Chapitre 34

«Il était mort pour moi.»  

Point de vue de Justin.

Nous avions emménagé dans notre nouvelle maison. Elle était encore plus belle que ce que je m'étais imaginé. Il y avait assez de chambre pour tout le monde, deux salles de bain, une grande cuisine et un grand salon. Je n'aurais jamais cru que nous serions un jour capable de nous offrir une aussi grande demeure.

Abigail était repartie auprès de son père et j'avais alors décidé d'organiser une petite fête pour célébrer notre déménagement. J'avais acheté un gâteau, du cidre et du champagne pour ceux qui pouvaient boire. J'étais vraiment déterminé à faire passer un bon moment à tout le monde. Une fois prêts, ma mère, Thomas, Jazmyn, Julian et moi rejoignîmes les Waller. Ils affichèrent un grand sourire sur leur visage en nous voyant débarquer. 

- C'est pour quoi ? me demanda Abigail confuse.
- Notre nouvelle maison.

Je saluai son père qui me remercia de l'avoir inclus dans la fête. Je lui dis que c'était normal car la maison lui appartenait aussi. Thomas débouchonna les bouteilles pendant que Jazmyn jouait avec Julian qui était dans son landau. Il nous servit à boire dans des coupes de champagne que j'avais aussi achetées et nous trinquâmes. 

Je savais que même s'il ne ferait bientôt plus partie de cette vie, le père d'Abigail appréciait le fait qu'on trinque à un nouveau départ et à un plus bel avenir. Il appréciait cela parce que cela incluait sa fille et qu'il ne voulait que le meilleur pour elle.

- Merci pour tout ça, me remercia cette dernière une fois que les parents se mirent à discuter entre eux.
- De rien, ça me fait plaisir.
- Il va rester ici jusqu'à ce que le jour fatidique arrive, m'informa-t-elle.
- Tu ne veux pas qu'il voie au moins la maison où tu vas vivre ?
- Il n'a plus d'énergie. Il n'en sera pas capable.
- Je vois.

Je pris sa main et entrelaçai nos doigts.

- J'ai déjà tout préparé pour les funérailles, continua-t-elle.
- Pourquoi tu ne m'as rien dit ? fronçai-je les sourcils.
- Je voulais le faire toute seule.
- Je comprends.
- Il ne manque plus qu'inscrire la date...marqua-t-elle une pause. De sa mort.
- Est-ce que tu as pu lui trouver une place à côté de ta mère ?
- Oui. Ils seront à côté.

Je savais qu'elle avait dû puiser dans tous leurs économies pour l'enterrement et j'aurais aimé qu'elle me laisse l'opportunité de l'aider. Mais elle aimait être indépendante et c'était un côté chez elle que je devais accepter.

J'entendais son portable sonner à plusieurs reprises dans sa poche. Elle le prit, regarda son écran puis le replaça à sa place initiale. 

- C'est qui ? lui demandai-je.
- Zac.
- Zac ? répétai-je en retirant ma main de la sienne.
- Il prend juste des nouvelles de mon père.
- Il ne veut pas lâcher l'affaire ?
- Justin, c'est normal qu'il s'inquiète pour lui. On est resté longtemps ensemble je te rappelle.
- Si tu veux.
- Tu ne vas quand même pas faire la tête ?
- Non, répondis-je.

En réalité, j'en étais capable. Mais encore une fois, ce n'était clairement pas le moment. Elle m'embrassa le front puis partit auprès des parents. Je rejoignis alors les enfants. Julian était toujours réveillé et fixait le jouet que ma petite sœur agitait devant ses yeux.

- Ça va ? lui demandai-je.
- Regarde, Julian adore quand je fais ça !

Je souris et m'accroupis pour être à leur hauteur.

- Est-ce que le papa d'Abigail va vraiment mourir ? me demanda-t-elle assez discrètement.
- Qui t'a dit ça ? 
- C'est maman qui m'a dit qu'il faut que je sois gentille avec elle parce que son papa est très malade.
- Oui, il va mourir.
- Pourquoi ?

- Parce qu'il a une maladie qu'on ne peut plus guérir. Les docteurs l'ont diagnostiqué trop tard.

- Est-ce que c'est ce qui est arrivé à papa ? 

Ma bouche s'ouvrit mais aucun son ne sortit de cette dernière. Pourquoi se remit-elle à parler de notre père biologique ? 

- Jazmyn, il ne faut pas parler de lui. Il ne fait plus partie de notre vie depuis très longtemps.

- Alors il est mort ? 

Il était mort pour moi. 

- Continue de jouer avec Julian, évitai-je le sujet.
- D'accord, n'insista-t-elle pas plus.

Devais-je en parler à ma mère ? Je ne voulais pas lui rappeler de mauvais souvenirs ni toucher un point sensible chez elle. Peut-être valait-il mieux que je garde ça pour moi et que je surveille un peu plus ma petite sœur. Il ne fallait surtout pas qu'elle se mette à se poser des questions sur lui, qu'elle se demande où il était et encore moins si elle pouvait le revoir. Il n'avait plus du tout sa place parmi nous. 


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