Chapitre 5 : Frustration
Je me suis réveillé ce matin avec un simple souvenir de mon rêve, une seule image résiduelle : Un magnifique regard bleu.
J'ai d'abord pensé que c'était celui de Lou, mais il avait quelque chose de différent, légèrement plus clair avec une lueur plus intense sous de longs cils noirs.
J'ignore à qui il appartient, mais chaque fois que je ferme les yeux, je le retrouve me scrutant d'un regard curieux comme s'il était imprimé sous mes paupières.
Assis en salle de repos, le visage dans les mains, je fais le vide dans mon esprit et essaie de me concentrer sur ces prunelles et tente désespérément d'y ajouter un visage, mais rien ne vient.
Ses iris bleus sont si lumineux que le reste n'est qu'un brouillard informe pour moi.
Et d'un coup c'est l'illumination dans mon cerveau, ce regard, c'est celui de cette fille à la salle de sport, elle m'avait donné son nom ce jour là, je crois.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas faire le lien plus tôt entre ce regard et cette brune qui m'intrigue depuis cette après-midi là.
Si j'en crois ce qu'elle raconte, on se connait depuis très longtemps et ce détail n'arrête pas de me tourner dans le crâne.
Je sais que mon adolescence n'est pas la meilleure des périodes de ma vie, surtout vers la fin, et j'avoue avoir rayé pas mal de choses depuis ce jour, mais je n'en reviens pas de ne pas l'avoir reconnue.
La souffrance, trop puissante au moment du drame, a provoqué une sorte de black-out plongeant une grande partie de mes souvenirs dans le noir.
Je n'ai aucune envie de repenser à cette époque et refuse de me rappeler ma vie insouciante. La douleur est trop intense, dure et la culpabilité qui me ronge ne me laisse aucun répit. Inutile de remuer le couteau dans la plaie de mon âme meurtrie. Me plonger dans les bons souvenirs ne rendrait le retour à la réalité que plus difficile qu'il ne l'est déjà.
Pourtant, dès que je ferme les yeux ou que je laisse mes pensées s'évader, j'en reviens toujours à elle. Elle et son regard bleu azur, elle et son caractère affirmé, si je me réfère à notre brève entrevue.
Il faut que je fasse quelque chose, peut-être que discuter avec elle serait une solution pour mettre fin à mon obsession. Je refuse de laisser mon passé refaire surface, mais penser continuellement à elle me perturbe. J'espérais la croiser quand je me suis rendu à la salle cette après midi mais aucune trace de la jolie brune.
Il faut être honnête, elle est absolument magnifique et même si j'ai décidé de ne plus jamais me lier à quelqu'un pour ne pas souffrir encore, je ne peux que constater sa beauté presque parfaite.
Si seulement je me souvenais de son nom.
Une entrée fracassante dans la pièce me sort de mes pensées et je soupire profondément sans avoir besoin de lever les yeux, je sais qui vient d'entrer et je me prépare pour la nuisance sonore à venir quand je le sens s'asseoir lourdement sur la chaise près de moi.
— Alors, nuit mouvementée ? T'as enfin décidé de profiter de la vie et tu t'es dégoté un beau gosse à ramener dans ton lit ?
Je ne dis rien, bougeant le moins possible, espérant lui faire ainsi lâcher prise et aller voir ailleurs si j'y suis, mais, tous mes espoirs d'avoir quelques minutes de tranquillité, s'envolent en fumée quand il se lance dans un monologue, sans se préoccuper de savoir si ça m'intéresse.
— Bon, on dirait que non. Heureusement, j'ai un petit cadeau pour toi. Tu te souviens de Sara, la jolie blonde de la commission de sécurité, elle est dingue de mon corps d'ailleurs, bref, je l'ai revu hier soir, parce que, bon, je m'ennuyais et j'avais bien envie de me mettre un petit quelque chose sous la dent, et cette fille c'est pas rien.
Il me lance un coup de coude dans les côtes et je lève les yeux au ciel, m'adossant à la chaise les bras croisés sur le torse, priant pour qu'il ne me raconte pas sa soirée en détail comme il a l'habitude de le faire, et qu'il m'explique enfin pourquoi il s'acharne à me raconter un truc dont je me fous royalement.
