Chapitre 8
«A notre amitié.»
Point de vue de Justin.
- Justin, il faut que tu te lèves, on part dans trente minutes maximum.
Je sentis des mains me secouer gentiment et la voix de Thomas qui me demandait de me réveiller. Je fis alors un effort et ouvris les yeux. Il le vit et arrêta ainsi de m'agiter.
- Maman et Jazmyn sont déjà parties, elles reviennent dans deux heures.
J'acquiesçai et il me laissa seul. Je frottai mon visage, attrapai mon téléphone pour connaître l'heure qu'il était - dix heures pile - et ouvris le message que Kiara m'avait envoyé.
«Coucou bébé, j'espère que tu vas bien. Tu me manques. Je t'aime.»
Je souris et lui répondis qu'elle me manquait et que je l'aimais aussi. Autrefois, je n'aurais jamais pensé avoir ce genre de relation, un peu niaise car ce n'était pas ce dans quoi je voulais m'embarquer, mais désormais cela ne me dérangeait pas de devoir dire sans cesse "je t'aime" et de dévoiler autant mes sentiments avec Kiara. Étrangement, je n'avais pas peur qu'elle me brise le cœur, c'était comme si j'étais sûr qu'elle était incapable de le faire.
Je posai mon téléphone sur la table de chevet et me levai enfin. Thomas et moi devions organiser la fête d'anniversaire de Jazmyn qui approchait à grands pas. Nous profitions du fait qu'elle était partie avec ma mère pour le faire comme ça elle ne se douterait de rien. Il fallait que cette fête soit une surprise jusqu'au bout.
Nous étions désormais dans la voiture que Thomas avait louée. Je ne pouvais nier le fait que depuis son arrivée, nous ne manquions pas d'argent. Et le fait que ma mère était sa secrétaire me dérangeait ; parce que l'argent qu'elle gagnait était en réalité, indirectement, son argent puisque c'était lui qui la payait. Tout de même, je savais qu'elle faisait du bon boulot.
- Tu sais ce qui plairait à Jazmyn ?
- Des trucs roses. C'est cliché mais c'est ce qu'elle aime.
- Je te laisserai choisir alors, c'est toi qui la connais le plus, proposa-t-il.
- Tu donneras quelques idées quand même.
- Oui, évidemment.
J'étais toujours préoccupé par le fait que Jazmyn ne voulait pas revoir ses amis puisque nous comptions les inviter pour son anniversaire. Je ne comprenais pas pourquoi elle était autant butée là-dessus.
- Par contre, je ne sais pas si ses amis seront là, dis-je.
- Pourquoi ?
- Elle ne veut pas les revoir. Elle dit qu'ils ne se rappellent plus d'elle.
- Elle doit avoir peur de constater par elle-même qu'ils ne sont plus proches comme avant. Elle doit avoir peur d'être mise de côté.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ? On les invite ?
- Ça sera son anniversaire, elle sera au centre de l'attention, je ne pense pas qu'elle sera mise de côté.
- Mais si elle fait la tête parce qu'on les aura invité ?
- Ne t'inquiète pas Justin, ta mère et moi s'en chargerons.
J'étais vraiment soucieux du détail quand il s'agissait de ma petite sœur et je voulais qu'elle ait le meilleur anniversaire possible. Autrefois, nous n'avions pas la chance de fêter sa venue au monde donc c'était un événement important pour moi.
- C'est dommage que Kiara ne vienne pas, elles en parlaient depuis un moment avec ta sœur.
- Oui je sais. On le fêtera à nouveau en rentrant.
- Elle te manque, hein ? dit-il en me regardant.
- Oui, souris-je. Beaucoup.
- Tu penses que c'est la bonne ? Vous êtes tous les deux dans la vingtaine, il n'y a plus de place pour les relations sans lendemain.
- Ça fait à peine six mois, c'est encore trop tôt pour le dire. Mais j'ai envie qu'elle soit la bonne.
- Ça se voit que tu es bien avec elle, tu as beaucoup changé et en bien.
- Elle me rend meilleur c'est vrai. Je ne pensais pas que je trouverais une fille comme elle.
- En tout cas, tu sais qu'elle est la bienvenue dans la famille.
- Oui, souris-je. J'ai vu ça. Entre maman qui l'invite à chaque dîner, ma sœur qui l'appelle dès qu'elle s'ennuie et toi qui n'arrêtes pas de nous taquiner en disant "à quand le mariage et le bébé ?", j'ai bien compris, ris-je.
