Chapitre 26
«J'ai des sentiments pour toi.»
Point de vue de Justin.
Nous étions samedi et Abigail partait dans deux jours. Je redoutais énormément son départ. Je ne savais toujours pas si j'étais capable de l'attendre. Deux semaines sans faire quoi que ce soit, ça ne m'était plus arrivé depuis que j'avais perdu ma virginité.
Pas que j'utilisais Waller pour me satisfaire mais j'étais trop habitué à elle et, il se pourrait que j'aille trouver une compensation pendant son absence. Et je le savais très bien qu'elle ne me le pardonnerait pas. Même si nous n'étions pas un couple officiellement, j'étais conscient que nous l'étions officieusement et c'était évident qu'elle prendrait ça pour de la trahison ou de la tromperie - ce que je comprendrais.
J'essayais de profiter au maximum d'elle, pas de la meilleure façon possible je le savais. Ça avait été stupide de ma part de vouloir qu'on baise dans une cabine de la piscine. Maintenant elle pouvait se retrouver enceinte par ma faute et même s'il était hors de question pour moi qu'elle garde le bébé, je trouvais l'avortement une chose horrible.
J'avais voulu faire le garçon confiant qui était sûr qu'il ne nous arriverait rien alors qu'en réalité j'étais paniqué. Je ne connaissais pas l'efficacité de la pilule étant donné que je m'étais toujours protégé avant elle. Waller pouvait donc m'exciter à tel point que je pouvais m'en foutre de mettre un préservatif. Terrifiant.
J'espérais vraiment ne pas me retrouver dans la même galère que Valentin. Comme Abigail me l'avait dit, elle m'en voudrait toute la vie si la pilule ne fonctionnait pas. Et vu l'état dans lequel était Valentin depuis qu'Elizabeth ne lui parlait plus, je ne voulais pas finir de la même manière.
D'ailleurs, je n'avais pas oublié que je devais lui donner un coup de main et parler à sa bien aimée pour que les choses s'arrangent. Ça n'allait pas être facile car Elizabeth avait une dent contre moi depuis que je lui avais mis un râteau.
Je terminai de prendre ma douche tandis qu'Abigail était déjà levée et devait discuter avec ma mère et Thomas qui était arrivé ce matin. Ils devaient tous les trois se rendre à l'hôpital pour enfin régler les frais médicaux de son père. Je voulais venir avec eux donc je me dépêchai de me préparer.
Une fois prêt, nous montâmes dans la voiture de Thomas. Évidemment, sa caisse était beaucoup plus belle que la mienne. Blanche, comme neuve, grande, cela me rendait jaloux.
Abigail et moi prîmes place à l'arrière. Je la sentais remontée. Après ce que je lui avais révélé hier c'était normal. Je me demandais comment elle allait gérer tout ça. Allait-elle lui dire qu'elle savait la vérité ou attendre qu'il s'enfonce encore plus ? J'espérais qu'elle ne fasse pas retourner tout l'hôpital même s'il se pouvait qu'elle soit très attirante dans cette situation.
Là bas, nous retrouvâmes directement l'infirmière qui nous prit en charge.
- La famille au grand complet ! s'écria-t-elle.
- Bonjour, lui dit ma mère.
- Vous êtes la mère du petit ami d'Abigail ?
Elle se retourna surprise vers moi en même temps que Thomas et j'haussai les épaules. C'était agaçant cette même réaction à chaque fois qu'on entendait "petit ami".
- Oui, c'est moi, répondit ma mère.
- Vous venez payer les frais médicaux de Monsieur Waller ?
- Oui mais j'aimerais bien le voir avant.
- Pas de problème, suivez moi.
- Vous pouvez rester ici ? nous demanda ma mère. Je préfère y aller seule avec Thomas pour avoir une discussion entre adultes.
Nous acceptâmes et ainsi nous nous assîmes sur les chaises du couloir où nous avions eu l'habitude d'attendre pendant que ma mère et son copain suivirent l'infirmière.
- Tu vas aller voir ton père après ? demandai-je à Abigail.
- Non, je n'en ai pas envie. Il va devoir faire sans moi pendant deux semaines.
- Tu ne veux pas lui demander des explications ?
- Non même pas. Je ne préfère pas sinon je pourrais dire des choses que je regretterais.
- Est ce que je peux aller lui parler ?
- Pour lui dire quoi ?
