18
Comme à son habitude, le directeur regardait par la fenêtre de son bureau, écoutant d'une oreille plus que distraite son collègue qui continuait de déblatérer des inepties sur ses cours. Horace Slughorn était un homme sympathique, bon vivant, parfois drôle et totalement digne de confiance, mais par Merlin ce qu'il pouvait être insupportable quand il s'y mettait ! Et cette fois n'était pas une exception à la règle. Bien évidemment, ayant envoyé Severus sur une mission qui durerait il ne savait pas combien de temps, Albus avait été plus que contraint de demander à son ancien collègue de reprendre sa place en tant que professeur des potions et directeur de la maison Serpentard. D'abord extrêmement réticent, l'homme avait fini par accepter pour il ne savait quelle obscure raison. Et très franchement, à ce moment précis, le directeur de Poudlard s'en fichait pas mal.
Cela faisait déjà trois jours entiers que le maître des potions avait quitté le château à la recherche du jeune Potter et ils n'étaient toujours pas de retour dans l'enceinte de Poudlard.
Et pourtant, le directeur ne s'inquiétait pas plus que ça. Après tout, il avait reçu un message par l'intermédiaire du patronus de l'homme. Une biche qui, d'ailleurs, l'avait énormément surpris, lui qui avait toujours cru que les mangemorts n'étaient pas capable de créer de patronus... Peut-être que cela aurait dû le conforter dans l'idée que Severus était bel et bien repassé du bon côté et qu'il lui était fidèle, mais Albus refusa une telle idée. Il ne ferait jamais confiance à cet homme pourri jusqu'à la moelle. Et s'il l'avait envoyé sur la piste d'Harry, c'était uniquement parce qu'il était le seul capable de le retrouver à cause de son amitié pour la mère du petit. Amitié qui avait fini par la tuer...
-Ces enfants sont vraiment perturbés, je te le dis Albus, engager ce mangemort comme directeur de leur maison, c'était une erreur, il va les corrompre bien plus qu'ils ne le sont déjà...
Ces quelques mots sortirent le directeur de ses pensées avec une petite pointe de colère pour l'homme assis dans le fauteuil en face de la cheminée. Il faisait terriblement froid pour un mois de septembre et le feu crépitait, envoyant s'étirer les ombres sur le sol de pierre glacé. Horace n'était pas quelqu'un de mauvais, mais Albus détestait plus que tout que cet homme ne prenne pas son rôle de directeur de maison plus au sérieux que cela. Il ne l'avait jamais vraiment fait cela dit. Son but était d'aider ses élèves, de les protéger de leurs erreurs, et si possible de l'influence néfaste de leurs parents qui, pour la plupart, aspiraient à voir leurs progénitures suivre leur pas dans la direction de la magie noire. Mais Horace lui, préférait se concentrer sur ses petits préférés, délaissant les enfants de sa maison qui avaient le plus besoin de lui. Pas très étonnant finalement qu'autant d'enfants de la génération précédente furent attiré par le mal alors que Slughorn était à la tête de la maison Serpentard...
Le directeur allait répliquer une réplique cinglante que le grossier personnage ne comprendrait sûrement pas lorsque la porte de son bureau s'ouvrit sans préavis, laissant la directrice des lions entrer dans la pièce. Il ne manquait plus que Minerva McGonagall pour compléter le tableau.
-Avez-vous eu des nouvelles ? Demanda-t-elle sans laisser aucune chance au directeur d'en placer une en premier.
Ce ne fut qu'à ce moment que Horace se tut pour la première fois depuis les deux longues heures qui venaient de s'écouler et, si cela n'avait pas été pour faire face à la directrice adjointe sur ce sujet en particulier, Albus en aurait été plus que ravi. Mais là, il redoutait plus que tout la confrontation qui, il le savait, allait être explosive et dont il ne pourrait pas s'échapper d'un simple tour de passe-passe. Pourtant, il n'était pas Albus Dumbledore pour rien, autant tenter le tout pour le tout, au pire, il n'y perdrait rien de plus qu'un peu de temps avant que la tornade ne s'abatte enfin sur son bureau.
-Et bien Minnie, voyez-vous, nous ne pouvons pas en parler pour le moment...
