Chapitre XIX.


Oliver

Je raccroche le téléphone et fais signe à Alex qu'il peut entrer. Je viens à peine de boucler un projet et je travaille déjà sur un autre. Autant vous dire qu'on est tous submergés par l'entreprise. Je ne sais plus où donner la tête. Il y a tant de choses dont je dois m'occuper en ce moment.

Qu'est-ce que tu en dis ? Oly

- Quoi ?... Désolé, j'étais ailleurs. Tu disais ?

- Regarde le plan... Et dis-moi ce que tu penses de la décoration.

Je prends le temps de regarder le plan, c'est mon domaine, ça. Par contre, l'aménagement, c'est l'affaire d'Alex. Il n'a jamais eu besoin de ma permission pour boucler un projet, je ne vois pas pourquoi il me montre ceci tout à coup.

Le plan est parfait, mais je ne comprends pas trop pourquoi tu as choisi cette couleur...

– Je me disais exactement la même chose.

– Alex, pourquoi tu me demandes mon avis sur ce projet ? Tu sais bien que je n'y connais pas grand-chose en ce qui concerne l'aménagement.

— Comment ça, pourquoi ? Hé bien, parce que c'est toi le patron et tu dois valider mon travail, Oliver.

Je le regarde en haussant les sourcils. Il est stressé. La question est pourquoi ? Alex se lève et commence à faire les cent pas.

- Alex...

– Je devrais peut-être tout reprendre à zéro.

— Mais bien sûr que non, ton travail est parfait, Alex.

– Mais tu viens de dire que la couleur de la déco ne colle pas.

— Assis-toi, s'il te plaît... Inspire et expire... Recommencer... Ça va mieux ?

— Pas vraiment non.

— Dis-moi ce qui se passe ? Qu'est-ce qui te stresse autant ?

- C'est Kika...

– Qu'est-ce qu'elle a ?

– Elle recommence à parler de son travail. Tu te rends compte ? Kyle a tout juste un mois.

– T'es sûr d'avoir compris ? Elle a dit quoi exactement ?

— Une histoire comme quoi dans 6-8 mois... Oly, Kyle est encore trop petit. Il a besoin de sa mère...

– Alex, calme-toi. Tu as peut-être mal interprété ces mots... Elle adore votre fils, elle ne fera rien qui puisse vous faire de la peine à tous les deux.

— Je sais, Oly.

– Mais n'oublie pas non plus que c'est une top-modèle.

— C'est justement ça le problème, je crois que je ne veux pas qu'elle remonte sur scène.

– Comment ça ? Alex, que tu veuilles qu'elle reste encore à la maison avec votre fils, c'est une chose, mais la privée de ce qu'elle aime faire en est une autre.

— Putain, Oly, je crois que je suis devenu encore plus jaloux, et même égoïste.

Je ne crois pas qu'il soit égoïste ou quoi que ce soit. Il a juste peur. Peur que Kika n'accorde pas assez de temps à leur fils, peur de ces différents voyages pour les défilés. Kika est une bonne mère et il le sait, Alex a juste besoin d'être rassuré.

Ce soir, je rentre chez moi comme les deux soirs précédents. Amy est partie à Sydney pour quelques jours. Même avant qu'elle ne parte, il y avait un froid entre nous. Entendre ces trois mots sortir de sa bouche à nouveau a été comme un coup en plein dans le ventre. J'ai eu peur, parce que la dernière fois qu'elle me l'a dit, elle est partie pendant plusieurs mois. Donc ces mauvais souvenirs ont refait surface et la meilleure façon que j'ai trouvée pour ne pas craquer a été de la laisser seule dans la baignoire. Ça l'a blessée, mais je ne sais pas faire autrement.

Je sors de ma voiture. Ma surprise m'attend devant la porte. Ce n'est autre qu'Haleessa. Elle me sourit, faisant sortir ses dents blanches.

Lee, qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci ?

– Je n'ai plus le droit de passer voir mon meilleur ami ?

– Ce n'est pas ce que j'ai dit... Bref, comment vas-tu ?

– Ça va. J'ai préparé ces délicieux cookies qu'on adorait étant petit, tu te souviens ?

- Vaguement...

– Et je t'en ai apporté.

— Genre, toi, tu as fait de la cuisine ?

– D'accord, je les ai achetés.

– C'est bien ce que je pensais.

Elle dépose la boîte de Cookies sur le comptoir de la cuisine. J'ouvre le frigo pour me servir une bouteille d'eau.

Je suis rentrée ce matin, je t'ai appelé, mais tu n'as pas répondu...

– J'ai été occupé toute la journée.

– Je voulais savoir si tout va bien.

– Oui, tout va très bien, Lee.

– Et ta copine alors ?

— Elle va très bien, c'est gentil de demander.

– J'espère qu'elle ne te manque pas trop. Et puis Milan n'est pas si loin.

— Arrête avec tes sous-entendus, Haleessa. Pour ton information, Amy est à Sydney.