- Quelque chose.
Elle secoua la tête en riant nerveusement.
- Si tu y tiens oui, accepta-t-elle.
- Merci.
- Fais juste attention à ne pas l'envoyer une nouvelle fois dans le coma, dit-elle avec une pointe d'humour.
- Est ce que tu te sens bizarre ? changeai-je de sujet. Je veux dire, par rapport à hier, tu sens un changement dans ton corps ?
Elle rit.
- Justin, je ne crois pas qu'on puisse ressentir un changement en moins de vingt quatre heures, se moqua-t-elle de moi.
- Excuse moi mais je ne connais rien à ce genre de chose.
- Je serai normalement dans ma période la semaine prochaine, je te dirai si c'est le cas et on sera fixé.
- Quand même, le bébé aurait eu une sacré gueule vu comment on est bien foutu.
Elle rit une nouvelle fois. Ses fossettes plantaient ses joues. Elle ne portait pas ses lunettes et avait laissé ses cheveux détachés. Je n'arrivais pas à réaliser que je ne reverrais plus ce visage pendant deux semaines.
- Je dois aller voir Valentin tout à l'heure, lui dis-je.
- OK.
- On pourra sortir tous les deux après si tu veux.
- Ça me va.
Elle posa ses yeux sur moi.
- Justin, est ce que tu t'es occupé de mon A en sport ?
- Je vais le faire.
- Est ce que tu es sûr au moins de ton coup ?
- Oui. Ne t'inquiète pas, mentis-je.
- Je ne sais pas s'il y a toujours une compétition entre nous mais j'ai besoin de ce A, continua-t-elle.
- Pourquoi ? Tu es prise à Harvard si tu réussis les deux semaines là bas.
Je ne voyais pas pourquoi elle avait encore besoin de terminer première de la classe puisqu'elle était quasiment prise à Harvard. Je doutais qu'elle rate son programme de pré rentré.
- Parce qu'on a passé un marché non ? me sourit-elle.
- Vas y Waller, dis moi la vérité.
Elle soupira et se tourna vers moi posant sa tête sur le dossier de la chaise.
- Je dois terminer première de la classe si je veux qu'Harvard m'offre une place et en plus de ça les frais pendant un an.
Je contractai ma mâchoire et fronçai les sourcils. Ce n'était pas ce qu'elle m'avait dit quand elle avait voulu qu'on abandonne le marché.
- Mais, se redressa-t-elle en voyant ma confusion, je ne te demande pas de me laisser la première place, juste de tenir ta part du marché.
- Si je finis premier tu vas m'en vouloir.
- Non ! Ça sera tant pis pour moi. Je ne veux pas t'obliger à avoir de mauvaises notes pour moi.
Je n'étais pas sûr qu'elle ne m'en tiendrait pas rigueur si je terminais premier et donc si je lui brisais son rêve. Pourquoi me mettait-elle dans une position pareille ? Je devais supporter son départ et maintenant également choisir entre elle ou moi. Bien sûr, cela ne m'apportait rien de finir major de la promotion si ce n'était de la fierté et le pouvoir de faire le beau devant elle mais j'en avais envie et le mot perdre n'était pas dans mon vocabulaire.
Ma mère et Thomas revinrent et mirent ainsi fin à notre discussion.
- C'est bon, nous dit ma mère. Il nous reste à payer et on s'en va à moins que tu veuilles parler à ton père Abigail.
- Moi je veux, dis-je en me levant.
- Et qu'est ce que tu vas lui dire ?
- Rien de méchant.
Je partis en direction de la chambre d'un pas décidé. Étant donné que je ne rendrais pas visite à son père jusqu'à son retour et qu'il allait de toute façon en cure, c'était ma dernière chance de lui dire ce que je pensais.
J'entrai sans toquer et le trouvai allongé sur son lit à regarder la télé. Il releva sa tête en ma direction et prit un air surpris.
- Justin ?
- Monsieur Waller, dis-je après avoir fermé la porte.
- Ta mère et ensuite toi, où est Abigail ?
- Elle n'a pas souhaité venir, répondis-je en mettant mes mains dans les poches.
Il fronça les sourcils.
- Comment ça ? me demanda-t-il en se redressant.
- Vous lui avez menti et elle le sait, continuai-je en m'approchant.
- Je n'ai pas men...
