Chapitre 23

«Tu me dévores du regard.»    

Point de vue d'Abigail.

Un soleil de plomb illuminait la ville. J'étais sur le point de terminer mon service. Je rangeais mon tablier quand je vis Briana arriver. Souriante, elle n'avait pas l'air d'avoir mis un terme à une relation de quatre ans il y avait seulement quelques jours. 

- Ça va ? me demanda-t-elle.
- Pas autant que toi on dirait, souris-je.
- C'est vrai que je vais beaucoup mieux. Tu as fini ?
- Oui. Qu'est-ce que tu fais ici ? 

Soudain, Justin et Valentin apparurent à leur tour. Ils nous virent du coin de l'œil puis prirent place à une table sans nous saluer. Je fronçai les sourcils.

- Vous êtes en froid ? me demanda Briana qui était dans l'ignorance.
- Oui mais on était censés s'expliquer hier. Puis Valentin est arrivé à l'improviste alors la discussion est restée en suspend.
- Je pense qu'on devrait se joindre à eux. 
- Je n'en ai pas envie Bri. Quand Justin est avec Valentin, ce n'est pas du tout le même et je ne veux pas être encore plus en froid avec lui que ce que je le suis déjà.
- Moi j'y vais. A toi de voir si tu préfères partir ou non.

Elle me tourna le dos et rejoignit les garçons à leur table me laissant seule sans savoir quoi faire. Je récupérai mes affaires et décidai finalement de quitter l'endroit quand Valentin m'appela. 

- Qu'est-ce que tu fais Abigail ? Joins-toi à nous ! me lança-t-il. Même Briana s'est assise avec nous. 

Justin me fixait sans rien dire. Il ne semblait pas être contre cette idée. De plus, ma meilleure amie me faisait signe des yeux de prendre place à côté d'elle alors je cédai et les rejoignis.

- Tu voulais nous éviter ? continua Valentin.
- Non. Je veux juste retrouver Julian, répondis-je un peu froidement.

Justin prit une position non-chalant sur sa chaise. Il était à moitié affalé dessus. Son comportement de l'année dernière refaisait déjà surface. Étonnant ? Pas vraiment.

- Il y a l'air d'avoir de l'eau dans le gaz entre vous, fit Valentin la remarque.

- Je crois que c'est le cas, dit Briana.
- Ça ne vous regarde pas, dis-je.

Bieber continuait de ne rien dire et de me fixer. Ses cheveux tombaient du côté gauche de sa tête et le rendaient encore plus bad boy qu'il ne l'était déjà. Il portait un t-shirt blanc, un jean gris et une grosse montre au poignet. Il avait l'air fatigué. Ses yeux étaient moins ouverts que d'habitude. Je compris directement qu'il avait fêté le retour de son meilleur ami jusqu'à très tard dans la nuit, hier soir.

- Justin, tu n'as rien à dire ? lui demanda Briana.
- On parlera après, répondit-il.

- Qu'est-ce que vous avez fait ? Bieber a la tête dans le cul, questionna-t-elle maintenant Valentin.
- Val, ferme-la, lui prévint Justin.

Je fronçai les sourcils. Pourquoi venait-il de lui dire de la fermer ? Avait-il fait quelque chose que je ne devais pas savoir ? 

- Comme tu veux, lui dit le frisé.
- Non, je veux savoir moi, intervins-je.
- Vous vous arrangez entre vous, fit-il en levant les mains tel un innocent.

Je posai alors mes yeux sur l'accusé. Il détourna le regard. Je sentais l'agacement qui commençait à grandir en moi. Qu'est ce que t'as encore foutu Bieber ? 

- Allez Justin, assume tes actes, lui dit Bri.
- Toi, recommence pas à te mêler de ce qu'il ne te regarde pas, lui cracha Justin.
- Et toi à te foutre de la gueule d'Abigail, rétorqua-t-elle.

- Vas-y, crache le morceau Valentin, lui dis-je.

Il fit une grimace tout en regardant Justin puis se tourna vers moi. 

