Chapitre 7 : Polémique

Quand ce matin Stefano se réveilla, il entendit le dernier membre de leur chambre pester. Le seul qui n'était pas dans leur groupe d'amis, Yann.

Il crachait sur les homosexuels et râlait pour un rien, insultant tout ce qui bougeait.
En fait, il avait bu. Avec Mathias, ils avaient trop picolé pendant la veille ay soir, si bien que son amie Apinasha avait dû le soutenir pour rentrer et que dans la chambre, il était dans un état incroyablement inconscient...
Les garçons de la chambre, dont en tout cas trois homosexuels, se dirent que ça irait un peu mieux demain quand l'homophobe aurait un peu décuvé.

De leur côté, les filles s'étaient bien réveillées. Ngôi Sao avait ri en voyant que le pyjama d'Helena laissait entrevoir une partie de sa poitrine, car il s'était tordu pendant qu'elle se tournait en dormant. Il y avait aussi Xiù qui avait dormi dans la même position qu'un pharaon momifié dans son sarcophage.
-Soit je dors comme ça toute droite, soit j'ai une position où on pense que je suis désarticulée ! se justifia-t-elle au réveil quand Ngôi Sao lui avait demandé comment elle était constituée.

Tous, filles et garçons, descendirent pour le petit déjeuner, se rejoignant en bas. D'une oreille, Ngôi Sao entendit Lì s'exclamer, avec une voix pâteuse :
-Yann, ta tronche ! Tu as la même gueule de bois que Mathias, dis-moi !
-La ferme ! lui intima le garçon. Tu as autant bu que nous, Lì !
-Mais je tiens mieux, apparemment ! le nargua-t-elle.
Yann ne dit plus rien et Ngôi Sao constata que Lì, malgré ses origines asiatiques, tenait très bien l'alcool, contrairement à ce que les clichés préconisaient. Un peu comme elle-même d'ailleurs. C'était aussi comme Xiù, qui contrebalançait presque tous les stéréotypes sur les filles et les asiatiques, étant un garçon manqué qui pouvait engloutir des litres d'alcool sans sourciller...
Aujourd'hui était prévue une sortie en forêt pour voir de célèbres grottes et après le repas vers une heure de l'après-midi, ils rentreraient ici pour visiter un château.
Matei adorait dans l'histoire la période médiévale, avec tout ce qui faisait partie de la royauté et des nobles, et Ngôi Sao ne put s'empêcher de remarquer leur petit sourire.

Après leur petit déjeuner, ils remontèrent dans leurs chambres pour finir de se préparer et surtout, mettre de bonnes chaussures de marche. Une fois dans la chambre, les filles se mirent à discuter entre elles :
-Tu as vu Yann, au petit déjeuner ?
-Bien sûr ! répondit Helena en regardant son interlocutrice, Ngôi Sao. Il était rouge tout du long ! Il a vraiment trop bu hier soir. Il n'aurait pas dû...
-Il devrait aller dans l'autre chambre. Monsieur Müller y est, alors il oserait moins faire le zouave comme ça ! ajouta Mélissa.
-Le zouave ? fit Xiù en éclatant de rire, finissant de nouer ses longs lacets. Mot qui n'est plus usité depuis trois quarts de siècles !
-Et usiter, alors ? rétorqua la jeune fille blonde avec une indignation feinte.
-J'ai fait exprès ! rit Xiù en prenant sa fine veste imperméable.

Elles sortirent et retrouvèrent les garçons déjà dehors, assis près du petit bassin. Ils partirent alors en direction des grottes.
Ils y entrèrent comme les premiers spéléologues y avaient pénétré, avec toutes les précautions du monde et un air très curieux de voir comment c'était dedans. L'intérieur était sombre et les parois comme le sol, glissants à souhait. Ngôi Sao bénit sa mère qui lui avait répété plusieurs dizaines de fois de prendre ses bonnes chaussures de marche adhérant assez au sol et elle avait même une fois rattrapé par le bras Helena qui avait glissé et tombait vers le sol.
Alors qu'elle regardait une cascade, accoudée sur la barrière qui bordait le pont solide en hauteur, sa chaussure glissa sur les planches mouillées ! Elle se rattrapa à ce qu'elle put, autrement dit la veste de Stefano, le plus proche d'elle actuellement.
-Ah ! s'exclama le garçon quand il sentit un poids tirer dans le côté de son dos.
Il avait agrippé par réflexe un des barrières du pont pour se maintenir debout, très bon mouvement, et se tourna pour voir son amie galérer et se remettre peu à peu sur ses deux pieds.
-Ça va Ngôi Sao ?
-Oui, merci. Ça va, ça va...dit-elle avec un petit sourire gêné. J'ai glissé et je t'ai attrapé par réflexe...