C'était vraiment cool que ma famille l'appréciait. J'avais même parfois l'impression qu'on était déjà marié alors que ce n'était pas du tout le cas.
- D'ailleurs, à quand le mariage et le bébé ? me taquina-t-il une nouvelle fois.
- Ah non, moi c'est certain que je ne veux pas d'enfant avant d'avoir trouvé un travail stable, acheté une grande maison et d'être marié.
- Tu arriveras à faire les choses dans l'ordre, j'en suis sûr.
- Je l'espère. Je sais que j'ai fait beaucoup de conneries mais je ne veux pas merder sur ça.
Ce serait vraiment terrible pour moi si je me retrouvais du jour au lendemain avec un gosse sur le dos. C'était pour cela que Kiara et moi faisions très attention quand nous avions des rapports sexuels. Un enfant serait synonyme de problèmes ; Kiara aurait à arrêter le surf et moi à abandonner tous mes projets. Ce n'était vraiment pas concevable d'être parents maintenant.
Nous arrivâmes au supermarché. Thomas gara la voiture dans le parking. Nous sortîmes du véhicule et entrâmes dans l'enceinte. Nous nous dirigeâmes directement dans les rayons de décoration et commençâmes nos courses. Nous prîmes toute la panoplie nécessaire aux fêtes d'anniversaire, des ballons gonflables aux chapeaux pointus, et tout ça de couleur rose. Puis nous cherchâmes des activités ou des jeux de sociétés à faire et enfin, nous nous attardâmes sur la nourriture et les boissons.
Cela faisait au moins une heure que nous étions dans le supermarché à nous assurer que nous n'oublions rien quand, en tournant ma tête à droite, je reconnus cette fille aux yeux perçants et aux fossettes ravageurs.
Je la vis au loin avec une poussette, elle était donc avec Julian. Elle portait aussi un panier avec ses courses à l'intérieur. Pourquoi faisait-elle les courses ? Et en plus avec son petit frère ? Son père et sa copine étaient-ils encore indisponibles ? Pour la énième fois ? Je décidai de m'approcher discrètement d'elle.
- Abigail Waller, dis-je.
Elle sursauta de peur avant de se retourner et de voir qu'il s'agissait de moi.
- Oh Justin, dit-elle.
Je me penchai vers la poussette et vis la petite tête réveillée de Julian. Ses yeux s'agrandirent et ses mains et ses pieds s'agitèrent quand il me reconnut.
- Hey petit, murmurai-je en attrapant son minuscule poignet gauche.
- Qu'est-ce que tu fais ici ? me demanda Abigail.
- Je suis avec Thomas, répondis-je en me redressant. On fait les courses pour l'anniversaire de Jazmyn.
- C'est dans combien de temps ?
- Dans un peu plus d'une semaine.
- D'accord.
Elle me fixait comme si elle attendait que je dise quelque chose d'autre. Peut-être s'attendait-elle à ce que je lui dise qu'elle était invitée ? Mais ce n'était pour l'instant pas le cas.
- Et toi ? changeai-je de sujet.
- Je fais juste un peu de courses pour Julian.
Je voulais une nouvelle fois lui dire que ce n'était pas à elle de le faire mais je ne dis rien. C'était très étrange mais j'avais l'impression d'avoir devant moi une mère de famille. Et cette impression était horrible. Mais je voulais faire comme si je m'étais résigné à la croire et que Julian était bien son frère.
- Dommage que tu ne sois pas sa mère, tu t'occupes merveilleusement bien de lui.
Elle rit, sûrement nerveusement ce qui installa une gêne entre nous. Heureusement, Thomas arriva à ce moment-là.
- Ah Abigail ! Comment tu vas ? s'exclama-t-il.
- Bien merci et vous ?
- De même. Tu sais que tu peux me tutoyer.
- C'est vrai, j'ai encore oublié, dit-elle en souriant.
Le téléphone de Thomas se mit à sonner. Il nous laissa alors seuls pour prendre l'appel. Pourquoi cela nous arrivait-il à chaque fois ?
- Bon, je vais te laisser, m'annonça Abigail.
- Euh attends, la retins-je. J'ai besoin de ton aide.
- Ah bon ?
- C'est pour choisir le cadeau de Jazmyn.
- Mais tu es son frère Justin alors que je la connais à peine. Je ne vois pas comment je pourrais t'aider, sourit-elle.
- J'ai besoin d'un avis féminin. Tu sais ce que tu voulais quand tu avais l'âge de Jazmyn.