- Monsieur Waller, s'il vous plaît, pas à moi. Pourquoi vous lui faites croire que vous allez délibérément en cure ?
- Parce que c'est la vérité !
- Non. L'infirmière m'a dit que vous n'avez pas eu le choix.
Il prit la télécommande et éteignit le téléviseur. C'était désormais le silence complet dans la pièce très bien isolée.
- Je voulais qu'elle retrouve une bonne image de moi, je te jure, je comptais aller en cure peu importe les résultats.
- Mais pourquoi vous ne lui avez pas dit la vérité ? Elle n'avait pas besoin d'un mensonge pour vous croire.
- Je sais que tu dois penser que je ne suis pas sincère mais je le suis. Je compte changer.
Il se dirigea vers le bord du lit pour le quitter.
- Non, restez où vous êtes, lui dis-je.
- Qu'est ce que tu vas faire ? Tu vas dire à ma fille de ne plus m'approcher ?
- Elle est grande, elle fait ce qu'elle veut. Mais moi je vous surveille alors faites très attention à vous.
- Je sais que je lui ai fait du mal mais je ne suis pas un criminel.
- Peu importe comment vous vous jugez, je m'en fous. Mais tentez une seule fois de lever à nouveau la main sur elle et je vous envoie dans le coma pour toujours.
Je le regardais de la manière la plus sérieuse possible. Ce n'était pas des paroles en l'air.
- Bon rétablissement Monsieur Waller, finis-je avant de faire marche arrière et de partir.
Je secouai la tête et rejoignis les autres. Ils m'attendaient dans le couloir. Ils se levèrent en me voyant arriver et Abigail vint directement à mes côtés.
- Alors ? Qu'est ce que vous vous êtes dits ?
- Rien d'intéressant.
Elle attrapa mon bras d'une main et ma main de l'autre puis entrelaça nos doigts. Je souris.
- Je croyais que c'était bizarre, lui dis-je.
- Mais c'est le genre de bizarre que j'aime bien.
Sacré Waller. Nous sortîmes de l'hôpital devancés par ma mère et Thomas. J'étais soulagé d'avoir mis les choses au clair avec le père d'Abigail et de l'avoir mis en garde. Je voulais croire qu'après ça, il n'oserait plus lui faire du mal.
- Alors comme ça mon fils Justin est le petit ami d'Abigail, lança ma mère quand nous arrivâmes sur le parking.
- Maman... soufflai-je.
- Pattie, laisse les, lui dit Thomas amusé.
- Je les taquine !
Thomas déposa un baiser sur ses lèvres ce qui me fit contracter la mâchoire impromptement.
- Ils sont mignons, me murmura Abigail.
- Ce n'est pas vrai, rétorquai-je.
- C'est totalement vrai.
J'ignorai ses paroles puis nous retournâmes dans la voiture. C'était vraiment bizarre pour moi de voir ma mère de nouveau avec quelqu'un. Je ne m'y étais pas encore fait. Je préférais qu'ils ne s'embrassent pas devant moi.
...
Je venais d'arriver devant la maison d'Elizabeth. Elle m'attendait déjà. Elle n'avait pas une bonne mine ce qui s'expliquait par sa grossesse cependant je n'avais pas vraiment l'impression que son ventre avait grossi. Elle portait le même genre d'habits qu'elle portait d'habitude.
- Justin, dit-elle pas très enchantée de me voir.
- Ça ne va pas durer longtemps. Je veux juste que tu acceptes de parler avec Valentin.
- Je ne veux pas lui parler !
- Pourquoi ? Il n'a rien fait de mal. Vous êtes tous les deux fautifs dans l'histoire. Tu n'as pas le droit de l'éviter sous prétexte qu'il t'a mise enceinte.
- J'ai besoin de temps pour digérer ça.
- À quoi ça sert ? Tu vas avorter !
- Justin ! Ce n'est pas tes affaires !
- Valentin est mon pote et il se trouve qu'il t'aime, malheureusement, alors j'essaye d'arranger les choses entre vous parce que je n'aime pas le voir devenir un légume.
Elle mordilla sa lèvre inférieure et posa une main sur son ventre comme le faisaient les femmes enceintes. C'était quand même bizarre de la voir ainsi.
- Ne t'en fais pas, Valentin ira bien. Je vais aller lui parler.
- Super.
- Mais je trouve ça complètement incroyable que ça soit toi qui viennes me dire ça.