À midi, ils mangèrent tous ensemble dans un restaurant assez convivial puis ils prirent un bus pour se diriger vers le lieu de leur prochaine visite, le château du Moyen-Âge.
Là-bas, Matei était excité comme puce, un passionné dans un endroit emblématique ! Seuls Ngôi Sao et Pierrick l'écoutaient déballer sa science entièrement, et Stefano se dit qu'ils avaient bien du courage de l'écouter autant, si longtemps et attentivement.
Il soupira en se disant que probablement par amour, ou par amitié quant à Ngôi Sao, on pouvait endurer beaucoup de choses parfois, bien malgré nous ou non.

Le soir, quand ils rentrèrent à l'auberge après la visite du château médiéval puis leur repas du soir, ils passèrent dans le quartier homosexuel de la ville, pour arriver plus vite à destination.

C'est alors qu'un jeune homme de leur tranche d'âge, plutôt beau gosse avec des boucles blondes et des traits fins, habillé avec un style un peu marginal, aborda Yann qui marchait d'un pas vif dans sa démarche de petit voyou.
Stefano ne prit pas spécialement garde à leur échange de paroles, il discutait avec Ngôi Sao puis s'était perdu dans ses pensées tout en marchant quand elle avait laissé son attention sur le duo qui discutait. Il avait seulement compris que Yann ne faisait aucun effort pour parler la langue locale et que son interlocuteur avait donc dû passer par l'anglais pour se faire comprendre un peu.
Peu après, le jeune italien entendit Yann exploser de rage, comme une soupape sous pression qui aurait lâché. Fatigué et enragé, leur camarade de classe homophobe en avait trop vu pour rester calme dans cette situation. Stefano songea alors avec un certain dépit :
-C'est tellement triste de refuser ce fait-là...Ça existe et on n'y peut rien, on ne choisit pas qui on aime et puis ça n'a rien de contrenature.

Quand ils arrivaient vers leur auberge, Yann terminait plus ou moins de s'énerver. Ses amis Apinasha et Mathias avaient réussi à à peu près à le calmer. Le garçon préféra tout de même prévenir discrètement les camarades de chambre de Yann :
-Faites gaffe, là, il est au bord de l'explosion...Évitez de la provoquer, parce que sinon, vous vous retrouverez avec un coup dans le visage...
-Ça irait encore, lança Pierrick avec un trait d'humour, endurci de partout grâce au MMA.
-Merci de nous l'avoir dit, le remercia Matei, Stefano hochant la tête derrière lui.

Dans la chambre, Yann remit sur la table le sujet qu'ils venaient d'aborder, ou plutôt au garçon qui venait de le faire avec lui...
-Ces homosexuels ! Je ne peux pas les supporter ! Ce sont de telles erreurs de la nature. Il a reçu une mauvaise éducation !
-Une mauvaise éducation ? répéta Noël, avec une moue désapprobatrice soulignée par son sourcil haussé que Yann ne sembla pas voir.
-D'après moi, quelqu'un qui a reçu une bonne éducation ne peut pas devenir homosexuel, fit le bouclé avec un ton sûr de lui.
-Les gens ne deviennent pas homosexuels, Yann, ils le sont dès la naissance, lui dit Massimo sur un ton posé, très calme.
-C'est même prouvé scientifiquement, ajouta Stefano avec un air aussi tranquille que celui de Massimo. Tu ne peux pas affirmer ça au vingt-et-unième siècle, Yann...
Stefano, pour sa part, trouvait même beau de pouvoir aimer quelqu'un sans retenue ni barrière. Lui était hétérosexuel, pour le moment du moins, et il enviait un peu ceux qui étaient attirés par les deux genres principaux chez les gens.
-Vous déblatérez des bêtises, tous autant que vous êtes ! cracha Yann avec hargne. Si on éduque bien son gosse, il ne devient pas homosexuel ! Et si un jour, mon fils l'est, je le renie !
Stefano, tout comme Matei, fronça ses sourcils. Il n'aimait pas les propos dégradants de Yann.
Autant ce garçon était plutôt beau à regarder, même Stefano devait bien l'admettre malgré son avis de garçon aussi, mais autant son âme était affreusement laide, plus hideuse que n'importe quoi !