- On est allés dans un club de strip-tease mais c'était pour fêter mon retour. C'est moi qui l'ait invité. 

Je me mis à applaudir sarcastiquement Justin. Je n'étais pas du tout surprise d'entendre ça. Justin était une personne complètement différente quand il était avec Valentin alors tout ça avait été prévisible. Je ne savais même pas quoi dire. Qu'il y avait-il à dire à ça ? Bravo, t'es toujours le même con que celui de l'année dernière.

- Ça va Abigail, t'es pas obligée de faire ça, eut-il le culot de me dire.
- Non, c'est vrai, tu as raison, je ne devrais pas applaudir un acte aussi débile. 

J'étais maintenant très en colère et je voulais juste partir d'ici. Monsieur Bieber allait mâter des filles à poil pendant que je m'occupais de son fils. Pour qui me prenait-il ? J'étais touchée dans mon ego et c'était dur pour moi d'encaisser ça.

- Il ne s'est rien passé Abigail, on a juste...
- Mais je m'en fous Valentin, le coupai-je. Ce n'est pas mon mec, il peut faire ce qu'il veut. Mais qui a dû s'occuper de Julian aujourd'hui parce que Monsieur a bien pris son pied hier soir ? Mon père. Et mon père n'a pas à sacrifier son temps parce que Bieber avait envie de se rincer l'œil.

Justin ne se défendit pas. En même temps, il n'avait pas de quoi. Valentin resta lui aussi silencieux alors je me levai.

- Je m'en vais. Je n'ai rien d'autre à ajouter.

Briana se leva aussi et nous quittâmes alors ensemble le café. J'étais tellement furieuse contre Justin. Il était vrai qu'il avait encore le droit de s'amuser et que je ne devrais pas autant m'énerver mais c'était l'accumulation de ces derniers événements qui rendait chaque faux pas dramatique. Et ce n'était que le début maintenant que le duo était de retour.

...

J'avais passé toute la fin d'après-midi à me demander pourquoi Justin agissait autant comme un abruti. Et évidemment, je n'avais pas trouvé de réponse à cela. Je venais de changer la couche de Julian quand mon portable se mit à sonner. C'était lui. Je fronçai les sourcils confuse puis décrochai tout en gardant un œil sur le bébé.

- Allô ? 
- Tu es occupée ? 
- Non. 
- OK. Alors je t'invite à manger au restaurant ce soir. Je crois qu'il faut qu'on mette une bonne fois pour toutes les choses au clair. J'ai déjà réservé, tu ne peux pas refuser. C'est un restaurant huppé et je vais payer une blinde alors habille-toi pour l'occasion. Je passe te chercher à vingt-et-une heures. A tout à l'heure.

Et il raccrocha. Je restai stoïque quelques secondes ne m'attendant pas à ça. J'avouais être agréablement surprise car il n'avait pas eu l'air de vouloir arranger les choses tout à l'heure au café. Il avait fait un bel effort. Un sourire resta étrangement scotché à mes lèvres comme si c'était tout ce que j'avais attendu depuis le début. 

Je regardai l'heure, il était dix-neuf heures passées. Je décidai alors de me préparer. Je savais exactement quoi mettre : une magnifique longue robe rouge qui me moulait tout le haut du corps et dévoilait en partie ma jambe gauche. Elle était sans manches et le col remontait jusqu'à mon cou. Le dos était dénudé. Cela ferait largement l'affaire pour aller dans un endroit de ce genre. Et ce n'était en aucun cas pour en mettre plein la vue à Justin. 

Après une heure trente de préparation, j'étais enfin prête. Mon père avait accepté de s'occuper encore quelques heures de plus de Julian pendant mon absence. 

- C'est un dîner entre futurs conjoints ? me demanda-t-il.
- Non. Je crois plutôt que c'est un dîner de réconciliation.
- Il a mis la barre haute alors pour une simple réconciliation, souligna-t-il.
- Je pense qu'il croit que c'est la seule façon pour nous de nous réconcilier une bonne fois pour toute. 