- A vrai dire, j'étais plutôt un garçon manqué, m'avoua-t-elle en grimaçant.
- Bon, je ne vais pas te forcer.
- Je t'aiderai quand même. Je peux faire ça pour toi, afficha-t-elle un grand sourire.
- Merci Abigail.
- Il n'y a pas de problème. A plus tard, me fit-elle signe de la main.
Et elle partit. C'était cool de sa part de bien vouloir m'aider, surtout qu'elle n'était même pas invitée à la fête. Peut-être qu'il faudrait alors que je l'invite pour la remercier. Et puis, Jazmyn serait contente qu'elle vienne puisqu'elle l'adorait. Cela pourrait être sympa après tout.
...
Il était seize heures. J'attendais impatiemment Abigail chez moi. Nous allions passer une après-midi tous les deux et j'avais hâte de savoir si nous pouvions réellement être de bons amis. Il y avait trois jours, quand elle était venue chez moi, j'avais bien vu qu'il y avait quelque chose qui se tramait autour d'elle comme si elle ressentait à nouveau des choses pour moi. J'espérais que ce n'était pas le cas car ce n'était pas réciproque. J'étais bien avec Kiara et je ne comptais pas me séparer d'elle.
Quelqu'un sonna à la porte et je compris que c'était elle. Je partis l'accueillir.
- Me revoilà, dit-elle quand la porte fut ouverte.
Je souris. Elle s'était changée. Elle portait un débardeur rouge moulant qu'elle avait fait glisser sous son short. Sa poitrine ressortait parfaitement bien et je demandais au ciel pourquoi je n'avais pas pu profiter de ça l'année dernière. Concentre-toi Justin. Je me ressaisis et reportai mon regard sur le sien.
- On y va ?
Elle acquiesça et je quittai la maison. Nous commençâmes à marcher vers le centre ville.
- Est-ce que tu as déjà des idées ? me demanda-t-elle.
- Le problème est que je n'ai aucune idée de ce qu'elle a reçu de ses précédents anniversaires hormis celui de l'année dernière.
- Sa famille d'accueil était une famille aisée ?
- Oui.
- Alors elle a dû avoir des trucs comme des consoles vidéos, un vélo ou des vêtements de marque peut-être. Elle n'a rien emmené quand elle est partie avec vous ?
- Non, ils n'ont rien voulu lui laisser.
- Ne t'inquiète pas, on va bien lui trouver quelque chose.
Après dix minutes de marche, nous arrivâmes dans le quartier populaire où se trouvait un bon nombre de magasins en tout genre.
- Des vêtements c'est trop banal, dis-je. Et puis ma mère et Thomas lui achètent déjà tous les vêtements qu'elle veut.
- Et bien ça fait déjà une idée en moins.
Nous continuions d'avancer en essayant de ne pas louper l'idée de génie.
- Des jouets ? Est-ce qu'elle aime les poupées et tous les trucs dans le genre ?
- Non, souris-je. Plus maintenant. Elle préfère jouer sur sa tablette ou regarder la télé.
- Les jeunes d'aujourd'hui quoi, rit-elle.
- D'ailleurs j'aimerais bien lui offrir quelque chose qui lui ferait décoller ses yeux de l'écran.
- Un nouveau vélo ou des rollers ? En général, les enfants adorent ça, suggéra-t-elle.
- Mouais, des rollers ça voudrait dire que je devrais en acheter pour moi et je ne pense pas que je sais en faire.
- Moi je sais, je t'apprendrai, dit-elle amusée.
Ses yeux se posèrent derrière moi et ses pas s'arrêtèrent subitement. Une idée venait de germer dans sa tête.
- Justin ! Un chien ! C'est ça qu'il lui faut ! s'exclama-t-elle.
Elle s'empressa de traverser la rue pour rejoindre l'animalerie qui se trouvait sur l'autre trottoir. Je la suivis et essayai de la rattraper pour l'empêcher d'entrer. J'agrippai son bras à temps.
- Attends Abigail, la retins-je.
- Quoi ? Avoue que c'est une super idée !
- C'est beaucoup trop compliqué à s'en occuper. Jazmyn va finir par le délaisser.
- Mais tu pourras l'aider ! Et ta mère et Thomas aussi !
- Non, ils sont très occupés. En plus, on n'habite pas ici. Il faudra emmener le chien avec nous en Australie.
- Justin, fit-elle la moue.
Je ris.
- Il est pour Jazmyn le chien ou pour toi ? demandai-je amusé.
