11 | Craquage
TW : Mention de mort et suicide, hôpital, craquage.
C'était comme si une multitude de marteaux, s'amusaient à taper sa tête. Son esprit ressemblait à une jungle, tandis qu'il essayait de se faufiler dans celle-ci. Branche après branche, plus il avançait plus il semblait se perdre. Il ne savait pas exactement ce qu'il suivait, cependant un pressentiment lui faisait croire que cette voie était la bonne. Le brouillard était omniprésent, et il trébucha sur quelque chose.
Le visage face contre le sol, il ouvrit ses yeux. Malgré la fumée, et la douleur présente, il tenta de se concentrer sur l'objet qui l'avait fait tomber. Devant lui se tenait un étrange socle en forme d'aigle. Par instinct, il approcha sa main comme s'il était attiré par la couleur rouge sang de la figure. Il pouvait sentir les moindres irrégularités de la pierre, avant que tout ne se mette à disparaître.
Il ne comprenait pas bien la situation, quand soudainement une déluge d'eau entièrement noir vint s'abattre sur lui. Tout était à présent flou, il ne parvenait pas à distinguer quelque chose, hormis ses mains dans l'eau. L'air semblait lui manquer dans ses poumons, avant qu'en sursaut il n'ouvre réellement les yeux.
Tremblant, il se tenait la gorge avec ses mains. Où se trouvait-il ? S'il avait été capable de réfléchir correctement, il aurait pu comprendre qu'il était à l'hôpital. Une peur incontrôlable se mit à prendre possession de lui. Il était impuissant, tellement impuissant. Encore une fois il n'avait rien pu faire pour les sauver. À l'heure qu'il était, ses camarades devaient certainement être mort, alors qu'il était allongé sur un simple lit.
Pourquoi tout était compliqué ? Pourquoi ce vilain lui en voulait-il autant ? Ses camarades n'avaient rien fait, tout était de sa faute. Encore, il avait échoué à son devoir de héros. Ils étaient pourtant près de lui. Son cœur lui faisait mal, lui rappelant son crime, ses crimes.
Il n'avait rien fait. Katsuki Bakugo ne méritait pas d'être un héros. Il l'avait toujours su, sa présence n'apportait que du malheur. Le pire était, qu'alors qu'il était encore en vie, il ne pouvait rien faire. Son bras gauche était immobilisé, et le blond était encore confronté à ce sentiment.
Il était paralysé, Katsuki n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé, alors qu'il était resté sur son lit à se lamenter. Tout lui semblait confus.
Lorsque le directeur entra dans la pièce, il avait voulu se relever brutalement, seulement, la position dans laquelle il se tenait l'en empêchait. Il était cloué au lit, et pourtant il n'avait qu'une seule envie. Faire payer à ce vilain, pour ce qui était arrivé à ses camarades. Le proviseur prononça une simple phrase qui eut le don de le soulager de son fardeau.
Tout le monde va bien.
C'était étrange, comment de simples mots avaient-il autant de pouvoir sur lui ? Lorsqu'il lui avait annoncé cette vérité, instantanément il avait senti son corps se détendre. Inconsciemment, ses muscles s'étaient relâchés, seulement, avant que la souris ne reparte, quelques mots réussirent à filer entre ses lèvres.
Comment va Ochaco ?
Il ne savait pas pourquoi il désirait avoir des nouvelles d'elle. Sans doute car il l'avait croisé, avant qu'un ennemi ne tente d'attenter à sa vie. Pourtant, au lieu de lui donner une réponse, le proviseur se contenta de partir le sourire aux lèvres.
L'instant d'après, sa camarade de classe entra dans la pièce, avant de s'asseoir sur une chaise à proximité. Katsuki avait tant de questions, seulement, il n'avait pas prononcé un seul mot depuis qu'elle était en sa compagnie. Le blond se sentait trop honteux, après tout, si sa vie avait été en danger c'était uniquement de sa faute. Il ne voulait pas risquer de l'impliquer plus que le nécessaire dans cette affaire, puisqu'il était le seul à savoir pourquoi ce super-vilain les avait attaqués.
L'après-midi passa rapidement dans un silence tendu. Celui-ci était rempli de regret et de non-dits de la part des deux adolescents. L'un se sentait responsable de cette attaque, et l'autre des blessures de Katsuki.
Silencieusement, Ochaco repartit. C'était une des rares fois où sa bonne humeur n'était pas présente. Habituellement, elle aurait aussitôt exprimé sa joie de voir un de ses amis sains et sauf. Seulement, elle n'avait pas la tête à ça. La brune avait été inutile, complètement, elle l'avouait. Ce sentiment d'impuissance qu'elle avait éprouvé lui avait fait prendre une décision.
