Chapitre 13 - Ma famille, bientôt réunie (Charlie)

Sitôt le brunch terminé, je cours me réfugier dans ma chambre où m'attend mon père. Il avait promis de passer pour que nous puissions discuter. Cela fait déjà une semaine qu'Adam est un Enfer et je trouve qu'il s'intègre plutôt bien au Happy Hotel. Avec un peu de chance, d'ici quelques temps, il aura totalement adhéré à mon idéalisme de rédemption et acceptera d'ouvrir les portes du Paradis aux démons repentants. J'ai tellement hâte.

Je ferme la porte et cours me jeter dans les bras de Lucifer. 

— Tu m'as manqué, Charlie.

Le maître des Enfers m'embrasse le front, puis glisse son doigt sous mon menton. Je tends ma paume et il dépose un canard dedans, comme quand j'étais petite. Je n'ai jamais compris cette curieuse passion, mais j'aime ses cadeaux-canards. Je le remercie et l'embrasse en retour, puis dépose le canard sur une étagère déjà bien garnie de souvenirs.

— Comment se passe l'intégration d'Adam ? demande-t-il.

Je m'empresse de raconter sa semaine et notre conversation lors du brunch. Je sens que je tiens le bon bout. Mon père me félicite, tout en se laissant tomber sur un canapé. De mon côté, je reste debout, effectuant des allers-retours. Je suis un peu hyperactive, j'ai besoin de bouger.

— Et toi, tu as réussi à mettre ton plan en œuvre ? demandé-je.

Il hoche la tête. J'attends qu'il m'en révèle plus.

— C'est quoi ? le pressé-je.

Je suis super curieuse. J'aimerais savoir ce qu'il a en tête, mais mon père est toujours très secret. Il secoue la tête, tout en jouant avec l'un de ses canards et son sceptre.

— Je ne peux pas rentrer dans les détails, cela concerne un pacte, explique-t-il. Je peux seulement t'assurer que bientôt, notre famille sera enfin réunie.

Mon cœur se serre. Est-ce qu'il dit vrai ? Il y a tellement longtemps que ma mère est partie que j'ai presque oublié son visage. Je conserve une seule photo de nous, juste avant son enlèvement, accrochée au-dessus de mon lit. Elle me manque tellement.

Et je sais qu'elle manque à Papa. Il ne s'est jamais remis de son départ, il l'a beaucoup pleuré. Quand nous étions encore une famille, avant son enlèvement, mon père souriait tout le temps. Je l'ai vu s'éteindre ensuite, comme une bougie. Seule sa collection de canards parvient à lui remonter le moral.

— J'aimerais tant que notre famille soit réunie.

Je baisse la tête. Mon père me fait signe et je viens m'asseoir à côté de lui. Son bras passe par-dessus mon épaule et il dépose un autre baiser sur mon front.

— Elle va revenir, ne t'en fais. Papa s'en occupe.

Je hoche la tête. Mon père est le chef des Enfers, le plus puissant de tous les démons. Même Alastor ne lui arrive pas à la cheville (et pourtant je sais qu'il aimerait pouvoir rivaliser). Même si Lucifer se terre depuis longtemps dans son palais, et qu'il arrive que certains démons tentent de s'opposer à lui, il finit toujours par triompher. C'est avec cette foi que j'ai été élevé : celle qu'il parviendra toujours à me protéger.

— Et moi, je m'occupe d'Adam, promis-je. Je vais lui faire ouvrir les yeux. Je sens que je peux y arriver.

— J'ai toute foi en toi, Charlie.

Sa remarque me fait chaud au cœur. Au départ, il n'était pas très convaincu par mon idée d'Hotel-Rédemption, comme la plupart des démons. Et finalement, après le combat contre les anges, la reconstruction de l'hôtel, la damnation d'Adam, et tout ça, les gens ont commencé à se dire « Pourquoi pas ? ». Certes, mon idée est folle et utopique, peut-être trop optimiste, mais j'ai envie d'y croire. Je veux faire sortir mes amis de cet Enfer.

Toutefois, je ne peux m'empêcher de douter.

Et si j'échouais ?

— Et si je ne parviens pas à faire changer d'avis Adam ? Et s'il refuse de nous ouvrir l'accès au Paradis ? Et si...

— Alors, il se condamnera lui-même, me coupe Lucifer. Ne t'en fais pas Charlie, ça va fonctionner. J'ai foi en toi, et tu dois garder foi en ton projet. En attendant, je m'occupe de te ramener ta mère, d'accord ?

J'opine. Il m'embrasse une seconde fois, dépose un nouveau canard sur mon épaule, puis s'en va par la fenêtre. Je le regarde s'envoler, directement son palais. Je vais m'occuper de demander une audience au Paradis pour la semaine prochaine.

D'ici là : j'espère qu'Adam sera convaincu et qu'il acceptera de me soutenir dans mon projet. De toute façon, mon père a raison : il n'a pas le choix !

C'est ça ou l'Enfer n'a tout jamais pour lui. Et quelque chose me dit qu'il n'a aucune envie de rester cloitré dans cet hôtel, avec moi, pour l'éternité.

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