«Ils sont très bien ensemble, très amoureux.»   

Point de vue d'Abigail.

Je fus réveillée par des pleures incessants pour la troisième fois cette nuit. Je soupirai et frottai mon visage, désespérée. Cela ne cesserait jamais. Je me levai et allumai la lumière. Je voyais Julian gigoter au loin dans son lit. Il devait être encore malade. J'étais sur le point de le prendre dans mes bras quand la porte de ma chambre s'ouvrit. Mon père apparut.

- Rendors-toi, tu travailles tout à l'heure, je vais m'occuper de lui.
- Merci papa, dis-je soulagée. 

Il prit Julian avec lui et me laissa me rendormir. J'avais vraiment de la chance de l'avoir. Je jetai un coup d'œil à l'horloge, il était trois heures du matin. Je devais me lever dans quatre heures. Je m'empressai alors de me rendormir. 

Quelques heures plus tard, j'étais au café en plein service à la caisse. Les clients habituels étaient toujours au rendez-vous. Même si j'étais quelque peu fatiguée, cela me faisait plaisir de retrouver le travail bien que je n'avais été absente que deux jours. Je m'occupais de ré-emplir la vitrine quand de nouveaux clients se présentèrent au comptoir. Je laissai ce que j'étais en train de faire pour prendre leur commande. 

Mon corps se figea quelques secondes quand je reconnus la mère de Justin et sa petite sœur Jazmyn. Elles n'avaient pas changé. La petite avait à peine grandi et la mère n'avait pas vieilli. Je me sentais très bizarre de les revoir. C'était inexplicable le sentiment qui dominait à cet instant dans mon corps. 

- Bonjour Madame...
- Pattie, me rappela-t-elle la façon dont je devais l'appeler. Ça fait longtemps Abigail !
- Oui, je suis désolée, je voulais passer vous voir mais je suis tout le temps très débordée.

Je voyais dans le coin de l'œil Jazmyn qui tirait une tronche d'enterrement. Elle ne semblait pas contente de me voir. Pour quelle raison ? Je n'en avais aucune idée mais quelque chose me disait que je n'allais pas tarder à le découvrir puisque la petite n'avait pas sa langue dans sa poche.

- Ce n'est pas grave mais Jazmyn est un peu contrariée après ce que Justin nous a dit.

Je lui lançai un regard confus. Qu'avait-il bien pu leur dire ? 

- Il nous a dit que tu ne voulais pas nous revoir. Jazmyn a été déçue d'apprendre cela.

Mes yeux revinrent sur la petite fille qui me fixait toujours très sombrement. Ce n'était pas du tout le même regard qu'elle avait eu l'habitude de me jeter auparavant. Pas une once d'affection. 

- Oh Jazmyn..., fis-je la grimace. Il ne faut pas que tu le prennes comme ça, ce n'est pas du tout contre toi, me défendis-je.
- Tu es méchante, ne s'empêcha-t-elle pas de me lancer en pleine face avant de se cacher derrière les jambes de sa mère.
- Jazmyn ! Ça ne se dit pas !
- Ce n'est pas grave, je comprends qu'elle soit fâchée contre moi.

Cela me touchait qu'après un an, Jazmyn ne m'avait pas oublié et qu'elle aurait aimé que je passe la voir. Ainsi, cela me faisait un peu de peine qu'elle soit fâchée contre moi mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même.

- Bon, que vous faut-il ? changeai-je de sujet.
- Jazmyn voudrait des donuts pour le petit déjeuner et moi un café.
- A emporter ? 
- Oui, oui. On loge juste en face de ton café. On risque de se croiser souvent, me sourit-elle. 

Cela ne semblait pas être une bonne nouvelle car cela voulait dire que je risquais de recroiser Justin incessamment sous peu.

- D'ailleurs si tu as une pause tout à l'heure et que tu n'as personne avec qui déjeuner, tu peux toquer chez nous, me proposa Pattie. 
- Merci c'est gentil mais je déjeune au café avec mes collègues, déclinai-je gentiment. 