Nous n'avions jamais dîné ensemble que tous les deux dans un restaurant. Ce soir serait la première fois. Cela ne me rendait ni nerveuse ni impatiente mais je me demandais bien comment la soirée finirait.

- Et entre Zac et toi c'est vraiment fini ?
- Oui. Il ne veut plus entendre parler de moi.
- C'est vraiment dommage mais je pense que c'était dans l'ordre des choses. Justin est le père de Julian. C'est difficile de se sentir à sa place quand quelqu'un d'autre joue un rôle plus important que le sien.
- J'ai vraiment cru qu'on aurait pu y arriver pourtant.
- Tu ne peux pas contrôler ce genre de choses. Et puis ses parents ne t'aimaient pas donc ça aurait fini par ne plus marcher un jour ou l'autre. Je sais qu'il a été irréprochable avec toi et je suis quand même un peu déçu qu'il ne fasse plus partie de ta vie et celle de Julian mais il faut aller de l'avant maintenant. Et pourquoi pas rattraper le temps perdu.

Je le fixai confuse. Rattraper le temps perdu ? Voulait-il dire qu'il voulait que je me remette avec Justin ? Il savait que ce dernier n'était plus avec Kiara, je l'avais mis au courant de cela, espérait-il que j'en profite ?

Il devait penser que la meilleure façon pour nous d'élever Julian, de s'épanouir personnellement et de construire une famille stable était qu'on soit ensemble. Parce que lui n'avait jamais voulu une autre personne que ma mère et ne le voudrait jamais.

...

Il était vingt-et-une heures, je reçus un message de Justin qui m'informa qu'il était en bas de chez moi. Je donnai un dernier bisou à mon fils et souhaitai une bonne soirée à mon père puis le rejoignis. Je le retrouvai dans sa voiture. Il avait déjà les yeux fixés vers l'entrée quand j'en sortis comme s'il m'avait attendue une éternité.

Je fuyai son regard quand j'apparus dans son champ de vision et contournai la voiture pour m'installer sur le siège passager. Il démarra sans que nous échangeâmes un seul mot.

Évidemment, c'était encore tendu entre nous vu le fiasco de cet après-midi. Ceci étant-dit, j'étais redescendue mais je lui en voulais toujours. Durant le trajet, je le sentis à quelques reprises poser ses yeux sur moi me rendant gênée. Et, à un feu rouge, nos regards s'accrochèrent le temps de quelques secondes. 

Il avait gardé son t-shirt blanc et avait troqué son jean gris pour un pantalon noir. Il avait également enfilé une veste en cuir de la même couleur et des chaussures blanches. Il était beau, je l'avouais. Très beau.

Nous arrivâmes à destination. Un employé m'ouvrit la portière et je sortis de la voiture. Justin lui passa les clés et il partit la garer. Nous entrâmes à l'intérieur du restaurant. C'était magnifique. J'en avais déjà entendu parler, il avait ouvert il n'y a pas longtemps. Une femme à la réception nous accueillit et Justin lui dit qu'il avait réservé sous son nom : Bieber. Elle regarda dans son cahier si c'était bien le cas puis le jeune-homme à côté d'elle lui proposa de prendre sa veste. Il accepta ainsi il la rangea dans le vestiaire avant de nous emmener à une table.

La pièce était remplie de couples d'adultes sûrement mariés ou alors d'hommes avec leur maîtresse. Ils étaient tous chiquement habillés et devaient tous faire partie de la haute société. Je me sentais petite à côté de tout ce monde, un monde que j'aurais aimé intégrer et que j'aurais pu intégrer si je n'avais pas été contrainte de quitter Harvard.

Le jeune-homme nous installa vers le côté droit de l'immense salle, à une table ronde couverte d'une nappe blanche. A ma plus grande surprise, Justin me tira la chaise pour que je m'assoie et pour la première fois depuis qu'on se fréquentait, j'avais l'impression qu'il se comportait comme un vrai homme. Je le remerciai et il prit place en face de moi.