- Pourquoi ? Parce qu'on a couché ensemble ?
- Laisse tomber. Je retourne chez moi.
Elle me tourna le dos puis s'éloigna. J'avais fait mon travail. J'espérais que ça avait fonctionné.
...
C'était le soir. Nous étions en train de faire la queue au cinéma. Il y avait un peu de monde mais personne semblait vouloir voir le film que nous étions venus voir. Nous attendions sagement sans parler. J'avais hâte d'être dans la salle et de regarder enfin ce film d'horreur.
- Oh j'y crois pas, entendis-je Abigail murmurer.
- Quoi ?
- Il y a Axel là bas avec une fille dans ses bras.
Je regardai là où ses yeux étaient posés et je découvris effectivement l'italien qui avait son bras autour des épaules d'une brune. Cette fille avait les cheveux longs et était très bien habillée.
- Je n'arrive pas à y croire, murmura-t-elle une nouvelle fois.
- Ça te dérange ?
Soudain, Axel tourna sa tête vers nous et reconnut Abigail.
- Oh non, lâcha cette dernière.
Il s'avança vers nous avec celle qui semblait être sa nouvelle copine, un sourire mitigé sur les lèvres. Je sentais que ce qui allait se passer allait être marrant.
- Abigail, ça fait longtemps, lui dit-il.
- Axel.
- Je te présente Candice, ma... ma petite amie.
Je posai directement mes yeux sur Abigail en grimaçant pour ne rater sa réaction. Elle semblait très choquée.
- Abigail, son ex petite amie, riposta cette dernière.
- On n'est pas resté longtemps ensemble, se sentit Axel obligé de préciser.
- Non mais ça a beaucoup compté pour lui, reprit Waller. Enfin je pensais.
Je ris discrètement et narquoisement. J'avais l'impression d'assister à une blague. J'étais partagé entre l'amusement et l'agacement.
- À quoi tu joues ? lui demanda le bouclé.
- Rien, je dis juste la vérité.
- Tu as déjà trouvé quelqu'un d'autre toi aussi, lui dit-il en me pointant du doigt. Et ça quand on était encore ensemble.
- On est juste amis.
- Et oui l'italien, intervins-je, juste amis.
- Juste amis, n'importe quoi, rit-il nerveusement.
- Je crois qu'on devrait partir, parla enfin Candice.
- Ouais. Au revoir, dit Axel.
Ils s'en allèrent rapidement. Je crois bien qu'il aurait mieux fait de ne pas venir à notre rencontre. Il avait énervé tout le monde : Abigail pour je ne savais quelle raison valable puisque je pensais qu'elle n'avait jamais vraiment eu de sentiment pour lui et moi parce que je ne comprenais pas ce que cette dernière venait de faire.
- C'était quoi ça ? se demanda-t-elle.
- Tu as fait une crise de jalousie à ton ex.
- Quoi ? Non... Je... Non... Je n'ai pas fait de crise de jalousie, me dit-elle confuse.
- Ce n'est pas grave, je ne suis pas ton mec, tu ne me dois rien. Allez viens, dépêche toi, le film va commencer.
J'avançai rapidement, furieux malgré moi. Putain, je n'arrivais pas à croire qu'elle pouvait être encore affectée par lui. Je pris place au fond de la salle et je fus rejoins rapidement par elle.
- Je te jure Justin, ce n'était pas une crise de jalousie, insista-t-elle.
- Ce n'est pas grave je t'ai dit. Je comprends, t'as vu ton ex avec une autre fille et ton ego a parlé, lui dis-je sans la regarder.
- S'il y a une seule personne ici pour qui je ferai une crise de jalousie, c'est toi.
Je ris.
- T'étais pas obligée d'ajouter ça.
- C'est vrai, c'est sincère.
- OK je prends note.
- Non tu as raison, je n'aurais peut être pas du dire ça, sourit-elle.
- C'est trop tard maintenant.
Nous étions arrivés pile au bon moment, le film venait de démarrer. Il n'y avait quasiment personne, comme je l'avais senti.
- Si tu as choisi un film d'horreur pour que je me blottisse dans tes bras, c'est raté, me dit-elle.
- Je ne crois pas avoir besoin de ça pour que tu finisses dans mes bras.