Je les servis rapidement et les encaissai. 

- Tu fais quelque chose ce soir ? me demanda-t-elle avant de partir. 
- Euh... Je ne sais pas encore.
- Si tu n'as rien de prévu, je serai ravie que tu viennes dîner chez nous. Justin m'a dit que tu avais un petit frère maintenant et que ton père s'était trouvé quelqu'un, ils peuvent venir avec toi. Tu peux bien accepter au moins une fois, afficha-t-elle son plus grand sourire. Nous t'attendons et je suis sûre que Jazmyn ne sera plus fâchée contre toi après ça. 

Elle ne me laissa pas le temps de dire quelque chose et partit avec sa fille. C'était presque un ultimatum. Je savais très bien que je n'avais pas le choix et que j'allais devoir ramener mon fessier là-bas si je ne voulais pas garder ce sentiment de culpabilité en moi. J'étais obligée d'accepter après tout ce que cette famille avait fait pour moi. Ce n'était rien qu'un dîner, je pourrais surmonter ça. Mais seule. Il était hors de question que je ramène Julian ou quelqu'un d'autre. Ils risqueraient de semer le doute sur le mensonge que j'avais créé. Il me restait à convaincre Zac de me laisser y aller et cela n'allait pas être une tâche facile. 

...

J'étais de retour chez moi et je retrouvai mon père et Zac sur le canapé. Ils buvaient une bière ensemble et regardaient la télé. Je souris en les voyant mais mon sourire disparut rapidement quand je me rappelai que j'avais quelque chose à leur annoncer.

- Ça va ? me demanda mon petit-ami.
- Oui. 

Je me baissai pour le laisser déposer un bref baiser sur mes lèvres puisque mon père était là. Puis j'enlaçai ce dernier.

- Comment s'est passé ta journée ? me demanda-t-il.
- Comme d'habitude.

Je déposai ma veste et mon sac sur le canapé. 

- Julian va bien ? Il est toujours malade ?
- Il dort, me répondit Zac. 
- Il semble aller mieux que ce matin, ajouta mon père.
- Tant mieux. 

Je mordillai quelques secondes ma lèvre inférieure me demandant comment j'allais leur dire que j'allais dîner chez les Bieber ce soir. Ils me fixaient sentant que je n'avais pas fini de parler. 

- Est-ce que tu peux t'en occuper ce soir ? Je... Je vais dîner chez...
- Justin ? me coupa Zac. 

Il avait déjà pris un ton énervé. Nous allions donc entamer une nouvelle dispute au sujet de Justin. 

- Oui. Sa mère et sa sœur étaient au café. Sa mère m'a presque suppliée d'accepter. Je ne pouvais pas refuser, me justifiai-je.
- Il a quelque chose derrière la tête et tu ne le vois même pas, dit-il dégoûté.
- Quoi ? rétorquai-je. Qu'est-ce qu'il pourrait avoir derrière la tête ?

Zac se leva du canapé et je compris que nous allions nous expliquer dans ma chambre. Ainsi, je le suivis sans rien dire. Nous avions l'habitude de faire ça pour ne pas impliquer mon père dans nos problèmes. Dans la pièce, je fermai la porte derrière moi et me postai face à lui. 

- Justin est ton ex, c'est normal que je ne sois pas serein.
- Tu n'as pas de quoi t'inquiéter, j'y vais par simple politesse.
- Je ne sais pas comment vous étiez quand vous étiez ensemble, je ne sais pas comment il fonctionne, tu ne peux pas m'en vouloir de ne pas être rassuré.
- Est-ce que tu me fais confiance ?
- Bien sûr bébé, c'est en lui que je n'ai pas confiance.
- Alors si tu me fais confiance, laisse-moi y aller. Tu sais que je t'aime, que notre couple va parfaitement bien et...
- D'accord, me coupa-t-il. Je te laisse y aller. De toute façon, je ne peux rien te refuser.

J'attrapai son cou et déposai un long baiser sur ses lèvres. J'avais vraiment le meilleur copain du monde.

