Chapitre 35 « Tu sens rien ? »

Je vous le dis d'entrée, ce chapitre m'a pris la tête comme jamais. J'ai vraiment galéré à l'écrire et ne suis toujours pas vraiment satisfaite du résultat, y'a des jours comme ça, quand ça veut pas, ça veut pas.

J'ai hésité à prendre un jour ou deux sans publication pour essayer de faire quelque chose de mieux, mais j'ai eu un peu peur que les jours se transforment en semaines. Parfois, il vaut mieux tenir bon, quitte à revenir plus tard dessus.

(Mention spéciale à LucieG14 pour son aide plus que précieuse)

Voilà, trêve de racontage de life, merci pour tous vos encouragements, vous êtes les meilleurs du monde, je vous kiffe.

Bonne lecture et bisous partout.
❤️

La panique me gagnait, je me trouvais dans le même état que lorsqu'il m'avait dit que je lui manquais. Pourtant, il n'avait rien dit, non cela allait au delà des mots. C'était bien pire, c'était dans son regard, dans ses coups de reins, dans ses mains sur ma peau, dans sa façon de m'embrasser, dans son cœur battant contre le mien.

J'étais là dans mon lit, avec ses bras autour de moi, l'envie de n'être nulle part ailleurs, tout en sachant très bien que je sombrais petit à petit dans tout ce que j'avais toujours voulu éviter.

Malgré tous mes efforts pour éviter cela, j'allais reproduire les mêmes erreurs que ma mère.

Maya, ta vie pars totalement en vrille depuis que tu as rencontré cet homme, fuis pendant qu'il en est encore temps ! me houspilla ma conscience.

Je me passai la main sur le visage. Le stade critique était-il vraiment atteint ?

Oui ! Bien sûr, cria-t-elle de nouveau.

Les paupières d'Hakim se soulevèrent, ses yeux rencontrèrent presque aussitôt les miens. Il comprit très rapidement que j'étais en panique.

— Qu'est-ce t'as ? grogna-t-il.

— On fait n'importe quoi. On joue trop avec les limites.

Le rappeur ne répondit pas, se frotta les yeux et s'écarta de moi pour s'étirer. Je me sentis vide.

Très mauvais signe, ça aussi.

Le sentiment d'abandon s'amplifia quand il se redressa pour s'habiller.

— Tu fais quoi ?

Pas de réponse, ahurie, je le contemplais quitter la pièce sans aucune cérémonie. Il n'allait quand même pas se barrer comme ça ?

— Hakim !

Je me levai d'un bond, enfilai mon kimono en soie et me précipitai dans le salon où il rassemblait ses quelques affaires. Impossible de comprendre ce qui se passait dans sa tête, c'était un mur de glace. Je ne saisissais pas ce que j'avais fait de mal. Mes nerfs s'enflammaient, cela faisait longtemps que cela n'avait pas été le cas à cause de lui.

— Haks putain !

Il ramassa ses clés.

Je saisis une assiette qui trainait sur la table.

Il se dirigea vers l'entrée.

L'assiette passa à côté de sa tête et explosa contre la porte.

Il sursauta et fit volte-face.

— T'es complètement folle !

Ah ça, j'étais littéralement enragée, une envie furieuse de lui arracher les yeux avec mes ongles me créait des fourmillements dans les phalanges.

— Depuis quand tu pars comme un voleur ? C'est quoi ton putain de problème ?

Un sourire un peu moqueur naquit sur ses lèvres et il revint sur ses pas, me dominant de toute sa hauteur.

— C'est pas ça qu'tu veux ? Des limites ? Pas de bla-bla, pas de mots doux, pas d'sentiments.

J'allais lui en coller une vite fait s'il continuait de jouer au con, mon Dieu que cet homme me rendait folle !

— Pas de sentiments, ça veut pas dire "barre toi sans dire au revoir après m'avoir baisée toute la nuit."

Bon ok, ça pouvait aussi vouloir dire ça, mais il me semblait qu'on était tout de même un peu plus que des simples plan culs. Nous étions au moins amis.

Hakim se passa la main sur la barbe.

— C'est ce qui s'est passé Nam' ? Sah ? Je t'ai baisée toute la nuit ?

Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire.

— Quoi ? On n'a pas fait un scrabble que je sache !

Il laissa échapper un soupir, l'air complètement excédé.

