Chapitre 6 : Flightless bird

Ma veste enfilée rapidement, je claque la porte de mon appartement avant de dévaler les marches jusqu'au rez-de-chaussée puis sors brusquement sur le trottoir faisant sursauter une femme passant tranquillement avec une poussette.

Je m'excuse prestement et reprend ma course jusqu'au centre de secours, maudissant la terre entière et surtout cette foutue coupure de courant qui a empêché mon réveil de sonner.

Je vais vraiment devoir prendre l'habitude de programmer une alarme sur mon téléphone comme toutes les personnes normales vivant au vingt et unième siècle.

D'ailleurs, en parlant de cet objet de malheur, transformant les humains en zombie et provoquant un nombre incalculable d'accident, il est resté sur ma table, à l'endroit exact où je l'ai posé hier après avoir renoncé à écrire un message à la fille au poisson rouge.

Après dix minutes de course effrénée à slalomer entre les passants sur le trottoir, j'arrive sur mon lieu de travail passablement essoufflé et je m'arrête un instant, penché en avant les mains sur les cuisses pour reprendre une respiration normale.

J'essaie de me faufiler discrètement dans le bâtiment sans passer par l'entrée principale, pour entamer ma garde avec presque une heure de retard mais c'était sans compter sur la sirène signalant un départ en intervention qui se déclenche et provoque l'arrivée de mes collègues dans le garage où sont garés tous les véhicules.

Ignorant les regards curieux ou moqueurs de certains de mes camarades, je les suis pour me mettre en tenue, ignorant complètement le type d'intervention prévue.

— Alors Hook hook, on a eu une panne de réveil ?

Décidément, le sort s'acharne contre moi aujourd'hui, j'aurais peut-être dû me faire porter pâle.

La panne de réveil et l'arrivée remarquée de tous ne suffisaient pas, il a fallu que ce guignol de Trevor soit de garde avec moi. Je sens que cette journée va être longue.

Je lève les yeux au ciel sans prendre la peine de lui répondre et me dirige vers l'ambulance montant rapidement à l'arrière, suivi à mon plus grand désarroi par le gnome blablateur.

Les portes claquent et le véhicule se met en route.

Je prends connaissance auprès de mon supérieur de la nature de l'intervention sur laquelle nous sommes dépêchés.

— Collision d'un Suburban et d'un deux roues, modèle non précisé.

Mon cœur loupe un battement à la mention du deux roues et un flash rapide se fait dans mon crâne.

Un virage, une perte de contrôle et les ténèbres.

L'arrêt brutal du camion et la ceinture mordant la peau de mon cou dans le mouvement me ramène au temps présent et je m'ébroue rapidement avant de sortir du véhicule à la suite de mes collègues.

Le pied à peine posé sur le bitume, je repère la moto, couchée sur le flanc, la peinture légèrement éraflée à l'endroit du choc.

Je ne m'attarde pas plus longtemps dans ma contemplation de l'engin et fonce vers l'équipe médicale s'occupant des deux victimes alors que le gnome et les autres se dirigent vers le conducteur de la voiture.

Tout va très vite dans ce genre de situation. De l'extérieur, cela peut ressembler à un véritable capharnaüm, avec toutes ces personnes et leurs uniformes de diverses couleurs courant dans tous les sens. Et pourtant, tout est réglé comme du papier à musique et chacun sait ce qu'il a à faire pour ne pas gêner l'autre.

Et puis, soudain, le temps se fige, comme si quelqu'un avait appuyé sur pause, quand un secouriste se relève pour me laisser le champ libre et me permettre de prendre le relais auprès des blessés.

Allongés sur le sol, deux gosses d'à peine vingt ans.

Le premier, relativement calme, une minerve autour du cou, répond aux questions qu'une jeune femme lui pose alors qu'on le prépare pour le transport vers l'hôpital.

Le deuxième, juste devant moi, hurle littéralement de douleur ou de panique peut-être, une main agrippée au bras d'un urgentiste répétant inlassablement la même phrase.

— Mes jambes. Je sens plus mes jambes. Pourquoi, pourquoi je... mes jambes...

Le médecin essaie de le calmer comme il peut en lui expliquant qu'il faut qu'il soit emmené d'urgence et qu'on ne pourra en savoir plus sur son état qu'après l'avoir ausculté dans un endroit plus adapté que sur la chaussée mais qu'en attendant, il était important qu'il garde son calme.

Ma respiration rapide est en parfait paradoxe avec cette impression étouffante de vivre la situation au ralenti, comme dans un mauvais rêve. Un véritable cauchemar. Mon esprit ne cesse de placer un autre visage sur celui, juvénile au regard paniqué, qui se tourne brusquement vers moi.

Une boule désagréable se coince dans ma gorge quand il m'interpelle de sa voix si désespérée.

— S'il vous plaît, faites quelque choses. Mes jambes, j'ai besoin de mes jambes, s'il vous plaît.

Je tombe à genoux près de lui et tente de chasser les larmes qui envahissent mes yeux. Je prends délicatement sa main au creux des miennes alors que le monde s'affaire autour de nous et essaie d'oublier la crise d'angoisse que je sens progressivement monter faisant légèrement trembler mes membres et me focalise sur ce presque enfant qui a besoin d'être rassuré.

Malgré la minerve qui immobilise sa nuque, son regard virevolte de droite à gauche, cherchant sûrement à comprendre qui sont ces gens autour de lui et ce qu'ils lui font.