- Je t'aime, lui murmurai-je.
- Mais s'il-te-plaît, ne me fais pas subir ce genre de situation tout le temps.
- C'est la première et dernière fois, lui assurai-je.
- D'accord.
- Bon, je vais me préparer, écourtai-je la discussion. 

Je rejoignis ma chambre sans plus tarder. Une demi-heure plus tard, j'étais changée et prête. Rien de superflu, j'étais vêtue d'un jean et d'un débardeur blanc avec un long gilet en laine noir. Zac m'attendait devant l'entrée comme pour s'assurer que je me rappelle bien que j'avais quelqu'un. Un brin possessif. Il portait Julian dans ses bras qui dormait à poings fermés. Mon père était déjà parti se coucher.

- Tu rentres vers quelle heure ?
- Pas trop tard, ne t'inquiète pas.
- Je t'attendrai.
- Si tu veux mais ce n'est pas la peine, lui souris-je.  

J'embrassai le front de mon fils puis les lèvres de Zac et m'en allai. Cela me gênait de devoir les laisser seuls, surtout pour aller dîner chez Justin mais c'était la seule façon de mettre définitivement un terme à tout ça. 

La fraîcheur de l'air frappa mes joues quand je fus en dehors de l'immeuble. Je croisai les bras sous ma poitrine et commençai à avancer dans la bonne direction. Il faisait déjà nuit, il devait être neuf heures du soir. Je n'avais prévenu personne que je viendrais, j'espérais que je n'étais pas trop en retard. Comme Pattie me l'avait indiqué, je m'arrêtai devant l'infrastructure qui était juste en face du café dans lequel je travaillais. C'était une petite maison rouge typique en brique de Boston. J'arrangeai de manière impromptue mes cheveux et toquai à la porte en espérant que je ne m'étais pas trompée. 

Mon cœur battait stupidement trop vite pour moi. J'étais nerveuse. Terriblement nerveuse. Je ne savais pas à quoi m'attendre. La porte s'ouvrit après une bonne dizaine de secondes et laissa apparaître lentement Thomas. Nos yeux se rencontrèrent. Nous échangeâmes un sourire. 

- Abigail ! lança-t-il surpris. 
- Bonsoir.
- Viens, entre.

Il se mit sur le côté et me laissa entrer. L'air fut soudainement plus chaud. Je tombai dans le salon où Pattie, Jazmyn mais surtout Justin y étaient. Leurs regards se portèrent sur moi ce qui me rendit plus ou moins mal à l'aise. J'affichai un rictus au coin de mes lèvres. 

- Abigail ! cria presque de joie Patricia. 
- Me voilà, dis-je timidement. 

Elle vint à moi pour m'enlacer et me chuchota dans l'oreille qu'elle savait que je viendrais. En même temps, elle ne m'avait pas trop donné le choix. Je me détachai d'elle et je vis Jazmyn me lancer un demi-sourire. Cela me faisait plaisir de voir qu'elle n'était pas insensible à ma démarche. Je décidai d'éviter tout contact, même visuel, avec Justin et partis me réfugier auprès de sa mère.

- Je suis content de te voir ici,  me dit Thomas en s'installant sur le canapé à côté de moi.

Je voyais Justin du coin de l'œil faire les cents pas dans la pièce. Il devait être aussi gêné que moi. Il ne devait surtout pas comprendre ce que je faisais là après lui avoir dit deux jours plus tôt que je ne souhaitais pas le revoir.

- Ton père et son amie n'ont pas voulu venir ? 
- Non, ils ont préféré décliner l'invitation parce qu'ils sont très fatigués, mentis-je.
- D'accord, ce n'est pas grave.
- Je pense que nous n'allons pas tarder à passer à table, annonça Pattie.

Nous nous levâmes pour nous diriger dans la salle à manger. La décoration était très épurée ici et je savais d'une manière ou d'une autre que les meubles présents n'étaient pas les leurs. Nous nous rassemblâmes autour de la table cependant Justin partit de son côté, ne souhaitant sûrement pas se joindre à nous. Je ne comprenais pas pourquoi il agissait comme ça. Tant pis. 

