XIII ,33
PDV Katsuki :
- Bon eh bien c'est le moment de se quitter, c'était vraiment un plaisir de te rencontrer Katsuki !
- Pour moi aussi ! Merci encore de m'accueillir ici !
- C'est normal, j'espère que tu t'y plairas, et ne faites pas trop de bêtises les garçons !
Nous quittâmes ainsi les deux mères d'Eijiro qui repartaient pour la capitale. Elles étaient restées avec nous cinq jours dans la maison de famille dans laquelle Tête d'orties m'avait invité. Il me sourit pendant nous les regardions disparaître dans la gare.
- Ça y est ! Plus besoin de te faire passer pour un alpha empli à ras bord de préjugés !
Je pris la main du jeune homme, souriant au rappel du stratagème que nous avions utilisé pour que ses deux mères autorisent ma venue.
- Tant mieux, je suis désolé, mais j'ai failli hurler sur Sekai hier soir, c'est pas possible d'être aussi... aveugle.
- Je sais... Mais elles n'ont vraiment pas mauvais fond. Elles sont d'une autre génération.
- La notre n'est pas géniale non plusje te signale.
Le jeune homme soupira mais acquiesça du chef avant de me faire remonter dans Bertrand II, la voiture toujours là quand on avait besoin d'elle. Je commençais à vraiment adorer cette vieille carlingue, elle était hyper attachante en fait.
Nous nous mîmes donc en chemin vers la maison de campagne, il était dix-sept heure, tout allait pour le mieux et nous n'avions qu'une grosse cinquantaine de kilomètres à faire. La musique des années soixante-dix mise sur mon téléphone, Bertrand n'ayant évidemment pas la radio, nous explosait les oreilles dans une ambiance joyeuse.
- Ah ! ah ! AH ! Ah ! Stayin'aliiiiiiiiive !!
Nous entamions le refrain de la mythique chanson en choeur quand un bruit pour le moins soupçonneux nous coupa dans notre élan. On aurait dit que quelque chose avait explosé dans le moteur. Immédiatement je me retournai sous l'œil inquiet de mon petit ami toujours au volant.
- Il se passe quoi ?
*Stayin'alive... Stayin'alive*
- Bertrand fume comme un pompier, arrête-toi.
Immédiatement nous nous retrouvâmes sur le bord d'une toute petite route de campagne, même pas bétonnée. Nous fûmes vite étouffés par une montagne de fumée noir de dégageant de la vieille carlingue.
- Putain...
Je jetai un coup d'oeil au pot d'échappement crachotant avant de tousser bruyamment, complètement asphyxié.
- Essaie de le redémarrer !
Eijiro enclencha la clef, le pot d'échappement cracha un petit flot de pétrole avant de toussoter sans que la voiture de bouge d'un iota. Je levai les yeux au ciel, nous étions encore à trente-cinq kilomètres de la maison.
- Évidemment il fallait qu'il rende l'âme maintenant. On fait quoi ?
Le hérisson était déjà au téléphone, sûrement pour appeler un dépanneur, à croire qu'il y était habitué. Voyant qu'il ne me répondait pas je décidai de couper la musique qui était passée de Stayin'Alive à Thriller, comme un mauvais présage.
- Le dépanneur n'arrivera pas avant demain...
Bah bien sûr, c'est tellement drôle de laisser deux jeunes seuls dans la nature et loin de tout. De rage je collai un coup de pied dans un des pneu de la Toto-mobile en panne. Quelle saloperie...
- EH ! Mais t'es malade ? Tu veux le tuer c'est ça !?
- Putain tête d'orties, quand est-ce que tu vas comprendre qu'elle est pas vivante ta voiture ?
- Si elle l'est ! Et toi tu la maltraites !!
- Mais c'est qu'une saloperie de vieille bagnole toute pétée !!!
- Assassin !!!
Je lui fis mon plus beau doigt d'honneur en guise de réponse. Moi qui pensais rentrer à dix-huit heure et profiter de la piscine seul à seul avec mon copain, j'étais bien déçu. A la place nous allions avoir droit à une nuit de camping improvisée...
- Tu boudes ?
- Dégage ! Va t'occuper de ton tas de ferraille !!
Le hérisson s'était approché de moi et tenta de m'enlacer, la tête posée contre mon épaule. Je me dégageai immédiatement en lui mettant la paume de ma main dans la figure, ce n'était pas le moment pour les câlins et j'étais fâché !
- Ah oui donc en plus tu boudes vraiment ?
- Tais-toi et rends-toi utile ! Il y a bien un village pas loin où l'on peut trouver de l'aide.
Eijiro abandonna l'idée d'obtenir une étreinte et se mit à la tâche. Une étude de carte fastidieuse et quelques heures plus tard, nous avions parcouru dix-neuf kilomètres allé-retour. Tout ça pour découvrir un pâté de trois maisons où des petits vieux nous annoncèrent qu'ils ne pouvaient rien faire pour nous à part nous donner de la nourriture.
