Chapitre 12
«J'ai besoin de prendre du recul et de réfléchir à notre situation.»
Point de vue de Justin.
C'était très remonté que le père d'Abigail m'avait appelé pour fixer un rendez-vous où nos deux familles pourraient discuter de la tournure qu'avaient pris les événements. J'avais donc compris qu'il avait appris pour ma demande de garde exclusive sur Julian. Nous avions décidé tous ensemble de nous voir ce matin. Je savais que j'allais être seul contre tous mais cela ne me faisait pas peur. J'assumerais tout. J'étais toujours autant remonté et je le ferais encore une fois savoir.
Abigail arriva donc chez nous avec son père dans la matinée. Pas de Julian. Était-ce encore pour m'éloigner de lui ? Je restai à ma place tandis que ma mère et Thomas les accueillirent. Aucun regard ne fut échangé avec les deux. La tension était à son paroxysme. L'atmosphère était glaciale. Nous nous installâmes tous les cinq autour de la table à manger. Ce qui allait suivre n'allait pas être une partie de plaisir. J'étais placé en bout de table tandis que les quatre autres se faisaient face. J'avais donc la place de l'accusé.
En nous voyant ainsi, j'avais du mal à imaginer que nous étions en realité une famille.
Je croisai les bras en attendant que quelqu'un prenne la parole. C'était comme si personne n'osait parler. Pourtant nous allions devoir le faire, pour Julian. Le père d'Abigail finit par se lever et se tourna vers moi. J'haussai un sourcil. Accroche-toi Justin.
- Avant de nous mettre d'accord sur la garde partagée, je voudrais parler de la garde exclusive, commença-t-il.
- C'est non, interceptai-je ce qu'il allait dire. Je ne changerai pas d'avis là-dessus.
- Nous sommes tous contre ta décision Justin, rétorqua-t-il.
- Mais c'est moi le père et vous ne pouvez rien faire contre ça.
Abigail ne disait rien et ne me regardait même pas. Ne se sentait-elle pas concernée par cette discussion ?
- Comment tu peux vouloir ça Justin ? Je pensais que tu estimais ma fille et que tu ne voulais pas lui faire de mal. J'ai lu le mot que tu as laissé. Tu parlais de justice et tu ne crois pas que c'est injuste ce que tu fais ?
Je restai quelques secondes muet sans savoir quoi dire. Le père d'Abigail avait donc lu le mot que j'avais laissé sur la tombe de sa femme. J'aurais préféré qu'il ne tombe pas dessus, encore plus maintenant que mes sentiments avaient complètement changé envers sa fille.
- Quel mot ? demanda cette dernière.
- Et ce n'est pas injuste ce qu'elle a fait ? répliquai-je en ignorant la question.
- Papa, laisse tomber.
- Non, je veux essayer de comprendre pourquoi quelqu'un qui prétend avoir aimé ma fille de tout son cœur décide de lui ôter la chose qui compte le plus pour elle.
- Parce que votre fille a merdé, répondis-je.
- Justin, tu es cruel, me dit ma mère.
- On a déjà eu cette discussion.
- A quoi ça te sert d'avoir la garde exclusive ? reprit le père. Tu devras quand même laisser Julian à Abigail de temps en temps alors ça...
- Mais au moins il vivra chez moi, le coupai-je. Et je l'aurai la plupart du temps.
- Je ne te laisserai pas emmener Julian en Australie, me dit Waller. Je refuse de devoir le voir seulement quand j'aurai des jours de congés. C'est hors de question.
Je ne dis rien. Ses paroles me passaient par dessus la tête.
- Tu ne gagneras pas la garde, tu es seul contre tous, ajouta-t-elle.
- On verra.
- Bon, intervint Thomas. Comme Justin ne veut rien entendre à propos de la garde exclusive, il vaut mieux qu'on s'attarde sur la garde alternée.