- A vrai dire je préfère les chats, sourit-elle. Mais je suis sûre que c'est le cadeau idéal pour ta petite sœur.
Elle entra tout de même dans le magasin et je fus obligé de la suivre. Nous tombâmes directement sur une femme qui nous accueillit. Je sentais que j'allais regretter d'avoir demandé de l'aide à Waller.
- Bonjour, en quoi puis-je vous aider ?
- On va faire un tour, répondit Abigail.
- C'est pour quoi ? Vous venez d'emménager tous les deux dans votre nouvel appartement et vous désirez adopter un animal ? Nous voyons souvent des jeunes couples avec ce genre de requête, persévéra-t-elle.
- Oh... Non, nous ne sommes pas ensemble et nous venons chercher un cadeau pour une petite fille.
- Ah d'accord. Et bien je vous laisser faire le tour, n'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin d'aide.
- Merci.
Abigail ne perdit pas plus de temps pour se diriger directement vers l'emplacement des chiens. Je l'entendis gémir en voyant la belle gueule de tous ces chiens. Je soupirai comprenant qu'on allait passer un long moment ici.
- Oh... gémit-elle une nouvelle fois. Regarde-moi ce chiot.
Elle me fit signe de m'approcher pour découvrir un petit chiot qui devait avoir à peine une demi-année. Il était brun, ce devait être un labrador. Il s'agita en nous voyant de l'autre côté du grillage.
- Coucou, lui parla Abigail. Comment tu vas ? prit-elle une voix de bébé.
- Tu parles aux animaux maintenant, me moquai-je.
Elle me donna un petit coup à l'épaule et je ris.
- Il n'est pas trop mignon ?
- Si tu le dis.
- Justin, fais un effort s'il-te-plaît.
Elle planta ses yeux bleus dans les miens. Je fus troublé une fraction de seconde. Ok Waller. Je pouvais bien faire un effort pour ses beaux yeux.
- Il ne serait pas parfait pour ta sœur ?
- Pas de chien Abigail. Vraiment.
- Un chat ?
- Non plus.
- Tu ne vas quand même pas lui offrir un poisson rouge, fronça-t-elle les sourcils.
- Ça c'est une bonne idée !
Elle ouvrit la bouche pour prendre une mine outrée ce qui me fit rire une nouvelle fois. C'était incroyable comme cette fille arrivait si facilement à me faire rire.
- Je plaisante. On va trouver mais pas un animal avec des poils, dis-je.
- T'es pas drôle Bieber.
Je ne voulais pas faire le difficile mais si Jazmyn délaissait le chien ou si le chien faisait des conneries, ce serait moi qu'on engueulerait. Et je ne voulais pas avoir cette responsabilité. Abigail me tourna le dos et continua à avancer. Elle ignora tous les animaux qui avaient des poils. Le choix était donc restreint. Puis, elle finit par s'arrêter devant une vitrine où se trouvaient des tortues. Elle les fixa un bon moment avant de poser ses yeux sur moi comme pour me demander mon approbation.
- Des tortues ? demandai-je perplexe.
- Pas de poils, pas besoin de beaucoup d'attention et d'entretien, pas en mesure de foutre le bordel chez toi et si ta sœur s'en lasse, tu pourras toujours plus facilement les offrir à quelqu'un, argumenta-t-elle.
Je la regardai étonné de son très bon raisonnement. Elle n'avait pas tort. Ce n'était pas terrible des tortues.
- Wow Waller, tu es convaincante quand tu le veux, dis-je.
- Ça veut dire quoi ? Que tu veux bien ?
- Après ce que tu as dit, oui. Ça m'a l'air être le meilleur choix.
- Mais est-ce que tu penses que Jazmyn va aimer ? Parce que c'est pour ta sœur, pas pour moi.
- Tu fais bien de me le rappeler, j'avais complètement oublié avec l'excitation que tu as eue, la taquinai-je.
Elle rit.
- Oui, je pense qu'elle va aimer, dis-je.
- Cool !
Elle me tendit l'intérieur de sa main pour que je la tape et je le fis. Ainsi, nous avions acheté deux tortues pour un peu plus de trois cents dollars, ce n'était pas rien ! Enfin, quand je disais nous, je voulais dire "je". Pour garder la surprise, je décidai de laisser les tortues à l'animalerie jusqu'au jour de l'anniversaire. J'espérais que j'avais bien fait de suivre Abigail sur le choix du cadeau parce que je ne pourrais pas l'échanger.
- Je peux t'inviter boire un verre pour te remercier ? lui demandai-je.