Yann continua, après que Stefano ait encore essayé de lui dire que les homosexuels n'étaient pas une abomination de la nature :
-Je considère qu'aimer quelqu'un du même sexe que toi, ce n'est pas normal. Et puis, admettons que ce soit naturel, ce que je ne pense pas, mais admettons...La nature a quand même dû bien se planter pour créer des humains qui ne peuvent pas se reproduire avec leur partenaire ! C'est ridicule !
Noël renchérit alors avec un ton sincère et déterminé que Matei ne lui connaissait pas :
-Tu sais, Yann, même chez les animaux, il y a des couples homosexuels, ou en tout cas des comportements homosexuels. La nature ne s'est pas trompée, cela renforce une tonne de choses. Et même chez certains oiseaux, des couples homosexuels adoptent des oisillons orphelins, et ce depuis plusieurs millénaires !
-À la limite, les animaux, je m'en moque, ils n'ont pas notre degré d'intelligence, mais les humains ne peuvent en aucun cas être homosexuels !
Yann leva les yeux au ciel et dit :
-Par exemple, Bastien me dégoûte. Je déteste sa voix, je déteste son visage, je le déteste même rien que le voir ! Il est un aberration qui ne devrait pas avoir vu le jour ! Je me demande comment ses parents peuvent le supporter !
Aucun garçon ne dit rien pendant trois secondes qui semblèrent durer trois quarts de siècle avant qu'une voix grave ne s'élève dans la pièce exiguë...

-Je commence à en avoir marre, de t'entendre déballer tes ignominies sans nom sans une once de sarcasme ni de remise en question !
C'est alors que celui qui avait parlé, Massimo, avança vers Yann, appuyé à l'échelle de son lit à étage et il l'agrippa au col.
Yann crut pendant quelques secondes qu'il allait le frapper, surtout quand il sentit la prise du beau blond se resserrer sur son col de chemise, mais il déchanta encore plus, et plutôt vite...
Alors que Stefano se demandait encore ce que Massimo allait bien lui dire ou avec quoi il allait le menacer, ce dernier plaqua alors ses lèvres sur celles de Yann qui écarquilla ses yeux à tel point qu'on aurait dit qu'ils allaient sortir de leur orbites ou que le garçon allait tourner de l'œil immédiatement...
Il se débattit bien vite, après la seconde et demie qu'il avait mis à se rendre compte que Massimo l'embrassait mais le beau blond, les yeux ouverts, ne relâcha pas sa proie aussi facilement et, les lèvres toujours collées aux siennes, il bloqua les deux mains de Yann comme il put contre le bois de l'échelle et plaqua son corps musculeux à celui de sa victime, alors compressée entre son organisme et l'échelle.

Après une dizaine de secondes qui parurent interminables pour le pauvre Yann, complètement chamboulé par cette action, Massimo se détacha de lui en lui mordant la lèvre avant de se séparer complètement des deux croissants de chair rosés.
Yann était haletant, de colère et de manque d'air, et ses yeux bruns lançaient des éclairs sur Massimo qui tenait toujours ses poignets entre ses mains épaisses et plaquait toujours son corps contre le meuble avec le sien.
Quand le beau blond relâcha Yann, il esquiva un coup de poing qu'il avait tenté de lui porter et recula pour s'asseoir sur son lit, à côté de Stefano, tout sourire, satisfait de ce baiser imprévisible.
Stefano quant à lui, le regardait assez sidéré par son action mais reconnaissant et amusé à la fois aussi. Même s'il ne cautionnait pas du tout la culture du viol dans ce genre, il devait admettte que dans cette situation, il était assez amusant de voir comment un homme homophobe dégringolait le long de la pente de l'ego alors qu'il venait de recevoir un baiser d'un autre homme.

Yann, sourcils froncés et veine palpitant sur son front, cracha à Massimo avec une haine incommensurable :
-T'es homosexuel, c'est ça ?
Massimo soutint son regard haineux avec un calme et une sérénité admirables et il déclara avec un ton doux, mais presque douceureux :
-Non, Yann. Je ne suis attiré que par les filles, je te jure. Mais si je t'ai embrassé et collé comme ça, c'était juste pour te montrer qu'embrasser un garçon, ce n'est pas la fin du monde.
Puis il ajouta avec un petit sourire :
-Et tu as bien senti, à part la barbe éventuelle, ça ne change rien d'un baiser avec une fille.

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Désolée pour le rythme de parution j'attends la fin de mes examens pour m'y remettre mieux !
Et désolée encore, ces premiers chapitres sont un peu répétitfs par rapport à "Apprends-moi à t'aimer" mais je veux vraiment faire les liens entre a première histoire et celle-ci. J'espère que ce n'est pas trop gonflant et bonne lecture de la suite ! 😊

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