Elle allait s'entraîner sérieusement maintenant qu'elle était totalement guérie. Elle ne voulait pas qu'une telle tragédie se reproduise devant ses yeux, ce n'était pas digne d'un héros. Bien qu'auparavant, elle faisait cela pour l'argent, Ochaco l'avait senti. Elle voulait changer, et ne plus être une des figures de la société avide de reconnaissance. Si elle s'était remise en question, c'était grâce à Katsuki. Il ne le savait peut-être pas, mais grâce à lui elle avait été sauvée de cette corruption. Ochaco n'était plus la petite fille avide d'argent, à présent elle avait un but, et elle l'accomplirait.
À présent, le blond devait rester une semaine à l'hôpital. Durant celle-ci, il crut de nombreuses fois qu'il allait sérieusement s'énerver. Il ne comprenait pas pourquoi les médecins étaient autant inquiets vis-à-vis de sa santé. Normalement, pour un simple poignet cassé il ne devrait pas rester autant de temps bloqué entre quatre murs.
Seulement, les experts avaient été formels, il devait rester une semaine en observation et s'il ne le faisait pas, ils seraient contraints de le garder beaucoup plus longtemps. Alors Katsuki avait pris son mal en patience, il était resté dans cet endroit minable. Il avait essayé de manger quelques-uns des plats de l'hôpital, seulement, rien que cette idée le dégoûtait énormément.
Heureusement pour lui, sa mère était toujours là. Elle ne le comprenait certes pas, il voyait les efforts qu'elle faisait pour lui et il ne pouvait que remercier le ciel de lui permettre cela. Il ne savait pas pourquoi, mais depuis quelques temps, Katsuki avait l'impression que son environnement ne semblait plus aussi flou, qu'avant. Cependant, il n'y accordait aucune importance.
Quand enfin, il put sortir de ce lieu qui le perturbait tant, il n'était malheureusement pas au bout de ses peines. Katsuki avait été renvoyé provisoirement de son lycée, afin qu'il puisse guérir correctement. Cette nouvelle l'avait mise dans une rage folle. Comment cet établissement pouvait-il l'empêcher de devenir plus fort après tout ce qui c'était passé ?
Pourtant, c'était vrai, il avait reçu cette lettre de ses propres mains. Katsuki était renvoyé pour une durée d'une semaine. Pour certains, c'était peu, seulement le blond avait conscience que tout ce qu'il avait manqué, ne serait pas forcément rattrapable. Alors il s'était mis à projeter au loin tout ce qui se trouvait dans sa chambre. Les objets auxquels il tenait, ses habits, ses meubles et bien d'autres.
Il avait conscience qu'il le regretterait, après tout, auparavant il tenait beaucoup à ses affaires. Seulement, il n'arrivait pas à s'arrêter, cette sensation était semblable à une emprise. Katsuki n'arrivait plus à être maître de son corps. Il voulait arrêter, il en avait marre de toute cette souffrance mais il ne pouvait pas. Pour sa famille, pour Izuku. Même si le prix à payer était toute cette douleur qui l'empêchait d'être heureux, ainsi que cette amertume, et ces multiples regrets qui prenaient possession de son âme.
Il se l'était déjà demandé de nombreuses fois, à quoi bon vivre dans cet état. Seulement, il ne pouvait pas abandonner, il avait fait une promesse. De plus, il lui restait quelque chose de précieux, d'incomparable, son défunt ami était toujours à ses côtés et il en avait conscience. Il ne pouvait pas tout abandonner, alors qu'il comptait sur lui.
Cet objectif était un fardeau. Il le tuait à petit feu, mais lui permettait également de rester en vie. Katsuki devait se ressaisir. Bien qu'il ne savait pas s'il devait être heureux qu'Izuku lui ait confié son rêve, le blond avait conscience qu'il n'avait en aucun cas le droit d'abandonner.
Lentement, il se remit à prendre possession de son corps. Il commençait de nouveau à ressentir les sensations de ses doigts effleurant un meuble. Ses yeux commençaient peu à peu à lui rendre une vision plus nette, son souffle redevenait régulier. Pour finir, son esprit lui répondait.
Il ne savait pas ce qu'il lui était arrivé, c'était comme si pendant un court instant, quelqu'un avait pris possession de son corps. Il n'avait pu qu'être spectateur de ce désastre, et à présent qu'il était redevenu maître de lui-même, il pouvait parfaitement constater l'ampleur des dégâts.