— Laisse tomber, selem.

Comme il reprenait le chemin de l'entrée, je m'entendis hurler :

— Si tu passes cette porte, je jure devant Dieu que c'est la dernière fois.

Hakim s'interrompit.

— T'es même pas croyante, grogna-t-il.

— Crois moi, je le suis suffisamment pour ne pas prendre le risque de cramer en enfer à cause d'un pauvre connard.

Il souffla violemment.

— C'est moi qui vais finir en enfer.

Je le vis se retourner, lâcher ses affaires et revenir à grands pas vers moi.

— T'es une sale conne, dit-il en posant ses lèvres sur les miennes.

Même tintamarre à l'intérieur de mon ventre, pourtant il n'approfondit pas longtemps son baiser et détacha son visage du mien pour me fixer intensément.

— Tu sens rien ? souffla-t-il.

Je baissai les yeux.

— Et cette nuit, c'était de la baise ? C'est vrai ça ? Parce que moi, j'ai pas vu la même go que les autres fois.

Aucun son intelligible ne put sortir de ma bouche, lui aussi avait senti une différence. C'était d'autant plus grave.

— Namira, regarde moi, tonna-t-il.

J'obéis et levai mes yeux vers lui, je me sentais comme une petite fille prise en flagrant délit d'une énorme désobéissance. Sauf que c'était à moi-même que j'avais désobéi.

— J'ai pas eu l'impression de te baiser cette nuit. Sah, j'ai kiffé, c'était ouf, mais quand au réveil le premier truc qu'on te sort c'est "on fait n'importe quoi", ça fait vite redescendre. Maintenant réponds moi ou je me casse, et tant pis si c'est la dernière fois qu'on se voit, tu sens rien ?

Je baissai les yeux de nouveau et murmurai :

— Non. Désolée.

— Menteuse, regarde moi ta race !

Il saisit ma mâchoire, comme toujours lorsqu'il s'énervait.

— Putain t'es vraiment qu'une sale menteuse, grogna-t-il quand nos regards se rencontrèrent.

Je déglutis, si je n'arrivais pas à lui mentir, on était encore plus mal barrés que ce que je pensais. Le problème, c'était qu'Hakim n'était pas comme les autres mecs avec lesquels j'avais eu des aventures, c'était le premier que j'avais peur de perdre.

— T'as cinq secondes, après tu me revois plus.

Je savais qu'il ne mentait pas, s'il décidait de partir maintenant, je redeviendrais une totale inconnue pour lui et n'aurais plus aucun moyen de revenir en arrière.

Alors que choisir ?

La vérité, le risque et Hakim dans ma vie ?

Le mensonge, la protection et le retour de ma vie solitaire ?

Il lacha ma mâchoire, l'air un peu déçu.

— Je pensais que t'étais plus courageuse que ça Maya.

Comme il esquissait un mouvement vers la sortie, ma parole se libéra comme un flot continu :

— Oui bah ça va, m'énervai-je, laisse moi le temps de penser. Oui je ressens des trucs quand on s'embrasse et oui cette nuit c'était différent. Putain mais pourquoi faut toujours en faire tout un plat, mettre des mots sur tout ! Franchement, au début tu m'as plu parce que tu parlais pas trop. Là on dirait Ken qui se sent obligé de décrire tout ce qu'il ressent et qui force les autres à faire pareil. Désolée mais je t'ai dit que lui c'était pas du tout mon genre, alors si tu pouvais éviter de te mettre à lui ressembler, ça m'arrangerait. Parce que moi j'ai pas envie d'être avec un mec qui me force tout le temps à exprimer des choses qui me font flipper. Déjà que c'est difficile pour moi de m'avouer à moi-même, qu'avec toi c'est différent, alors te le dire directement, laisse tomber, c'est mille fois plus compliqué que de danser avec une cheville cassée ! En plus paye ta méthode pour me faire parler ! Tu me fais du chantage ! C'est dingue ! Y'a rien que je déteste plus que ce gen...

La grande main d'Hakim se plaqua sur ma bouche. Il riait comme un idiot, mais moi cela ne m'amusait du tout. Je mordis à pleine dents dans sa paume.

Il grogna et m'attira contre son torse.

— T'es tellement chiante.

Je le repoussai, fallait pas déconner non plus.

— Arrête ton cinoche.

