. Tu me manques. »

« Si tu changes d’avis, je suis à la maison.»

Je continue de regarder mon film quand j’entends un bruit de verre se briser. Cela m’interpelle mais je me convainc qu’un verre est tombé. Le son retenti à nouveau, puis un hurlement. Mais qu’est ce qui se passe ? Je cours dans le salon et trouve mes parents en pleine scène de ménage. Ma mère balance la vaisselle sur le sol dans un bruit assourdissant. Elle crie sur mon père.

-Comment as-tu pu me faire ça ! s’égosille-t-elle.

-Ce n’est arrivé qu’une fois. C’était il y a quinze ans ! Pardonne-moi mon amour !

-Non !

Je me sens totalement impuissante et abasourdie. J’ai passé la moitié de l’après-midi à leur préparer un super dîner pour leur anniversaire, tout ça pour apprendre que mon père a trompé ma mère il y a des années.
Comment dois-je réagir ?

Quand ma mère a fini de casser toute la vaisselle, elle s’enferme dans sa chambre, laissant mon père seul et dévasté dans le salon. Je n’ose plus parler. J’avais organisé cette soirée dans de bonnes intentions et ils ont tout gâcher. Comment en sont -ils arrivés là ? Déçue de la tournure des événements et de leur comportement, je m’habille en quatrième vitesse et sors de la maison.

Je cours pendant dix minutes sans m’arrêter, le temps d’arriver chez Julien. Il est déjà vingt-trois heures quand je frappe à sa porte. Mon petit ami m’ouvre et je me jette à son cou. Il m’entraine dans la cuisine, me demandant ce qui est arrivé. Il me sert un grand verre d’eau que je bois d’une traite avant de commencer mon récit. Je retiens difficilement mes larmes qui coulent finalement à la fin de mon récit. Mes parents me dégoûtent. Il n’ont aucun respect pour le mal que je me suis donnée pour eux. Julien me prend dans ses bras.

-Chut, ma puce, calme toi. Tout va s’arranger, ton père va s’excuser et ta mère le pardonner. C’était il y a longtemps, il y a prescription, me dit-il d’une voix calme.

On ne s’est pas vu depuis six jours, cela m’a paru interminable. Je prends le temps de le regarder et je vois qu’il ne s’est pas rasé depuis plusieurs jours, des poches grises sont apparues sous ses yeux et son teint est plus pâle. Il n’a pas l’air dans son assiette.

-Et toi, comment s’est passée ta semaine ?

-Eprouvante.

-Mais où es-tu allé ?

-À Clermont-Ferrand.

-À Clermont-Ferrand ? Pourquoi faire ? C’était prévu ?

-Non, j’ai dû partir à la dernière minute. Je t’en aurais parlé si je devais parti en voyage. Je suis allé voir ma mère.

Il me paraît très évasif quand il me parle. J’ai l’impression qu’il me cache quelque chose  mais je ne veux pas faire parti de ses filles qui questionnent sans arrêt leur petit ami. Je n’insiste pas. S’il veut me parler, il le fera de lui-même.

-Elle est à l’hôpital depuis longtemps et son état s’est aggravé.

Je le prends dans mes bras pour le consoler. Je serais désemparée à sa place. Je comprends qu’il ne m’ait pas appelé cette semaine, il a sûrement voulu passer un maximum de temps avec sa mère. Je me suis sentie délaissée cette semaine, n’ayant droit qu’à des textos. Finalement, j’aurais du être heureuse d’en recevoir.

-Elle va mieux ?

-Pas vraiment.

Je sens qu’il ne veut pas m’en dire plus et je décide de lui changer les idées. Je me mets sur la pointe des pieds, prends son visage en coupe et l’embrasse avec passion. Il me rend mon baiser avec la même fougue, glissant sa langue sur la mienne. Ses mains caressent mon corps de toute part.

-Attend ! Camille est là ?

-Non, il est chez Lucie.

-Pour une fois qu’elle sert à quelque chose, celle là. D’ailleur, il fallait que je te parle d’elle.

Je lui raconte notre altercation.

-On doit parler à Camille dès demain, je ne veux pas que cette conne s’immisce entre nous. Mais ce soir, on a du temps à rattraper, me dit-il, les yeux braqués sur moi.

Il passe une main derrière ma nuque, me rapproche de lui et m’embrasse. Il remonte sa langue jusqu’à mon oreille puis lèche mon lobe et le mordille. Je glisse mes mains sous son t-shirt et caresse ses abdos puis je descends et lui malaxe les fesses. Sa langue glisse dans ma bouche et nos dents s’entrechoquent. Nos gestes sont impatients. Julien s’arrête un instant, ses yeux s’écarquillent, semblant fixer quelque chose au dessus de ma tête, quand je suis projetée en arrière et qu’un point s’est abattue sur son visage.