Elle attrapa mon menton et tourna sa tête vers moi avant de m'embrasser sans que j'ai le temps de réagir. J'agrippai sa lèvre inférieure entre mes dents avant de la relâcher et de poursuivre le baiser sensuel que l'on échangeait. Elle me procurait un milion de frissons à travers mon corps tout entier.
- Je n'ai pas l'intention à ce qu'on ait un rapport sexuel dans ce cinéma, me dit-elle entre deux baisers.
- Oh mince, tu m'as devancé, dis-je avec sarcasme.
- Alors on va regarder ce film du début jusqu'à la fin sans faire quoi que ce soit de mal placé.
- Ça tombe bien parce que je voulais vraiment voir ce film, continuai-je amusé.
Elle rit et se posa correctement sur son siège. Je me concentrais désormais sur le grand écran.
...
Il y avait une fête chez Valentin tard ce soir et nous avions décidé d'y aller. Je garai ma voiture devant la maison. Il y avait du monde. Ça faisait tellement longtemps depuis la dernière fois que j'étais allé à une soirée que j'avais l'impression que ça faisait une éternité. Nous sortîmes de la bagnole et Valentin nous accueilla. Je tapai dans sa main puis il échangea un sourire avec Abigail.
- Briana est à l'intérieur, lui informa-t-il.
- Merci, je vous laisse alors.
Elle partit sans tarder rejoindre son amie. Valentin m'attrapa par l'épaule et me tendit un verre d'alcool que je pris volontiers. Cela faisait également longtemps que je n'avais pas bu. Nous nous dirigeâmes ensuite vers l'intérieur de la maison.
- Elizabeth est venue me parler, merci c'est grâce à toi.
- C'est normal, t'es mon pote. Et qu'est ce qu'elle t'a dit ?
- Qu'elle voulait bien essayer quelque chose avec moi mais que pour l'instant, je devais la soutenir en attendant l'avortement.
- Donc ça s'est arrangé ?
- Oui je crois.
Je bus l'intégralité du verre en une traite et le posai sur la première table que je vis.
- Et toi avec Abigail ? Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- On a voulu le faire sans préservatif. C'était une mauvaise idée.
- Mec, je me suis habitué à plus d'intelligence de ta part ! s'écria-t-il.
- Je sais on a merdé mais si on fait confiance à la médecine, il n'y aura pas de problème.
- Comment ça se fait que vous l'avez fait sans préservatif ? Tu as toujours une capote sur toi normalement.
- On était à la piscine.
- Vous l'avez fait dans la piscine ? se mit-il à rire.
- Non dans une cabine, dis-je sans m'empêcher de rire aussi.
- Salut, entendis-je soudainement une voix féminine familière.
Je tournai ma tête vers cette voix et Clara apparut. Elle nous sourit. Ses cheveux bruns tombaient le long de sa poitrine. Elle s'était habillée avec élégance. Elle était particulièrement belle.
- Je vais vous laisser, nous dit Valentin. On se retrouve après, me dit-il.
J'hochai la tête et il partit.
- Ça va ? Tu n'es pas allé en cours hier.
- Non j'ai eu un problème mais ça va.
- Je suis contente de te voir.
- C'est gentil, moi aussi.
Une musique dansante parvint à nos oreilles et elle se mit à se dandiner devant moi. Je vis au loin Abigail danser avec Briana et elle me surveillait du coin de l'oeil. Elle me lança un regard noir. Là, elle était jalouse. Je lui souris avec amusement pour la provoquer. Elle me fit un doigt d'honneur ce qui me fit rire aux éclats.
- Qu'est ce qu'il y a ? me demanda Clara.
- Rien, répondis-je en me reconcentrant sur elle.
- C'est bientôt la fin des cours, c'est cool !
- Ouais.
- Tu pars en vacances cet été ?
- Je ne sais pas encore et toi ?
- Moi non plus. Ça serait bien si on s'organisait un truc, non ?
- Pourquoi pas. On verra.
Valentin revint vers nous avec un paquet de cigarettes et un briquet à la main. Il m'en proposa une que je ne refusai pas. J'avais presque oublié quelle sensation fumer une clope me procurait. Il me l'alluma puis repartit aussitôt.
J'inspirai profondément puis recrachai la fumée. C'était apaisant.
- Tu fais quoi après la soirée ? Tu rentres chez toi ?
- Ouais je crois. À part si tu as quelque chose d'autre à me proposer, lui souris-je.