-Au diable Albus, je me fiche pas mal que Horace entende cette petite conversation, il est de toute façon plongé dans cette affaire sans en avoir conscience depuis que vous lui avez demandé de reprendre du service pour occuper le poste vacant qu'à laisser notre maître des potions derrière lui. Alors qu'il en sache un peu plus ou un peu moins au point où on est. Cela ne changera pas grand-chose. D'autant plus qu'Horace n'ira très certainement pas tout raconter au ministère ou voir un sbire de Vous-Savez-Qui...
-Je peux revenir plus tard... Tenta tout de même Slughorn qui souhaitait désormais être plus loin de ce bureau que de n'importe quoi d'autre.
-Inutile. Répliqua Minerva. Albus, je vous écoute. Avez-vous eu des nouvelles ?
Le directeur poussa un bref soupir, restant debout face à ses deux collègues qui le regardaient sans rien dire, sans même bouger, restant pendu à ses lèvres.
-Et bien oui, j'ai eu des nouvelles, et elles sont très bonnes Minerva.
Un long silence s'ensuivit pendant lequel personne n'osa même bouger. Albus espérait que sa collègue se contenterait de cette réponse, lui qui n'avait absolument pas envie de lui expliquer la venue du patronus ni pourquoi il ne voulait envoyer personne alors que, de toute évidence, Severus en avait grandement besoin. Mais c'était bien évidemment sans compter la hargne de la rouge et or.
-Et donc que disent-elles ? Demanda Minerva avec un ton pressant.
-Severus à retrouver ce que nous cherchions.
Inutile de parler de Harry Potter devant Horace. L'homme serait bien trop heureux de rencontrer l'enfant et il finirait très probablement par le traumatiser à vie avec son désir de l'inclure dans sa «collection».
-Et il ne devrait plus trop tarder à arriver, du moins je l'espère étant donné que cela fait déjà deux jours qu'il l'a retrouvé.
-Dans ce cas pourquoi n'a-t-il pas transplaner de suite ? S'enquit la directrice des Gryffondor.
-Je l'ignore. Menti le directeur sans que cela ne paresse dans son visage.
Albus avait toujours su mentir comme il se devait, sauf peut-être face à son professeur des potions, et à ce moment présent, cette capacité lui était d'une grande aide. Inutile de dire à Minerva que Severus se trouvait probablement dans un état grave, perdu au milieu d'un bois qu'il ne connaissait pas et traqué par les kidnappeurs de l'enfant Potter. Elle voudrait le retrouver, se lancer directement à sa recherche pour l'aider lui et Harry. Chose qu'il trouvait étrange étant donné le fort ressentiment qu'elle avait envers le jeune professeur. Peut-être que, mine de rien, elle se sentait un peu coupable elle aussi de la tournure qu'avait pris la vie de Severus. Ou alors elle voulait tout simplement faire partie de ceux qui auraient le plaisir de l'emmener à Azkaban. C'était, semblait-il, la raison la plus probable aux yeux du directeur.
-Et où est-il ? Demanda de nouveau la directrice adjointe.
-Il n'a pas tenu à me le dire.
Encore un mensonge. Mais moins la professeure en savait, mieux elle se portait. Mais ce que Dumbledore ne savait pas, c'est qu'il n'avait pas besoin de dire à voix haute ce qu'il pensait pour que la femme s'en rende compte. Même s'il ne lui disait pas tout, même s'il lui cachait des informations cruciales, Minerva savait bien, elle se rendait bien compte que le directeur avait connaissance de bien plus de choses que seulement ce qu'il voulait bien lui dire. Depuis la veille une drôle d'impression avait saisi la directrice des lions. Depuis qu'elle s'était rendu compte que le directeur jouait avec la vie du jeune professeur des potions comme un chat joue avec sa souris avant de la croquer. Minerva sentait que quelque chose n'allait pas. Elle sentait que le jeune homme était en danger. Et si alors, comme l'avait dit le directeur, il était en compagnie du jeune Potter, alors l'enfant aussi était en danger.