— Ah oui ? Ce n'est pas ce que dit cette photo...

Elle me montre un tweet où l'on voit clairement Amy montée dans une voiture en souriant. Il ne faut surtout pas que je m'énerve. Elle a sûrement une bonne explication à me donner.

Tu disais quoi déjà ? Ah oui, Amy ne supporte pas le mensonge. Ben voyons...

D'accord, je n'ai pas été sympa avant son départ, mais ce n'est pas une raison pour laquelle elle a choisi délibérément de me mentir. Déjà que j'ai du mal à lui redonner ma confiance si elle se met à me mentir, en plus ça ne va pas du tout le faire.
Je demande à Haleessa de partir avant de sortir à mon tour...

Amara

Revenir dans cette maison n'est pas aussi bizarre que je l'avais imaginé. Non, je ne fuis pas. Oliver a sûrement besoin de temps pour croire en mes « Je t'aime », mais je n'arrêterai pas de lui dire pour autant, parce que je l'aime. Même si je me retrouve à la case de départ où il n'arrivait pas encore à me dire ces trois mots. C'est en partie ma faute.

Je dépose mon sac dans la chambre d'amis, car ma sœur a insisté pour que je ne descende pas à l'hôtel et c'est un grand service qu'elle me rend, sinon je devrais faire face aux paparazzi et aux journalistes. Je ne veux pas qu'Oliver découvre que je lui ai menti.

Ça va ?

- Oui... Fais-moi voir ce que tu as découvert.

— Suis-moi.

On va dans le salon, Joe sort son ordinateur et une boîte qu'elle me tend. Cette boîte contient des photos de moi étant petite.

Comment tu les as eues ?

— Ce n'est pas important, Andrea... Enfin, bref. Regarde cette photo et dis-moi ce que tu vois.

— He bien, c'est moi quand j'avais six ans... Il y a maman et papa et toi qui boudes dans ton coin comme d'habitude. Attends, c'était lors de ma graduation.

– Bravo, Andrea. Qu'est-ce que tu vois d'autres ?

— Bah... Il y a plein de parents avec leurs enfants.

– Regarde celle-là.

Je prends la deuxième photo. C'était pour mon septième anniversaire. On était en voyage avec la famille et on a dû le fêter à l'étranger. C'est la seule fois où j'ai vu Joe sourire sur une photo avec moi. Elle étale plusieurs autres photos et me demande de les regarder attentivement. Je fais ce qu'elle dit et je ne vois rien de particulier.

Alors ?

– Bah, je ne vois rien. On cherche quoi exactement ?

- Fais un effort Andrea... Regarde encore.

-... Attends, cette femme... Elle est sur toutes les photos... Mais qui est-ce ?

– Je me suis posé la même question. Donc, j'ai commencé à faire mon enquête. Je savais que quelque chose clochait quand on était à Sydney.

– Tu ne m'as rien dit pourtant.

— Tu avais l'air tellement déçu...

- Joe, tu crois que... Non... Non

– J'ai eu la même réaction... À vrai dire, je dramatise un peu là... Enfin, bref

Elle prend son ordinateur et me montre une photo où l'on voit la même femme, mais elle est différente comme sur chacune des photos précédentes. Ça ne peut pas être un parent, pourquoi serait-elle présente à chaque occasion importante de ma vie ? Comme quand j'ai gagné mon premier match de volley ball. Ou quand j'ai participé à mon premier défilé et tant d'autres encore.

Mais on a vu sa tombe.

– C'est vrai.

– Il y avait même son nom écrit dessus.

— On n'a pas trouvé ta mère à Sydney parce qu'on cherchait Annabelle Lyell, et non Mélissa Ponce. Elle change de nom et d'apparence à chaque fois. Qui cherche-t-elle à fuir ? Dieu seul le sait. Ce qui est sûr, c'est que la tombe qu'on a vue là-bas n'était pas celle de ta mère. Je suis prête à parier qu'elle est complètement vide.

— Oh mon Dieu... Comment tu as découvert tout ça ?

— La semaine dernière, j'étais avec les parents et ils regardaient des photos. Et quelque chose a attiré mon attention et puis voilà... L'essentiel est ce que tu vas faire maintenant. Est-ce que tu vas continuer à la chercher ?

Je devrais laisser tomber. Mais maintenant que je sais qu'elle est en vie et qu'apparemment, elle ne veut pas qu'on la retrouve, ça pique encore plus ma curiosité. J'ai eu mon premier indice grâce à Carter et maintenant, je suis déterminée plus que jamais à la retrouver. Si ça se trouve, on l'a peut-être déjà rencontré. C'est peut-être même elle qui nous a donné la fausse piste menant à sa tombe.

J'attrape mon téléphone pour envoyer un message.

À Carter
J'ai du nouveau...

Annabelle Lyell ou Mélissa Ponce, ou peu importe ton nom, tu as commis une grosse erreur en sous-estimant les capacités de détective de ma sœur.

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