Pattie et Thomas échangèrent un regard confus quand je sentis la main de Jazmyn se poser sur ma cuisse. Je posai mes yeux sur elle et je la vis me sourire. Elle était si mignonne quand elle ne faisait pas la tête. 

- Ça va ? lui demandai-je.
- Oui, me répondit-elle timidement.
- Tu es contente de me voir ?
- Maintenant oui.
- Je suis encore désolée si je t'ai blessée.

Elle me sourit. Au même moment, Justin refit surface. Il s'était changé. Il portait désormais un t-shirt gris et un short de basket bleu. On aurait dit son pyjama. Ce dîner ne lui importait donc peu. Il prit place à l'autre bout de la table, faisant en sorte d'être le plus loin possible de moi. Pourquoi semblait-il autant contrarié ? Ce n'était pourtant pas ce qu'il avait laissé paraître quand nous nous étions dits au revoir. Il ne me jetait pas un seul regard, c'était comme si je n'existais pas. C'était difficile à croire que je pouvais autrefois représenter tout pour lui.

- C'est beau ici, dis-je après avoir pris une grande inspiration.
- Oui, on l'a loué pour l'été, les propriétaires sont en vacances chez nous en échange. C'est à la mode ces temps-ci ce genre de pratique.
- Oui, j'en ai déjà entendu parler. Où en êtes-vous dans le procès ?
- On attend juste que tout soit acté et on en aura définitivement fini avec tout ça.
- Et vous repartirez en Australie, ajoutai-je.
- C'est ça, affirma Thomas. 

J'hochai la tête. C'était bien ce que Justin m'avait expliqué et c'était certainement la meilleure décision possible pour tout le monde. 

- Et comment c'est la vie là-bas ? poursuivis-je la discussion. Ça doit être différent d'ici.
- Oui, nous ne mangeons pas la même chose et nous avons d'autres activités mais nous essayons de garder les mêmes habitudes que nous avions à Boston, répondit Thomas. 
- Et vous préférez ici ou là-bas ?
- Ce n'est pas la même chose, le temps est différent, la nourriture et les gens aussi, c'est difficile de se prononcer pour le moment. Il faudrait que tu nous reposes la question dans quelques années, sourit Pattie. 

Justin ne disait toujours rien. Il nous fixait ou alors il fixait le vide sans bouger le petit doigt. Je me demandais à quoi il pensait en ce moment précis. Voulait-il que je m'en aille ou cela lui faisait-il quand même un peu plaisir que je sois là en leur compagnie ? 

- Qu'est-ce que tu fais maintenant ? Tu ne fais plus femme de ménage j'espère ?
- Non non, je suis la secrétaire de Thomas. Il s'est fait énormément de clients là-bas, c'est incroyable. Alors je lui suis venue en aide.
- C'est super ! Et tu aimes ton nouveau travail ?
- Oui et puis ça nous permet de nous voir souvent. 

Nous continuions de discuter en attendant que le repas soit prêt. Jazmyn s'était rapidement fait de nouveaux amis et elle était même une des filles les plus populaires de son école. Elle ne se plaignait pas du tout de sa nouvelle vie. J'étais contente d'entendre cela. Et Justin ? Quand était-il de Justin ? Nous avions beau parlé depuis presque une demi-heure, je ne savais toujours pas quel chemin il avait décidé de prendre, quelles étaient ses nouvelles fréquentations et surtout s'il avait retrouvé l'amour depuis.

A vrai dire, je ne savais pas pourquoi, je mourrais d'envie de connaître la réponse à cette dernière question. Même si je n'étais plus du tout intéressée par lui et que sa vie amoureuse était le dernier de mes soucis, je voulais savoir s'il avait réussi à tourner la page lui aussi. Mais il semblerait que je n'aurais pas la réponse ce soir. 