Étrangement, elle ne parvenait pas à se réjouir du sort de son jeune collègue, elle qui était la première à lui cracher dessus pour ses actes d'autrefois, elle se sentait étrangement angoissée pour lui. Comme ci, quelque part, elle avait commencé à lui pardonner et qu'elle continuait à se voiler la face. Encore une fois, elle avait commencé à s'en rendre compte quand Albus lui avait clairement dit que Severus n'était rien de plus qu'un outil bon à jeter. Et elle n'avait absolument pas apprécier de voir son collègue comme ça. À la différence d'Albus, elle avait déjà vu Severus se fustiger à de nombreuses reprises sans qu'il n'ai conscience de sa présence. Et, encore aveuglé par sa rage, elle ne s'était pas rendu compte de la souffrance de l'homme.
Il avait fallu uniquement les mots froids du directeur la veille pour qu'elle se rende compte qu'elle s'inquiétait pour le maître des potions. Et que, comme autrefois, elle s'en voulait de ne rien faire pour l'aider.
-Vous allez le rechercher ? Demanda de nouveau la femme.
-Non.
-Et pourquoi donc ?
-Trop dangereux.
Minerva pinça l'arrête de son nez avec énervement. Quand il le voulait, le directeur pouvait vraiment passer pour un enfant exécrable et colérique qui ne faisait que ce qu'il voulait. Et elle détestait ce genre d'enfant. D'autant plus, qu'elle savait, avec une certitude presque totale, que si Severus n'avait pas immédiatement transplané jusqu'à Poudlard, c'était uniquement parce qu'il en était incapable. Ou qu'il les avait finalement trahis... Encore une fois... Mais Minerva savait au fond d'elle-même que cette dernière réflexion n'était pas la réalité. Après tout, Albus lui avait bien assuré que jamais Severus ne le trahirait, qu'il en avait fait le serment et que ce serment, il ne pourrait jamais le rompre.
Et d'où lui venait cette envie d'aider le traître comme ci il avait de l'importance pour elle ?
Minerva ne se comprenait plus... Ne savait plus en quoi croire, ni en qui faire confiance. Car, à cet instant précis, le directeur semblait être la personne en qui elle pouvait le moins avoir confiance. Et cela perturbait la femme plus que ce à quoi elle se serait attendue. Elle qui avait toujours eut une confiance aveugle envers son ami, son collègue, elle se retrouvait à douter de lui vis-à-vis des décisions qu'il prenait envers un assassin qu'elle haïssait plus que tout.
-Vous ne pouvez pas le laisser seul comme ça. Pensait à son compagnon. Il est probablement plus en danger aux côtés de Severus. C'est un mangemort.
Cette réalité, bien qu'elle ne semblait plus si fondée que cela désormais, était pourtant bien ancrée en elle. Oui c'était un mangemort. Et pourtant... Il y avait quelque chose en lui... Elle l'avait vu depuis un certain temps maintenant, mais ce n'était qu'à cet instant précis qu'elle s'en rendait pleinement compte. Severus n'était pas celui qu'il paressait. Elle avait du mal à le croire, mais c'était vrai.
-C'est un mangemort oui. Et je l'ai mis à mes ordres Minerva. Avec un serment si puissant qu'il lui est totalement incapable de le rompre. C'est pourquoi à ce moment précis, l'enfant est en parfaite sécurité avec lui. Et c'est pourquoi je n'enverrais pas d'aide. Severus peut le faire tout seul. Ou il mourra en essayant.
-Vous rendez-vous seulement compte de ce que vous dites Albus ? Siffla Minerva.
C'était clair à présent. Abus se fichait pas mal du sort du mangemort, quoi de plus normal, mais surtout, il se fichait probablement pas mal du sort d'Harry également. Et cela, Minerva ne parvenait pas à l'accepter, jamais. Dans un mouvement de rage, elle fit demi-tour et sorti du bureau en trombe. Si Albus ne faisait rien, elle, elle ne resterait pas les bras croisés. Mais, définitivement, il y avait quelque chose qu'elle ne comprenait pas. Quelque chose qui l'a gêné dans toute cette histoire. Albus n'était pas franc avec elle, il lui cachait quelque chose.
Et Minerva n'aimait pas ça du tout.
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