Je m'apprêtai à lui répondre mais mon portable sonna, et, un coup d'oeil à la table basse sur lequel il vibrait, me permis de constater un appel entrant de Solange.

— Faut que je décroche.

Hakim plia les lèvres et s'affala dans le canapé.

— Oui ? dis-je dans le téléphone.

— Maya tu peux m'expliquer la situation avec Benoit ? Il vient de déposer une plainte auprès de la direction de l'Opéra.

Je tombai assise à côté du rappeur. Les problèmes commençaient.

— Euh... On a eu un accrochage. Mais rien qui ne concerne l'ONP, répondis-je.

Hakim fronça les sourcils et me fit signe de mettre le haut parleur, mais je refusai.

— Je croyais que c'était fini les bagarres ? Tu te rends comptes de l'image que cela donne ? Écoute, j'ai besoin d'en discuter avec toi. Lundi, 14h, dans mon bureau. Il sera là, nous allons tenter de trouver un terrain d'entente. Tu le sais Maya, je t'aime beaucoup, j'ai confiance en ton talent, mais nous ne pouvons pas nous permettre de tolérer que des menaces soient proférées à l'encontre de l'un de nos danseur les plus reconnus.

C'était bien ce que je pensais. Benoit n'avait que faire des deux gifles reçues, le problème, c'était ce qu'Hakim lui avait chuchoté avant de partir.

— Je serai là lundi Solange. Je suis désolée, je vous promets d'arranger ça.

— Très bien, à lundi.

Je coupai la communication et plantai un regard glacial dans celui du Kabyle.

— J'ai besoin de savoir exactement ce que tu as dit à Benoit. J'ai rendez-vous lundi pour régler cette histoire.

Hakim me fixa, complètement incrédule.

— Lundi ? Mais Maya on part en Grèce demain.

Ah oui, ce stupide voyage voulu par Clem. Dommage, j'avais d'autres priorités.

— Ben tant pis, vous partirez sans moi. Je peux pas prendre le risque que Benoit sabote ma carrière.

Sourcils froncés, le rappeur serra les poings.

— Ce fils de chien, putain j'aurais dû l'exploser.

— Qu'est-ce que tu lui as dit Hakim ? Tu l'as menacé, pas vrai ?

Il serra les dents, je voyais bien qu'il n'avait pas envie de me répondre.

— Haks, si je veux réparer tes conneries faut que je sache au moins de quoi il retourne !

Le fait qu'il reste mutique me terrifiait, était-ce si grave que ça ?

— Bon très bien, ne dis rien. T'es au courant que de toutes façons Benoit me le dira ? Peut-être même que ce sera déformé.

— J'lui ai fait comprendre que s'il tentait quoi que ce soit contre toi à l'Opéra il lui arriverait des bricoles.

Jusque là c'était tolérable.

— Quoi comme bricoles ? Sois honnête. T'as dit quoi d'autre?

Il soupira bruyamment, soudainement passionné par la chaîne ornant son poignet droit.

— Hakim ! Y a pas que toi qui a le droit de me forcer à parler.

— C'est bon putain ! J'ai dit qu'à partir de maintenant il faisait une croix sur toi, qu'il oubliait ton existence et que si j'apprenais qu'il avait tenté quelque chose pour te nuire, qu'il t'avait parlé ou même posé son regard sur toi, je ferais en sorte qu'il ne puisse plus jamais danser qu'en faisant tourner les roues de son fauteuil roulant.

J'aurais dû avoir envie de le passer par la fenêtre, de le frapper ou même de lui faire la tronche pendant des heures. Mais au lieu de cela, son discours me contracta les entrailles.

J'allais avoir du mal à me défendre, mais à ce moment précis, c'était le dernier de mes soucis.

— T'as vraiment dit ça ?

Il hocha la tête, le regard sombre, j'avais du mal à me mettre d'accord sur une émotion. Alors je décidai d'en exprimer plusieurs à la fois. Je me glissai sur ses genoux, et blottissant ma tête dans son cou, je murmurai :

— Tu fais chier, Hakim.

Je ne savais pas vraiment pour lequel des événements de la nuit et de la matinée je disais cela, peut-être un peu pour tous.

Se bras se refermèrent autour de mon corps et il poussa un soupir.

— Tu sais, j'ai pas de remords Nam, mais j'ai l'seum que tu viennes pas en Grèce.

Moi aussi.

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