- Tu ne t'en tireras pas comme ça, me dit le père d'Abigail avant de se rasseoir.
Il ne me faisait pas peur. Je l'avais déjà envoyé une fois à l'hôpital, je pourrais très bien recommencer. Ses menaces ne m'atteignaient pas.
- Abigail, as-tu des jours préférentiels ?
Elle soupira.
- Je n'ai pas envie de confier mon enfant à un mec ingrat comme ça.
- Dommage, tu n'as pas le choix, lui dis-je sèchement.
- Parle bien à ma fille, se mêla son père.
- Sinon quoi ? rétorquai-je.
- Calme-toi Justin, me dit ma mère.
- Je ne me calmerai pas, élevai-je la voix.
Je me levai de ma chaise.
- Je viens d'apprendre que je suis papa bordel, criai-je. J'avais des projets, un plan de vie à suivre ! C'est normal que je sois sur les nerfs putain !
- Et c'est une raison pour être un connard ? cria en retour Abigail en se levant. Si t'es tellement dégoûté par le fait d'être papa, pourquoi tu veux la garde de Julian ?
- Parce que tu ne mérites pas de l'avoir.
Soudain, Abigail se mit à courir vers moi et je crus pendant une fraction de seconde que j'allais recevoir un coup. Mais son père l'arrêta à temps et l'emmena de force de l'autre côté de la pièce.
- Tu n'as pas changé ! cria-t-elle. T'es resté un putain de salaud !
Je secouai la tête. Heureusement que Jazmyn n'était pas à la maison. Ça aurait été dommage qu'elle assiste à ça mais au moins, elle aurait vu le vrai visage d'Abigail. Cette dernière continuait de s'agiter sous l'emprise de son père qui l'empêchait de bouger. On aurait dit une folle. Comment cette fille pouvait-elle élever un enfant ? Elle ne savait pas se contrôler.
- Remettez en place votre fils sinon je m'en chargerai ! menaça le père Waller.
- Justin, tu vas beaucoup trop loin, me dit ma mère en se levant.
- Ces deux-là m'ont menti ouvertement à propos de mon fils, tu peux tolérer ça toi ?
- Mon père ne t'a jamais menti ! Il n'a juste rien dit ! Déverse ta haine sur moi mais laisse mon père tranquille !
- Comment tu peux oser la mettre dans un état pareil ? me fit Thomas énervé. Tu me déçois beaucoup Justin.
On entendit subitement les pleurs de Waller. Elle en faisait toujours des caisses pour se faire passer pour la victime. Pathétique.
- Je refuse de passer un quelconque accord avec lui, pleura-t-elle.
- Abigail, on va prendre cinq minutes pour que tout le monde se calme et ça va aller mieux, lui dit Thomas.
- Non. Je veux partir d'ici, fit-elle la capricieuse.
- Justin, tu viens avec moi, me murmura ma mère.
Elle m'attrapa fermement le bras et m'emmena à l'étage. Elle me traîna jusqu'à ma chambre et ferma la porte derrière nous. Elle venait de me traiter comme un enfant qui n'obéissait pas et je n'aimais pas ça.
- C'est inadmissible ce que tu es en train de faire Justin !
- Et ce qu'ils ont fait ?
- Arrête maintenant ! C'est fait, on ne peut plus revenir en arrière ! Tu ne vas pas sans cesse revenir sur ça ! Abigail est la mère de ton fils ! Respecte-la !
- Je ne peux pas !
Elle me fixait comme si elle attendait une explication.
- Je ne peux pas, répétai-je. Je me sens... Je me sens trahi ! Elle aurait pu...
Je secouai la tête.
- Elle aurait pu quoi ?
- Pourquoi elle ne me l'a pas dit dès qu'elle a appris sa grossesse ? Je ne comprends pas ! Tous ces prétextes à la con comme quoi j'avais déjà refait ma vie et qu'elle ne voulait pas tout gâcher, c'est n'importe quoi ! Je serai revenu sans hésiter ! Et on aurait...