Je posai mon petit sac en bout de table et rapprochai ma chaise de cette dernière pour être parfaitement installée. Quand je posai mes yeux devant moi, Justin me regardait déjà. Je ne savais pas si c'était la robe qui lui faisait cet effet là mais il semblait ne pas pouvoir détacher ses yeux de moi.

- Je me demande combien tu vas devoir débourser ce soir, me lançai-je.
- Je ne veux même pas savoir et encore, j'ai eu de la chance. Il y a deux mois d'attente normalement pour manger ici mais une table s'est libérée juste avant que j'appelle. Sinon, j'aurais dû les soudoyer et je n'aurais pas eu assez pour ce soir.

Je souris amusée.

- Tu n'étais pas obligé. Tu sais qu'on aurait pu juste discuter chez l'un d'entre nous ou...
- Je voulais faire les choses bien et qu'on ne soit que tous les deux, me coupa-t-il.
- Je vois. Mais même un McDonald's aurait suffi, soulignai-je tout de même.

On nous servit du vin et nous donna la carte.

- Mais tu mérites mieux qu'un simple McDonald's Abigail, me dit-il droit dans les yeux me déstabilisant.

Je me réfugiai alors dans la carte et scrutai chaque ligne. Tout ce qui m'importait là-dedans était de prendre quelque chose qui ne coûterait pas un bras à Justin. Et si la chose la moins chère était un café, je prendrais alors un café même si je détestais ça.

- Fais-toi plaisir, me dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées. 

Je souris une nouvelle fois amusée sachant parfaitement qu'il espérait que je fasse le contraire de ce qu'il m'avait dit. Il rit alors comprenant que j'avais compris. 

- Sinon on peut prendre le repas le plus cher et le partager, plaisanta-t-il.

Je ris. Bien que nous étions censés être en froid, l'atmosphère entre nous était nettement plus détendue depuis que nous avions franchi un pied dans ce restaurant.

- Ne t'inquiète pas, ça ne me dérange pas de manger des pâtes.
- Ça tombe bien, moi non plus. 

Un serveur vint prendre notre commande et nous apporta également une carafe d'eau.

- Plus sérieusement, je t'ai emmenée ici pour m'excuser du comportement que j'ai eu ces derniers temps. Je ne sais pas si tu m'en veux par rapport à Kiara mais j'aurais dû te dire que je m'étais réconcilié avec elle, j'aurais dû aussi essayer de savoir ce qui n'allait pas et je n'aurais pas dû aller dans un club de strip-tease hier soir.
- J'accepte tes excuses. Et moi, je n'aurais pas dû faire la gamine en te faisant la tête comme je l'ai fait. J'aurais dû venir te dire clairement les choses alors je m'excuse aussi de t'avoir ignorer sans te donner de raison.
- Excuse acceptée, sourit-il. 

Je lui souris en retour. Finalement, cette histoire avait été réglée plus facilement que prévu.

- Pour ce qu'il s'est passé avant ça, continua-t-il, je pense que ça s'est fait sur le moment et qu'on en avait tous les deux très envie quand c'est arrivé mais je crois que pour l'instant, en tout cas de mon côté, je ne suis pas prêt à ce qu'on essaye de devenir quelque chose qu'on n'a pas réussi à être l'an dernier. Ça ne veut pas dire que je regrette parce que je ne le regrette pas du tout mais je ne veux pas m'embarquer dans quelque chose dont je ne suis pas certain que c'est ce que je veux. 

J'acquiesçai. Je comprenais totalement et j'étais tout à fait d'accord avec lui. 

- Je ne suis pas prête non plus à ce qu'on essaye à nouveau quelque chose. J'ai assez donné pour le moment et je suis très bien en tant que maman célibataire.

Il sourit. Nous étions alors tous les deux sur la même longueur d'onde même si c'était difficile à croire.

- Après, je veux être sincère avec toi, tu me plais toujours autant si ce n'est plus, lâcha-t-il.

J'essayai de contenir non sans mal mon étonnement suite à ce qu'il venait de dire. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'il lâche ça surtout juste après m'avoir dit qu'il ne voulait pas qu'on aille plus loin. Je ne savais pas quoi dire. Devais-je lui dire que c'était réciproque ? Ou juste me contenter de sourire poliment ? 

