Chapitre 38
«Je suis folle de toi.»
Point de vue de Justin.
Je lui avais avoué que j'étais encore amoureux d'elle et malgré ça, elle n'avait pas décoléré. Que pouvais-je faire de plus ? Elle m'en demandait trop. Quatre jours s'étaient écoulés et nous nous étions toujours pas réconciliés. J'en avais marre de faire des efforts et de rien recevoir en retour. Je valais plus que ça. Désormais, c'était à elle de faire le premier pas.
J'étais en train de jouer avec les cheveux de Julian. Je voulais lui faire tester de nouvelles coupes de cheveux. Ces derniers commençaient à être assez longs pour que je puisse en faire quelque chose. Les vacances d'été touchaient bientôt à leur fin et il fallait que je trouve un travail pour la rentrée. Ma mère m'avait conseillé de reprendre mes études mais je ne pensais pas que c'était une bonne idée par rapport à Julian. Je voulais vraiment commencer à être indépendant financièrement.
Jazmyn avait été réinscrite dans son école primaire afin qu'elle retrouve ses amies. J'étais content de savoir qu'elle ne serait pas seule à la rentrée. Nous n'avions pas encore discuté avec Abigail de ce qu'on allait faire avec notre fils : s'il fallait qu'on engage une nounou ou qu'on s'organise assez pour qu'il y ait toujours quelqu'un de disponible pour s'occuper de lui. Mais pour l'instant, je le trouvais encore trop jeune pour être confié à un inconnu.
Waller avait repris le travail au café et elle commençait tôt le matin et terminait tard le soir. C'était aussi peut-être une des raisons pour lesquelles nous n'étions toujours pas réconciliés aujourd'hui. Je ne la voyais quasiment pas. Après avoir mangé, ma mère m'aida à donner un bain à Julian avant de le mettre au lit. J'avais appris énormément de choses grâce à elle et je m'améliorais de jour en jour.
J'étais maintenant dans mon lit en train de parcourir la galerie sur mon téléphone. Je supprimais un à un les photos avec Kiara, sans trop de difficulté. J'avais réellement apprécié les six mois que j'avais passés avec elle mais je savais que nos chemins ne se recroiseraient plus jamais alors je préférais tourner cette page de ma vie une bonne fois pour toute.
Soudain, quelqu'un toqua à la porte et je lui dis d'entrer. Je fronçai les sourcils en découvrant Abigail. Elle portait un gilet gris par dessus un débardeur noir et un jean bleu. Elle avait laissé ses cheveux détachés. Il était encore trop tôt pour qu'elle soit déjà rentrée du travail.
- J'ai fini plus tôt aujourd'hui, me dit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées. Est-ce que je peux te parler ?
J'acquiesçai alors elle s'assit en face de moi, sur le lit. Je verrouillai mon téléphone et le posai à côté de moi.
- J'ai pris le temps de réfléchir, de digérer la situation, de relativiser et de me remettre en question. Et je veux te dire que je m'excuse si tu as pensé que je jouais avec tes sentiments, je m'excuse de rejeter la faute sans arrêt sur toi, je m'excuse de ne penser qu'à moi, je m'excuse de ne pas être à ta hauteur.
Quoi ? Je n'arrivais pas à savoir si elle était sarcastique ou si elle pensait vraiment ce qu'elle disait.
- T'es sérieuse ou c'est ironique ? lui demandai-je.
- Je suis sérieuse Justin. Mais je veux aussi que tu comprennes qu'avec le décès de mon père c'était difficile pour moi de rester calme et de réfléchir correctement.
- Je sais.
- Je m'excuse sincèrement de t'avoir quasiment ignoré pendant ces quelques jours mais il fallait que je digère le fait que...
Je continuais de la fixer attendant qu'elle termine sa phrase. Je ne m'attendais pas à grand chose de sa part dans le sens où il y avait très peu de chance qu'elle m'ouvre encore son cœur.
- Que le garçon dont je suis amoureuse ait eu un rapprochement avec ma meilleure amie, finit-elle.
Raté Justin. J'essayai de garder un air neutre mais c'était une explosion de joie dans mon cœur. Nos sentiments étaient finalement bien réciproque et elle avait enfin eu le courage de me le dire.
- Est-ce que tu dis ça seulement pour ne pas me faire de la peine ou c'est sincère ? voulus-je être rassuré.
- C'est très sincère Justin. Je suis folle de toi. Et je ne veux pas que tu doutes de ça.
Je voulus l'embrasser mais je décidai à mon tour de la faire patienter et de cette fois-ci, ne rien donner en retour. Elle me fixait attendant que je dise quoi que ce soit, que je l'embrasse ou que je la prenne dans mes bras mais je ne fis rien. Je me contentai d'hocher la tête.
- Bon... finit-elle par dire. Je te laisse alors.
- OK.
- A plus tard.
Elle ne s'était certainement pas attendue à ça mais cela devrait lui faire du bien. Je ne voulais pas qu'elle me prenne pour acquis et qu'elle pense qu'elle pouvait me prendre et me jeter quand elle le souhaitait. Trop gênée, elle quitta la pièce sans même faire attention à son fils et je souris une fois seul. Je ne savais pas encore combien de temps j'allais faire durer tout ça ni comment je reviendrais vers elle mais j'étais fier d'avoir réagi comme je l'avais fait.