Ma mère me regarda confuse.
- On aurait quoi ?
- On aurait pu reprendre ce qu'on avait ! déclarai-je. Elle savait que j'étais parti pour Jazmyn mais que ça me tuait de la laisser à Boston ! Pourquoi elle n'a pas utilisé la grossesse comme une raison pour que je revienne ? Pourquoi ?
Elle me fixait sidérée par mes paroles. Pourtant, mes interrogations étaient tout à fait logiques.
- Tu es en train de me dire que tu lui en veux de ne pas t'avoir demandé de revenir ?
- On aurait été en couple et Julian n'aurait pas été autant un problème que ça ! Mais là, regarde maman ! Je suis amoureux d'une autre fille et elle d'un autre garçon ! Qui peut accepter une situation pareille ?
- Est-ce que tu lui as donné de tes nouvelles ? Est-ce que tu lui as dit qu'elle te manquait ?
- Non...
- Et comment voulais-tu qu'elle sache que tu pensais encore à elle ? Si tu ne lui as pas donné de nouvelles, pour elle ça voulait dire que tu te portais très bien. Si elle avait su ça Justin, elle n'aurait pas hésité à te dire qu'elle attendait ton enfant.
Je frottai mon visage, frustré. Ma mère avait toujours les mots juste pour remettre en place.
- Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. Maintenant, tu vas être poli avec elle et son père et vous allez trouver un accord pour la garde de Julian.
- OK, me résignai-je.
- Et surtout, tu vas t'excuser. Tu es allé beaucoup trop loin.
- C'est bon, j'ai compris, soufflai-je.
Nous redescendîmes au salon et retrouvâmes les autres. Abigail semblait s'être calmée. Du moins, elle en avait l'air.
- Je m'excuse pour ce qu'il vient de se passer, dis-je directement.
- J'espère bien, me dit le père ce qui m'agaça.
- S'il vous plaît, évitez ce genre de remarque, lui dis-je.
- Tu fais pleurer ma fille et tu crois que je vais rien dire ?
- S'il vous plaît, vite qu'on en finisse, intervint Abigail.
Je décidai alors de me taire et de reprendre ma place. Je me demandais ce que Thomas avait bien pu leur dire pour qu'ils acceptent de rester. De toute manière, c'était un psychanalyste, il s'avait y faire dans la médiation.
- Justin pourrait avoir Julian quand je travail et je viendrais le récupérer à la fin de mon service, proposa-t-elle. Et puis, j'ai normalement deux jours de repos par semaine donc on pourrait faire un jour chacun.
C'était parfaitement équitable. J'aurais Julian la journée et elle la nuit. J'avais cru qu'elle essayerait d'avoir plus de temps de garde que moi mais je m'étais trompé. Cependant, elle me devait bien ça.
- Ça me va, dis-je.
- Et bien parfait ! s'exclama ma mère.
- Je suis en congé aujourd'hui et demain, si Justin est d'accord, il peut l'avoir tout de suite, ajouta-t-elle.
- Je veux bien, approuvai-je.
- Tu le récupéreras cet après-midi alors.
J'hochai la tête. Ça avait été plus facile que je ne l'avais pensé. J'étais satisfait. Les au revoir furent brefs. Le père d'Abigail me lança un regard noir avant de partir. Malheureusement pour lui, j'étais le père de son petit-fils et il allait devoir faire avec. Abigail évita quant à elle tout contact avec moi. Elle s'en était allée le plus rapidement possible.
J'avais hâte de m'occuper pour la première fois de Julian en tant que père. J'étais certain que je m'en sortirais. Il fallait de toute manière que je prenne goût à cette nouvelle situation.
...
Je me posai tranquillement sur mon lit et appelai Valentin. Il n'avait pas encore appris la nouvelle. C'était le moment que je la lui annonce. Je me demandais comment il allait réagir. Le connaissant, il serait capable d'éclater de rire.