- Je le savais déjà Bieber, finis-je par lancer.
- Ah, ça se voit autant que ça ? rentra-t-il dans mon jeu.
- Tu me dévores du regard, tu ne t'en rends même pas compte, le taquinai-je encore un peu plus. 

Il passa sa langue entre ses lèvres tout en souriant et ce fut moi à cet instant qui le dévorais du regard.

- Je ne le fais pas exprès.
- Je ne t'en veux pas. 

Nous rîmes puis prîmes une gorgée de nos verres de vin respectifs.

- Amis ? 
- Amis. 

C'était mieux comme ça, pour nos familles, pour Julian et pour nous-même de prendre du recul sur la situation, d'agir comme des adultes au lieu de ne pas réfléchir comme nous l'avions fait l'année dernière. J'étais contente de constater qu'on pouvait parler de manière posée et faire des choix mâtures. Mais à vrai dire, vu comment il était ce soir, être amis était bien la dernière chose que je voulais qu'on soit. 

On nous servit nos entrées. L'atmosphère était définitivement plus apaisée entre nous. Nous commençâmes à manger tranquillement. Cependant, je sentais le regard insistant de Justin sur moi, me déstabilisant à nouveau.

- Qu'est-ce qu'il y a ? finis-je par demander.
- Pourquoi tu t'es faite aussi belle ?
- Parce que tu m'as dit qu'on allait dans un resto huppé. Je ne voulais pas faire tache. 

Je pris une pause. 

 - Par contre toi, tu fais tache.

Il me lança un petit bout de pain et je ris.

- Tu ne m'as pas dit si moi je te plaisais toujours, reprit-il.
- On est amis Justin, les amis ne sont pas attirés entre eux.
- Bonne réponse, dit-il en souriant.
- Mais si on n'était pas amis je te dirais que tu passes encore. 

Il rit.

- Ça t'écorcherait la gueule de dire que je te plais toujours ?
- C'est ça.
- Donc ça veut dire que je te plais toujours ? 
- Peut-être.
- Je prends ça pour un oui.
- Tu peux. 

Il sourit provoquant un sourire chez moi aussi. Nous étions peut-être des amis bizarres mais nous n'avions jamais su être autrement que comme ça. Chien et chat, à longueur de temps. Et toujours avec un peu de séduction.

- Ça fait plaisir Waller. 
- Je t'en prie. Mais n'oublie pas, on est amis maintenant.
- Je sais, rit-il.

A chaque fois qu'il riait et que ses yeux se plissaient, mon cœur se gonflait. Il faisait tout pour que je ne veuille pas être simplement son amie et il ne le faisait même pas exprès.

- C'est notre premier dîner au restaurant à deux au fait, soulignai-je.
- Mieux vaut tard que jamais. 
- C'est sûr.
- Après, si on avait été en couple, ça aurait été mieux. 
- Mais on est amis, souris-je amusée.
- Ouais. Amis, sourit-il de la même façon. 

On aurait dit que nous nous convainquions que c'était simplement amical entre nous tout en étant persuadés du contraire. C'était très bizarre et pire que l'année dernière dans le sens où nous n'avions pas le droit à l'erreur cette fois-ci. Car si nous finissions par nous déchirer comme nous l'avions fait, nous impacterions tout le monde autour de nous.

- Je sens que Briana et Valentin vont adorer se mêler de nos histoires ensemble, décidai-je de changer de sujet.
- Ouais, malheureusement. En plus de ça, Briana est toujours aussi chiante avec moi.

- Tu trouves ? Pourtant, je sais qu'elle t'apprécie plus que l'année dernière.

- Pourquoi ça ?
- Je crois que comme tu es le papa de Julian, elle s'est faite à l'idée qu'elle n'avait plus d'autre choix que de te saquer. Tu ne le sais pas mais elle a essayé de m'obliger à te dire pour le bébé.
- Ah oui ? J'aurais cru qu'elle t'aurait conseillé de ne rien dire. 