Elle me regarde étonnée avec un sourire à moitié amusé sur ses lèvres.
- Quoi ? souris-je. C'est juste un verre.
- C'est juste que tu m'as jamais proposé d'aller boire un verre avant.
- Non, on buvait plutôt une bouteille.
- C'est vrai, rit-elle. D'accord.
Nous prîmes place dans le premier café que nous croisâmes, en terrasse. Il y avait un peu de monde. Le soleil tapait sur nous mais c'était bon. Abigail prit dans ses mains la carte et plongea son regard dessus. Je la fixais. Elle était vraiment mignonne avec ses deux tresses plaquées. Ça lui allait vraiment bien. Je me demandais pourquoi elle n'avait jamais essayé cette coiffure l'année dernière.
Après cinq minutes, elle semblait enfin décidée. Elle releva ses yeux et me surprit en train de l'observer.
- Quoi ? sourit-elle gênée.
Elle détourna ses yeux dans toutes les directions avant de les reposer hésitante sur moi. Elle était déstabilisée. Je la déstabilisais.
- Rien, souris-je amusé.
- Tu es bizarre Bieber.
- Alors qu'est-ce que t'as choisi ? changeai-je de sujet.
- Un mojito et toi ? Tu n'as même pas touché à la carte.
- Une pinte de Guinness. Je prends tout le temps la même chose.
Elle referma la carte et la reposa sur la table.
- Tu fumes encore ? me demanda-t-elle.
- Tu veux dire de nouveau ?
- Tu n'avais pas arrêté Justin.
- Si !
- Le temps de quelques jours alors parce que je sais que tu as repris quand j'ai eu mon essai à Harvard.
- C'est vrai. Non, je ne fume plus du tout.
- C'est cool.
- Et puis ma copine me quitterait si je me remettais à fumer.
- C'est une bonne copine, sourit-elle.
Un serveur vint rapidement prendre nos commandes.
- Alors comme ça tu étais un garçon manqué quand tu étais petite.
- Oui. De mes six ans à mes douze ans à peu près. Je ne mettais pas de robe ni de jupe, j'attachais toujours mes cheveux en une queue de cheval ou en un chignon et je suivais le foot.
- Tu suivais le foot ? répétai-je étonné.
- Oui. Mais celui en Europe, pas la MLS.
- Tu m'impressionnes Waller, souris-je agréablement surpris.
- Je sais, sourit-elle fièrement.
- Quelle équipe ?
- C'est secret.
J'avais du mal à imaginer Abigail en garçon manqué. Elle était si féminine et sexy comme si elle était née comme ça. Nos boissons arrivèrent. Nous remerciâmes le serveur. Abigail prit la paille qui était dans son verre et s'en servit pour touiller les glaçons. Puis, elle leva le verre.
- Santé !
- On trinque à quoi ?
- Je ne sais pas.
- A notre amitié, suggérai-je.
- A notre amitié, approuva-t-elle.
Nous trinquâmes ainsi à notre amitié. Je n'aurais jamais cru qu'on puisse faire ça un jour. A cause de la rivalité que nous avions eue, puis de l'amour et enfin de la haine.
- Tu as beaucoup changé, me dit Abigail. Tu as mûri.
- Oui, je sais, tu l'as déjà dit et j'ai eu le droit à cette remarque de la part de tous mes proches, souris-je.
- En même temps, tu étais vraiment un crétin l'année dernière.
- Pourtant tu es tombée amoureuse de ce crétin, la taquinai-je.
- Petite erreur de parcours, feignit-elle une grimace.
Je secouai la tête et cette dernière s'arrêta brusquement quand je vis un visage familier se diriger vers nous. Une chevelure blonde et un air constamment agacé et choqué, c'était Briana Chambers. Elle se présenta à notre table d'un pas décidé. Voyant mon regard verrouillé ailleurs, Abigail tourna sa tête et découvrit ainsi la présence de sa meilleure amie.
- Abigail et Justin... Buvant un verre ensemble...
- Chambers, dis-je.
- Qui l'aurait cru un an en arrière quand tout allait mal ? dit-elle presque amusée.
- Bri, qu'est-ce que tu fais ici ? lui demanda Abigail.
- Je me ballade. Mais toi ? Pourquoi tu prends un verre avec Justin ? Tu es en train de tout lui expliquer ?
Waller fit soudainement les gros yeux à son amie comme pour lui indiquer qu'elle avait fait une gaffe. Je me redressai de mon siège, intrigué.
- M'expliquer quoi ? demandai-je.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top