— Je lui ai demandé si elle pouvait faire un petit quelque chose pour un ami clairement désespéré...
— Bon t'accouches ou bien ?
— ...et désespérant, et comme elle ne peut rien me refuser j'ai un petit cadeau pour toi.
— Tu peux me dire, sérieusement, pourquoi tu ne peux pas t'empêcher de t'occuper de ma vie alors que je t'ai rien demandé ?
— Malgré le fait que tu sois un vrai grizzli, j't'aime bien et ça me fait de la peine que tu sois tout seul.
Je le vois tout penaud et je me dis que j'y suis peut-être allé un peu fort cette fois.
Je prends une longue inspiration et grimace, regrettant déjà ce que je m'apprête à dire.
— Je t'écoute. C'est quoi ton cadeau ?
Il ne dit rien, ce qui est plutôt un exploit pour lui et se contente de me tendre un papier plié en deux, agrémenté d'une trace de rouge à lèvres d'une couleur improbable et j'hésite un moment avant de le prendre ne souhaitant pas m'en recouvrir les mains.
Il ne me laisse pas le choix et le glisse de force dans mon poing avant de me faire un clin d'œil.
— Elle n'est pas contre le fait de passer une soirée avec toi pour te divertir... mais bon, comme je voulais me la garder pour moi, je lui ai dit que tu étais plus branché mec.
Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel et soupire d'épuisement face à ce véritable moulin à parole.
— Bon, je vais faire un peu de muscu, faut que je prenne soin de ce corps de rêve.
Il se désigne d'un geste ample et se retourne pour sortir de la pièce.
— Me remercie pas surtout.
— J'en avais pas l'intention.
Il disparaît enfin et je jette un œil au papier légèrement froissé dans mon poing.
Un nom, un prénom suivi d'un numéro de téléphone.
Alexa Daddario... J'aurais peut-être dû le remercier finalement.
La sirène, qui a retenti ensuite, m'a coupé dans mes réflexions et je me suis contenté de glisser le papier dans ma poche arrière pestant contre Trevor et les traces de rouge à lèvres sur ma paume, en courant vers le camion pour partir sur le lieu où nous sommes appelés.
Je l'avais complètement oublié jusqu'à ce que je fourre mes mains dans les poches de mon pantalon pour vérifier que rien ne s'y trouve avant de le balancer dans la machine à laver.
Je m'étais donc retrouvé dans ma salle de bain, en boxer prêt à filer sous la douche, à me demander ce que j'allais faire de ce numéro.
Il parait que la douche est propice à la réflexion, alors j'avais pensé que les quinze minutes passées sous l'eau brûlante m'auraient éclairci les idées, mais j'en étais toujours au même point alors que je faisais les cent pas dans mon appartement, une serviette enroulé autour des hanches.
Je n'avais toujours pas pris de décision après m'être glissé dans un bas de jogging et un t-shirt, fixant le papier froissé posé sur la table près de mon téléphone comme s'il allait me dire quoi faire.
Le portable entre les mains, j'avais commencé par enregistrer le numéro dans mes contacts, puis avais ouvert l'application de messagerie scrutant ce curseur clignotant avec arrogance, me narguant presque de ne rien réussir à écrire.
Qu'est-ce que j'aurai bien pu raconter à une presque inconnue ?
Je n'avais pas envie de passer pour un Trevor avec un message bidon qui pourrait ressembler à de la drague de cité.
Ni lui dire que j'avais été déçu de ne pas la croiser à la salle parce que c'était le genre de message que les mecs désespérés envoyaient et que ce n'était pas mon cas.
J'étais juste intrigué par elle et je ne comprenais pas pourquoi.
Je pourrais lui demander des nouvelle de son poisson rouge, peut-être qu'elle s'en ait acheté un depuis.
Blasé, je me laissais tomber en arrière sur mon lit, les bras en croix, abandonnant mon téléphone sur le matelas et fermant les yeux.
Je ne vais rien faire, c'est mieux je pense.
....................
Le voilà avec un peu d'avance parce que...
Ben parce que j'avais envie c'est tout ^^
J'espère que ce cinquième chapitre vous a plu et que vous serez au rendez-vous la semaine prochaine pour le numéro 6 qui pourrait peut-être, lui aussi, arriver avec un peu d'avance
bye bye mes ptits rayons de soleil
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