Elle rit puis posa une main sur mon épaule avant de la glisser sur mon cou avec un air aguicheur sur son visage. J'inclinai ma tête amusé par la situation.
- Je ne sais pas... Qu'est ce que tu...
- Justin, arriva en trombe Abigail et nous interrompit.
Clara se détacha de moi. Waller la toisa du regard.
- Il faut qu'on rentre à la maison.
- Pourquoi ? Qu'est ce qu'il y a ?
- Je vous laisse, nous dit Clara. À lundi Justin.
Elle nous tourna le dos puis se perdit dans la foule. Abigail m'arracha la cigarette des mains et l'écrasa dans le premier cendrier qu'elle trouva.
- Attends laisse moi deviner, dis-je, ça c'était une crise de jalousie.
- Ne me dis pas que tu allais la laisser t'embrasser devant moi.
- Elle n'allait pas m'embrasser Waller.
- Oui bien sûr.
Soudain, Abigail se plia en deux et se tint le ventre en criant de douleur attirant tous les regards sur elle.
- Qu'est ce que t'as ? lui demandai-je confus.
Briana accourut pour lui venir en aide.
- Bri, il faut que je m'assois, lui dit-elle en serrant les deux.
- Je vais te porter jusqu'à la chambre, lui dis-je.
J'attrapai ses cuisses et la soulevai pour la porter. Son amie s'occupait de nous ouvrir le passage à travers les gens. Ces derniers nous regardaient en se posant des questions. Moi aussi je m'en posais. Pourquoi Abigail avait-elle soudainement mal au ventre ? Était-ce à cause de la pilule ?
Nous arrivâmes à l'étage et je m'empressai de regagner une des chambres. Je la déposai sur le lit et Briana ferma la porte derrière nous.
- Qu'est ce que tu as ? lui demanda-t-elle.
- J'ai mal au ventre et j'ai la nausée.
Valentin débarqua lui aussi dans la pièce en vitesse, son portable à la main.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ? nous demanda-t-il.
- Rien, je ne me sens pas bien mais ça va passer.
- Tu as mangé un truc toxique ? reprit Chambers.
Je lançai un regard à Valentin qui comprit ce à quoi je pensais et Abigail me jeta le même regard. Briana nous fixa alors tous les trois avec insistance.
- Vous avez intérêt à me dire ce qu'il se passe tout de suite, nous dit-elle sèchement.
- Briana... Je... Il y a eu un problème... J'ai du prendre une pilule du lendemain... Ça doit être juste les effets secondaires...
- Un problème ? Ce mec t'a obligée à coucher sans protection ?
- Chambers, ne parle pas comme ça de moi en ma présence, intervins-je.
- Tu pousses ma meilleure amie à faire n'importe quoi et tu crois que je vais te respecter ?
- S'il vous plaît, vous n'allez pas vous disputer maintenant !
- J'en ai marre, je me casse, on dirait qu'il n'y a que moi qui ai un cerveau ici !
Elle fit demi tour et quitta la pièce sans oublier de claquer la porte derrière elle. Alléluia.
- Briana non... murmura Abigail.
- Je vais m'occuper d'elle, dit Valentin.
Il partit aussi et nous laissa Waller et moi seuls. Abigail soupira et se tint la tête entre les mains. Nous n'entendions plus ce qu'il se passait à l'extérieur. Même la musique trop forte n'arrivait pas jusqu'à nos oreilles.
- Ça va mieux ? lui demandai-je.
- Oui.
- C'est la pilule ?
- Je pense.
- En tout cas ça veut dire que ça a marché ?
- Je ne sais pas mais j'espère.
Je décidai de m'allonger à côté d'elle et elle posa sa tête sur mon épaule.
- Elle t'aime bien Clara, revint-elle sur ce sujet.
- Mais c'est juste amical.
- Amical ? Je suis une fille et je sais quand une fille est attirée par un garçon.
- Ce n'est pas de ma faute si elles sont toutes attirées par moi, dis-je de manière arrogante.
Elle leva les yeux au ciel puis se tourna pour se mettre à plat ventre et me regarder droit dans les yeux.
- Je te déteste bien, me déclara-t-elle.
- Est ce que c'est ta façon de dire que tu m'aimes bien ?
- Non, je te déteste bien, me sourit-elle.
Mon regard descendit sur ses lèvres puis je posai ma main sur sa joue avant de plaquer mes lèvres contre les siennes.