...
J'avais réfléchi toute la journée qui avait suivi à ce que je devrais faire pour notre réconciliation. Et après les derniers événements, les échéances futures et le fait que je ne voulais plus qu'on se dispute pour de la merde comme ça, une parfaite idée m'était venue en tête. Le jour d'après, je m'étais donc occupé de préparer tout ça et Thomas et ma mère avaient prévu un pique-nique dans le parc ce qui tombait à pic.
Ainsi, c'était toujours aussi distants l'un de l'autre qu'Abigail et moi prîmes place sur la grande nappe sur le gazon. Il faisait très beau, le soleil tapait contre notre peau. Il y avait beaucoup de monde autour me rendant un peu nerveux. Julian était resté dans son landau, protégé des rayons du soleil avec un petit chapeau bleu.
- Ça fait du bien les sorties en famille, non ? fit ma mère.
- On n'en a pas fait depuis très longtemps en plus, approuva Jazmyn.
Abigail ne dit rien. Elle retirait les saletés qui s'étaient accrochés à sa robe à fleurs bleues. Je me rappelais très bien de cette dernière. Elle m'avait époustouflé et c'était toujours le cas aujourd'hui. J'avais essayé de faire un effort et avait enfilé un t-shirt blanc avec un pantalon noir, malgré ce temps de canicule.
Ma mère commença à sortir ce qu'elle avait préparé à manger sur la nappe et Abigail sortit alors ce qu'elle avait emmené pour notre fils. Je ne vais pas mentir, encore une fois, c'était elle qui avait pensé à tout. Elle nourrissait Julian pendant que nous mangions.
- Tu as hâte de retourner à l'école Jazmyn ? lui demanda notre mère.
- Un peu.
- C'est ta dernière année en école primaire.
- Après les mecs vont commencer à lui tourner autour, râlai-je.
- J'aurai un petit-ami, dit Jazmyn.
- Non, je refuse, rétorquai-je.
- Maman elle a dit que c'était normal.
- Vous avez déjà eu une discussion là-dessus ?
- Mais non, nia ma mère.
- Tant que je serai ton grand-frère, tu n'auras pas de copain, la prévins-je.
- T'es méchant !
En temps normal, Waller aurait réagi et se serait rangée du côté des filles. Mais elle faisait comme si elle n'écoutait pas la conversation et restait fixée sur Julian.
- Je vous aiderai, toi et ton futur copain, à vous cacher de Justin, intervint-elle finalement.
Jazmyn me tira la langue et j'haussai les sourcils. OK, il y avait vraiment une solidarité féminine dans cette famille.
- Si c'est comme ça, je ferai de Julian un briseur de cœurs.
Elles soufflèrent toutes et Thomas rit. Je jetai un coup d'œil à Abigail qui détourna immédiatement le regard. Sois patiente Abby.
Nous continuions de manger et de discuter. Il y avait une bonne ambiance malgré tout. Mais plus le temps avançait, plus je commençais à stresser. Même si j'avais rejoué la scène un million de fois dans ma tête, je n'étais pas serein. Un simple détail pouvait tout foutre en l'air. Nous arrivâmes au dessert. Ma mère avait acheté un cheesecake chez le boulanger. Elle sortit de nouvelles assiettes en cartons et nous donna tous une part. Une mini pour Julian. Quand tout le monde aurait fini, je passerais à l'action.
- Ça va Justin ? me demanda-t-elle. Tu as l'air nerveux.
- J'ai juste chaud, mentis-je.
Je sentais mon cœur battre fortement contre ma poitrine. La chaleur n'arrangeait pas mon état et je commençais à transpirer. J'eus du mal à terminer ma part de cheesecake, plus rien ne passait dans mon ventre. Abigail continuait de nourrir Julian qui avait l'air de beaucoup apprécier le gâteau.
- C'est bon Jazmyn ?
- Oui. J'en peux avoir encore ?
- Bien sur.
Putain, tu le fais exprès Jazmyn. Je ne tenais plus en place. Il fallait que je me lance incessamment sous peu ou j'allais alors me défiler. Après les plus longues dix minutes de ma vie, Julian et Jazmyn avait enfin fini leurs assiettes. Je pris une longue inspiration et m'assurai que personne ne comptait se resservir. Puis, dans un élan de courage que je n'avais jamais eu auparavant, je pris la parole :
- J'ai quelque chose à vous dire.
Toute l'attention de la famille se centra sur moi. Je réussis à me lever malgré mes jambes fébriles et sortis de la nappe. J'avais les mains moites et le cœur qui allait exploser.
- Enfin, à te dire Abigail, me rectifiai-je.
Je lui tendis ma main et lui demandai de se lever à son tour. Elle confia alors notre fils à Thomas puis attrapai ma main pour se mettre debout. Elle affichait un air très confus, ses sourcils étaient froncés. Nous étions maintenant face à face, sa main dans la mienne. Je ne pouvais désormais plus faire marche arrière.
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