Voyant qu'il ne répond pas à mes appels, je pose doucement une main sur sa joue et me penche un peu plus au dessus de lui pour capter son attention.

— Calme-toi. Comment tu t'appelles ?

— Aa... Aaron.

— D'accord Aaron, tu as quel âge ?

— Seize ans, monsieur.

Je me racle la gorge, la boule ne cessant d'enfler dans ma trachée.

— D'accord, Aaron, et ton ami... ?

— Frère... ce... c'est mon frère.

Je souffle lentement, chassant d'un geste rapide une larme traîtresse s'échappant de mon œil droit. Silencieux un moment, je me contente de tenir sa main et soutenir son regard tout aussi brillant que le mien.

Le brancard se dépliant à ses côtés le fait sursauter et je perds le contact visuel quand il tente de se tourner vers son frère, tendant la main en l'air de façon imprécise.

Ses doigts rencontrent toutefois ceux du plus âgé et leurs mains s'étreignent de manière presque désespérée avant que la distance ne les oblige à se séparer.

— Aaron, je vais bien, tout va bien, on se voit tout à l'heure, ok ?

— Lenny, me laisse pas...

— Ça va aller, baby, je te laisse pas, ils vont t'emmener toi aussi, sois courageux, rappelle-toi.

— Promis.

Le sanglot dans sa voix rend sa promesse illusoire.

Puis le brancard s'éloigne et Aaron tente courageusement de retenir les larmes qui perlent au coin des ses yeux en clignant rapidement des paupières.

Il se tourne vers moi et sa poigne se renforce sur ma main alors que son visage se crispe dans un sanglot silencieux, les larmes dévalant ses joues.

Je suis le mouvement quand la civière se dresse sur ses roues et que les urgentistes la font rouler jusqu'à la deuxième ambulance, la première disparaissant au coin de la rue toute sirène hurlante.

Aux portes du véhicule, je rassure une dernière fois le jeune homme et m'apprête à libérer sa main quand je sens ses ongles se planter dans ma chair et son cri de panique.

— Non, non, me laissez pas vous aussi.

— Aaron, tout ira bien, mes collègues vont bien s'occuper de toi et tu vas vite retrouver ton frère.

— Non, je veux pas, j'ai peur...

Becka, une des secouristes, me fait un signe de tête vers le véhicule et s'approche de moi.

— Va avec lui, Tyler, je préviens ton chef qu'on t'a kidnappé.

Elle me sourit et s'éclipse alors que je me tourne vers mon petit protégé et m'installe à ses côtés avant que les portes ne se referment et que la sirène retentisse pour prévenir les autres usagers de la route de nous laisser le passage.

Je fais de mon mieux pour le détourner de toutes ses pensées inquiétantes durant le trajet, lui posant tout un tas de questions sur sa vie, ses amis, ses loisirs alors que l'image de Louis ne cesse d'envahir mon esprit.

Sur place, il est rapidement pris en charge par le personnel hospitalier et je les laisse l'emmener, faisant un rapide signe de la main vers un Aaron plus serein.

Quand les portes du couloir des urgences se referment sur son visage, que le calme revient, la tempête qui grondait en sourdine dans mon corps gagne en puissance et me percute de plein fouet.

Les bruits et l'odeur aseptisée du lieu font remonter des tonnes de souvenirs, mon cœur bat à tout rompre résonnant dans mes oreilles, ma vue se brouille et mes membres s'engourdissent, tremblant de cette angoisse trop longtemps contenue.

Je fais volte face et sors presque en courant du bâtiment, fuyant vainement la crise qui m'assaille.

Une main posée sur l'angle du mur, l'autre sur mon estomac, je me penche en avant, pris d'un haut le cœur, mais je n'ai rien à vomir et c'est encore plus douloureux.

Un goût acide remonte dans mon œsophage et me brûle la gorge à m'en donner les larmes aux yeux et cette fois je ne les retiens pas.

Je glisse le long du mur, mes jambes refusant de me porter plus longtemps et enfouis mon visage dans mes mains ramenant mes genoux contre mon torse dans une position presque fœtale.

De longues minutes plus tard, je reprends enfin mon souffle et me relève, jetant un œil rapide aux alentours priant pour que personne ne m'ait vu pendant mon moment de faiblesse.

Je ne sens pas la force de retourner terminer ma garde et surtout pas le courage de supporter le regard inquisiteur de Trevor quand il verra mes yeux rougis.

Je décide donc de contacter mon supérieur prétextant ne pas me sentir bien pour pouvoir prendre le reste de ma journée.

Je fais un saut rapide chez moi pour me changer et ressors tout aussi vite à la recherche du seul moyen d'oublier à quel point je me sens mal.

Je sais que ce n'est sûrement pas la meilleure des solutions, mais c'est la seule à ma portée, alors je passe la porte en verre, m'installe au bar et fait signe à l'homme derrière le comptoir.


......

Le voilà enfin !!!

Je suis partie en vadrouille et j'ai eu un petit contre temps mais il est là

Profitez-en ce sera peut-être le dernier

Je ne sais pas si je survivrais à ce qui m'attends demain 

Alors sachez une chose, si cette rencontre fais exploser mon cœur

Vous pourrez vous dire que je suis partie heureuse

Bon j'arrête les bêtises 

bye bye et vive le monde obscur, vive les shadowhunters ^^

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top