Nous commençâmes enfin à manger. Au menu, un repas typique de l'Australie. Un Meat Pie en entrée qui était une tartelette à la viande hachée accompagnée d'une sauce tomate, du Chicken Parma avec des frites en plat de résistance et un Pavlova Cake en dessert. Tout cela accompagné d'un vin rouge australien, le Shiraz. Pattie avait à cœur de me faire découvrir la culture australienne à défaut de ne pas avoir pu les rejoindre directement là-bas.

Soudain, le téléphone de Justin sonna dans sa poche et il se leva pour répondre à son appel. Je le suivis du regard quitter la pièce.

- Allô bébé, qu'est-ce qu'il y a ? dit-il en décrochant. 

Voilà ma réponse. Il était en couple. Et il appelait sa copine bébé. Quelque chose dans ma poitrine se serra. Étrangement. Malheureusement. Les yeux des personnes encore présentes autour de la table se posèrent sur moi comme s'ils voulaient voir ma réaction, comme s'ils étaient certains que d'une manière ou d'une autre, je réagirais à ce "bébé". Je me reconcentrai ainsi sur mon assiette et fis mine de n'avoir rien entendu. Justin revint cinq minutes plus tard en s'excusant de s'être levé de table. 

Il avait vraiment changé. Il était posé. Il reflétait le calme et la sérénité. Cela se voyait que tout se passait désormais bien dans sa vie et qu'il était plus ou moins épanoui. Il n'était plus le garçon instable et à fleur de peau qui pouvait partir au quart de tour à tout moment. Il n'était plus le Justin que j'avais connu, celui pour lequel j'étais bizarrement tombée amoureuse. 

Nous étions au dessert, ce gâteau à la fraise et à la meringue était vraiment bon. Thomas était en train de nous raconter une petite anecdote rigolote de sa première fois à pratiquer le surf. L'atmosphère était nettement plus détendue et j'avais l'impression qu'il n'y avait plus du tout de tension entre Justin et moi. C'était agréable de passer un moment comme celui-ci en compagnie des Bieber. Cela me rappelait quelque peu le bon vieux temps. 

- Bon, comment va Julian ? changea Pattie de sujet. J'aimerais bien le rencontrer.
- Moi aussi ! s'exclama Jazmyn. 
- Quand j'irai me balader avec lui dans le parc, je vous préviendrai.
- Comment ça se fait que ça soit toujours toi qui t'en occupes ? 
- Ça ne me pose pas de problème, fuis-je la question.
- Au moins, ils auront une relation fusionnelle plus tard, dit Thomas. C'est toujours mieux que des frères et sœurs qui se détestent.

Le dîner se termina et j'aidai Pattie à débarrasser la table comme j'avais eu la petite habitude de faire autrefois. Jazmyn voulu également participer à la tâche ainsi Justin et Thomas se posèrent sur le canapé en attendant. 

- C'était très bon, complimentai-je Patricia.
- Merci, me sourit-elle. 

Je lui souris en retour. 

- Je suis vraiment contente de savoir que tout s'est arrangé pour de bon dans ta famille.
- Je suis aussi contente pour vous. Surtout pour Justin, je sais que le retour de Jazmyn était le plus important pour lui.
- Oui... Mais ça a été quand même difficile pour lui les premiers mois.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Parce que tu n'étais pas là. 

Ma bouche s'entrouvrit. Je ne savais pas quoi dire. Je m'étais bien doutée que ça n'avait pas été tout beau tout rose tout de suite mais qu'il ait souffert autant de temps, je ne pensais pas. De plus, il ne m'avait donné aucune nouvelle. Pas un seul message. Je pouvais ainsi difficilement croire que mon absence l'avait rendu mal. 

- Mais il a retrouvé quelqu'un, finis-je par dire.
- Oui mais c'était après, il a mis du temps à s'en remettre.
- Moi aussi, avouai-je. J'ai eu du mal à avaler le fait qu'il était parti loin de moi et au plus mauvais moment. 
- Tu l'as lu ? Tu as lu ce qu'il t'avait écrit ? 
- Oui bien sûr. 