- Bizarrement, non.
- Je ne comprends pas pourquoi elle a été aussi dure avec moi l'an dernier. OK, au final elle a eu raison, je t'ai brisé le cœur, mais on aurait dit que je lui devais des comptes.
- C'est vrai que parfois, elle a été injuste envers toi.
- Parfois ? Tout le temps !
- Mais regarde, comme tu l'as dit, au final elle a eu raison de s'être autant méfiée.

Il ne dit rien et se reconcentra sur son assiette, sûrement honteux. 

Nous parlâmes de Julian et de Jazmyn pendant que nous mangions le plat de résistance. Il m'informa aussi que Kiara était repartie en Australie ce matin et que cela lui enlevait un poids des épaules. Le moment du dessert arriva. Un serveur nous surprit avec deux fontaines lumineuses autour d'un petit gâteau au chocolat. Nous fronçâmes tous les deux les sourcils confus. Il avait dû se tromper de table.

Il posa le tout entre nous et nous tendit une enveloppe. 

- Félicitations, vous êtes notre cent-millième réservation, nous dit-il. Vous avez gagné un séjour de deux jours en Floride offert par la maison. 

Justin et moi échangeâmes un regard agréablement surpris avant de remercier le serveur. Ce dernier récupéra les fontaines lumineuses puis nous laissa finir notre repas. J'attrapai hâtivement l'enveloppe et l'ouvris. Effectivement, nous avions gagné une nuit dans un hôtel cinq étoiles à Miami, une baignade avec des dauphins et même un après-midi à Disney World. Ça ne peut pas être possible.

- Alors ? me demanda Justin.
- J'ai l'impression de rêver. 

Je lui donnai l'enveloppe pour qu'il voit de lui-même ce qu'on venait de nous offrir. Il affichait un sourire médusé avant de prendre un air embêté.

- Ah merde Waller, c'est pour un couple... fit-il sarcastiquement.
- Tant pis, on l'offrira à ta mère et Thomas alors, feignis-je une grimace.
- Bonne idée, en plus ils le méritent.
- Parfait, on fait comme ça. 

Nous sourîmes puis nous attaquâmes le dessert. Le dîner s'était déroulé encore mieux que ce que je l'avais espéré. Je savais que je ne devais pas m'enflammer encore une fois et qu'à tout moment, Justin et moi pouvions nous prendre la tête une énième fois mais je voulais profiter de ce moment de paix qui allait sûrement se faire rare si Valentin comptait l'entraîner dans d'autres conneries.

Le dîner terminé et l'addition - lourde - payée, nous nous levâmes de table sans oublier la fameuse enveloppe. Justin me tendit étonnement sa main, sûrement pour m'aider à marcher, et je la pris sans me poser de questions. Nous regagnâmes alors la sortie main dans la main et je crus pendant une seconde que nous étions un couple. 

Justin récupéra sa veste, sa voiture et nous prîmes le chemin du retour. 

- Merci pour ce soir, lui souris-je. 
- Merci de m'avoir pardonné plus facilement que ce que je m'étais attendu, me sourit-il en retour.

- De toute façon, je n'aurais pas pu te faire éternellement la tête, tu es le père de Julian.

- Il y a donc finalement un avantage à être parent ? plaisanta-t-il.

Nous remarquâmes au loin des lumières bleues et rouges qui s'agitaient, comme celles sur les voitures de polices. Il semblerait qu'elles se trouvaient dans la rue du café et donc de la maison de Justin. Et plus nous nous rapprochions de cette dernière, plus les lumières grossissaient. Quand nous comprîmes qu'une voiture de police s'était garée devant chez les Bieber, Justin stationna sans réfléchir en double file au plus prés du domicile et sortit du véhicule sans couper le contact. Je le suivis complètement perdue. 

Et ce fut l'incompréhension totale quand nous vîmes Thomas, menotté, tenu par deux agents des forces de l'ordre, être embarqué dans leur voiture avec Pattie à côté, totalement déboussolée. 

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