- Ne t'en vas pas à Harvard, murmurai-je.
- Mais c'est mon rêve Justin.
- Mais personne rêve de devoir réviser tout le temps.
Elle rit avant de rencontrer nos bouches à nouveau. Je fermai les yeux. Elle embrassait tellement bien. Nos langues jouaient entre elles. Je ne me lasserais jamais de ses baisers. Mon pouce caressait sa joue. Elle frissonnait.
- Justin... Dis le... Je veux que le dises au moins une fois... me murmura-t-elle entre chaque baiser. Je veux t'entendre le dire avant que je parte...
J'ouvris les yeux et ses iris bleus se posèrent sur moi. Ses pupilles commençaient à se dilater. Que voulait-elle que je dise ? Je ne pouvais pas lui dire que je l'aimais parce que je n'étais moi même pas sûr de ce que je ressentais pour elle.
Son regard se baissa sur mes lèvres avant de remonter sur mes yeux. Il fallait que je dise quelque chose.
- J'ai des sentiments pour toi Abigail.
Sa bouche s'entrouvrit. Je lui avais cloué le bec. Ses joues étaient devenues roses. Elle mordit sa lèvre inférieure gênée et sourit.
- Ce n'est pas à quoi je m'attendais mais c'est mille fois mieux, me dit-elle.
- Tu t'attendais à quoi ?
- Je voulais juste que tu avoues que je te manquerai.
- Ah... me sentis-je soudainement embarrassé.
Je passai une main dans mes cheveux. Elle rit. Merde. J'aurais peut être du réfléchir avant de lâcher ça comme ça. C'était la première fois que je disais à une fille que j'avais des sentiments pour elle. Je ne pensais pas que ça arriverait aussi rapidement et surtout pour Abigail.
- J'ai des sentiments pour toi aussi Justin.
- Depuis le premier jour, je sais, ça crevait les yeux, la taquinai-je.
- N'importe quoi, rit-elle.
Elle posa ses deux mains sur mes joues et m'embrassa. Je savais qu'officialiser notre relation la rassurerait et la soulagerait mais je trouvais que ça ne servait rien. En tout cas pour le moment.
Nous entendîmes la porte s'ouvrir. Nous tournâmes nos têtes vers cette dernière et c'était encore Briana. Elle nous dévisagea.
- Je déteste définitivement cette vue, lâcha-t-elle.
Je m'écartai d'Abigail.
- J'y vais Abby. Paul est venu me chercher, ajouta-t-elle en s'approchant d'elle.
- D'accord tu lui diras bonjour de ma part.
- Oui. Tu vas mieux ?
- Oui ne t'inquiète pas.
Elles se prirent dans les bras puis la blonde disparut.
- Ne fais pas de commentaires, m'ordonna Abigail.
- Je n'en ferai pas.
- On devrait partir nous aussi, me dit-elle en se levant.
- On vient à peine d'arriver.
- Bien. Vas rejoindre ta Clara alors.
Je ris.
- Je ne vais pas la rejoindre et elle n'est pas ma Clara, dis-je amusé.
- Bah voyons. Cette fille est canon et j'ai l'air d'un thon à côté d'elle. Évidement que tu voudrais qu'elle soit ta Clara.
- Tu exagères Waller.
- Justin, je pars lundi et je sais que tu seras tenté de faire n'importe quoi avec n'importe qui mais sache que...
- Non, la coupai-je. Je sais ce que tu vas dire.
- Ah bon ?
- Oui et je suis conscient de tout. Tu n'as pas besoin de me le dire.
- Alors est ce que je peux te faire confiance ?
- Je ne peux pas te promettre quelque chose dont je ne suis pas sûr moi même, dis-je en me levant.
- Pardon ? fit-elle confuse.
- Je ne sais pas ce qu'il va se passer durant ces deux semaines. Je ne peux pas te dire que je vais t'attendre et que rien aura changé à ton retour.
Elle baissa les yeux, déçue. Je préférais être franc avec elle au lieu de lui promettre ce qui semblait être l'impossible. Je ne voulais pas qu'elle se fasse de faux espoirs.
- Tu as raison, oublie ça. Je ne dois rien attendre de toi, ça m'est sorti de la tête.
Elle arrangea ses cheveux puis se dirigea vers la porte. Je déglutis.
- On peut y aller ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top