Jazmyn rentra dans la cuisine et nous interrompit. Elle nous passa les derniers couverts qui étaient restés sur la table, nous la remerciâmes puis elle partit. 

- Elle est adorable, dis-je.
- Elle est vraiment contente de te revoir.
- C'est réciproque.
- Justin aussi dans le fond.
- Sûrement, dis-je dubitative.
- Comment ça va avec ton copain ? 
- Très bien, répondis-je.
- Ça fait combien de temps que tu es avec ?
- Ça doit faire sept mois, répondis-je.
- Ça fait déjà un bon bout de temps !
- Oui, souris-je. Et Justin ? Ça fait combien de temps qu'il est avec sa copine ?
- Je pense que ça fait six mois. 

Wow... Et c'était du sérieux en plus de cela. Tant mieux pour lui s'il avait enfin arrêté les coups d'un soir. Mais c'était bizarre de savoir que lui, Justin, avait une relation sérieuse avec quelqu'un. 

- Ils sont très bien ensemble, très amoureux. C'est vraiment parti pour durer. 

Très amoureux. Justin avait carrément retrouvé l'amour. Au bras d'une autre. Pourquoi était-ce si dur à imaginer ? 

- Je suis ravie pour lui. Sincèrement, souris-je. Elle s'appelle comment ?
- Kiara. Elle est championne de surf dans sa catégorie. C'est une fille très sportive.

Elle devait être un canon. Super bien formée. Moi j'avais quelques kilos en trop à cause de la grossesse et je n'étais pas du tout au meilleur de ma forme. Pourquoi venais-je de me comparer à elle ? 

- Et pourquoi elle n'est pas avec vous ? 
- Elle est en vacances avec sa famille en France malheureusement. 
- Jazmyn l'aime bien ? me sentis-je obligée de demander.
- Oui. Elle la considère comme sa sœur, dit-elle d'une voix enjouée. 
- C'est cool. 

J'aurais aimé rencontrer cette fille. Elle avait réussi à faire ce que je m'étais efforcée à accomplir l'année dernière en vain c'est-à-dire me mettre en couple avec Justin. Elle devait être vraiment spéciale. Pattie ferma le lave-vaisselle et nous retournâmes dans le salon. Bieber posa ses yeux sur moi quand nous franchîmes la porte. Nous échangeâmes pendant quelques secondes un regard puis je détournai les yeux. 

- Je vais rentrer, annonçai-je. 

Je les enlaçai les uns après les autres sans oublier de faire un gros câlin à Jazmyn. Il n'y eut pas d'étreinte avec Justin. Il m'avait fait un simple au revoir de la main. Je quittai leur maison et rejoignis mon chez moi où Zac m'attendait dans la chambre avec Julian qui dormait.  J'étais contente de le retrouver. Il devait être presque minuit mais il était toujours éveillé. Il devait être vraiment inquiet et impatient de savoir ce qu'il s'était passé. 

Je l'embrassai, ôtai mes chaussures, me mis en sous-vêtements puis sautai sur le lit. Il me rejoignit. 

- Alors ? s'empressa-t-il de me demander.

Je lui racontai brièvement le dîner car j'étais fatiguée et je ne voulais pas qu'on entame une discussion maintenant. Je voyais sur son visage qu'il était soulagé de savoir que Justin et moi n'avions pas échangé un mot de la soirée. 

- Il n'y aura pas de prochaine fois ? me demanda-t-il.
- Non Zac. 

Il m'embrassa tendrement le front. Je frissonnai.

- Je t'aime, lui murmurai-je.
- Je t'aime aussi.

Je souris. J'avais de la chance de l'avoir. Il était très patient avec moi. Beaucoup m'auraient déjà laissé tomber à sa place. Je fermai les yeux pour tomber dans le sommeil.  Je repensai à la soirée. J'étais ravie d'avoir eu des nouvelles de la famille. J'avais passé un bon moment bien que Justin n'avait pas décroché un mot. Et, étrangement, une pensée me vint pour sa copine qui avait réussi à décrocher le titre, que j'avais autrefois longtemps convoité, de petite-amie.