Rapidement, il constata ce qu'il était sur le point de déchirer. Le livre « Comment devenir un bon super-héros » ainsi que « Les alters et les entraînements associés à eux. ». Subitement, il se prit la tête entre ses mains. Comment avait-il osé toucher à ces ouvrages dans ce but ? Il avait l'impression de mourir sur place. Ses yeux étaient révulsés tandis qu'il tremblait de toute son âme.
Jamais, Katsuki ne voulait jamais que ces livres disparaissent. Pourtant, alors qu'il avait empêché quiconque de s'en approcher, il avait été sur le point de le détruire. C'était l'une des dernières traces du passage d'Izuku sur cette terre, toutefois, il allait la détruire.
Deux bras vinrent l'entourer par-derrière. C'était sans doute son père ou sa mère venu le réconforter. Cependant, il était trop tard, l'intention de nuire à ce livre avait été là, et il se détestait du plus profond de son âme pour ça. Comment pourrait-il prétendre le sauver, alors qu'il détruisait tout ce à quoi il tenait ?
Cet acte héroïque qu'il avait accompli n'était-il qu'une chance ? S'il l'avait sauvé, c'était pour son défunt ami. Comment avait-il pu y croire ? Un instant, Katsuki avait pensé qu'il s'était engagé sur le droit chemin, qu'il pourrait enfin donner un sens à cette seconde-chance. Cependant, les preuves étaient là, il ne faisait que détruire tout ce qui l'entourait, il était impossible que son ami sans-alter lui pardonne.
Cependant, il pouvait au moins faire une chose pour lui. D'une main tremblante, il ouvrit l'ouvrage avant de tomber sur la page qu'il cherchait. Katsuki se souvenait parfaitement de l'une des passions d'Izuku. Celui-ci aimait énormément noter les faiblesses et point forts e tout les alters qu'il rencontrait, ainsi qu'inscrire un moyen de les améliorer.
Il venait de trouver, cette page résoudrait tous ses soucis. Calmement il se mit à lire les nombreuses informations, que son défunt ami avait répertoriés. À vrai dire, Katsuki était surpris par la précision du contenu. Auparavant, il aurait blâmé l'adolescent aux cheveux verts de l'avoir autant observé.
Seulement, tout avait changé et à présent, il était content de pouvoir compter sur ce livre. Attentivement, il se mit à lire cet ouvrage, ne se préoccupant plus du reste.
Mitsuki, sa mère, l'observa inquiète. Elle avait eu un instant l'espoir qu'il commence à aller mieux, seulement, tout revenait toujours au point de départ. Lorsqu'elle croyait qu'il allait mieux, son état rechutait immédiatement. La mère de famille se faisait beaucoup d'inquiétude à son sujet, que ce soit quand il n'était qu'enfant, ou bien maintenant. La seule différence était qu'à présent, il n'y avait plus de retour en arrière. Katsuki serait obligé d'avancer, il devrait accepter de laisser partir Izuku.
Parfois, elle se sentait égoïste, mais en réalité en voyant son fils, elle aurait aimé qu'Izuku ne parte jamais. C'était un sentiment dont elle avait honte, et pourtant en tant que mère elle n'arrivait pas à s'en défaire. Lorsqu'elle observait Katsuki, elle ne le reconnaissait absolument pas. Il resterait toujours son enfant, quoiqu'il arrive, cependant ce n'était pas celui qu'elle avait connu. Mitsuki avait accepté depuis longtemps qu'il change après cette nouvelle, toutefois l'objectif qu'il s'était fixé ne lui appartenait pas. De plus, elle avait surtout l'impression qu'il voulait tant l'accomplir pour quelqu'un d'autre, probablement Izuku. Toutefois, elle ne voulait pas qu'il gâche sa vie pour quelque chose dans lequel il n'avait même pas foi.
Malheureusement, elle restait impuissante. Cela faisait longtemps qu'elle voulait lui dire de l'oublier. Cependant, elle n'en avait pas le courage, si elle le faisait, Mistuki ne pourrait jamais se regarder dans un miroir. Comment pourrait-elle demander à son enfant d'oublier un de ses amis d'enfance ? Alors, comme toutes ces fois, elle l'observa de loin partir dans le but de s'entraîner...
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Katsuki se réveille à l'hôpital. Immédiatement, les événements de la veille lui reviennent à l'esprit. Après avoir reçu la visite du directeur, il apprend que tous ses camarades vont bien.
Une semaine après, il rentre chez lui et après avoir reçu une lettre indiquant une exclusion temporaire il craque. Pris d'une violente rage, il jette et détruit tout ce qui lui passe sous la main. Sa mère réussit heureusement à le calmer, seulement il n'a pas abandonné l'idée de devenir plus fort.
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