Nous étions donc de retour, exténués par la marche et les bras chargés de provision devant la voiture toujours HS. Pendant que je cherchais quelque chose à me mettre sous la dent, Eijiro m'annonça que les dépanneurs arriveraient à cinq heure trente du matin. Quelle merveilleuse idée, venir avant l'aube ! Franchement ces gars me plaisaient déjà. J'enfournai trois bâtons de bergers avec rage, très vite suivi par mon copain qui se jeta sur la nourriture.
- Fiou... ce que j'avais faim. Je suis désolé, c'est pas le meilleur premier jour de vacances à deux qui soit.
Je lui jetai un léger coup d'oeil tout en terminant mon dessert à base de petits princes et de chamallows.
- Ché pas grabe.
- Bah si, j'avais prévu un dîner au chandelle, ton film préféré que j'avais fait exprès de garder caché pendant une semaine.
Je soupirai, mi-amusé mi-exaspéré par sa confession. Cela faisait des jours que je cherchais ce foutu Fast and Furious dans toutes la maisonnée... Tout ça pour apprendre que je n'aurai pas mes explosions et grenades favorites ce soir ? Super nouvelle. Devant ma mine déconfite, Eijiro tenta vaguement de se rattraper.
- Mais point positif : on a des Chamallows !
- Incroyable..., alors qu'on aurait pu avoir des pop-corn et des voitures qui explosent.
- Je ne comprendrai jamais ton gout pour la nitroglycérine et la dynamite d'ailleurs...
- Pose pas de questions.
Il goba un autre cube en guimauve en souriant. Il faisait nuit noire maintenant et même pendant une période de l'année aussi chaude, les nuits étaient un peu plus froides. Eijiro déposa une couverture sur mes épaules et se blottit dedans avec moi. Nous passâmes un bout de temps à regarder les étoiles, j'épatais le hérisson avec mes quelques connaissances en astronomie, en lui montrant son signe du zodiaque en constellation par exemple. Il était comme un enfant : tellement facile à bluffer.
- Dis Kats, on fait comment pour dormir ? Bertrand II est tout petit.
- Bah, on aura qu'à se serrer un peu.
Le jeune homme rougit furieusement et je m'énervais pour la forme, et surtout pour cacher ma gêne.
- Mais t'es degueulasse ! Ça fait moins de dix heures que je suis seul avec toi et tu veux déjà me sauter dessus ?
- Je te jure que c'est pas à ça que j'ai pensé !
- Menteur ! Depuis de début tu n'attendais que ça avoue !
- Mais je...
- Pour la peine tu dors dehors.
Je m'extirpai précipitamment de la couverture pour sauter sur le siège arrière de la bagnole et claquer la portière, je laissai la fenêtre ouverte pour entendre mon petit ami se lamenter.
- Kats pitié !
- Crève !!!
Il abandonna et le silence se fit pendant quelques minutes. Je lançais quelques coups d'oeil au jeune homme resté coincé dehors. J'avais sûrement réagi un peu trop fort. Et j'étais vache de lui reprocher de s'être imaginé des choses pour ces dix jours de vacances alors que j'y pensais souvent aussi. Dix jours seuls ensemble, juste avant la terminale, bien sûr que c'était propice au fantasme. Et malgré toute l'attirance que j'avais pour lui, malgré mon envie de lui, je n'étais pas encore sûr d'être capable de quoi que ce soit. Si il ne m'aidait pas un peu, ces vacances allaient être un véritable duel entre ma libido et ma trouille...
Évidemment, je finis par m'ennuyer sans lui, je me tirai de mes pensées et doucement j'ouvrai la portière.
- Bon ok, tu rentres mais tu surveilles ta bite sinon je te la coupe.
Il hocha vigoureusement la tête, un air douloureux sur le visage comme s'il imaginait déjà l'horreur que ça pouvait être. Je le laissai alors se glisser contre moi, tellement contre moi que chaque centimètre de mon corps était compressé par le sien sur la banquette exiguë. Évidemment la position me stressa, j'étais bien trop conscient de sa jambe entre les miennes, de sa main sur ma taille. C'était déroutant même en ayant l'habitude d'être proche de lui. Mais une fois les premières minutes d'inconfort passées, nous finîmes par nous installer un peu mieux, et Tête d'Orties commença même à somnoler.
Je caressai ses cheveux dans un geste tendre, pour me faire pardonner de l'avoir fait attendre dehors, son souffle s'apaisa et il s'endormit complètement. Je ne tardai pas à le suivre, bercé par les petits bruits de la nuit et le bruissement des champs.
Le lendemain nous fûmes réveillés par les premiers rayons du soleil, vers cinq heure du matin. Cela laissa le temps à mon libidineux et abruti de copain de calmer son érection matinale et à moi de le charrier dessus pendant trente minutes non-stop sous ses cris de désespoir. J'étais à la fois mort de honte et de rire. Les dépanneurs n'arrivèrent qu'un peu plus tard et, finalement, je n'étais pas mécontent qu'ils aient traîné.
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