- Ouais mec, dit-il en décrochant.
- Tu fais quoi là ?
- Je vais chercher Zara à son travail.
- T'as deux minutes ?
- Ouais vas-y, je t'écoute. T'as un problème ?
- C'est le cas de le dire mec. Je viens d'apprendre que j'ai un fils.
- Quoi ? fit-il confus. Un fils ?
- Oui.
- Et il sort d'où ?
- Réfléchis Val...
- Non ! s'exclama-t-il. Le soi-disant petit frère d'Abigail ?
- Bingo.
Je l'entendis éclater de rire.
- Tu trouves ça drôle ?
- Non désolé mais je n'arrive pas y croire ! Tu es papa bordel ! C'est un truc de fou !
- Je sais, j'ai l'impression d'halluciner.
- Un mini Bieber ! s'esclaffa-t-il. Je suis choqué !
Je secouai la tête. Ce mec n'arrivait jamais à être sérieux deux secondes.
- Il faut que je vienne pour voir ça de mes propres yeux. Mon meilleur pote a un gosse !
- Tu n'es pas sérieux ? Tu serais capable de te déplacer pour lui mais pas pour moi ?
- Mais c'est différent ! Et t'as prévu quelque chose pour fêter ça ?
- Fêter ça ? T'es malade. C'est la guerre.
- La guerre ? Non... Tu fais la guerre à Waller ?
- Evidemment ! Elle m'a caché que j'avais un fils !
- C'est vrai, ce n'est pas cool.
- Cool ? C'est une salope d'avoir fait ça !
- Eh ! Parle bien, c'est la mère de ton fils.
- Putain, tu ne vas pas t'y mettre toi non plus !
Je l'entendis pousser des cris, stupéfait.
- C'est moi le parrain j'espère.
- On n'en est pas encore là.
- Tu l'as dit à Kiara ? Elle doit être en train de péter un câble !
- Oui je lui ai dit. Elle était choquée.
- Tu m'étonnes ! Son mec a un gosse avec son ex ! rit-il.
J'ébauchai un sourire. Il arrivait presque à me faire rire de la situation.
- Plus sérieusement, ça veut dire quoi "c'est la guerre" ?
- Je vais demander la garde exclusive.
- Attends tu n'es pas sérieux ? C'est ce truc où t'as le plus de temps avec lui et elle n'aura le droit qu'à quelques jours par-ci par-là ?
- Oui en gros.
- Tu es culotté mec, ça ne se fait pas. Je dois partir mais on en reparlera.
- OK c'est bon.
Il raccrocha. Même si Valentin était aussi contre ça, je ne changerais pas d'avis. J'étais peut-être buté mais je la voulais cette garde exclusive. C'était la seule façon pour moi d'avaler la pilule.
...
Je sortis de la voiture et sonnai à l'interphone. La porte de l'immeuble s'ouvrit quelques secondes plus tard, Abigail n'avait même pas pris la peine de vérifier si c'était bien moi qui avais sonné. J'entrai alors et montai les escaliers jusqu'à son étage. Arrivé devant son appartement, la porte était déjà ouverte et quand je voulus me présenter sur le palier, je la vis apparaître avec Julian dans sa poussette. Elle voulait clairement passer le moins de temps possible avec moi.
Aucun mot ne fut échangé. Elle referma directement la porte dès que j'eus la poussette dans les mains. Je roulai des yeux. Elle était ridicule.
- Allez, mon petit, tu vas t'amuser avec papa.
Il était enfin temps pour moi de passer du temps avec mon fils. Je ne m'inquiétais pas, cela se passerait bien. J'emmenai Julian au supermarché. Ma mère m'avait conseillé de faire les courses pour que je puisse m'occuper du mieux que possible de mon fils. Cependant, je ne savais pas ce qu'il fallait acheter, hormis les couches et les lingettes pour bébé. J'étais en réalité totalement perdu. J'étais peut-être parti un peu trop confiant.
Je décidai de demander conseil à une vendeuse qui avait l'âge d'être mère et elle me sortit rapidement à voix haute une liste de choses indispensables à avoir quand on avait un bébé. Mes yeux s'agrandirent quand je compris que j'allais sûrement devoir remplir mon caddy et débourser énormément d'argent. Je n'avais pas pensé à ça.
Soudain, après dix minutes, Julian se mit à pleurer et je m'empressai de le prendre dans mes bras pour le calmer. Je me sentais subitement très gêné de devoir essayer d'arrêter ses pleurs au beau milieu d'une grande surface. Tous les regards étaient braqués sur moi, ce n'était pas agréable.
- Allez, chut, lui murmurai-je.
Étrangement, il ne s'arrêtait pas. Pourtant, il adorait être dans mes bras. Je le berçais, dans tous les sens, priant pour qu'il finisse par s'endormir mais rien n'y faisait. J'avais clairement besoin d'aide. Je décidai d'écourter mes courses et rejoignis la caisse pour arrêter ce massacre. Il me manquait certainement énormément de choses mais je ne pouvais plus continuer à m'afficher comme ça dans un lieu public.
J'étais déçu de la tournure qu'avait pris cette sortie. J'avais pensé que je m'en sortirais. Nous rentrâmes chez moi et retrouvâmes ma mère.
- Comment ça s'est passé ? me demanda-t-elle.
- Il s'est mis à pleurer et j'ai préféré partir.
Julian pleurait d'ailleurs encore. Il ne s'était pas du tout calmé. C'était pire.
- Tu n'as pas essayé de le calmer ?
- Si mais je n'ai pas réussi.
- Tu vois Justin, dit-elle en me venant en aide, ce n'est pas facile de s'occuper d'un bébé. Ça demande de la patience, de l'énergie et du temps. Si tu venais à avoir la garde exclusive, il faudra que tu sois prêt.
- Je le serai.
En réalité, je n'en avais aucune idée.
- Il a faim. C'est pour ça qu'il pleure. Tu as acheté de quoi le nourrir ?
- Des biberons et du lait en poudre pour bébé.
- Et l'eau ? Il ne lui faut pas n'importe quelle eau.
- Je ne le savais pas maman.
Je soupirai. Il y avait tellement de choses que je ne savais pas. Je me sentais bouleversé. J'avais pris une grosse claque dans la figure. Cela me faisait me remettre en question. Je me demandais si j'étais finalement capable d'être le père qu'il méritait d'avoir. Je ne voulais pas déjà baisser les bras mais j'étais dépassé. Je n'y arriverais pas sans l'aide de ma mère. Mais accepterait-elle toujours de m'aider si j'obtenais la garde exclusive ?
...
J'étais dans ma chambre tandis que ma mère s'occupait gentiment de Julian. Je ne pouvais m'empêcher de cogiter. Cette sensation de ne pas être à la hauteur me ronger. Pourquoi n'avais-je pas senti tout de suite comme ma mère qu'il avait faim ? Pourquoi n'étais-je pas au courant que les bébés ne pouvaient pas boire n'importe quelle eau ? J'avais l'impression d'être ignorant et je détestais ça.
Mon téléphone se mit à sonner et je souris en voyant pour la première fois en deux jours le nom de Kiara s'afficher. Je m'empressai d'ouvrir son message.
«Coucou Justin, je suis désolée de ne pas t'avoir donné de nouvelles depuis deux jours. Je suis encore sous le choc, comprends-moi. J'ai besoin de prendre du recul et de réfléchir à notre situation. Je t'aime toujours autant mais laisse-moi le temps d'encaisser ça, pour le bien de notre couple. Prends soin de toi et de ta famille. Bisous.»
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